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Histoire du Belize

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Belize au présent

L'histoire du Belize commence à l'époque précolombienne. C'est alors une zone de l'aire culturelle maya, au sein de celle, plus vaste, de la Mésoamérique. Parmi les sites archéologiques mayas les plus anciens du pays, figure Cuello ().

Haut lieu de la flibuste dans la mer des Caraïbes, l'ex-Honduras britannique attire, jusqu'au XIXe siècle, seulement quelques centaines de bûcherons britanniques fascinés par l'abondance de bois d'acajou. Les empires coloniaux européens ne font alors aucun effort pour mettre en valeur cette contrée, dont les deux tiers sont couverts de forêts vierges. En 1675, les esclaves d'un navire négrier naufragé dans les Antilles, se mêlent aux Indiens caraïbes locaux. Ainsi naît le groupe ethnique des Caraïbes noirs. Révoltés contre l'autorité coloniale, certains d'entre eux débarquent le sur les rivages du futur Honduras britannique et y font souche.

La population du pays est estimée à environ 410 000 de Béliziens en 2022, diaspora non comprise.

Civilisations précolombiennes

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La civilisation maya en Mésoamérique.

La civilisation maya est apparue il y a au moins trois millénaires dans les basses terres de la péninsule du Yucatán et les hautes terres au sud, dans ce qui est aujourd'hui le sud-est du Mexique, le Guatemala, l'ouest du Honduras et le Belize. De nombreux aspects de cette culture persistent dans la région malgré près de 500 ans de domination européenne. Avant , certains groupes de chasseurs-cueilleurs s'installèrent dans de petits villages agricoles ; ils domestiquèrent des cultures telles que le maïs, les haricots, les courges et les piments. Une profusion de langues et de sous-cultures se développa au sein de la culture maya fondamentale. Entre et , les institutions de base de la civilisation maya virent le jour. Cette civilisation atteignit son apogée pendant la période classique, qui débuta vers [1]

Les agriculteurs pratiquaient divers types d'agriculture, notamment des systèmes irrigués et des champs en billons nécessitant beaucoup de main-d'œuvre, ainsi que l'agriculture itinérante sur brûlis. Leurs produits nourrissaient les artisans, les marchands, les guerriers et les prêtres-astronomes de la civilisation, qui coordonnaient les activités agricoles et autres activités saisonnières avec des rituels dans des centres cérémoniels. Ces prêtres, qui observaient les mouvements du soleil, de la lune, des planètes et des étoiles, ont développé un système mathématique et calendaire complexe pour coordonner divers cycles temporels et enregistrer des événements spécifiques sur des stèles sculptées[1].

Le Belize abrite d'importants sites des premières colonies mayas, des ruines majestueuses de la période classique et des exemples de constructions cérémonielles de la fin de la période postclassique. Cerros, un site situé dans la baie de Chetumal, était un centre commercial et cérémoniel florissant entre environ et L'un des plus beaux objets en jade sculpté de la civilisation maya, la tête de ce qui est généralement considéré comme le dieu soleil K'inich Ajaw, a été trouvé dans une tombe du site classique d'Altún Ha, à trente kilomètres au nord-ouest de Belize City[1]. Parmi les autres centres mayas situés au Belize, on peut citer Xunantunich dans le district de Cayo, Lubaantún et Nim Li Punit dans le district de Toledo, et Lamanai dans le district d'Orange Walk.

À la fin de la période classique, il est estimé qu'entre 400 000 et 1 000 000 de personnes habitaient la région qui est aujourd'hui le Belize. Les populations se sont installées dans presque toutes les parties du pays propices à la culture, ainsi que dans les régions des cayes et des marais côtiers. Mais au Xe siècle, la société maya a connu un grave effondrement. La construction de bâtiments publics a cessé, les centres administratifs ont perdu leur pouvoir et la population a diminué à mesure que les systèmes sociaux et économiques perdaient leur cohérence. Certaines personnes ont continué à occuper, ou peut-être réoccupé, des sites tels que Altun Ha, Xunantunich et Lamanai. Ces sites ont cessé d'être des centres cérémoniels et civiques. Le déclin de la civilisation maya n'est toujours pas entièrement expliqué. Plutôt que d'identifier l'effondrement comme le résultat d'un seul facteur, de nombreux archéologues pensent aujourd'hui que le déclin des Mayas est le résultat de plusieurs facteurs complexes et qu'il s'est produit à des moments différents selon les régions[1].

Colonisation espagnole minimale (1500c-1870c)

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Premiers contacts indigènes-Européens, premières colonies (1500c-1650c)

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En 1502, Christophe Colomb navigue au large des côtes de l’actuel Belize, mais aucun document n'indique qu'il les aurait explorées[2],[3],[4]. Il semble en revanche probable que l'un de ses capitaines, Vicente Yáñez Pinzón (1460-1523), accompagné de l'explorateur Juan Díaz de Solís (1470-1516), ait fait escale sur les côtes du Belize lors de leur exploration plus détaillée du golfe du Honduras en 1508 et 1509[4].

Des recherches archéologiques et ethnohistoriques ont établi que des groupes mayas vivaient encore dans cette zone à cette époque, contrairement à ce qu'ont pu prétendre auparavant des historiens influencés par l'idéologie colonialiste[5] ou une interprétation simpliste de l'effondrement de la civilisation maya classique.

La plus ancienne colonie connue a été fondée en 1638 par des marins britanniques[6]. Pendant un siècle et demi, les Britanniques fondent d'autres colonies qui subissent des attaques sporadiques des indigènes, ainsi que des colons espagnols du Yucatán et du Guatemala[6].

Piraterie, rivalité entre empires espagnol et britannique (1650c-1670c)

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Au début du règne de la reine Isabelle (Elizabeth 1re) sur le trône d'Angleterre, les Britanniques, sans territoires annexés dans la région de l'Amérique Centrale et des Caraïbes ne trouvent meilleure solution que de faire usage de la piraterie ainsi que de la mise à sac des ports dans le Golfe du Mexique alors colonisé par le royaume d'Espagne[7]. Apparaissent les pirates en 1568 pour la première fois dans la zone alors qu'ils interceptent un navire espagnol assurant la liaison avec l'Europe.

En 1667, la piraterie est supprimée officiellement par l'Angleterre via le traité de Madrid signé avec l'Espagne. L'île de la Tortue devient alors la base de la « Cofradía de los Hermanos de la Costa », une confrérie de pirates, internationale, refusant la propriété privée, unie pour attaquer les bateaux et ports espagnols et protéger leur flottille. Ses membres prennent d'assaut les ports, ce qui impose le déplacement de la capitale du Tabasco à 60 km vers l'intérieur vers une ville rebaptisée San Juan de Villahermosa. Les villes espagnoles de la péninsule du Yucatan Salamanca et Bacalar sont abandonnées également pour le site de Pachá. Au milieu du XVIIe siècle, la présence des pirates sur terre des deux côtés de la péninsule est une réalité en raison du délaissement des villes et des terres côtières par les espagnols et de l'établissement des pirates à leurs places, s'alliant parfois aux indigènes et se livrant à diverses activités de contrebande ainsi qu'à l'exploitation sylvicole que l'Espagne souhaite alors se réserver.

Commerce clandestin de bois, rivalité Espagnols-Britanniques (1670c-1850c)

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L'interdiction officielle de la piraterie en 1667 fait prendre à nombre de pirates la décision de s'installer sur les côtes et de faire commerce du bois. Le terrain pris le long de la rivière Belize est très bon stratégiquement en raison du dépeuplement et de l'isolement du lieu mais aussi en raison de sa proximité avec la Jamaïque. Au début du XVIIIe siècle, la couronne espagnole déloge définitivement les Anglais de leurs enclaves de la baie de Chetumal et de celle de la lagune des Terminos, mais ne peut déloger les colons du Bélize ni leurs esclaves. En 1763, le traité de Paris entre les couronnes britannique et espagnole donne aux exploitants de bois sujets de la couronne britannique l'autorisation d'exploiter les ressources et de se loger « avec leur famille », ce qui consacre le Bélize comme colonie de peuplement. En 1783 est signé un nouveau traité de paix en délimitant le territoire pour les exploitants sylvicoles (mais en soulignant tout le temps que cela ne saurait donner lieu à dérogation aux droits de souveraineté). La province du Yucatán s'insurge auprès de la couronne espagnole contre un tel traité arguant que les colons du Bélize se livrent au trafic illicite de bois précieux, protègent les criminels des terres relevant de la couronne, et que dans le cas peu probable mais toujours possible d'une rébellion indigène, celle-ci serait armée par les britanniques et que leurs enclaves serviraient de base d'appui aux insurgés.

Ces prévisions se réalisent intégralement durant la guerre des castes de 1847, durant laquelle la Jamaïque et le Bélize contrôlés par la couronne britannique arment les Mayas révoltés contre les Espagnols et les Créoles et leur achètent la totalité de leur butin, les capitaines mayas proposant à l'Angleterre de lui céder une partie de leurs territoires conquis. En 1786, le gouvernement espagnol fait de nouvelles concessions à la couronne britannique sur le Bélize, visant à un peuplement de 1500 Afro-caribéens provenant de la côte nicaraguayenne des Mosquitos et des îles honduriennes.

Le Bélize continue de s'étendre jusqu'en 1813 notamment vers le sud jusqu'au Río Sarstoon. Au nord, le Río Hondo constitue l'ultime front à ne pas franchir car la garnison espagnole de San Felipe de Balaras menace.

Époque coloniale (1830c-1870c)

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Carte du Belize, 1831

Après son indépendance, le Mexique promet aux esclaves asile, liberté et meilleures conditions dans le but de vider la colonie Bélizéenne. Les États faibles du Guatemala et du Mexique nouvellement indépendants ne peuvent résister à de nouvelles exigences britanniques sur la scène internationale. Sans jamais renoncer officiellement à la souveraineté de ses terres, l'empereur mexicain Maximilien accepte que les Bélizéens ne puissent être importunés dans leurs activités de production et leurs activités commerciales à travers les traités de 1864 et 1865. En 1859, le Guatemala reconnaît comme dominion de sa Majesté la Reine le territoire situé au nord du río Sarstoon et à l'est d'une ligne droite tirée perpendiculairement depuis la frontière mexicaine passant par le confluent du río Garbutt et du río Belice. En échange, le Bélize doit faciliter un accès à la mer (éventuellement par voie fluviale) pour tous les Guatémaltèques, clause qu'il ne respecte d'aucune manière et qui se ressent encore aujourd'hui dans les relations entre le Belize et le Guatemala. En 1893, le Mexique cède de nouveau un morceau de territoire habité par les indiens Yucatèques (sans qu'on leur demande leur avis dans ces négociations) dans l'État du Yucatan n'opposant aucune résistance aux revendications de la couronne britannique, et cessant d'armer les rebelles indigènes dans la colonie bélizéenne. Ainsi s'établit le territoire du Belize (25 000 km2) tel que connu aujourd'hui, peuplé alors de 30 000 habitants environ.

Honduras britannique (1871-1981)

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Le Belize est entré dans le Commonwealth en 1981, pour connaître la décolonisation.

Indépendance (1981)

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Le Belize est devenu indépendant de la couronne britannique le 21 septembre 1981[8].

Chronologie

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  • 1763 : les Britanniques exportent le bois, en échange ils protègent les Espagnols contre la piraterie.
  • 1783 : les Britanniques quittent la Côte des Mosquitos (au Nicaragua).
  • 1798 : victoire britannique sur l'Armada espagnole, Bataille de St George's Caye.
  • 1802 : immigration du peuple "garifuna" depuis l'île Saint-Vincent.
  • 1838 : après plusieurs révoltes d'esclaves, les britanniques accordent la liberté aux Noirs.
  • 1862 : la couronne britannique intègre le Belize, la colonie est baptisée Honduras britannique[9]. Depuis 1854, les habitants les plus riches élisaient au suffrage censitaire une Assemblée de notables qui est remplacée par un Conseil législatif désigné par la monarchie britannique[10].
  • 1919 : la population noire se soulève pour contester la suprématie blanche.
  • 1931 : le pays est ravagé par un ouragan.
  • 1934 : important mouvement social contre la crise économique et le chômage.
  • 1935 : les élections sont rétablies, mais seul 1,8 % de la population est en droit de vote
  • 1954 : le droit de vote est accordé aux femmes.
  • 1959 : les premiers immigrés d'origine allemande, vivant en communautés rurales selon un mode à la fois religieux et anachronique sont arrivés vers 1959. Ces pionniers sont mal vus des autochtones mais l'État favorise leur venue.
  • 1961 : le pays est ravagé par l'ouragan Hattie.
  • 1964 : autonomie interne. Le Guatemala revendique le territoire.
  • 1973 : le pays change de nom : le Honduras britannique devient le Belize.
  • 1981 : indépendance du Belize[9].
  • 1983 : tentative d'annexion partielle par le Guatemala : 600 soldats britanniques ont été répartis dans la jungle le long de la frontière du Guatemala (la Grande-Bretagne a voulu parer au danger).
  • 1994 : le Guatemala réclame un accès à la Mer des Caraïbes.
  • 2000 : l'ouragan "Keith" dévaste le pays.
  • 2002 : accord bilatéral avec Cuba pour promouvoir le tourisme.
  • 2003 : Said Wilbert Musa entame son second mandat de premier ministre après la victoire de son parti du PUP, parti uni du peuple.
  • 2008 : victoire de l'UDP aux élections générales après deux mandats successifs du PUP.
  • 2008: en décembre 2008, le Belize et le Guatemala ont signé un accord visant à soumettre les différends territoriaux à la Cour internationale de justice, après les référendums dans les deux pays (qui n’ont pas eu lieu en décembre 2013). Le Guatemala et le Belize participent notamment aux mesures de confiance approuvées par l’Organisation des États américains (OEA), notamment le projet d’échange linguistique entre le Guatemala et le Belize.
  • 2019 : Référendum bélizien de 2019, référendum au sujet des revendications territoriales du Guatemala.

Notes et références

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  1. a b c et d Bolland 1993, p. 158-161
  2. (en) History, sur le site officiel du gouvernement du Belize.
  3. (en) Eliot Greenspan, Frommer's Belize, John Wiley & Sons, 2010, p.29.
  4. a et b (en) Thomson 2004, p. 10.
  5. (en) O. Nigel Bolland, "Belize: Historical Setting", section "Pre-Columbian mayan societes and the conquest" in A Country Study: Belize, Tim Merrill, Library of Congress Federal Research Division, janvier 1992.
  6. a et b (en) Michigan State University, Belize : History .
  7. Cette partie est notamment inspirée du chapitre "El Proyecto inglés" de l'ouvrage de Jan de Vos, Las fronteras de la frontera sur, CIESAS - Universidad Juarez Autonoma de Tabasco, Villahermosa, Tabasco, México, 1993
  8. Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, « Géographie et histoire », sur France Diplomatie : : Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (consulté le )
  9. a et b « Carte ferroviaire du Honduras britannique », sur World Digital Library, 1920-1929 (consulté le )
  10. https://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/pdf/pdf_chronologie_lamerique_centrale.pdf

Bibliographie

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Articles connexes

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