Christian X

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Christian X
(da) Christian X
(is) Kristján X
Illustration.
Le roi Christian X (1925).
Titre
Roi de Danemark

(34 ans, 11 mois et 6 jours)
Ministre d'État Carl Theodor Zahle
Otto Liebe
Michael Pedersen Friis
Niels Neergaard
Thorvald Stauning
Thomas Madsen-Mygdal
Thorvald Stauning
Vilhelm Buhl
Erik Scavenius
Vilhelm Buhl
Knud Kristensen
Prédécesseur Frédéric VIII
Successeur Frédéric IX
Roi d'Islande

(25 ans, 6 mois et 16 jours)
Régent Sveinn Björnsson (1941-1944)
Premier ministre Jón Magnússon
Sigurður Eggerz
Jón Þorláksson
Tryggvi Þórhallsson
Ásgeir Ásgeirsson
Hermann Jónasson
Ólafur Thors
Björn Þórðarson
Prédécesseur Création du royaume
lui-même (roi de Danemark)
Successeur Abolition de la monarchie
Sveinn Björnsson (président de la République)
Prince héritier de Danemark

(6 ans, 3 mois et 15 jours)
Prédécesseur Prince Frédéric
Successeur Prince Frédéric
Biographie
Dynastie Maison de Glücksbourg
Nom de naissance Christian Carl Frederik Albert Alexander Vilhelm
Date de naissance
Lieu de naissance Palais de Charlottenlund (Danemark)
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Palais d'Amalienborg Copenhague (Danemark)
Sépulture Cathédrale de Roskilde
Nationalité Drapeau du Danemark Danoise
Drapeau de l'Islande Islandaise
Père Frédéric VIII de Danemark
Mère Louise de Suède
Conjoint Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin
Enfants Frédéric
Prince Knud
Religion Luthéranisme danois
Résidence Palais d'Amalienborg (Copenhague)

Signature de Christian X (da) Christian X (is) Kristján X

Christian X Christian X
Monarques de Danemark
Monarques d'Islande

Christian X (en danois : Christian X ; en islandais : Kristján 10.), né le au palais de Charlottenlund près de Copenhague – mort le au palais d’Amalienborg à Copenhague, est roi de Danemark du au , et roi d'Islande du au .

Les réunions familiales durant la période estivale amenaient au Danemark les principaux souverains d'Europe (hormis le Kaiser, la guerre des Duchés qui avait fait perdre au Danemark une grande partie de son territoire ayant laissé de profondes séquelles dans l'âme danoise). Christian X régna pendant les deux guerres mondiales mais malgré ses liens étroits avec les monarques européens, il sut rester neutre tout en accueillant sa tante la tsarine douairière en exil. On lui attribua une résistance aux nazis, qui fit de lui l'un des monarques danois les plus populaires de la monarchie moderne.

Famille[modifier | modifier le code]

Le roi Christian X avec son épouse la reine Alexandrine et leurs enfants, le prince héritier Frédéric et le prince Knud en 1912.

Christian X est le fils aîné du roi de Danemark Frédéric VIII (1843-1912), lui-même le fils du roi Christian IX, surnommé le « Beau-père de l'Europe », et de son épouse la princesse Louise de Suède (1851-1926), elle même fille du roi de Suède Charles XV (1826-1872) et de son épouse la princesse Louise des Pays-Bas (1828-1871).

Si son grand-père a été surnommé le beau-père de l'Europe, lui-même aurait pu être appelé le cousin de l'Europe. Il est le neveu de nombreux monarques et prétendants européens : de la reine Alexandra de Danemark (1844-1925), épouse du roi britannique Édouard VII, de Guillaume, devenu roi de Grèce sous le nom de Georges Ier (1845-1913), de la tsarine Dagmar de Danemark (1847-1928), épouse de l'empereur russe Alexandre III, et de la princesse royale Thyra de Hanovre (1853-1933). Lorsqu'il monta sur le trône en 1912, ses cousins régnaient sur la Russie, le Royaume-Uni et les Indes, le roi de Grèce était son oncle et le roi de Norvège son frère.

Le , il épouse à Cannes la princesse Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin (1879-1952), fille du grand-duc Frédéric-François III de Mecklembourg-Schwerin et de la grande-duchesse Anastasia Mikhaïlovna de Russie.

Deux enfants naquirent de cette union :

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années[modifier | modifier le code]

Naissance et famille[modifier | modifier le code]

Le palais de Charlottenlund en 2006.

Le prince Christian naît dans la nuit du lundi à la residence d'été de ses parents, le palais de Charlottenlund, située sur les rives du détroit Øresund à 10 kilomètres au nord de Copenhague sur l'île de Seeland au Danemark[1]. Il est le premier enfant du prince Frédéric, prince héritier du royaume de Danemark, et de son épouse la princesse Louise de Suède[2]. Son père était le fils aîné du roi Christian IX de Danemark, et de son épouse, la princesse Louise de Hesse-Kassel, et sa mère était la fille unique du roi Charles XV de Suède et de Norvège, et de son épouse, la princesse Louise des Pays-Bas.

Louise de Suède, princesse héritière de Danemark, avec son fils nouveau-né.

Le lendemain, l'écrivain danois, Hans Christian Andersen, a noté dans son journal : « La nuit avant 12 heures, un prince est né de la princesse héritière, toute la ville a été signalée aujourd'hui par le beau temps. »[3] Baptisé le suivant dans la chapelle du palais de Christiansborg par l'évêque de Seeland Hans Lassen Martensen, il a reçu les noms de baptême de Christian Carl Frederik Albert Alexander Vilhelm[4]. En tant que petit-fils d'un monarque danois dans la lignée masculine et que fils d'un prince héritier danois, il portait dès sa naissance le titre de prince de Danemark avec la qualification d'altesse royale[note 1]. Lorsqu'il voit le jour, le prince Christian est deuxième dans l'ordre de succession au trône de Danemark, après son père.

Enfance et jeunesse[modifier | modifier le code]

Le palais Frédéric VIII au palais d’Amalienborg à Copenhague en 2003.

L'enfant grandit aux côtés de ses parents et ses trois frères et quatre sœurs à la résidence de ses parents, le palais Frédéric VIII[note 2], lui-même intégré au palais d’Amalienborg, résidence principale de la famille royale de Danemark dans le quartier de Frederiksstaden au centre de Copenhague, et à leur rèsidence d'été, le palais de Charlottenlund au nord de la ville[6]. Contrairement à la pratique habituelle de l'époque, où les enfants royaux étaient élevés par des gouvernantes, les enfants étaient élevés par la princesse héritière Louise elle-même. Christian et ses frères et sœurs ont reçu une éducation privée à dominance chrétienne, caractérisée par la sévérité, l'accomplissement des devoirs, les soins et l'ordre[7].

Le prince Christian avec son petit frère le prince Charles (le futur roi Haakon VII) en 1887.

Le prince Christian avait moins de deux ans de plus que son frère le prince Charles, et les deux princes ont eu une confirmation commune à la chapelle du palais de Christiansborg en 1887[8]. Après avoir réussi l'examen artium (le nom au Danemark et en Norvège de la certification académique permettant à un étudiant d'être admis à l'université) en 1889 en tant que premier prince danois[8], il a commencé une formation militaire comme c'était la coutume pour les princes à cette époque. Ensuite il a servi dans le 5e régiment de dragons et a ensuite étudié à l'Académie des officiers de Randers de 1891 à 1892[6].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

La princesse Alexandrine et le prince Christian le jour de leur mariage en 1898.

Jeune homme, le prince Christian tombe amoureux de la princesse française Marguerite d'Orléans, qui est la sœur cadette de l'épouse de son oncle le prince Valdemar, la princesse Marie d'Orléans. Cependant, les sentiments ne sont pas réciproques et après quelques années d'amour malheureux, elle épouse en 1896 Marie Armand Patrice de Mac Mahon, duc de Magenta, et fils du maréchal de France et président de la République Patrice de Mac Mahon.[9]

Lors d'un séjor à Cannes, le prince Christian rencontre sa future épouse, la duchesse Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin (1879-1952), fille du grand-duc Frédéric-François III de Mecklembourg-Schwerin et de la grande-duchesse Anastasia Mikhaïlovna de Russie. Ils se sont fiancés à Schwerin le . Le , le prince Christian, âgé alors de 27 ans, épouse la duchesse Alexandrine lors d'une cérémonie discrète à la résidence de vacances des parents de la mariée, la Villa Wenden (es) à Cannes.

Prince Christian et Princesse Alexandrine avec leur fils Frédéric en 1900.

Deux enfants naquirent de cette union :

En tant que résidence, le couple reçoit le palais Christian VIII[note 3], lui-même intégré au palais d’Amalienborg, résidence principale de la famille royale de Danemark dans le quartier de Frederiksstaden au centre de Copenhague. Comme résidence d'été, il reçoit le palais de Sorgenfri, située sur les rives du petit fleuve Mølleåen à Kongens Lyngby au nord de Copenhague sur l'île de Seeland. Ici, ils avaient un refuge loin de la vie de cour à Amalienborg et ici leurs deux fils sont nés. De 1899 à 1902, le château de Marselisborg près d'Aarhus, la deuxième ville du Danemark, a également été construit et offert en cadeau de mariage public au couple, devenant leur résidence d'été. En plus, en 1914, le couple royal a également construit la villa royale de Klitgården dans la ville de Skagen dans l'extrême nord du Jutland.

En 1905, son frère devint roi de Norvège, tout comme son oncle Georges Ier de Grèce avait été élu roi des Hellènes en 1867.

Début du règne[modifier | modifier le code]

Accession au trône[modifier | modifier le code]

Le roi Christian X au balcon du palais royal, le jour de son accession au trône, en 1912.

Le , le roi Frédéric VIII meurt après s’être effondré alors qu’il se promenait dans un parc de Hambourg, en Allemagne. Il revenait d’un séjour de repos qu'il avait effectué pendant quelques jours à Nice, en France, et séjournait anonymement dans la ville, prévoyant de rentrer sous peu à Copenhague. Christian était à Copenhague quand il a appris de la mort de son père. Il lui a alors immédiatement succédé et devient roi de Danemark à l'âge de 41 ans. Proclamé roi depuis le balcon du palais d’Amalienborg par le président du conseil Klaus Berntsen, il devint le roi Christian X, montant sur le trône en tant que troisième monarque appartenant à la maison de Glücksbourg.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Rencontre des trois rois scandinaves à Malmô (1914).

La Première Guerre mondiale éclate peu après l'accession du roi au trône. En 1905, sa belle-sœur Cécilie de Mecklembourg-Schwerin avait épouse le Kronprinz Allemand Guillaume de Prusse. Le souverain danois était également le neveu de la reine douairière du Royaume-Uni née Alexandra de Danemark, de la tsarine douairière née Dagmar de Danemark et de la Duchesse de Hanovre dont le fils épousa en 1913 l'unique fille du Kaiser. Il est donc un proche parent des futurs belligérants.

Le roi, avec son gouvernement, a convenu que le Danemark devrait poursuivre une politique de neutralité. En fait, le roi et son gouvernement ont réussi à maintenir le pays hors de la guerre, y compris par la fermeture de la mine des eaux danoises en 1914. Le roi soutient également la politique de neutralité en participant à la rencontre des Trois Rois ; le , Christian X de Danemark rencontre à Malmö les rois Gustave V de Suède et Haakon VII de Norvège, tous accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères, afin de définir et souligner une politique commune de neutralité face à l'Europe en guerre. Dans une déclaration commune, les trois souverains confirment la stricte neutralité des trois Etats pendant la guerre[10],[11]. La réunion de 1914 est suivie d'une autre réunion des trois rois, tenue à Kristiania en .

Royaume d'Islande[modifier | modifier le code]

Vue d'un écu aux couleurs bleu, rouge et blanche surmontée d'une couronne, entouré en haut par deux dragons, en bas par un bélier et un homme
Armoiries du royaume d'Islande à partir de 1919.

En , une délégation dano-islandaise parvint à un accord pour la mise en place d'une union personnelle qui permit à l'Islande de devenir un État indépendant et souverain, tout en conservant Christian X comme roi d'Islande[12]. Après son approbation par référendum, l'Acte d'Union dano-islandais entra en vigueur le [13]. L'Acte d'Union est constitué de 20 articles, dont le premier est le suivant :

« Le Danemark et l'Islande sont deux souverainetés libres, alliées par le fait qu'elles ont le même Roi et par l'accord que formule la présente loi d'union.

Les noms des deux États figurent dans le titre du roi. »

— Article 1, Acte d'Union dano-islandais[14].

Le gouvernement de l'Islande établit une ambassade à Copenhague, demandant au Danemark de gérer sa politique étrangère. Les ambassades danoises dans le monde entier affichaient alors deux blasons et deux drapeaux : ceux du Royaume de Danemark et du royaume d'Islande.

L'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Crise de Pâques[modifier | modifier le code]

En , Christian X de Danemark fut l'instigateur de la Crise de Pâques, peut-être fut-elle la plus décisive dans l'évolution de la monarchie danoise au XXe siècle. La cause principale fut l'éclatement d'un conflit entre le roi et le cabinet au cours de la réunification du Schleswig septentrional (aujourd'hui Jutland-du-Sud) au Danemark, ancien fief danois perdu au profit de la Prusse lors de la guerre des Duchés (-), et que le Danemark revendiqua durant les cinq décennies qui suivirent.
La défaite des Allemands à la suite de la Première Guerre mondiale permit de régler ce différend. Selon les termes du traité de Versailles (), deux plébiscites devaient statuer sur le sort du Schleswig ; l'un dans le Schleswig septentrional, l'autre dans le centre du Schleswig (aujourd'hui partie de l'État allemand). Aucun plébiscite ne fut prévu pour le Schleswig du Sud dominé par une majorité ethnique allemande et qui faisait partie de l'État allemand, au terme du conflit.

Dans le Nord du Schleswig, 70 % des votants votèrent en faveur de la réunification avec le Danemark et 25 % votèrent pour l'Allemagne. Dans ce vote, l'ensemble du Schleswig du Nord fut considéré comme un tout indivisible, la totalité fut attribuée au Danemark (1919). Dans le centre du Schleswig, la situation fut inverse, 80 % des votants furent favorables à l'Allemagne et 20 % au Danemark. Dans ce vote, chaque municipalité décida de son propre avenir, une grande majorité d'Allemands peuplait l'ensemble du centre du Schleswig. À la lumière de ces résultats, le gouvernement de Carl Theodor Zahle détermina que le Schleswig du Nord serait danois, le centre serait sous le contrôle allemand.

Beaucoup de nationalistes danois, indépendamment des résultats des plébiscites, estimèrent que la ville de Flensburg devait être rendue au Danemark, en raison de l'importante majorité de Danois et une volonté générale d'affaiblir l'Allemagne pour un long moment. En accord avec ces sentiments, Christian X de Danemark ordonna à son Premier ministre, Charles Théodore Zahle, d'inclure Flensburg dans le processus d'unification. Depuis le gouvernement de Johan Henrik Deuntzer (1901), le Danemark fonctionnait comme une démocratie parlementaire, Charles Théodore Zahle après un vif échange avec le roi donna sa démission (1920).

Manifestation contre le roi devant le palais d'Amalienborg en 1920.

Ultérieurement, Christian X de Danemark congédia le reste du Cabinet Zahle et le remplaça de facto par un gouvernement conservateur. Ce congé provoqua des manifestations, une atmosphère presque révolutionnaire régna sur le Danemark, et, pendant plusieurs jours, l'avenir de la monarchie danoise parut incertain. Compte tenu des évènements, les négociations furent ouvertes entre Christian X et les membres sociaux-démocrates. Face au péril menaçant la couronne danoise, Christian X de Danemark congédia son propre gouvernement et installa un compromis avec le gouvernement social-démocrate jusqu'aux élections.

Ce fut l'ultime fois qu'un souverain danois tenta de prendre des mesures politiques sans le plein et entier soutien du Parlement. À la suite de cette crise, Christian X de Danemark accepta de réduire considérablement son rôle politique et devint un chef d'État symbolique.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

L'occupation du Danemark[modifier | modifier le code]

Pendant l'occupation allemande, le roi devint un puissant symbole de souveraineté nationale. Cette photo fut prise en septembre 1940, lors de la parade équestre du roi pour son 70e anniversaire.

Contrairement au roi de Norvège et à la reine des Pays-Bas, partis en exil, Christian X de Danemark, âgé de 70 ans, demeura à Copenhague pendant toute la durée de l'occupation par les Allemands. Les adversaires de l'Allemagne voyaient cela comme une attitude faible et conciliante. Le Washington Post accusait directement le roi d'être une victime consentante de l'occupation[réf. nécessaire]. Mais, pour la population danoise, il fut un symbole visible de la cause nationale. En dépit de la précarité de la situation, bien que septuagénaire, seul, il parcourut chaque jour la ville à cheval[réf. souhaitée].

En 1942, Adolf Hitler lui envoya un télégramme de félicitations pour son soixante-douzième anniversaire, Christian X lui répondit simplement par télégramme : Meinen besten dank. Christian Rex (mes meilleurs remerciements. Roi Christian). Cette réponse indigna fortement Hitler qui rappela immédiatement son ambassadeur à Copenhague et expulsa l'ambassadeur danois en Allemagne. La pression allemande aboutit à la destitution du gouvernement danois dirigé par Vilhelm Buhl et à la mise en place d'un nouveau gouvernement dirigé par le diplomate Erik Scavenius. Les Allemands pensèrent que ce dernier se montrerait plus coopératif. Or, Erik Scavenius était ministre des affaires étrangères sur proposition du roi, qui était donc, dans ce choix, en accord avec les Allemands.

Comme la population et le gouvernement, il s'opposa aux mesures discriminatoires des nazis à l'égard de la population juive du Danemark, mais il n'a jamais protesté officiellement. Les Juifs danois purent cependant dans leur majorité quitter le Danemark pour la Suède.

Après une chute de cheval, le , Christian X de Danemark resta plus ou moins infirme pour le restant de sa vie. Le rôle joué par Christian X de Danemark lors de la Crise de Pâques en 1920 avait réduit considérablement sa popularité, mais l'occupation allemande fit de lui un monarque populaire et un symbole national.

La légende du roi et l'étoile juive[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Christian X devint le héros d'une série de légendes - récits de propagande plutôt - qui faisaient souvent intervenir le sauvetage des juifs danois. L'histoire qui fut la plus répandue, et qui circule encore en dehors du Danemark, était celle du roi Christian portant l'étoile juive en public pour montrer sa sympathie avec la cause juive. Cette légende, qui est pure fiction, naquit pendant la guerre, mais elle connut une deuxième jeunesse en 1952 par son insertion dans le roman Exodus de Leon Uris. En une dizaine de lignes, le roman raconte que le roi non seulement portait l'étoile mais incitait la population danoise dans son ensemble à suivre son exemple pour protester contre le racisme de l'occupant allemand. Le récit est présenté comme une vérité historique et beaucoup de lecteurs y ont cru. La légende fut répétée dans le film Exodus. Mais l'origine de cette histoire ne se situe pas dans l'œuvre de Leon Uris. Elle provient d'outre-Atlantique chez des Américains d'origine danoise qui se trouvaient, en 1942, dans une situation très particulière. Ceci a été démontré par Vilhjálmur Örn Vilhjálmsson, un historien islandais, dans The King and the Star. Myths created during the Occupation of Denmark (Le Roi et l'Étoile. Des mythes créés durant l'occupation du Danemark)[15].

Quel but visait-on avec ces fictions? En ce qui concerne Leon Uris, il était lancé dans une entreprise sioniste à un moment où le jeune état d'Israël n'était pas très populaire aux États-Unis. Mais pour les véritables créateurs du mythe, le but était autre. Il s'agissait de sauver la réputation du Danemark et d'éviter que le pays ne fût perçu comme un allié de l'Allemagne. Le Danemark avait signé le pacte Antikomintern au moment de l'agression allemande contre l'Union soviétique et des voix s'étaient élevées aux États-Unis qui accusaient directement le roi Christian d'être une victime consentante des nazis. Il était donc naturel de choisir le même terrain pour la riposte.

La toute première version de la légende fut publiée par une agence juive de Londres, mais Vilhjalmsson montre que c'était très probablement une personne engagée par un club danois de New York qui envoya l'histoire à une agence de presse londonienne. Cette personne a depuis gagné en notoriété en tant qu'inventeur d'un nouveau genre de campagne de presse - le premier Spin doctor. Plusieurs journaux ont ensuite retransmis l'histoire incluant l'ambassadeur du Danemark à Washington, Henrik Kauffmann. Ce diplomate œuvrait alors indépendamment de son pays et se trouvait sous une condamnation de haute trahison - ayant pris le parti des Alliés. Il n'y a donc pas lieu de croire que le roi ou le gouvernement danois fut impliqué dans la dissémination de l'histoire qui, néanmoins, finit par se répandre au Danemark et participer à la popularité du roi.

On ignore si les autres légendes concernant le courage royal sont également des créations volontaires ou de véritables légendes urbaines. Au Danemark, les historiens n'ont jamais pris ces légendes au sérieux, mais dans le reste du monde, elles ont la vie dure. Vilhjalmsson raconte qu'en 2001 des parlementaires américains se sont rassemblés pour honorer le roi danois qui avait arboré l'étoile juive pendant ses promenades à cheval dans les rues de Copenhague.

Le récit de l'étoile juive est doublement invraisemblable car au Danemark les juifs ne furent jamais contraints de porter des signes distinctifs. Les occupants sont passés directement d'une tolérance apparente à la phase de l'internement.

Ce coup d'éclat d'un roi d'un pays sous domination nazie portant l'étoile jaune en solidarité avec les juifs de son royaume est au cœur du roman L'Heure du roi, de l'écrivain russe Boris Khazanov.

Fondation de la république en Islande[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l'occupation allemande du Danemark à partir du , l'Althing décida de remplacer Christian X par un régent, Sveinn Björnsson[16], et déclara que le gouvernement islandais devrait assumer le contrôle des affaires étrangères et d'autres questions jusque-là traitées par le Danemark.

Après 25 ans, l'Acte d'Union dano-islandais expira le . Le Danemark étant envahi par l'Allemagne nazie, les Islandais décidèrent d'agir unilatéralement, ce qui heurta certains Danois[17]. À partir du , les Islandais se prononcèrent lors d'un référendum de quatre jours sur l'opportunité de mettre fin à l'union avec le Danemark, l'abolition de la monarchie et l'instauration de la république : 97 % des votants furent favorables à la fin de l'union et 95 % en faveur de la nouvelle constitution républicaine[18]. L'Islande devint officiellement une république le , jour anniversaire de la naissance de l'indépendantiste Jón Sigurðsson, avec l'ancien régent Sveinn Björnsson comme premier président de la république. Christian X envoya un message de félicitations au peuple islandais et cessa d'être roi d'Islande.

Dernières années[modifier | modifier le code]

Mort et succession[modifier | modifier le code]

Tombeaux du roi Christian X et de la reine Alexandrine dans la cathédrale de Roskilde.

Après un règne de près de 35 ans, le roi Christian X mourut le dans son palais de résidence au palais d’Amalienborg à Copenhague, à l'âge de 76 ans. Son fils ainé, le prince héritier Frédéric, lui succéda au trône et fut proclamé roi depuis le balcon du palais de Christiansborg sous le nom de Frédéric IX.

Sur le castrum doloris de Christian X dans la chapelle du palais de Christiansborg, on déposa un brassard arboré par la résistance danoise lors de la Seconde Guerre mondiale, bien que Christian eût accepté la politique de collaboration d'Erik Scavenius. Christian X fut inhumé dans la chapelle de Glücksbourg[note 4] de la cathédrale de Roskilde, la nécropole traditionnelle des rois de Danemark[19]. Son épouse Alexandrine de Mecklembourg-Schwerin vint le rejoindre après son décès le [20].

Titres et Honneurs[modifier | modifier le code]

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Généalogie[modifier | modifier le code]

Christian X de Danemark appartenait à la cinquième branche (lignée Oldenburg-Glücksbourg) issue de la quatrième branche (lignée Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Beck), elle-même issue de la première branche de la maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg. Toutes ces branches sont issues de la première branche de la maison d'Oldenbourg.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À la suite de l'arrêté du cabinet du , les membres de la famille royale portent le titre de prince ou princesse de Danemark, les enfants du monarque et du prince héritier avec la qualification d'altesse royale, les autres avec la qualification d'altesse seulement[5].
  2. également appelée le palais Brockdorff.
  3. également appelée le palais Levetzau.
  4. également appelée la chapelle Christian IX.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (da) Lone Hindø et Else Boelskifte, Kongelig Dåb : Fjorten generationer ved Rosenborg-døbefonten [« Baptême Royal : Quatorze générations aux fonts baptismaux de Rosenborg »], Forlaget Hovedland, (ISBN 978-87-7070-014-6), p. 93-99
  2. (en) Burke's Royal Families of the World, vol. 1 : Europe & Latin America, Londres, Burke's Peerage Ltd, (ISBN 0-85011-023-8), p. 71.
  3. (da) « H.C. Andersens dagbøger » [« Les journaux de Hans Christian Andersen »] [archive du ], La Bibliothèque royale, .
  4. (da) Allerh. approb. Program for høitidelige Daabshandling i Christiansborg Slotskirke d. 31. Oct 1870 [« Programme le plus hautement approuvé pour le baptême solennel dans la chapelle du palais de Christiansborg, le 31 octobre 1870 »], Copenhague, .
  5. (en) Burke's Royal Families of the World, vol. 1 : Europe & Latin America, Londres, Burke's Peerage Ltd, (ISBN 0-85011-023-8), p. 68.
  6. a et b Bramsen 1992.
  7. Bramsen 1992, p. 274.
  8. a et b Thorsøe 1889, p. 529.
  9. Jespersen 2007, p. 71-76.
  10. (da) Sara Griberg, « Trekongemødet i Malmø », sur altomhistorie.dk, (consulté le )
  11. (sv) Jacob Wiberg, « Trekungamötet i Malmö 1914 », Populär Historia, vol. 12,‎ (lire en ligne)
  12. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 84.
  13. Loi sur l'union dano-islandaise, , sur le site mjp.univ-perp.fr
  14. Jean-Pierre Maury, « Islande, union avec le Danemark 1918 », sur Digithèque MJP, (consulté le ).
  15. (en) Marc Saperstein, Agony in the Pulpit : Jewish Preaching in Response to Nazi Persecution and Mass Murder 1933-1945, ISD LLC, , 1200 p. (ISBN 978-0-8229-8308-8, lire en ligne), p. 764
  16. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 110.
  17. Guðni Th. Jóhannesson, The History of Iceland, ABC-CLIO, coll. « The Greenwood Histories of the Modern Nations », 2013, page 111.
  18. Référendum islandais sur le site mjp.univ-perp.fr
  19. (da) « Christian X : Dansk konge 1912-47 », sur gravsted.dk
  20. (da) « Dronning Alexandrine : Dansk dronning 1912-47 », sur gravsted.dk

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Le symbole Document utilisé pour la rédaction de l’article renvoie aux ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article.

Belles-lettres[modifier | modifier le code]

  • Carmen Agra Deedy (auteur), Henri Sorensen (illustrateur), Laurence Bourguignon (traductrice), L'étoile jaune : La légende du roi Christian X du Danemark, Mijade, 2003 (ISBN 2871423830)

Sur Christian X[modifier | modifier le code]

  • (da) Knud J.V. Jespersen, Rytterkongen : et portræt af Christian 10. [« Le Roi Chevalier : un portrait de Christian X »], Copenhague, Gyldendals Forlag, , 2e éd. (ISBN 8702077515 et 9788702077513, OCLC 758383168, lire en ligne).
  • (da) Alexander Thorsøe, « Christian (C. Carl Frederik Albert Alexander Vilhelm), Prins », dans Dansk biografisk Lexikon, tillige omfattende Norge for tidsrummet 1537-1814, vol. 3, Copenhague, Gyldendals forlag, , 1re éd. (lire en ligne), p. 529

Sur la famille royale de Danemark[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]