Claude Louis Hector de Villars

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 Claude-Louis-Hector de Villars
Duc de Villars
Claude Louis Hector de Villars
Portrait du maréchal de Villars, par Hyacinthe Rigaud.

Naissance
Moulins (royaume de France)[1]
Décès (à 81 ans)
Turin (royaume de Sardaigne)
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Dignité d'État Maréchal de France
Conflits Guerre de Succession d'Espagne
Faits d'armes 1702 : bataille de Friedlingen
1703 : bataille de Höchstadt
1709 : bataille de Malplaquet
1712 : bataille de Denain
Distinctions Maréchal général des
camps et armées du roi
Hommages Avenue de Villars
Autres fonctions Gouveneur de la ville de Metz (1710-1712) Gouverneur de Provence
Pair de France (1709)
Membre de l'Académie française (1714)
Président du Conseil de la Guerre (1715–1718)
Famille Maison de Villars

Claude-Louis-Hector de Villars est un militaire et diplomate français, né le à Moulins (royaume de France)[1] et mort le à Turin (royaume de Sardaigne). Maréchal de France (1702), duc (1705) et pair de France (1709), il est élevé en 1733 à la dignité exceptionnelle de maréchal général des camps et armées du roi.

Biographie

Issu d'une famille de petite noblesse récente (notables et négociants lyonnais, seigneurs de La Chapelle-Villars, sans lien avec les Thoire-Villars, ni les Savoie-Villars, ni les Villars-Brancas), fils de Pierre de Villars et de Marie Gigault de Bellefonds, il est élève au collège de Juilly de 1664 à 1668. Il épouse en 1702, Jeanne Angélique Roque de Varengeville (1682–), de cette union naît un fils en 1702, Honoré-Armand de Villars. Il se présente dans ses mémoires comme descendant d'une grande famille du Moyen Âge alors que sa famille originaire du Lyonnais a été anoblie en 1586[2].

Militaire et diplomate

Après de brillantes études au collège de Moulins, Louis-Hector, marquis de Villars, entre aux pages de la Grande Écurie en 1670, puis aux mousquetaires en 1671. Le , il est fait mestre de camp d'un régiment de cavalerie de son nom, incorporé le dans le régiment de Beaupré. Son régiment est rétabli le .

En 1687, en qualité d'envoyé officieux, il est dépêché à Munich en vue d'entamer des négociations avec l'électeur de Bavière pour le convaincre, en vain, d'infléchir sa politique dans un sens plus favorable aux intérêts français[3]. Son ascension est favorisée par Madame de Maintenon qui contrecarre son opposant, le ministre Louvois. Dans les années précédant la guerre de Succession d'Espagne, il est envoyé extraordinaire à Vienne où son action est appréciée par Louis XIV[4].

Il se démet de son régiment le , est fait brigadier de cavalerie le 24 août, puis Commissaire Général de la cavalerie le .

Nommé lieutenant général des armées du roi le , il est employé à l'armée d'Allemagne où il obtient le commandement de la cavalerie le 27 avril. En 1696, il est employé à l'armée d'Italie où il commande la cavalerie par commission du 17 avril. Il commande encore la cavalerie à l'armée du Rhin en 1697.

Maréchal de France

Entrevue de Jean Cavalier, chef camisard et de Claude-Louis-Hector de Villars, maréchal de France, à Nîmes le , musée des Beaux-Arts de Nîmes.

Villars sert à l'armée d'Allemagne sous le maréchal de Catinat le , et prend le commandement d'un corps détaché de cette armée le 18 septembre, devant faire la jonction avec les troupes de l'Électeur. Il se rend à Huningue le 30 septembre où il se retranche, puis prend Neubourg, sur la droite du Rhin, avec mille hommes le 11 octobre à la faveur d'un renseignement ; cette prise ouvrait le Brisgau et menaçait les communications du prince de Bade avec Fribourg.

Après sa victoire sur le prince de Bade à la bataille de Friedlingen le 14 octobre, il devient maréchal de France par état du . L'année suivante, il bat les Impériaux à Höchstädt. En mai 1703, déçu du manque de succès militaires significatifs depuis le début de la guerre et de l'échec des tentatives de désarmement des Cercles de Souabe et de Franconie, il propose à Louis XIV de revenir à la politique de la terre brûlée des décennies précédentes et d'ordonner de « dévaster » le pays[5].

En avril 1704, il part remplacer le maréchal de Montrevel dans la guerre contre les camisards afin de négocier la fin des combats[6]. Il est fait duc de Villars en 1705.

Le « vainqueur de Denain »

Villars à la bataille de Denain, peinture de Jean Alaux (1788–1858).

En 1709, il est blessé à la bataille de Malplaquet, où les alliés victorieux subissent plus de pertes que les Français vaincus. À la suite de cette action, il est fait pair de France[2].

Entre 1710 et 1712, il est nommé gouverneur de la ville de Metz. Ceci lui permet de continuer la perception de revenus, mais surtout de lui assurer sa convalescence[7].

En 1712, par sa victoire surprise de Denain, il sauve les armées de Louis XIV de la défaite. La même année, il devient gouverneur de Provence, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort, et à laquelle son fils lui succède.

Maréchal général de Louis XV

Il est élu membre de l'Académie française en 1714. De 1715 à 1718, sous la Régence, il préside le Conseil de la Guerre. En 1733, un an avant sa mort, il reçoit de Louis XV la dignité de maréchal général des camps et armées du roi, porté avant lui par Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne. En 1734, Villars, encore vert à quatre-vingt-un ans prenait, en Italie, le commandement de 40 000 Français, de 12 000 Piémontais et de 21 000 Espagnols pour conquérir en trois mois le Milanais lors de la guerre de Succession de Pologne. Mais, après être tombé malade, il demanda son rappel en France. Il n'eut pas le temps de revoir sa patrie et mourut dans son lit à Turin le .

Parmi les mots qu'on lui doit, quand il apprend que Berwick avait eu la tête emportée par un boulet lors du siège de Philippsburg, Villars dit « Cet homme a toujours eu plus de chance que moi[8] ! »

Patrimoine

Le maréchal de Villars a fait construire le château de Larochemillay. Il acquiert également la vicomté de Melun en partie et le château de Vaux-le-Vicomte (siège de son duché de Villars, 1705), du château de Galleville à Doudeville (Seine-Maritime), et des demeures qui sont devenues la mairie du 7e arrondissement de Paris et le collège et lycée actuellement nommé Paul-Claudel.

Jugement de ses contemporains

Le maréchal de Villars à la bataille de Denain (peinture de Raymond Monvoisin).

Voltaire a dit de lui : « Il savait par cœur les beaux endroits de Corneille, de Racine, et de Molière. Je lui ai entendu dire un jour à un homme d’État fort célèbre, qui était étonné qu’il sût tant de vers de comédie : « J’en ai moins joué que vous, mais j’en sais davantage[9]. ». Le vers souvent attribué à Voltaire, « L’heureux Villars, fanfaron plein de cœur », considéré par certains comme une juste appréciation du duc de Villars, serait une interpolation[10].

Madame écrit dans sa correspondance que « le vice d'aimer les jolis garçons est la plus grande passion du duc de Villars… Le joli prince d'Eisenbach voulut une fois lui faire donner des coups de bâton, parce qu'il lui avait fait une déclaration d'amour[11]. » Le maréchal était marié à une jolie femme ; les deux époux aimaient les hommes autant l'un que l'autre et leur couraient après chacun de son côté[12].

Le stratège

Le maréchal de Villars, rendu célèbre par la victoire de Denain, était un général prudent, mais savait dans l'occasion exposer sa vie comme un soldat. Comme on le pressait de mettre une cuirasse, pendant un combat qui paraissait devoir être sanglant, il s'y refusa, et dit à haute voix, au milieu des troupes : « Je ne crois pas ma vie plus précieuse que celle de tous ces braves gens ». Une autre fois, comme on lui conseillait de ne point aventurer une existence aussi importante que la sienne, il répondit qu’« un général devait exposer sa vie comme il exposait celle des autres[8]. »

Iconographie

Publications

  • Mémoires du duc de Villars, pair de France, Maréchal général des armées de S. M. T. C. (3 volumes, 1735-36). Les deux derniers volumes sont des faux fabriqués par l'abbé qui les édita.
  • Campagne de Monsieur le maréchal de Villars en Allemagne, l'an MDCCIII, contenant les Lettres de ce maréchal et celles de plusieurs autres officiers généraux au Roi et à M. de Chamillart, avec les Réponses du Roi et de ce ministre ; recueil formé sur les originaux qui se trouvent en dépôt au Bureau de la guerre de la Cour de France (2 volumes, 1762).
  • Mémoires du maréchal de Villars, publiés, d'après le manuscrit original, pour la Société de l'histoire de France, et accompagnés de correspondances inédites, par M. le Mis de Vogüé (6 volumes, 1884-1904).
  • « La Dernière Campagne de Villars », Revue historique de l'Armée, publication trimestrielle de l'État-Major de l'Armée, première année no I, .

Armoiries

Armoiries du duc de Villars à Vaux-le-Vicomte.
Figure Blasonnement

D'azur, à trois molettes (6) d'or, au chef d'argent chargé d'un lion léopardé de gueules.[13],[14],[15]

Notes et références

  1. a et b Né à Moulins selon le Grand Larousse encyclopédique, Victor Adolphe Malte-Brun, dans la France illustrée (v. 1882), le donne comme natif de Condrieu, Rhône.
  2. a et b Fadi El Hage, « Villars et Denain », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 10 janvier 2013.
  3. Klaus Malettke, Les relations entre la France et le Saint-Empire au XVIIe siècle, Honoré Champion, Paris, 2001, p. 479, 486.
  4. Malettke, p. 525, 557.
  5. « Il faudrait commencer les exécutions, desquelles je dois attendre d'autant plus d'effet que nos soldats n'ont rien brûlé jusqu'à présent, et que les ennemis verront que c'est par ordre, quant ils ressentiront les rigueurs de la guerre et qu'il dépend d'eux de les faire cesser. Enfin, Sire, il faut leur donner la loi. Je sais comme l'on mène les Allemands. » Lettre du 16 mai 1703 dans Malettke, p. 600.
  6. Musée virtuel du protestantisme.
  7. Général Pierre Denis, Gouverneurs de Metz et commandeurs 1552-2002, Metz, Editions Serpenoise, , 439 p. (ISBN 2-87692-678-4), p.48
  8. a et b D'après Th. H. Barrau, Livre de morale pratique, Paris, Hachette et Cie, .
  9. Le siècle de Louis XIV, Catalogue de la plupart des écrivains français qui ont paru dans le Siècle de Louis XIV, pour servir à l’histoire littéraire de ce temps (1751).
  10. La Pucelle d'Orléans, Chant III (1756). Voir : Variantes du chant III.
  11. Princesse Palatine, Correspondance, librairie académique Perrin.
  12. Didier Godard, Le Goût de Monsieur. L'homosexualité masculine au XVIIe siècle, éditions H & P, Montblanc, 2002, page 171.
  13. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com.
  14. www.heraldique-europeenne.org.
  15. Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X).

Annexes

Bibliographie

Liens externes