Classe Capitani Romani

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Classe Capitani Romani
Image illustrative de l'article Classe Capitani Romani
Le croiseur Attilio Regolo
Première unité de la classe
Caractéristiques techniques
Type Croiseur léger
Longueur 142,2 m
Maître-bau 14,4 m
Tirant d'eau 4,1 m
Déplacement 3 745 t (standard)
5 334 t (pleine charge)
Propulsion 4 chaudières Thornycroft, 4 turbines Belluzzo
2 hélices 110,000 hp (82,000 kW)
Vitesse 43 nœuds (79,6 km/h) (en essai)
43 nœuds (79,6 km/h) (en configuration de combat)
Caractéristiques militaires
Armement 8 canons 135/45 modèle 1935
8 canons 37/54 mm
8 mitrailleuses 20/65 mm, modèle 1935
8 tubes lance torpilles de 533 mm
70 mines
Autres caractéristiques
Équipage 418
Histoire
A servi dans  Regia Marina
 Marine nationale
Période de
construction
1939 - 1942
Période de service 1942 - 1980
Navires construits 8
Navires prévus 12
Navires annulés 4
Navires perdus 4

La classe Capitani Romani est une classe de croiseurs légers italiens de la Regia Marina. Douze croiseurs de cette classe ont été commandés à la fin de 1939, mais seulement quatre ont été achevés et seulement trois d'entre eux avant l'armistice de Cassibile du . Le nom de ces navires est emprunté aux personnages illustres de la Rome antique d'où la dénomination Capitani Romani[1].

Projet[modifier | modifier le code]

La classe Capitani Romani est mise en fabrication en 1939 afin de contrecarrer les contre-torpilleurs de la classe Mogador et Fantasque de la Marine nationale française[2].

En 1938, Umberto Pugliese (it) et Ignazio Alfano établissent le projet en s'inspirant du Tachkent, un croiseur éclaireur construit par la Marine soviétique. La construction confiée à la société Odero-Terni-Orlando est réalisée dans son chantier naval OTO de Livourne.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Les navires de classe Capitani Romani sont initialement classés comme des « explorateurs océaniques » (Esploratori Oceanici), bien que certains auteurs estiment que ce soit plutôt des destroyers lourds[3],[4].

Après la guerre, les deux unités encore en service ont été reclassées « caccia conduttori » (conducteurs de flottille).

Leur conception est basée sur une coque légère, avec un armement léger du type croiseur. La conception originale a été modifiée afin de répondre aux exigences de vitesse et de puissance de feu. Les machines développent une puissance de 93 210 kW, équivalente à celle de croiseurs de 17 000 tonnes et de la vitesse escomptée de 40 nœuds (74 km/h).

Les trois navires de guerre achevés ont navigué à 43 nœuds (80 km/h) pendant les essais[1].

Ils possédaient une batterie principale de huit canons de 135 mm permettant une cadence de feu de six coups par minute à une portée de 19 500 m et huit tubes lance-torpilles de 533 mm.

Le tonnage en temps de guerre a réduit la vitesse opérationnelle à 36 nœuds (67 km/h)[2].

Histoire des opérations[modifier | modifier le code]

Scipione Africano[modifier | modifier le code]

Seul le Scipione Africano a été engagé au combat. Il était alors équipé du radar avancé italien EC.3 Gufo[5]. Positionné pour fermer le détroit de Messine, il détecte au cours de la nuit du quatre vedettes lance-torpilles Elco au large de Punta Posso[6]. Il coule la MTB 316 et endommage fortement la MTB 313 entre Reggio di Calabria et Pellaro à la position 38° 03′ 20,2″ N, 15° 35′ 28,35″ E[7],[8],[9]. Une douzaine de marins britanniques ont péri lors de cette action[10]. L'engagement a duré environ trois minutes[6]. Le Scipione Africano a subi des dommages mineurs et deux blessés quand les batteries allemandes déployées le long de la côte italienne ont ouvert le feu. Le croiseur avait initialement reçu l'ordre se rendre de La Spezia à Taranto, qu'il a finalement atteint à 09h46. Sa grande vitesse a été décisive pour l'issue de la bataille[11].

Du au , avec le Luigi Cadorna, il mouille quatre champs de mines dans le Golfe de Tarente et Squillace[12].

Il transporte à Malte le maréchal Badoglio et le roi Victor-Emmanuel III pour la signature de l'Armistice du . Il sert ensuite de navire de transport et de navire d'entraînement.

Désarmé à La Spezia le , il est transféré à la Marine nationale française et est rebaptisé « Guichen ».

Attilio Regolo[modifier | modifier le code]

En 1942, ce croiseur commande une force de six destroyers pour mouiller un champ de mines au sud de la Sicile. À son retour de mission, il est touché le par une torpille du sous-marin britannique HMS Unruffled (P46)[13]. Il est convoyé jusqu'au port de Palerme pour y subir des réparations.

Il reprend du service en jusqu'à la capitulation italienne, le . Il se réfugie à Port Mahon aux îles Baléares où il est interné jusqu'en , date à laquelle il rejoindra les forces alliées[14].

Après la guerre, au service de la France[modifier | modifier le code]

Après le traité de paix de Paris le , la France récupère l'Attilo Regolo, le Scipione Africano et quatre destroyers en , au titre des dommages de guerre, et en exécution du traité.

Les deux croiseurs ont été renommés respectivement Châteaurenault et Guichen .

Attilio Regolo - Châteaurenault (D606)[modifier | modifier le code]

D606 Châteaurenault, ancien Attilo Regolo

Arrivé à l'arsenal de Toulon le , l'Attilio Regolo est rebaptisé Châteaurenault. Il subit une refonte aux Forges et Chantiers de la Méditerranée de La Seyne-sur-Mer pour devenir un escorteur d'escadre. Son armement d'origine est remplacé par des canons allemands de 105 mm, des canons Bofors de 57 mm et des torpilles de 550 mm. Il est doté du même équipement électronique que les autres bâtiments construits au titre du programme naval d'après-guerre.
Il sera opérationnel jusqu’en 1962[1] comme navire-amiral de l'Escadre légère à Brest.

Après son désarmement, le navire abrite l’École des fusiliers marins de Lorient[15] jusqu’en 1969, avant son complet démantèlement.

Scipione Africano - Guichen[modifier | modifier le code]

Arrivé à l'arsenal de Toulon le , le Scipione Africano est rebaptisé Guichen. Il subit une refonte aux Forges et Chantiers de la Méditerranée de La Seyne-sur-Mer pour devenir un escorteur d'escadre en 1952. Son armement d'origine est remplacé par des canons allemands de 105 mm, des canons Bofors de 57 mm et des torpilles de 550 mm. Il est doté du même équipement électronique que les autres bâtiments construits au titre du programme Naval d'après-guerre.

Il sera opérationnel jusqu’en 1961[1]au sein de l'Escadre légère de l'Atlantique à Brest.

Après son désarmement il est utilisé comme base fixe au Poulmic. En 1976 il est remorqué au Cimetière des navires de Landévennec pour démantèlement.

Après la guerre, dans la Marina Militare[modifier | modifier le code]

San Marco, anciennement Giulio Germanico, en 1959

Le Giulio Germanico et le Pompeo Magno ont repris du service dans la Marina Militare et ont été rebaptisés respectivement San Marco et San Giorgio.

Les deux navires subissent une refonte entre 1951 et 1955 et sont équipés de radars et d'armes américaines[1].

Caractéristiques
  • 6 canons de 127 mm, trois tourelles doubles antiaériennes
  • Mortier anti-sous-marins
  • 20 canons Bofors de 40 mm
  • Conduite de tir (canons de 127 mm)
  • Radar SPS-6 et SG-6 b,
  • Sonar SQS-11 et Mk37

Entre 1963 et 1965, le San Marco est reconverti en navire école et équipé de nouvelles machines CODAG (fuel et gaz combiné) et de canons de 76 mm. Le San Marco a été démantelé en 1971 et le San Giorgio en 1980.

Unités[modifier | modifier le code]

 Regia Marina - Classe Capitani Romani
Nom navire Chantier Terminé Mise à l'eau Complétée Notes
Attilio Regolo Cantiere navale fratelli Orlando (OTO), Livourne Cédé en 1948 à la Marine nationale, reconverti en escorteur d'escadre et rebaptisé Châteaurenault jusqu’en 1969 (démantèlement).
Scipione Africano Cantiere navale fratelli Orlando (OTO), Livourne Cédé en 1948 à la Marine nationale, reconverti en escorteur d'escadre et renommé Guichen. En 1976, il est remorqué au cimetière des navires de Landévennec pour démantèlement.
Pompeo Magno Cantiere navale di Ancona, Ancône Reconverti en 1950 et renommé San Giorgio, Marina Militare, démantelé en 1980.
Giulio Germanico Cantiere navale di Castellammare di Stabia, Naples Récupéré en 1950, reconverti et renommé San Marco (D 563) (it), Marina Militare, démantelé en 1971.
Ulpio Traiano Chantier naval de Palerme Coulé le
Ottaviano Augusto Cantieri Navali del Tirreno Riuniti, Gênes Coulé le
Caio Mario Cantiere navale fratelli Orlando (OTO), Livourne Sabordé en 1944 à La Spezia
Lucio Cornelio Silla Ansaldo Gênes Coulé en
Claudio Druso Cantiere navale di Riva Trigoso Démantelé avant finition, 1941-1942
Claudio Tiberio Cantiere navale fratelli Orlando (OTO), Livourne Démantelé avant finition, 1941-1942
Paolo Emilio Ansaldo, Gênes Démantelé avant finition, 1941-1942
Vipsanio Agrippa Cantiere navale di Riva Trigoso Démantelé avant finition, 1941-1942

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Robert Gardiner et Roger Chesneau, Conway's All the World's Fighting Ships (1922-1946), [détail de l’édition]
  • (it)Elio Ando, Incrociatori leggeri classe « CAPITANI ROMANI », Parme, Ermanno Albertelli Editore, 1994. (ISBN 978-88-85909-45-8)
  • (it) Piero Baroni, La guerra dei radar : il suicidio dell'Italia : 1935/1943, Milan, Greco e Greco, , 288 p. (ISBN 978-88-7980-431-8 et 88-7980-431-6, lire en ligne)
  • (en) Gardiner, Robert & Brown, David K., The eclipse of the big gun : the warship 1906-1945. Conway's history of the ship. Conway Maritime, (ISBN 0-85177-953-0)
  • (en) Chris Bishop, The Encyclopedia of Weapons of WWII : The Comprehensive Guide to Over 1,500 Weapons Systems, Including Tanks, Small Arms, Warplanes, Artillery, Ships, and Submarines, Sterling Publishing Company, Inc., , 544 p. (ISBN 1-58663-762-2, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Source de la traduction[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. a b c d et e Bishop, page 489
  2. a et b Gardiner & Brown, page 65
  3. (en)Shipbuilding & marine engineering international, volume 106, Whitehall Press, 1983, page 388
  4. (en)Sadkovich, James: Reevaluating major naval combatants of World War II. Greenwood Press, 1990, page 132. (ISBN 0-313-26149-0)
  5. (en)Swords, Séan: Technical history of the beginnings of radar. Volume 6 of History of technology series Radar, Sonar, Navigation and Avionics. P. Peregrinus on behalf of the Institution of Electrical Engineers, 1986, page 129. (ISBN 0-86341-043-X)
  6. a et b (it)Scipione: posto di combattimento, Maurizio De Pellegrini Dai Coi. Rivista Maritima, gennaio-febbraio 2012
  7. (en)Pope, Dudley: Flag 4: The Battle of Coastal Forces in the Mediterranean 1939-1945. Chatham Publishing, 1998, pages 121-122. (ISBN 1-86176-067-1)
  8. (it)Fioravanzo, Giusseppe (1970). Le Azioni Navali In Mediterraneo Dal 1° aprile 1941 all'8 settembre 1943. USMM, p.  468-469
  9. (it)Baroni, Piero (2007). La guerra dei radar: il suicidio dell'Italia : 1935/1943. Greco & Greco, p.  187. (ISBN 8879804316)
  10. (en)Naval-History.net
  11. Green, Jack & Massignani, Alessandro (1998). The Naval War in the Mediterranean, 1940–1943. Chatam Publishing, pp. 290-291. (ISBN 1-885119-61-5)
  12. (it)Cocchia, Aldo (1966). La Marina italiana nella seconda guerra mondiale. Volume 18. Ufficio Storico della Marina Militare, p.  397
  13. (it)Bragadin, Marc'Antonio: The Italian Navy in World War II, United States Naval Institute, Annapolis, 1957, page 241. (ISBN 0-405-13031-7)
  14. (en)Tomlin, Barbara: With utmost spirit: Allied naval operations in the Mediterranean, 1942-1945. University Press of Kentucky, 2004, page 241. (ISBN 0-8131-2338-0)
  15. École des fusiliers marins de Lorient