Citadelle de Blaye

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Citadelle de Blaye dominant l'estuaire de la Gironde
Ruines du château des Rudel dans la citadelle

La citadelle de Blaye est un complexe militaire de 38 hectares édifié entre 1680 et 1689 par l'architecte militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne, sous la supervision de Sébastien Vauban. Dominant l'estuaire de la Gironde, elle se situe dans la commune de Blaye, dans le nord du département de la Gironde, en France. Elle forme un vaste ensemble fortifié entouré de courtines, complété par quatre bastions et trois demi-lunes.

L'intérieur est conçu comme une véritable ville close s'articulant autour d'une place d'armes, d'un couvent abritant autrefois des religieux de l'ordre des minimes, et de plusieurs casernes. Plusieurs éléments des fortifications médiévales sont inscrites dans le nouvel ensemble, parmi lesquels le château des Rudel (XIIe siècle), la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'Éguillette (XVe siècle).

Conçue pour être un « verrou » protégeant le port de Bordeaux, la citadelle est complétée par le fort Paté, sur une île de l'estuaire, et par le fort Médoc, situé sur la rive opposée de la Gironde.

Classé monument historique, elle est également l'un des douze sites intégrés au Réseau des sites majeurs de Vauban et est à ce titre inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco au titre du Réseau des sites majeurs de Vauban[1].

Historique

La porte Dauphine (1689) est l'un des deux accès à la citadelle

La présence d'un éperon rocheux dominant de presque 35 mètres l'estuaire de la Gironde explique l'établissement précoce de fortifications à l'emplacement de l'actuelle citadelle. S'il apparaît comme vraisemblable que le site ait été choisi par les romains pour y édifier le « castrum » de Blavia, ce n'est que vers le VIIe siècle que la présence d'un premier château est attestée, celui-ci apparaissant comme l'une des résidences ponctuelles du jeune roi d'Aquitaine Caribert II. Peu de documents permettent de savoir ce qu'il advient de ce château à la mort du souverain en 632 ; tout juste apprend on qu'il est encore debout au XIIe siècle lorsque Wulgrin Rudel devient seigneur de Blaye. Ce dernier fait démolir les anciennes structures mérovingiennes afin d'édifier en lieu et place un château-fort moderne, propre à assurer la défense de la ville en cas de nécessité. Remanié à plusieurs reprises, le château des Rudel est encore en assez bon état pour que l'ingénieur militaire Sébastien Vauban décide de l'intégrer à la citadelle que le roi Louis XIV lui a donné pour mission d'édifier.

De fait, si une première campagne de fortifications a lieu dès le règne du roi Louis XIII, la construction de la citadelle actuelle est due à la volonté du « Roi-soleil » d'établir un solide verrou protégeant le port de Bordeaux d'éventuelles incursions ennemies. La place-forte est ainsi conçue pour être la pièce-maîtresse d'un triptyque défensif englobant le fort Paté, construit sur l'île éponyme, et le fort Médoc, édifié sur la rive opposée de l'estuaire.

Les travaux de la citadelle sont supervisés par le maréchal Sébastien Vauban, la réalisation de l'œuvre étant confiée à l'ingénieur militaire François Ferry. Ce dernier est aidé dans sa tâche par plusieurs assistants : ce sont tout d'abord Charles Thuillier, de 1685 à 1690, puis Jean-Baptiste Augier de 1686 à 1691, enfin Pierre Jablier de 1688 à 1705.

Le bastion des Pères et son échauguette, restaurée en 1995. Une seconde échauguette a été remontée en 1998

L'édification de la forteresse ne va pas sans causer de profonds bouleversements à la trame urbaine médiévale : ce n'est rien moins que la majeure partie de la ville qui est détruite afin de laisser la place à un vaste complexe semi-circulaire de 38 hectares épousant la forme du rocher. Ces transformations radicales n'épargnent pas même l'antique basilique Saint-Romain, jadis lieu de pèlerinage et nécropole des rois d'Aquitaine, dont la tradition rapporte qu'elle fut également le lieu d'inhumation du comte Roland de Blaye, neveu de Charlemagne. Sacrifiée afin d'établir un glacis défensif autour de la citadelle, ses ruines ont été mises à jour dans les années 1960.

Seuls quelques éléments des fortifications médiévales échappent à la destruction : le château des Rudel, épargné afin de servir de logis au gouverneur militaire, la porte de liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l'éguillette (XVe siècle), tandis que deux maisons du XIIIe siècle ont été préservées. Les habitants sont relogés dans une « ville-neuve » reconstruite à quelques centaines de mètres plus à l'est.

Le gros-œuvre, entamé en 1685, est achevé en 1689. Les travaux se poursuivent cependant jusqu'au début du XVIIIe siècle.

L'unique siège soutenu par la place-forte à lieu en 1814. Une escadre anglaise commandée par l'amiral Penrose prend position à hauteur de l'île Paté. Dix jours durant, les navires britanniques canonnent la citadelle, placée sous le commandement du général Merle. Ce dernier tient bon. Cependant, l'abdication de l'empereur Napoléon Ier, auquel succède sur le trône le roi Louis XVIII conduit à la cessation conjointe des hostilités et au renversement des alliances.

De 1832 à 1833, la citadelle, placée sous le commandement du général Thomas Robert Bugeaud, sert de lieu d'internement à la duchesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry, détenue sur l'ordre du roi Louis-Philippe pour avoir fomenté un soulèvement visant à porter sur le trône son fils le duc de Bordeaux.

En 1851, le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte conduit à des révoltes sporadiques dans plusieurs régions du sud-ouest. Plusieurs dizaines d'insurgés sont emprisonnés dans les sous-sols de l'hôpital, convertis en cachots de fortune. Manque d'hygiène, surpopulation, les conditions de détention apparaissent vite comme inadaptées. En janvier 1852, l'une des prisonnières perd la raison. Tandis que cette dernière est envoyée dans un établissement psychiatrique, ses codétenues sont relaxées. Les hommes ne bénéficient pas de cette mesure de clémence et sont déportés au bagne de Cayenne ou dans des geôles en Algérie.

Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1925, la citadelle apparaît pourtant menacée dans le courant des années 1930. Afin de consolider les défenses de la pointe de Grave, le ministère de la guerre demande l'autorisation aux beaux-arts de procéder à la démolition de la demi-lune du Cône. Bien que regrettant que soit porté atteinte à l'intégrité du monument, ceux-ci donnent leur accord, considérant comme prioritaires le renforcement des défenses du littoral. Les travaux de démolition débutent en 1936 mais se heurtent bientôt à une mobilisation menée par plusieurs personnalités locales, dont le maire Édouard Doré et le sous-préfet Jacques Guillemaut. Un journaliste local, Paul Raboutet, orchestre une campagne médiatique dans plusieurs journaux de la région, dont « L'illustration » et « L'avenir blayais et jonzacais »[2]. Cette dernière est reprise par une partie de la presse nationale, conduisant à l'interruption des travaux peu après. L'année suivante, en 1937, la citadelle est définitivement classée monument historique.

Description

La porte Dauphine est précédée d'un pont dormant édifié en 1770

Dans sa configuration actuelle, la citadelle apparaît comme un ensemble hémicylindrique formé d'une enceinte à quatre bastions et trois demi-lunes, ceinturé par de profondes douves et par un glacis. Les demi-lunes, de forme triangulaire, sont conçues afin de protéger les courtines et les entrées de la citadelle. Celles-ci sont au nombre de deux : la porte royale et la porte dauphine, lesquelles sont précédées de ponts dormants en pierre. Ceux-ci sont le résultat d'une campagne de modernisation de la citadelle intervenue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : celui de la porte dauphine date de 1770, tandis que celui de la porte royale lui est postérieur de dix ans. Auparavant, la citadelle était équipée de ponts-dormants en bois, matériau jugé trop peu fiable en cas d'attaque.

L'intérieur de la forteresse forme une véritable « ville-close » s'articulant autour de la place d'armes.

Le château des Rudel

L'ancien château-fort des seigneurs de Blaye (XIIe siècle) est intégré à la citadelle par Vauban. Transformé en logis pour les gouverneurs militaires de la place, il est partiellement remanié au XVIIe siècle. Abandonné à partir de 1820, le château est en cours de restauration.

La porte Royale

Réalisée en 1685, elle est l'un des deux accès à la citadelle. La sophistication de son système de défense en fait l'une des réalisations majeures de Vauban : deux ponts-dormants, une demi-lune, une poivrière et un vestibule de forme ovoïde barré par deux ponts-levis étaient conçus pour protéger la porte d'éventuelles velléités ennemies.

La porte Dauphine

Elle est avec la porte Royale l'un des deux accès à la place-forte. Édifiée en 1689, elle est précédée d'un pont dormant et d'une demi-lune, dont l'entrée volontairement décalée est conçue pour éviter l'exposition à des tirs en enfilade. Il n'était possible d'accéder au pont qu'après avoir franchi un portail en chêne massif.

Le couvent des Minimes

Le couvent des Minimes est un ensemble monastique érigé sous le règne du roi Henri IV afin de servir de lieu de culte à la garnison établie dans l'ancienne place-forte. Aujourd'hui désacralisé, il se compose d'une église flanquée d'un clocher trapu couronné d'un dôme, de bâtiments conventuels et d'un cloître conservant des voûtes présentant des traces de décor peint.

L'hôpital de siège

L'aménagement de ce vaste ensemble semi-enterré date de 1739, ainsi que l'atteste la date inscrite sur l'une des clefs de voûte. Établi sur trois niveaux, il comprend un sous-sol divisé en casemates, une salle de soins au rez-de-chaussée et une seconde salle au premier étage. L'hôpital de siège conserve des vestiges d'une ancienne barbacane du XIIIe siècle démolie au XVIIe siècle, la porte Saint-Romain. Celle-ci était l'un des accès de la ville médiévale.

Le bastion des pères

Le bastion des pères est l'un des quatre bastions de la citadelle. Également appelé « bastion du port », il doit son nom aux religieux de l'ordre des minimes, dont le couvent est situé non loin. Aménagé en 1689 sur les plans de Vauban, il est bordé d'échauguettes surmontées de fleurs de lys. Les terres du parapet accueillent depuis 1974 un vignoble de 33 ares baptisé « Clos de l'échauguette »

La porte de Liverneuf

Elle est l'une des anciennes portes médiévales de l'ancienne ville-haute de Blaye, détruite au XVIIe siècle pour laisser la place à la citadelle. Édifiée au XIIIe siècle, elle se compose d'une porte ogivale surmontée d'une tour barlongue, laquelle est agrandie au XVIIe siècle afin de servir de logement aux officiers.

La manutention (Musée archéologique)

Originellement conçu comme prison militaire, ce bâtiment doit sa construction au gouverneur Claude de Rouvroy de Saint-Simon. La trace de ses armoiries, martelées à la révolution, est encore perceptible sur la façade. Converti en manutention en 1831, il est désaffecté au sortir de la seconde guerre mondiale et accueille depuis peu le musée archéologique de la ville.

Classement

Ce site fortifié est classé aux Monuments historiques depuis 1937. Membre du Réseau des sites majeurs de Vauban, la citadelle est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 2008.

Personnages ayant marqué son histoire

Avant le XVIIe siècle
Après le XVIIe siècle

Notes et références

Pour approfondir

Lien externe

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