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Clarence Williams

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Clarence Williams
Description de cette image, également commentée ci-après
Clarence Williams en 1916
Informations générales
Naissance ou 1898
Plaquemine, Louisiane
Décès
New York
Nationalité Américaine
Activité principale Pianiste, chef d'orchestre
Activités annexes Auteur-compositeur, promoteur, éditeur
Genre musical Blues, jazz

Clarence Williams (né à Plaquemine, Louisiane, à une date incertaine – mort le à New York[1],[2]) est un musicien afro-américain, pianiste, chanteur, chef d'orchestre, auteur et compositeur de blues et de jazz, promoteur, producteur de théâtre et éditeur musical. Il est connu pour avoir accompagné, produit, découvert ou écrit pour de nombreux artistes, dont Louis Armstrong, Sidney Bechet, Bessie Smith et son épouse Eva Taylor[2].

En 1970, Clarence Williams est intronisé, à titre posthume, au Songwriters Hall of Fame[1]. Il est admis au Big Band and Jazz Hall of Fame en 1991[3].

Fils de Dennis et Sally Williams, Clarence naît, selon les sources, le [1], le [2],[4] ou le [5], à Plaquemine, en Louisiane. Son père est bassiste. Il s'enfuit de chez lui à l'âge de 12 ans pour rejoindre le minstrel show itinérant de Billy Kersands (en) comme chanteur et danseur, puis s'installe à La Nouvelle-Orléans[4]. Au début, Williams travaille comme cireur de chaussures et vit de petits boulots, mais se il fait rapidement connaître comme chanteur et « maître de cérémonie ». Au début des années 1910, il est un artiste local réputé, jouant également du piano, et compose déjà de nouveaux morceaux en 1913. Homme d'affaires avisé, Williams organise des spectacles au théâtre de vaudeville afro-américain local, ainsi que dans divers saloons et dancings de Rampart Street, et dans des clubs et house-rent parties de Storyville[4].

Williams crée une maison d'édition musicale avec le violoniste et chef d'orchestre Armand J. Piron en 1915, qui devint dans les années 1920 le premier éditeur de musique afro-américain du pays. Il effectue une brève tournée avec W. C. Handy (le « père du blues »), crée une maison d'édition à Chicago, puis s'installe à New York au début des années 1920[4]. En 1921, il épouse la chanteuse de blues et comédienne Eva Taylor, avec qui il se produit fréquemment[1]. Ils s'installent dans le Queens dans les années 1920 avec l'intention de créer une communauté d'artistes noirs. Il imagine un espace où les artistes afro-américains pourraient vivre, travailler et collaborer, à l'abri de la discrimination raciale et de la ségrégation qui prévalaient dans d'autres quartiers de la ville à l'époque[6].

Williams et son épouse, Eva Taylor, achètent une grande maison sur Ruscoe Street (108e Avenue, près d'Addisleigh Park) et la transforment en un lieu de rencontre pour les artistes, musiciens et intellectuels noirs. Ils y organisent régulièrement des fêtes et des événements, qui attirent de nombreuses personnalités de la Renaissance de Harlem, dont Langston Hughes, Zora Neale Hurston et Duke Ellington.

Renaissance de Harlem

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Wiiliams est l'un des principaux pianistes sur de nombreux disques de blues enregistrés à New York dans les années 1920. Il supervise les enregistrements afro-américains pour les bureaux new-yorkais de la société de phonographes Okeh dans les années 1920 (la série 8000), dans l'immeuble du Gaiety Theatre à Times Square[7]. Il recrute de nombreux artistes qui se produisent pour le label. Il enregistre également beaucoup, dirigeant fréquemment des groupes de studio pour OKeh, Columbia et occasionnellement d'autres labels.

Il utilise principalement les noms de « Clarence Williams' Jazz Kings » pour ses faces « hot band » et « Clarence Williams' Washboard Five » pour ses faces « washboard ». Il produit et participe également aux premiers enregistrements de Louis Armstrong, Sidney Bechet, Bessie Smith, Virginia Liston, Irene Scruggs, sa nièce Katherine Henderson, et d'autres. Il enregistre également Sara Martin, Sippie Wallace et Buddy Christian. Deux de ses groupes enregistrés en 1924, « The Red Onion Jazz Babies » et « Clarence Williams' Blue Five », comptent Armstrong et Bechet, deux des plus importants solistes du début du jazz, lors de leurs seuls enregistrements communs avant les années 1940. Le Blue Five de Clarence Williams, un groupe exclusivement dédié au studio, se forme après le succès des enregistrements de King Oliver afin d'explorer le marché de la musique orientée blues. La rivalité entre Armstrong et Bechet, qui cherchent à se surpasser par des solos successifs, est illustrée par Cake Walkin' Babies from Home, la plus célèbre de ces performances. King Oliver joue du cornet sur plusieurs enregistrements de Williams à la fin des années 1920. Après le départ d'Armstrong et Bechet, la formation comprend le trompettiste Bubber Miley. Williams réalise de nombreux enregistrement avec ses « Washboards Bands » comprenant le cornettiste Ed Allen, les clarinettistes Buster Bailey ou Cecil Scott et Floyd Casey au washboard. Williams est aussi directeur des enregistrements pour l'éphémère label QRS Records en 1928[8].

Parmi les musiciens qui apparaissent sur ses disques figurent aussi les trompettistes Joe Smith, Tommy Ladnier, Louis Metcalf et Red Allen, le tromboniste Jimmy Harrison, le flûtiste Alberto Socarras ; le saxophoniste ténor Coleman Hawkins, le chanteur Louis Jordan et les pianistes James P. Johnson et Willie Smith[9].

La plupart de ses enregistrements sont des chansons de sa maison d'édition, ce qui explique pourquoi il enregistre à de nombreuses reprises des titres comme Baby Won't You Please Come Home, Close Fit Blues et Papa De-Da-Da. Parmi ses propres compositions figure Shout, Sister, Shout (1929), qu'il enregistre lui-même et qui est également repris par les Boswell Sisters en 1931[10].

En 1933, il signe chez Vocalion et enregistre principalement des percussions washboard jusqu'en 1935 (avec une session en 1938). Il enregistre également pour Bluebird en 1937, puis de nouveau en 1941.

En 1943, Williams vend son important catalogue de morceaux à Decca pour 50 000 dollars et prend sa retraite. Il achète ensuite un magasin d'occasion à bas prix, le Harlem Thrift Shop. Williams est grièvement blessé lorsqu'il est heurté par un taxi en 1956[9]. Il décède dans le Queens, à New York, en 1965 et est inhumé au cimetière Saint-Charles de Farmingdale, à Long Island. À sa mort en 1977, son épouse Eva Taylor est enterrée à ses côtés.

L'acteur Clarence Williams III est son petit-fils[5].

Compositions

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Le nom de Clarence Williams apparaît comme compositeur ou co-compositeur sur de nombreux morceaux, dont plusieurs qui, de son propre aveu, ont été écrits par d'autres, mais dont il a acquis tous les droits, comme c'était la pratique courante dans le monde de l'édition musicale à l'époque. Clarence Williams est également crédité comme l'auteur du tube de Hank Williams de 1949, My Bucket's Got a Hole in It, chanson reprise plus tard par Louis Armstrong.

  • Ain't Nobody's Business If I Do (de Porter Grainger et Everett Robbins, 1922. Williams est parfois crédité comme co-auteur.)
  • Baby Won't You Please Come Home (avec Charles Warfield, 1919)
  • Cushion Foot Stomp (1927)
  • Everybody Loves My Baby (avec Jack Palmer, 1924)
  • Gulf Coast Blues (1923)
  • I Ain’t Gonna Give Nobody None o’ This Jelly-Roll (avec Spencer Williams, 1919)
  • I Can Beat You Doing What You're Doing Me (avec Armand Piron)
  • I Wish I Could Shimmy Like My Sister Kate (en tant qu'éditeur, 1922)
  • If You Don't Believe I Love You, Look What a Fool I've Been (1921)
  • My Bucket's Got a Hole in It (1927)
  • Need a Little Sugar in My Bowl (avec J. Tim Brymn et Dally Small, 1931)
  • Royal Garden Blues (avec Spencer Williams, 1919)
  • Shout, Sister, Shout (avec Tim Brymn et Alex Hill, 1930)
  • Squeeze Me (avec Fats Waller, 1925)
  • Sugar Blues (avec Edgar M. Sampson et Lucy Fletcher, 1919)
  • Swing! Brother, Swing! (avec Walter Bishop Sr. et Lewis Raymond, 1935)
  • Texas Moaner Blues (avec Fay Barnes, 1924)
  • That Ought to Do It
  • West End Blues (avec King Oliver, 1929)
  • Wild Cat Blues (avec Fats Waller, 1923)
  • You Missed a Good Woman

Notes et références

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  1. a b c et d (en) « Clarence Williams Bio », sur Songwriters Hall of Fame (consulté le ).
  2. a b et c (en) Edward Komara (dir.) et Peter Muir, Encyclopedia of the Blues, vol. 1 et 2, New York, Routledge, , 2e éd. (ISBN 0-415-92699-8, lire en ligne [PDF]), « Williams, Clarence », p. 1078.
  3. « Clarence Williams : Biographie », sur Internet Movie Database (consulté le ).
  4. a b c et d (en) Scott Yanow, « Clarence Williams: Profiles in Jazz », sur Syncopated Times, (consulté le ).
  5. a et b (en) « Clarence Williams », sur Internet Broadway Database (consulté le ).
  6. (en) Laura Itzkowitz, « Fun Maps: The Queens Jazz Trail by Ephemera Press », sur Untapped New York (consulté le ).
  7. (en) Ken Bloom, Broadway : An Encyclopedia, Taylor & Francis, , 2e éd. (ISBN 978-0-2036-4435-5).
  8. (en) Daphne Duval Harrison, Black Pearls : Blues Queens of the 1920s, New Brunswick, N.J. et Londres, Rutgers University Press, (ISBN 0-8135-1280-8, lire en ligne), p. 236
  9. a et b (en) Scott Yanow, « Clarence Williams Biography », sur All Music (consulté le ).
  10. (en) « Shout, Sister, Shout! by The Boswell Sisters », sur SecondHandSongs (consulté le ).

Liens externes

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