Claude Gillot

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Claude Gillot
Portrait gravé par Jean Aubert d’après un autoportrait de l’auteur, vers 1720.
Naissance
Décès
Période d'activité
Surnom
Le maitre de WatteauVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
peintre, graveur, illustrateur, décorateur de théâtre
Maître
Lieu de travail

Claude Gillot, né le à Langres et mort le à Paris, est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre français, souvent désigné sous le nom de « maitre de Watteau ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le 27 avril 1673 sur la paroisse Saint-Pierre[1], sixième enfant sur douze[2], de Marguerite Contet et de Jean Gillot, peintre et brodeur du Chapitre, qui jouissait d’une certaine notoriété comme peintre, Gillot était apparenté à plusieurs artistes de Langres, les Lenoir, les Tassel, les Robillon[3].

Il travailla de bonne heure à l’atelier paternel où il put étudier particulièrement la décoration et monta, vers 1691-93, à Paris, où il entra chez Jean-Baptiste Corneille, qui lui apprit à manier la pointe, et l’initia au genre académique, qu’il ne tarda pas à abandonner pour suivre sa fantaisie[4].

Gillot eut bientôt son atelier à lui où il eut comme élève Antoine Watteau, pendant plusieurs années, jusqu’en 1708[4]. Le disciple

« profita de telle sorte des lumières de cet habile homme, a écrit Jean de Jullienne, qu’il prit beaucoup de sa manière, et l’on peut dire que dès les commencements mêmes il a inventé et dessiné dans le gout de Gillot dont il traitait à peu près les mêmes sujets. Mais il faut convenir que s’il eut du gout pour les festes champêtres, les sujets de théâtre et les habits modernes, à l’imitation de son maitre,… dans la suite il les a traités d’une manière qui lui était propre et telle que la nature… les lui faisait apercevoir[5]:115. »

À peine discernait-on leurs ouvrages, mais ce ne fut pas son seul disciple : Gillot eut également pour élèves Nicolas Lancret et François Joullain.

Le , il est agréé à l’Académie royale pour son tableau Don Quichotte, et y est reçu, le [5], avec un morceau de réception d’un style complètement différent, le Christ dans le temps qu'il va être attaché à la Croix[4].

Il voyagea en Hollande, ce qui peut expliquer l’influence visible des peintres de ce pays dans plusieurs de ses tableaux de genre, comme la Baraque de l’Empirique, les Apprêts du marché, ainsi que dans ses dessins à la plume de scènes champêtres et citadines gravées par le comte de Caylus qu’il initia à l’art de la gravure, dans ses aquarelles pour des costumes de ballet, tel le Ballet des éléments où parut le jeune Louis XV, et ses admirables compositions pour les six tapisseries Bonnier de la Mosson[4]. Le musée de Langres a de lui le cheval de Troie, une peinture dans le genre de la parodie.

Il mourut, ruiné par la banqueroute de Law[4]. Selon le Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, il montrait une extrême facilité de pinceau et de burin, une imagination vive et brillante, fantasque, voire un peu enfantine, un véritable esprit d’observation[4] » et « Toutes ses compositions ont quelque chose de charmant, de fantasque et de primesautier[4]. »

Œuvre[modifier | modifier le code]

Il exécute quelques tableaux et dessins religieux : la Vie de J.-C. (1720), un Trépassement de la Vierge, aujourd’hui perdu, pour l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Langres[4]. On lui doit aussi des toiles aux thèmes anecdotiques comme les Deux Carrosses, ainsi qu’une série de dessins comme Arlequin empereur dans la lune, ou Embarquement pour Cythère.

  • Les Deux carosses, vers 1707, 127 × 160 cm, Musée du Louvre, Paris[6]
  • Le Tombeau de Maître André, scène de farce italienne, 1716-1717, 100 × 139 cm, Musée du Louvre, Paris[7]
  • Scène inspirée de la commedia dell’arte, huile sur toile, 59 × 72 cm, Collection privée[8]
  • Personnages dans un intérieur élégant regardant une répétition avec des caractères de la commedia delle'arte, huile sur toile, 81 × 100 cm, Collection privée, vente 2016[9]


Gravure et autres activités[modifier | modifier le code]

Il grava, avec une verve railleuse, une gaieté spirituelle des scènes mythologiques qu’il renouvela grâce à son talent d’improvisateur, ses Bacchanales, sa Vie des satyres, ses deux Sabbats, et de nombreux dessins d’ornement tournant en dérision l‘allégorie, la religion et la morale[4].

Il se spécialisa, surtout entre 1704 et 1718, dans la gravure des sujets de la comédie italienne, les Arlequins et le reste, et des scènes burlesques des théâtres forains qu’il aimait fréquenter[4].

Il se pourrait même qu’il ait dirigé un théâtre de marionnettes[4]. Il a pris sur le vif la « Vie » des pantins, excelle dans la parodie, crée le genre de la « fête galante »[4]. Il fut chargé d’imaginer des décors et costumes pour des opéras, des créer des cartons de tapisseries et des panneaux décoratifs en bois qu’il ornait d’arabesques, motifs végétaux et autres figures mythologiques.

Il fit des portraits d’acteurs, des en-têtes pour l’édition des œuvres de Lully par Ballard, illustra le Lutrin de Boileau (1713, 1716), les Fables de La Motte, ces dernières vignettes gravées par lui-même à l’eau forte pour la plupart[4].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Acte de baptême de Claude Gillot (vue 15/71) de l'année 1673 de la paroisse Saint-Pierre de la commune de Langres », sur Archives départementales de la Haute-Marne, (consulté le ) - Note. Sur l'acte on mentionne qu'il a été baptisé le 27 avril 1673 et né aujourd'hui (donc le 27 avril 1673).
  2. Petit-fils de Claude I Gillot, marchand taillandier, et de Michelle de Lâge.
  3. Il avait également de nombreux cousins dans l’Église, Claude Charles était son cousin-germain ; de même Antoine Charlet, et son frère le chanoine de Grancey J.-B. Charlet, auteur de Langres sçavante, étaient ses cousins issus de germain, sans parler de son frère Luc.
  4. a b c d e f g h i j k l et m Société historique et archéologique de Langres, Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, Langres, Musée Saint-Didier, , 266 p. (lire en ligne), p. 257-8.
  5. a et b Pierre-Jean Mariette, Philippe de Chennevières et Anatole de Montaiglon, Abecedario de P. J. Mariette et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes : ouvrage publié d'après les manuscrits autographes conservés au cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale, et annoté, t. 6, Paris, J. B. Dumoulin, (lire en ligne), p. 114.
  6. Carosses, Louvre
  7. Maitre André, Louvre
  8. Scène, Artnet
  9. Répétition, Artnet

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paulette Choné, Claude Gillot (1673-1722) : comédies, sabbats et autres sujets bizarres, Paris ; Langres, Somogy Éditions d’Art ; Musée de Langres, , 191 p. (ISBN 978-2-85056-357-7, lire en ligne).
  • Bernard Populus, Claude Gillot (1673-1722) : catalogue de l’œuvre gravé, Paris, Société pour l’étude de la gravure française, , 293 p., gr. in-4°, illust. 35 pl. (OCLC 23409230, lire en ligne).
  • A. Reinbold, « Gillot (Claude) » dans Dictionnaire de biographie française, vol. 16, Paris, [détail des éditions] , col. 86–87

Sources[modifier | modifier le code]

  • Société historique et archéologique de Langres, Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, Langres, Musée Saint-Didier, , 266 p. (lire en ligne), p. 257-8.
  • Pierre-Jean Mariette, Philippe de Chennevières et Anatole de Montaiglon, Abecedario de P. J. Mariette et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes : ouvrage publié d'après les manuscrits autographes conservés au cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale, et annoté, t. 6, Paris, J. B. Dumoulin, (lire en ligne), p. 114.

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