Chevaux de Saint-Marc

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Chevaux de Saint-Marc
Chevaux de Saint-Marc (copies).
Artiste
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Date
IIe siècle ou postérieur
Type
Technique
Lieux de création
Dimensions (H × l)
238 × 252 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
Localisation
Coordonnées
Localisation sur la carte de Venise
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Les chevaux de Saint-Marc sont quatre statues antiques de chevaux de cuivre coulé[1], faisant partie d'un quadrige qui ornait autrefois l'hippodrome de Constantinople. Les Vénitiens les enlevèrent en 1204 et les placèrent sur une galerie, au-dessus de la porte principale de la basilique Saint-Marc de Venise. Ils sont aujourd'hui remplacés par des répliques, les originaux étant conservés à l'intérieur de la basilique.

Historique[modifier | modifier le code]

Les quatre chevaux ont une origine toujours débattue : selon certains historiens, ils auraient été réalisés en Grèce au IVe siècle av. J.-C. pour l'île de Rhodes ou celle de Chios, alors que pour d'autres ils seraient romains et dateraient du IVe siècle apr. J.-C. Lors de la première restauration contemporaine (1977-1981), des fragments de terre en fusion prélevés à l'intérieur laissent plutôt penser à la première hypothèse. Lysippe pourrait en avoir été le sculpteur. Il s'agirait de l'une des rares sculptures métalliques de ce sculpteur encore aujourd'hui existante, la majorité ayant été fondue depuis l'Antiquité[2].

Ils furent transportés à l'hippodrome de Constantinople, que l'empereur Constantin érigea en nouvelle capitale de l'Empire à partir de 330.

En 1204, après le sac de Constantinople durant la Quatrième croisade, le doge Enrico Dandolo les fit transporter à Venise sur des galères. Les chevaux étant trop grands pour les installer sur les galères, ils furent « décapités » et par la suite les têtes furent remontées. Ils furent installés sur la façade de la basilique Saint-Marc en 1254, « pour symboliser le triomphe de l'Église » selon Ettore Vio, actuel architecte chargé de leur entretien[2].

En 1797, Napoléon Bonaparte, alors général en chef de l’armée d’Italie du Directoire, prend Venise durant la première Campagne d'Italie (1796-1797) et emporte les chevaux. Devenu empereur, il les fait installer sur les grilles des Tuileries, puis sur l'arc de triomphe du Carrousel, édifié à Paris en hommage à la Grande Armée, entre 1807 et 1809[3].

Quadrige de l'Arc de triomphe du Carrousel à Paris, copies du XIXe siècle.

En 1815, après la bataille de Waterloo et la chute de Napoléon, à la suite du congrès de Vienne, les chevaux sont rendus à Venise par les Autrichiens[4]. Ils sont alors remplacés sur l'arc de triomphe du Carrousel par des copies, réalisées par le sculpteur François Joseph Bosio : La Paix conduite sur un char de triomphe (1828)[2]. Les originaux regagnent la façade de la basilique Saint-Marc.

Pendant la Première Guerre mondiale les chevaux sont cachés au palazzo Venezia de Rome et pendant la Seconde au monastère de Praglia, près de Padoue, afin d'être protégés[2]. En 1981, les chevaux originaux ont été placés dans le musée de la basilique et remplacés par des répliques pour les préserver de la pollution atmosphérique. Déjà ternies au bout de vingt ans, les répliques ont dû être nettoyées et restaurées en 2006[5]. Une nouvelle campagne de restauration du quadrige est initiée en par le Groupe des Jeunes du Comité français pour la sauvegarde de Venise. Elle prend fin en , après un dépoussiérage complet du bronze doré des sculptures.

Description[modifier | modifier le code]

Les chevaux de Saint-Marc sont les éléments restants du seul quadrige de bronze qui nous reste de l'Antiquité.

Des analyses pratiquées lors d'un tour du monde d'expositions au début des années 1980 ont montré que les chevaux sont en bronze à très faible teneur d'étain, du cuivre quasi pur à 98 %, allié à environ 1 % d'étain et 1 % de plomb, métal extrêmement difficile à couler, peu apte à remplir les fins détails des moules, alors que le bronze antique est habituellement constitué de 85 % de cuivre, 10 % d'étain, une faible quantité de plomb et autres impuretés. Chaque cheval est différent, les têtes ont été coulées à part et ne sont peut-être pas à leur place d'origine. Les colliers, qui cachent la jonction, sont plus récents, mais certainement la réplique des éléments antiques[1].

La surface des chevaux a été dorée au mercure, puis volontairement grattée en stries parallèles de largeur constante à l'aide d'un ciseau, très probablement pour un meilleur effet de reflet au soleil[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Les Chevaux de Saint-Marc, Venise, Galeries nationales du Grand Palais.
  2. a b c et d Alexie Valois, « La fabuleuse épopée des chevaux de Saint-Marc », Le Figaro Magazine, semaine du 18 avril 2014, pages 78-81.
  3. Luce-Marie Albigès, Présence des chevaux de Venise à Paris, de 1798 à 1815, L'Histoire par l'image
  4. Corinne Herskovitch, Didier Rykner, La restitution des œuvres d'art : solutions et impasses, éd. Hazan, 2011
  5. Restauration des chevaux de Saint-Marc, Comité français pour la sauvegarde de Venise.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article Collectif, Les Chevaux de Saint-Marc, Venise, Galeries nationales du Grand Palais, 1981, (ISBN 2711801772)