Charles de Gaulle

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Charles de Gaulle
Illustration.
Charles de Gaulle en 1961.
Fonctions
Président de la République française

(10 ans, 3 mois et 20 jours)
Élection 21 décembre 1958
Réélection 19 décembre 1965
Premier ministre Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Prédécesseur René Coty (IVe République)
Successeur Alain Poher (intérim)
Georges Pompidou
Président du Conseil des ministres

(7 mois et 8 jours)
Président René Coty
Gouvernement De Gaulle III
Législature IIIe législature
(Quatrième République)
Prédécesseur Pierre Pflimlin
Successeur Michel Debré (Premier ministre)
Ministre de la Défense nationale

(7 mois et 8 jours)
Président René Coty
Président du Conseil Lui-même
Gouvernement De Gaulle III
Prédécesseur Pierre de Chevigné
(ministre des Forces armées)
Successeur Pierre Guillaumat
(ministre des Armées)
Président du gouvernement provisoire de la République française
Chef de l’État de facto à partir du

(1 an, 7 mois et 17 jours)
Chef de l'État Lui-même
Gouvernement De Gaulle I
De Gaulle II
Prédécesseur Philippe Pétain (chef de l'État)
Pierre Laval (chef du gouvernement du régime de Vichy)
Lui-même (CFLN)
Successeur Félix Gouin
Président du Comité français
de Libération nationale
[N 1]
(1 an)
Gouvernement CFLN
Prédécesseur Lui-même (CNF-France libre)
Henri Giraud (Commandement en chef français civil et militaire)
Successeur Lui-même (GPRF)
Président du Comité national français

(1 an, 8 mois et 10 jours)
Gouvernement Comité national français
Prédécesseur Conseil de défense de l'Empire
Successeur Lui-même
Henri Giraud (CFLN)
Chef de la France libre

(3 ans, 1 mois et 14 jours)
Gouvernement Conseil de défense de l'Empire
Comité national français
CFLN
Sous-secrétaire d'État à la Guerre et
à la Défense nationale

(10 jours)
Président Albert Lebrun
Président du Conseil Paul Reynaud
Gouvernement Reynaud
Prédécesseur Hippolyte Ducos
Successeur Poste supprimé
Biographie
Nom de naissance Charles André Joseph Marie
de Gaulle
Date de naissance
Lieu de naissance Lille (Nord)
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Colombey-les-Deux-Églises
(Haute-Marne)
Nature du décès Anévrisme
Sépulture Colombey-les-Deux-Églises
Nationalité Française
Parti politique RPF
UNR
Conjoint Yvonne Vendroux
Enfants Philippe de Gaulle
Élisabeth de Boissieu
Anne de Gaulle
Diplômé de ESM Saint-Cyr
Profession Militaire
Écrivain
Religion Catholicisme

Signature de Charles de Gaulle

Charles de Gaulle
Présidents de la République française
Président du Comité français de Libération nationale

Charles de Gaulle (Écouter), communément appelé le général de Gaulle, né le à Lille et mort le à Colombey-les-Deux-Églises, est un militaire, résistant, homme d'État et écrivain français.

Chef de la France libre puis dirigeant du Comité français de Libération nationale pendant la Seconde Guerre mondiale, président du Gouvernement provisoire de la République française de 1944 à 1946, président du Conseil des ministres français de 1958 à 1959, instigateur de la Ve République fondée en 1958, il est président de la République française du au . Il est le premier à occuper la magistrature suprême sous la Cinquième République.

Élevé dans une culture de grandeur nationale, Charles de Gaulle choisit la carrière d'officier. Il est fait prisonnier lors de la Première Guerre mondiale. Il sert et publie dans l'entourage de Philippe Pétain, prônant auprès de personnalités politiques l'usage des divisions de blindés dans la guerre contemporaine. En , colonel, il est placé à la tête d'une division blindée et mène plusieurs contre-attaques pendant la bataille de France ; il est promu général de brigade à titre temporaire le . Il est nommé sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale dans le gouvernement Reynaud, pendant l'exode de 1940.

Il rejette l'armistice demandé par Pétain à l'Allemagne nazie. De Londres, il lance, à la BBC, l'appel du 18 Juin au peuple français pour résister et rejoindre les Forces françaises libres. Condamné à mort et déclaré déchu de la nationalité française par le régime de Vichy, il veut incarner la légitimité de la France et être reconnu en tant que puissance par les Alliés. Ne contrôlant que quelques colonies mais reconnu par la Résistance, il fusionne, en 1943, la France libre au sein du Comité français de Libération nationale, dont il finit par prendre la direction. Il dirige le pays à la Libération. Favorable à un exécutif fort, il s'oppose aux projets parlementaires des partis et démissionne en 1946. Il fonde le Rassemblement du peuple français (RPF), mais son refus de tout compromis avec le « régime des partis » l'isole dans une « traversée du désert » à l'écart de toute responsabilité.

De Gaulle revient au pouvoir lors de la crise du , pendant la guerre d'Algérie. Investi président du Conseil, il fait approuver la Ve République par un référendum. Élu président de la République, il veut une « politique de grandeur » de la France. Il affermit les institutions, la monnaie (nouveau franc) et donne un rôle de troisième voie économique à un État planificateur et modernisateur de l'industrie. Il renonce par étapes à l'Algérie française, malgré l'opposition des pieds-noirs et des militaires, qui avaient favorisé son retour. Il décolonise aussi l'Afrique noire, en y maintenant l'influence française. De Gaulle prône l'« indépendance nationale » en rupture avec le fédéralisme européen et le partage de Yalta : il préconise donc une « Europe des nations » impliquant la réconciliation franco-allemande et qui irait « de l'Atlantique à l'Oural », réalise la force de dissuasion nucléaire française, retire la France du commandement militaire de l'OTAN, oppose un veto à l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté européenne, soutient le « Québec libre », condamne la guerre du Viêt Nam et reconnaît la Chine communiste.

Sa vision du pouvoir, c'est-à-dire un chef directement approuvé par la Nation, l'oppose aux partis communiste, socialiste et centristes pro-européens. Ils critiquent un style de gouvernance trop personnel, voire un « coup d'État permanent », selon la formule de François Mitterrand contre lequel de Gaulle est réélu en 1965 au suffrage universel direct. Il surmonte la crise de mai 68 après avoir semblé se retirer, convoquant des élections législatives qui envoient une écrasante majorité gaulliste à l'Assemblée nationale. Mais en 1969 il engage son mandat sur un référendum (sur la réforme du Sénat et la régionalisation) et démissionne après la victoire du « non ». Il se retire dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises, où il meurt dix-huit mois plus tard.

Charles de Gaulle, considéré comme l'un des dirigeants français les plus influents de son siècle, est aussi un écrivain de renom. Il a notamment laissé des Mémoires de guerre, où il affirme s'être toujours « fait une certaine idée de la France », jugeant que « la France ne peut être la France sans la grandeur ».

Biographie

Origines familiales

Charles de Gaulle est le fils d'Henri de Gaulle (1848-1932) et de son épouse Jeanne Maillot (1860-1940). Il est le petit-fils de Julien-Philippe de Gaulle, historien, et d'un entrepreneur manufacturier du Nord. Il est marqué par les valeurs familiales : catholicisme légitimiste, goût des études et du service de l'État (droit, administration des tabacs ou de l'armée).

Les de Gaulle étaient une famille de juristes parisiens originaires de la province de Champagne. Dans ses travaux de généalogie, le grand-père de Charles de Gaulle faisait l'hypothèse d'une lointaine ascendance noble[1], bien que la famille ne figure dans aucun nobiliaire[2] et qu'il n'existe aucune preuve à l'appui de ces prétentions[3]. L’arrière-grand-père, Jean-Baptiste de Gaulle (1759-1832), est avocat ; fils d'un procureur au parlement de Paris[N 2] né en Champagne[4], il échappe de peu à la guillotine devant le Tribunal révolutionnaire pendant la Terreur[5] et devient directeur des Postes Militaires de la Grande Armée. Il meurt du choléra en 1832. Son fils, Julien-Philippe enseigne alors à Lille, où un de ses oncles a un poste à la manufacture des tabacs. Julien de Gaulle y épouse la fille d'un administrateur de la manufacture, Joséphine Maillot. Le pensionnat qu'ils créent à Valenciennes fait faillite. Ils s'installent à Paris pour écrire. Lui rédige deux études (sur un peintre paysagiste et sur une biographie de Saint Louis). Sa vaste Histoire de Paris et de ses environs d'inspiration monarchiste et catholique est préfacée par Charles Nodier. Elle, prolifique, collabore à des revues littéraires et écrit plus de 70 ouvrages bien pensants dont certains dénoncent la pauvreté ouvrière du Nord.

Ils ont trois fils. Les deux oncles du général sont des chercheurs érudits : l'aîné, Charles, son homonyme, paralysé par la polio, étudie les langues celtes et le cadet, Jules, l'entomologie. Henri, père du général, naît en 1848, un comme son fils. Formé par le jésuite Olivaint, il se lie aux milieux monarchistes et catholiques sociaux, et entre au secrétariat de Talhouët-Roy dont il est précepteur des enfants. Admissible à Polytechnique, il s'engage et est blessé en 1870. Il s'inscrit au barreau et dans un cercle jésuite influent. Mais, pour entretenir la famille, il renonce à une carrière militaire ou politique et entre dans l'administration du ministère de l'Intérieur jusqu'en 1884 (démission peut-être liée à la laïcisation). Il a ensuite trois doctorats (lettres, sciences, et droit) et enseigne lettres, histoire et les mathématiques au collège de l'Immaculée-Conception de Paris, tenu par les jésuites. À trente-sept ans, il épouse Jeanne Maillot, une petite-cousine de sa mère.

Sa maison natale à Lille.

Charles de Gaulle est ainsi doublement issu de la famille Maillot par sa mère et sa grand-mère paternelle. Originaires de la Flandre française, ces industriels catholiques descendent d'administrateurs de la manufacture des tabacs.

Le grand-père maternel de Charles de Gaulle (mort l'année de sa naissance) est un entrepreneur qui a rapporté une nouvelle machine à tisser le tulle d'Angleterre. Il était issu de l'union de deux familles des manufactures du tabac, les Maillot et les Kolb. Louis Philippe Kolb, luthérien du duché de Bade était, avant 1791, sergent major de la garde suisse de Louis XVI. Marié à Maubeuge en 1790 avec une certaine Marie Nicot[6], il avait réorganisé des manufactures de tabac, en particulier à Lille. Ses deux fils y réussissent : l'un est urbaniste ; l'autre, industriel sucrier, devient sénateur chrétien social et légitimiste (Charles Kolb-Bernard[7]).

La grand-mère maternelle du futur « homme de Londres », Justine Maillot-Delannoy, reçoit jusqu'à sa mort en 1912 ses enfants et petits-enfants. Elle était la fille d'un avocat et d'une Britannique. Son grand-père maternel, médecin de l'armée des émigrés, descendait par bâtardise[8] du noble[9] clan irlandais MacCartan (en), dont un membre, jacobite, s'était réfugié en France après la Glorieuse Révolution[10] ; sa grand-mère maternelle, quant à elle, était issue d'une famille écossaise et protestante, les Fleming.

Éducation et famille

Jeanne Maillot et Henri, le couple des parents du général De Gaulle, forment une famille catholique qui réside à Paris au 15 de l'avenue de Breteuil. Bien que la famille de Gaulle vécût à Paris, la mère du général de Gaulle se rend dans sa famille à Lille pour donner naissance à son fils, en accord avec la tradition familiale de la famille Maillot[12]. La famille se rend régulièrement à Lille pour voir la grand mère Julia Delannoy-Maillot.

Charles André Joseph Marie de Gaulle est leur troisième enfant.

Charles de Gaulle a trois frères et une sœur :

Très tôt, grâce à son père, Charles découvre les œuvres de Maurice Barrès, Henri Bergson et Charles Péguy. Son père se dit monarchiste de regret et lit L'Action française, mais croit en l'innocence de Dreyfus. Sa mère est davantage passionnée de politique : dès la première page des Mémoires de guerre, Charles de Gaulle rend hommage à sa mère admirée, « qui portait à la patrie une passion intransigeante à l'égal de sa piété religieuse ».

Charles de Gaulle fait une partie de ses études primaires à l'école des Frères des écoles chrétiennes de la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin. Il a son père comme enseignant chez les Jésuites. Lors de la crise politico-religieuse résultant des lois de 1901 et 1905 qui interdit aux congrégations d'enseigner, le professeur De Gaulle fonde à Paris en 1907 un cours libre secondaire, l'École Louis de Fontanes, et inscrit son fils Charles chez les jésuites français en Belgique au collège du Sacré-Cœur installé au château d'Antoing[13]. Le jeune lycéen vit ainsi sa première expérience d'exil.

Le jeune Charles a quinze ans quand, en 1905, il rédige un récit dans lequel il se décrit en « général de Gaulle » sauvant la France, témoignage d'une ambition nationale précoce[14]. Plus tard, il explique à son aide de camp Claude Guy avoir eu dès son adolescence la conviction qu'il serait un jour à la tête de l'État[15],[N 3].

Entré 119e sur 221 à l'École militaire de Saint-Cyr en 1908, après avoir suivi une année de préparation au collège Stanislas[16] à Paris, il en sort diplômé en 1912, se classant à la 13e place[N 4], et rejoint l'infanterie. Il est affecté au 33e régiment d'infanterie à Arras et se retrouve sous les ordres du colonel Pétain.

Première Guerre mondiale

 Charles de Gaulle
Charles de Gaulle
Portrait de 1942.

Origine Français
Allégeance Drapeau de la France France
Arme Armée de terre
Grade Général de brigade
Années de service 19081940[17]
Commandement 507e régiment de chars de combat
4e division cuirassée de réserve
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille de Dinant
Bataille de Verdun
Bataille de Montcornet
Bataille d'Abbeville
Bataille de Dakar
Autres fonctions Homme d'État
Président du gouvernement provisoire de 1944 à 1946
Président du Conseil des ministres français en 1958
Président de la République de 1959 à 1969
Famille De Gaulle

Les quatre frères de Gaulle sont mobilisés comme officiers. Ils reviennent tous vivants et décorés. Charles qui était lieutenant depuis le , est nommé capitaine en [18]. Dès son premier combat à Dinant le , il est touché à la jambe (« fracture du péroné par balles avec éclats dans l'articulation »)[19]. Il rejoint ensuite le 33e RI sur le front de Champagne pour commander la 7e compagnie. Il est à nouveau blessé le , à la main gauche, à Mesnil-Les-Hurlus en Champagne. Décidé à en découdre, il désobéit à ses supérieurs en ordonnant de tirer sur les tranchées ennemies. Cet acte lui vaut d'être relevé huit jours de ses fonctions. Officier tatillon, volontiers cassant, son intelligence et son courage face au feu le distinguent au point que le commandant du 33e RI lui offre d'être son adjoint[20].

Le , son régiment est attaqué et décimé, anéanti par l'ennemi en défendant le village de Douaumont, près de Verdun. Sa compagnie est mise à mal au cours de ce combat et les survivants sont encerclés. Tentant alors une percée, il est obligé par la violence du combat à sauter dans un trou d'obus pour se protéger, mais des Allemands le suivent et le blessent d'un coup de baïonnette à la cuisse gauche[21]. Capturé par les troupes allemandes, il est soigné et interné. Cette disparition au front lui vaut d'être cité à l'ordre de l'armée[22].

Après une tentative d'évasion manquée à Osnabrück[23], il est transféré au fort d'Ingolstadt, en Bavière, un camp de représailles destiné aux officiers prisonniers remuants. Il y croise le futur général Georges Catroux, l'aviateur Roland Garros, le journaliste Rémy Roure, le colonel Lucien Nachin[N 5],[24],[25],[26] et le futur maréchal soviétique Mikhaïl Toukhatchevski. Un « lamentable exil », c'est en ces termes qu'il décrit à sa mère son sort de captif. Pour tromper l'ennui, de Gaulle organise pour ses compagnons de captivité des exposés magistraux sur l'état de la guerre en cours. Mais surtout, il tente de s'évader à cinq reprises, sans succès au cours de sa détention de trente-deux mois dans une dizaine de camps différents (Osnabruck, Neisse, Sczuczyn, Ingolstadt, forteresse de Rosenberg (de), prison militaire de Passau, camps de Wülzburg (de) et de Magdebourg)[27]. Il est libéré après l'armistice du et retrouve les siens le mois suivant. De ces deux ans et demi de captivité, il garde un souvenir amer, estimant être un « revenant », un soldat inutile qui n'a servi à rien[28]. Toutefois, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur, le , et la croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze[18].

Entre-deux-guerres : officier d'état-major

De la Pologne à l'École de guerre : officier conférencier

Charles de Gaulle poursuit sa carrière militaire sous la protection de Pétain, dans un premier temps.

Le , il arrive à Saint-Maixent suivre les cours de remise à niveau destinés aux officiers de retour de captivité. Désireux de relancer sa carrière militaire compromise par ses mois de détention, il cherche à s'engager sur un théâtre d'opération, et postule à cet effet simultanément pour un engagement dans l'armée d'Orient et auprès de l'armée de Pologne. Début , il obtient son détachement auprès de l'Armée polonaise autonome qui commence à quitter la France pour la Pologne. Il effectue dans le pays deux séjours très rapprochés, le premier d' à , et le second de à la fin du mois de . Dans le cadre de la mission militaire française du général Henrys, le capitaine De Gaulle est affecté comme instructeur à l'école d'infanterie de Rembertow. Il y exerce successivement les fonctions d'instructeur, de directeur des études en , et enfin de directeur du cours des officiers supérieurs à partir de . Repoussant l'offre du général Henrys qui lui proposait de poursuivre sa mission auprès de lui, de Gaulle, qui ambitionne de se présenter au concours de l’École supérieure de guerre dans les meilleures conditions, retourne en France. Déçu par le poste qui lui échoit au cabinet des décorations du ministre, et alors que la guerre soviéto-polonaise fait rage, il repart en Pologne en . D'abord témoin des épreuves traversées par la population polonaise, il prend ensuite activement part aux opérations avec le général Bernard au sein du 3e bureau du groupe d'armées Sud (puis Centre) commandé par le général polonais Rydz-Smigly. Il y gagne une citation. Après la victoire de la Pologne, il rédige notamment un rapport général sur l'armée polonaise. Si à l'analyse de l'action de l'unique régiment de chars FT 17, il a pu écrire « Les chars doivent être mis en œuvre rassemblés et non dispersés », de Gaulle découvre surtout en Pologne la guerre de mouvement et l'emploi des grandes unités de cavalerie comme élément de choc et moyen d'obtenir une décision à portée stratégique.

Son père (qui s'était fait rappeler à 66 ans en 1914) se retire progressivement de l'enseignement et Charles de Gaulle indique à sa famille qu'il souhaite se marier. Il a été affecté par le décès sous les bombes d'une « quasi fiancée », en 1916 en Belgique. Les familles lui présentent une jeune fille issue de la bourgeoisie du Nord. Charles de Gaulle épouse, le dans l'église Notre-Dame de Calais, Yvonne Vendroux (1900-1979). Ils ont trois enfants :

À son retour, le capitaine de Gaulle est chargé de cours d'histoire à l'École de Saint-Cyr[30], avant son admission à l'École supérieure de guerre en 1922. En conflit de doctrine avec ses supérieurs dont il conteste la vision stratégique trop liée à la planification défensive et compartimentée du terrain, mais bénéficiant de la protection du maréchal Pétain, il est mal noté, mais continue de se faire une réputation prometteuse.

En 1924, le maréchal Pétain fit rectifier les notes jugées injustes infligées à son protégé[31].

En 1925, il est détaché à l'état-major du maréchal Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Celui-ci l'impose comme conférencier à l'École de guerre et lui demande de préparer la rédaction d'un ouvrage sur l'histoire du soldat. En 1927, en présence du maréchal Pétain, il présente à l'École de guerre trois conférences remarquées, respectivement intitulées : « L'action de guerre et le chef », « Du caractère », et enfin « Du prestige ».

Théoricien militaire : les chars et l'armée de métier

Promu chef de bataillon le , il part le mois suivant pour Trèves prendre le commandement du 19e bataillon de chasseurs à pied (BCP)[32]. Il y conduit un commandement énergique et continue ses conférences comme dans son poste suivant.

En , il est affecté à l’État-major des Troupes du Levant à Beyrouth où il est responsable des 2e et 3e bureaux (renseignement militaire et opérations). Accompagné de sa famille, il y demeure jusqu'en . Au cercle des Officiers de Beyrouth, il donne des conférences sur l'armée française ; il serait par ailleurs l'auteur d'une brochure, intitulée « La question Kurde » publiée en 1930 par l’Imprimerie du Bureau topographique du Levant.

Grâce à l'appui du maréchal Pétain, il est affecté en au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. Ce nouveau poste est capital, car c'est l'occasion de s'initier aux affaires de l'État[33], puisqu'il est chargé en particulier de travailler au projet de loi militaire. Le , il est promu lieutenant-colonel.

C'est durant ces années que Charles de Gaulle développe ses théories militaires : il publie La Discorde chez l'ennemi (1924), Le Fil de l'épée (1932), Vers l'armée de métier (1934) et enfin La France et son armée (1938).

Ce dernier livre, préparé d'abord en 1925 pour Philippe Pétain et auquel de Gaulle se consacra pendant deux ans, ne fut finalement pas retenu par le maréchal, qui l'ayant remanié confia le travail à un autre[34]. Ceci blessa de Gaulle qui dédia néanmoins au maréchal Pétain son ouvrage Le Fil de l'épée : « Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée ». En 1938, de Gaulle décida de publier sous son nom son texte et en avertit Pétain. Pour arranger les choses, le maréchal le reçut chez lui et lui proposa de rédiger une préface que de Gaulle ne reprit pas, d'où une brouille définitive entre les deux hommes qui ne se reverront brièvement qu'en [35].

Dans son premier ouvrage, de Gaulle insiste sur la nécessité de l'unité du commandement et de la nation, donnant la primauté au politique sur le militaire. C'est selon lui à cause de ses divisions que l'Allemagne a perdu. En publiant la reprise de ses conférences sur le rôle du commandement, en 1932, dans Le Fil de l'épée il rappelle l'importance de la formation des chefs et le poids des circonstances. Si de Gaulle étudie l'importance de la défense statique au point d'écrire : « La fortification de son territoire est pour la France une nécessité permanente […] L'encouragement de l'esprit de résistance d'un peuple par l'existence de fortifications permanentes, la cristallisation, l'exaltation de ses énergies par la défense des places sont des faits que les politiques comme les militaires ont le devoir de reconnaître dans le passé et de préparer dans l'avenir », il n'en est pas moins sensible aux idées du général Jean-Baptiste Eugène Estienne sur la nécessité d'un corps de blindés[36], alliant le feu et le mouvement, capable d'initiatives et d'offensives hardies. Sur ce point il entre de plus en plus en opposition avec les doctrines officielles, en particulier celles de Pétain.

Dans son ouvrage Vers l'armée de métier, il développe cette question de fond qui nécessite la création d'une armée professionnelle aux côtés de la conscription. Il devient alors le promoteur de la création d'unités blindées autonomes non liées à l'infanterie. Cependant, cette idée rencontre peu d'échos favorables, à l'exception notable de Paul Reynaud, député de centre-droit, ou de Philippe Serre.

À l'étranger, en revanche, l'idée du général Jean-Baptiste Eugène Estienne d'employer des blindés dans une « percée motorisée » reprise par de Gaulle a déjà suscité la plus grande attention (Heinz Guderian, Liddell Hart). Vers l'armée de métier n'a en France qu'un bref succès de curiosité et n'exerce aucune influence sur le général Guderian, déjà en train de créer la force mécanique allemande[N 6].

En revanche, contrairement à son influent aîné le colonel Émile Mayer, de Gaulle, attaché à la professionnalisation de l'armée de terre, ne perçoit pas l'importance de l'aviation à laquelle il n'attribue qu'un rôle secondaire : « les troupes à terre recevront de l'aviation une aide précieuse quant à leur camouflage. Les fumées épandues sur le sol du haut des airs cachent en quelques minutes de vastes surfaces du sol tandis que le bruit des machines volantes couvre celui des moteurs chenillés ». Il faudra attendre l'édition de 1944 où il fera ajouter une phrase : « Mais surtout en frappant elle-même à vue directe et profondément, l'aviation devient par excellence l'arme dont les effets foudroyants se combinent le mieux avec les vertus de rupture et d'exploitation de grandes unités mécaniques ».

À Paris, de Gaulle est introduit par Lucien Nachin dans le salon non conformiste qui se tient autour du colonel Émile Mayer, retraité très ouvert, favorable à une réforme de la stratégie : l'état-major ne doit pas se contenter d'une stratégie défensive derrière la ligne Maginot. Cependant, ni l'un ni l'autre ne sont écoutés[26]. Partant des idées du général Fuller et du critique militaire britannique Liddell Hart, Charles de Gaulle défend une guerre de mouvement menée par des soldats de métier, et appuyée par des blindés.

En revanche, en Allemagne, les théories de Charles de Gaulle sont suivies avec intérêt en haut lieu, Albert Speer rapportant notamment qu'Adolf Hitler avait lu à plusieurs reprises le livre du général de Gaulle et qu'il affirmait avoir beaucoup appris grâce à lui[37].

Idées et fréquentations politiques avant la guerre

Charles de Gaulle fait une conférence à la Sorbonne au printemps 1934, sous l'égide du cercle Fustel de Coulanges, une vitrine de l’Action française[38]. Influencé originellement par la tradition monarchiste, Charles de Gaulle, militaire soumis au devoir de réserve, révèle dans sa correspondance privée son peu de considération pour le parlementarisme et lui préfère un régime fort, tout en se tenant publiquement à l'écart de l’anti-républicanisme d'une partie de l'armée[39]. Cette méfiance à l'égard du parlementarisme explique que Charles de Gaulle se soit senti avant la guerre proche de l'Action française, avant que la position de Maurras relative aux accords de Munich ne l'en éloignent. Ainsi, Paul Reynaud, qui rencontra en captivité en Allemagne la sœur du général de Gaulle, Marie-Agnès Caillau, note dans ses carnets de captivité parlant de cette dernière[40] : « Très franche, intelligente et bonne, [elle] nous raconte que Charles était monarchiste, qu'il défendait Maurras contre son frère Pierre jusqu'à en avoir les larmes aux yeux dans une discussion. Mais au moment de Munich, il a désapprouvé entièrement l'attitude de Maurras. » De même, Christian Pineau dira à André Gillois « que le général avait reconnu devant lui qu’il avait été inscrit à l’Action française et qu’il s’était rallié à la République pour ne pas aller contre le sentiment des Français »[41]. Lui-même résistant de gauche, Claude Bourdet qualifiera de Gaulle d’homme de droite, longtemps proche de l’Action française, devenu républicain par mimétisme[42]. Selon Edmond Michelet, de Gaulle subit l’influence de Maurras[43],[N 7]. Ses idées se heurtent pourtant d'une part au profond conservatisme des dirigeants militaires, et d'autre part aux réticences des républicains face à un militaire de réputation maurrassienne.

Pourtant, si la pensée de Maurras a influencé de Gaulle[44],[N 8], celui-ci est aussi un disciple de Péguy, influencé par le socialisme de Pierre Leroux et de Bergson.

De fait il fréquente le colonel Émile Mayer, officier israélite, dreyfusard et socialisant. Ayant avant la Première Guerre mondiale assisté à Lille à des meetings de Jaurès, il a aussi fréquenté le socialiste Club du Faubourg et les mouvements non-conformistes des années 30 (Esprit). Il adhéra également aux Amis de Temps Présent, groupe de militants qui soutenait Temps présent, comme l'indique Éric Roussel, qui signale cependant que de Gaulle « n'est pas devenu pour autant démocrate-chrétien, loin s'en faut[45]. » Cet hebdomadaire est en effet de la mouvance catholique progressiste et proche du Sillon de Marc Sangnier[46], mouvance qui fut favorable au Front populaire et à l'intervention de la France aux côtés des Républicains espagnols. L'hebdomadaire Temps présent saluera la nomination de Charles de Gaulle comme sous-secrétaire d'État à la guerre dans son dernier numéro de , comme le signale le Centre d'information sur le gaullisme[47], signalant au passage que de Gaulle fut aussi l'un des premiers abonnés à Sept, hebdomadaire à direction religieuse dont Temps présent était le successeur.

Le , Charles de Gaulle publie dans la revue militaire une étude sur la mobilisation économique à l'étranger. À la recherche d'exemples pour la France, il cite parmi d'autres l'Italie mussolinienne[48],[N 9]. Mais il étudie aussi favorablement l'exemple de l'Amérique de Roosevelt. Le futur général de Gaulle fera l'apologie du livre La réforme de l'État publié par André Tardieu en 1934 et dira s'en être inspiré pour la constitution de la Ve République[49].

De fait, avant la guerre, de Gaulle n'est pas un idéologue, mais un homme de réflexion et d'action[N 10] et d'ambition prêt à faire son miel de tout.

À cette fin, il se rapproche d'hommes politiques de différentes tendances pour se faire connaître et faire progresser ses idées. S'il fréquente beaucoup Paul Reynaud à qui il écrira soixante fois de 1936 à 1940[50],[N 11], il se rapproche également de Marcel Déat qui après avoir rompu avec Léon Blum, souhaite intégrer au projet socialiste les valeurs d'ordre, d'autorité et de nation. De Gaulle rencontre Marcel Déat à plusieurs reprises grâce à un de ses proches, l'avocat Jean Auburtin ; les deux hommes s'estiment et resteront en contact jusqu'à la veille du conflit[51]. De Gaulle affirme à propos de Marcel Déat en [52] : « Déat a sans aucun doute un grand talent et une haute valeur. C'est de quoi on lui en veut. Mais patience, je crois qu'on le verra remonter et aller très haut. »

À la publication de l'ouvrage, Léon Blum manifeste sa vive hostilité pour les idées de l'armée de métier du colonel de Gaulle dans trois articles publiés par le Populaire, car il craint qu'elle ne soit utilisée contre le peuple, notamment les grévistes. Et, de fait, comme le montre une lettre de 1935 envoyée à Paul Reynaud, de Gaulle n'excluait nullement une telle possibilité. Certains passages des livres publiés par le colonel de Gaulle suscitent d'ailleurs l'approbation de l'Action française[53].

En 1935, de Gaulle approuve le pacte franco-soviétique signé par Laval et Staline, évoquant l'alliance de François Ier avec les Musulmans contre Charles Quint pour justifier une alliance destinée à assurer la survie du pays pour justifier un accord avec les Russes « quelque horreur que nous ayons pour leur régime »[54]. La vision de De Gaulle fait abstraction des idéologies qui pour lui comptent peu face aux permanences géopolitiques et nationales, l'alliance est avec les Russes, non avec le communisme, de même que la guerre est contre l'Allemagne, non contre le national-socialisme[55].

Charles de Gaulle explique dans Vers l'armée de métier quelle est la condition pour faire aboutir ses idées qui sont d'abandonner le service militaire universel au profit d'une armée motorisée composée exclusivement de professionnels : « Il faut qu'un maître apparaisse, indépendant dans ses jugements, irrécusable dans ses ordres, crédité par l'opinion. Serviteur du seul État, dépouillé de préjugés, dédaigneux des clientèles, commis enfermé dans sa tâche, pénétré de longs desseins, au fait des gens et des choses du ressort, faisant corps avec l'armée, dévoué à ceux qu'il commande, homme assez fort pour s'imposer, assez habile pour séduire, assez grand pour une grande œuvre, tel sera le ministre, soldat ou politique, à qui la patrie devra l'économie prochaine de sa force. » Il affirme également :« Il n'est point de regroupement, de parti, de consul, qui n'invoque le redressement, l'ordre nouveau, l'autorité. Nul doute qu'à bref délai le jeu des institutions, suivant le mouvement des besoins, n'ouvre le champ aux résolus. » Cet appel à la figure du grand homme était déjà présente dans Le Fil de l'épée, où, dès 1932, il exalte[56], « les ambitieux de premier rang [...] qui ne voient d'autre raison que d'imprimer leur marque aux événements » ; dans cet ouvrage, il affirme également : « On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l'avoir voulu. » Dans le Fil de l'épée, il dresse le portrait de l'ambitieux de haute stature qui n'est pas seulement un soldat : c'est un soldat qui parfois prend en charge les affaires de la nation et il offre comme exemples Louvois et Carnot[57], « dictateurs de guerre ».

Néanmoins, Blum se laisse progressivement intéresser par la thématique des chars qu'il soutiendra tardivement au moment de la guerre.

En , le lieutenant-colonel de Gaulle est affecté au 507e régiment de chars de combat basé au quartier Lizé à Montigny-lès-Metz. C'est la rencontre concrète avec « son » outil. Il en prend le commandement par intérim en suivant[58], sous les ordres du général Charles Delestraint[59]. Il est promu colonel le . Lors des manœuvres, il tente d'imposer, contre le règlement, sa conception de l'usage autonome des blindés, ce qui lui vaut l'hostilité de son supérieur, le général Henri Giraud.

Seconde Guerre mondiale

Charles de Gaulle à Londres.

Lorsque la guerre éclate, Charles de Gaulle est toujours colonel, commandant le 507e régiment de chars de combat (RCC), à Metz. En , il envoie à quatre-vingts personnalités, dont Léon Blum et Paul Reynaud, ainsi qu'aux généraux Maurice Gamelin et Maxime Weygand, un mémorandum fondé sur les opérations de Pologne. Intitulé L'Avènement de la force mécanique, le texte insiste sur la nécessité d'allier le char et l'aviation.

Trois jours avant l'offensive allemande du , qui conduit à une percée rapide du front français, le colonel de Gaulle est averti de la décision du commandement de lui confier la 4e DCR, la plus puissante des grandes unités blindées de l'armée française (364 blindés[60]) dont il prend effectivement le commandement le .

Le , il reçoit la mission de retarder l'ennemi dans la région de Laon afin de gagner des délais nécessaires à la mise en place de la 6e armée chargée de barrer la route de Paris. Mais sa division blindée n'est encore qu'en cours de constitution, ses unités n'ayant jamais opéré ensemble. Il dirige pourtant avec cette unité une contre-attaque vers Montcornet, au nord-est de Laon. C'est l'une des seules qui parviennent à repousser momentanément les troupes allemandes. Prévoyant la défaite rapide de l'armée française sous l'offensive allemande, les civils et les militaires désarmés sur les routes, il affirme que c'est durant la journée du 16 mai que « ce qu'[il] a pu faire, par la suite, c'est ce jour-là qu'[il] l'a résolu. »[N 12]. N'ayant reçu qu'une partie des unités de la 4e DCR, le colonel de Gaulle lance une première attaque avec 80 chars pour tenter de couper les lignes de communication des divisions blindées allemandes le 17 mai. Après avoir atteint ses objectifs dont la ville de Montcornet, la 4e DCR, n'étant pas appuyée, est contrainte de se replier face à l'intervention de renforts ennemis. Les autres unités de la 4e DCR ayant rejoint, une nouvelle attaque peut être lancée avec 150 chars qui, après avoir permis d'atteindre les premiers objectifs, est arrêtée par l'intervention de l'aviation d'assaut et de l'artillerie allemandes.

Le , à la suite de la bataille de Montcornet, l'état-major envoie un correspondant de guerre pour interroger de Gaulle, qui lance à cette occasion, à Savigny-sur-Ardres, un premier appel radiodiffusé destiné à remonter le moral des Français en vantant les mérites des divisions blindées et qui se termine par la phrase : « Grâce à cela, un jour, nous vaincrons sur toute la ligne »[61].

Le , il est nommé général de brigade à titre temporaire[62],[63]. Cette nomination, dans une promotion de six colonels, correspond au fait que de Gaulle en tant que commandant d'une division blindée depuis le , fait déjà fonction de général, ses trois collègues commandants de division blindée (DCR) étant tous déjà généraux. Elle suscite la satisfaction de Charles Maurras dans l'Action française[64],[65],[N 13].

Trois jours plus tard, le , il attaque à deux reprises pour détruire une poche que l'ennemi a conquise au sud de la Somme, à hauteur d'Abbeville. Malgré un déplacement préalable de 200 km qui a lourdement éprouvé le matériel de la 4e DCR, l'opération est un succès[réf. nécessaire]. Elle permet de faire plus de 400 prisonniers et de résorber toute la poche à l'exception d'Abbeville, en raison de la supériorité en nombre et en artillerie de l'adversaire. Celui-ci ne peut franchir la Somme que plus tard au nord d'Abbeville, mais une deuxième attaque ne permet pas à la 4e DCR de prendre la ville.

Commentant le comportement militaire de De Gaulle sur le terrain, l'historien Henri de Wailly avance que celui-ci, loin d'avoir été particulièrement brillant, a montré dans la bataille « les mêmes faiblesses et les mêmes incompétences » que les autres dirigeants militaires[66]. De son côté, le général Weygand, chef des armées, décerne, le , au général (à titre temporaire) de Gaulle une citation très élogieuse en tant que commandant d'une division blindée près d' Abbeville : « Chef admirable de cran et d'énergie. A attaqué avec sa division la tête de pont d'Abbeville très solidement tenue par l'ennemi. A rompu la résistance allemande et progressé de 14 kilomètres à travers les lignes ennemies, faisant des centaines de prisonniers et capturant un matériel considérable »[67].

Le , le général de Gaulle est convoqué d'urgence à Paris par Paul Reynaud, président du Conseil, pour occuper un poste ministériel dans son gouvernement, celui de sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale. Charles de Gaulle sort alors de la hiérarchie militaire. Il a pour mission de coordonner l'action avec le Royaume-Uni pour la poursuite du combat. Le , il rencontre Churchill qu'il tente en vain de convaincre d'engager davantage de forces, y compris aériennes, dans la bataille. Le , de Gaulle quitte Paris qui est déclarée ville ouverte. Il rejoint alors Orléans, Briare et Tours[68]. C'est le moment des ultimes réunions du Comité suprême interallié où Churchill, lors de la conférence de Briare à laquelle de Gaulle participe[N 14], tente de convaincre le gouvernement français de continuer la guerre. Le , il est en mission à Londres. Il y dicte au téléphone la note de Jean Monnet à Paul Reynaud, intitulée Anglo-French Unity, et qui évoque une possible union franco-britannique. De retour de mission, à Bordeaux, il apprend, le , la démission du président du Conseil, Paul Reynaud, son remplacement par le maréchal Pétain et la demande d'armistice. Le même jour, le général Weygand alors chef d'état-major de l'Armée est nommé ministre de la Défense nationale. Le transfert des pouvoirs au maréchal Pétain n'ayant lieu que le lendemain, de Gaulle est encore membre du gouvernement et court alors peu de risques[69]. Après maintes hésitations selon l'officier de liaison le général britannique Edward Spears[70], il a l'intention de regagner Londres. Il rencontre Paul Reynaud pour lui faire part de son projet. Ce dernier lui fait remettre par son ex-directeur de cabinet Jean Laurent 100 000 francs prélevés sur les fonds secrets pour sa logistique à Londres. Le , accompagnant Spears qui n'a pas réussi à convaincre Reynaud et Georges Mandel de rejoindre Londres, il s'envole à Londres avec son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel dans le de Havilland Flamingo, son avion de la veille que Churchill a laissé à sa disposition[71],[72].

Appel du 18 Juin 1940

Affichette placardée dans toute la ville de Londres, souvent confondue avec l'appel du 18 Juin.
Plaque commémorative sur le mur de Carlton House Terrace (Londres), son quartier général pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le , de Gaulle se prépare à parler au peuple français sur Radio Londres de la BBC. Ce jour-là, il appelle les Français, et tout particulièrement les militaires, à la résistance depuis l'Angleterre où il s'est réfugié. En France, l'appel du 18 Juin peut être entendu à 19 h. Depuis ce jour, ce texte demeure l'une des plus célèbres allocutions de l’Histoire de France, à l'origine du mythe faisant du général le « père de la Résistance » alors que ce dernier ne prend conscience de l'intérêt de la Résistance intérieure qu'à partir de 1941[73]. Aucun enregistrement n'a été conservé, contrairement au discours du , que l'on confond parfois avec le véritable appel.

Le gouvernement britannique avait au préalable proposé au ministre français de l'Intérieur Georges Mandel de passer au Royaume-Uni et de lancer lui-même un appel. Par ses avertissements répétés contre les menaces du IIIe Reich (et en opposition à ce sujet avec son ami le président du Conseil Léon Blum), Mandel s'était signalé comme un homme d'État et de caractère. Tout au long de la journée du , le Conseil des ministres britannique discute du texte de De Gaulle. Le cabinet britannique tente de s'y opposer, mais Winston Churchill le soutient[74]. Les anciens « Munichois », derrière le ministre des Affaires étrangères lord Halifax, veulent encore ménager le gouvernement Pétain et attendre de voir s'il va effectivement signer l'Armistice. Winston Churchill, vieux partisan de la fermeté contre Hitler et de la poursuite de la lutte, doit mettre son autorité dans la balance. De Gaulle peut finalement prononcer son texte, mais doit accepter d'en modifier les deux premières lignes[75] dans un sens moins dur pour le gouvernement français. Cette modification longtemps occultée disparait dans le texte transmis à la presse, puis dans les Mémoires de De Gaulle.

Le , Weygand, supérieur hiérarchique de De Gaulle, lui ordonne de revenir de Londres, ignorant l'invitation à poursuivre le combat que ce dernier lui adresse[76],[77]. Peu après, de Gaulle est rétrogradé au rang de colonel par son ministre, qui convoque successivement deux tribunaux militaires, lesquels le condamnent deux fois par contumace : le premier n'ayant prononcé qu'une peine symbolique — quatre ans de prison et la perte de la nationalité française[78] — le second, à Clermont-Ferrand le , le condamne à « mort, dégradation militaire et confiscation de ses biens meubles et immeubles » pour « trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l'État, désertion à l'étranger en temps de guerre sur un territoire en état de guerre et de siège ». Sa déchéance de la nationalité française, en vigueur au , est confirmée dans un décret du [79].

France libre

De Londres, de Gaulle crée puis dirige les Forces françaises libres. Il est reconnu par Winston Churchill chef des Français libres le . Le but n'est pas de mettre en place une légion de volontaires qui continuerait la lutte aux côtés de l'Empire britannique. Il s'agit pour de Gaulle de remettre la France en tant que telle dans la guerre contre Hitler, en formant une armée et un contre-État doté de tous les attributs de souveraineté et légitimité, et qui se donne une base territoriale en ralliant les territoires français de l'Empire colonial, future plate-forme de la reconquête[80].

Dès le début de l'été 1940, à partir de presque rien et assisté de quelques volontaires, de Gaulle jette ainsi les bases d'une marine (FNFL), d'une aviation (FAFL), de forces terrestres (FFL), d'un service de renseignements (le BCRA du colonel Passy, vite actif en métropole). La Croix de Lorraine proposée par l'amiral Muselier[N 15],[81],[82], devient son emblème. Les statuts juridiques de la France libre et ses rapports avec le gouvernement anglais sont fixés par le juriste René Cassin. La France libre a bientôt sa banque, son journal officiel, ses décorations — le Général fonde l'Ordre de la Libération à Brazzaville dès , pour honorer ses « compagnons ». Des comités français libres actifs dans le monde entier se constituent et tentent de rallier à de Gaulle les Français de l'étranger, les opinions et les gouvernements[83].

Avec le gouverneur-général Félix Éboué au Tchad (Afrique-Équatoriale française) vers la fin 1940.

En France, de Gaulle a été condamné deux fois par contumace[N 16]. En Grande-Bretagne, il trouve en revanche le soutien de Winston Churchill, mais aussi celui du Parlement, de la presse et de l'opinion publique, reconnaissantes au gallant French d'être resté aux côtés du pays au pire moment de la menace allemande. Cet appui, comme celui de l'opinion américaine, se révèle plus tard un atout très précieux lors des tensions avec Londres et Washington[84].

Obtenant le ralliement de plusieurs possessions coloniales françaises, notamment en Afrique grâce au ralliement rapide du gouverneur Félix Éboué (le le Tchad, le Congo et le Cameroun, le Gabon étant conquis dans le mois de ), de Gaulle se place à la tête du Comité national français à partir du . Mais il fait surtout en sorte que la France reste présente dans le camp allié, par ses Forces françaises libres (FFL) qui continuent le combat sur les différents fronts. En outre, à partir de 1941-1942, il stimule et obtient le ralliement de la résistance intérieure, grâce au colonel Passy, à Pierre Brossolette et à Jean Moulin. Le , le Comité national français propose au gouvernement britannique, qui l'accepte, de changer l'appellation officielle du mouvement France libre en France combattante, afin d'intégrer la Résistance intérieure[85].

De nombreux facteurs s'opposaient à ce rapprochement de la résistance intérieure et des forces françaises libres. Dans La France de Vichy, Robert O. Paxton remarque qu'en 1940, bien des résistants de gauche refusent de voir un chef convenable dans ce militaire qu'ils croient à tort proche de l'Action française, et qui en 1940, est entouré par des Français libres favorables à un changement de régime. Selon Jean Pierre-Bloch, Christian Pineau, Henri d'Orléans (« comte de Paris ») et même le gaulliste Pierre Lefranc, le ralliement à la République n'aurait d'ailleurs été que tactique. À l'inverse, beaucoup de résistants de droite lui reprochent sa dissidence explicite avec Vichy — à moins qu'ils ne préfèrent, comme Marie-Madeleine Fourcade, n'avoir de relations qu'avec les services secrets britanniques. Le rôle de la radio, qui permet à De Gaulle d'être la voix de la France et son acceptation politique d'un retour à la république permettent à Jean Moulin de le faire reconnaître comme chef par l’essentiel des réseaux, y compris communistes.

Dès 1940, de Gaulle n'a de cesse que soient protégés les intérêts de la France, dans la guerre et après le conflit. Le , il obtient ainsi de Churchill la signature de l'accord des Chequers, par lequel le Royaume-Uni s'engage à sauvegarder l'intégrité de toutes les possessions françaises et à la « restauration intégrale de l'indépendance et de la grandeur de la France ». Le gouvernement britannique s'engage de plus à financer toutes les dépenses de la France libre, mais de Gaulle insiste pour que ces sommes soient des avances remboursables et pas des dons qui jetteraient une ombre, aussi ténue soit-elle, sur l'indépendance de son organisation.

Sikorski, McNaughton, Churchill et de Gaulle en 1941.

Malgré les relations de confiance scellées par traités entre Churchill et de Gaulle, les deux hommes ont des relations parfois tendues, gênées par l'anglophobie que manifestait le Général dans les années 1920 et 1930. Et quand Churchill, à court d'arguments, lance à de Gaulle : « Mais vous n'êtes pas la France ! Vous êtes la France combattante, nous avons consigné tout cela par écrit », de Gaulle réplique immédiatement : « J'agis au nom de la France. Je combats aux côtés de l'Angleterre mais non pour le compte de l'Angleterre. Je parle au nom de la France et je suis responsable devant elle ». Churchill abdique alors en poussant un « J'avais espéré que nous pourrions combattre côte à côte. Mais mes espoirs ont été déçus parce que si vous êtes si combatif que non content de lutter contre l'Allemagne, l'Italie et le Japon, vous voulez aussi combattre l'Angleterre et l'Amérique… ». De Gaulle recadre alors le débat en précisant : « Je prends cela comme une plaisanterie, mais elle n'est pas du meilleur goût. S'il y a un homme dont les Anglais n'ont pas à se plaindre, c'est bien moi ». Ils sont au bord de la rupture en 1941, au sujet de la Syrie, puis en 1942 au sujet de sa convocation à Alger après le débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch).

Les relations avec Franklin Delano Roosevelt sont plus problématiques. Le président américain, personnellement francophile, a été déçu par l'effondrement de la France en 1940 et refroidi à l'égard de De Gaulle par l'échec de son entreprise devant Dakar (fin ). Les antigaullistes français sont nombreux à Washington, par exemple l'ancien secrétaire général du Quai d'Orsay Alexis Léger (Saint-John Perse) qui lui décrit ce général comme un « apprenti dictateur ». Le président est aussi très mal informé sur la situation en France par l'ambassadeur américain à Vichy (jusqu'au mois de ), l'amiral Leahy, lui-même intoxiqué par les pétainistes. Il n'a donc aucune confiance en de Gaulle. Un mot de De Gaulle à Churchill explique en partie l'attitude française face à l'Amérique : « Je suis trop pauvre pour me courber. » De surcroît, au contraire du Général qui mise beaucoup sur l'Empire français, le président américain est profondément hostile au système colonial. Roosevelt projetait de faire de la France un État faible, et le projet d'Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT) allait d'ailleurs très loin dans cette direction, en traitant la France comme un vaincu, plutôt que comme une des puissances victorieuses. La haine de Roosevelt était tellement flamboyante (il considérait de Gaulle au pire comme un futur tyran, au mieux comme un opportuniste) que même ses adjoints finirent par en prendre ombrage, y compris le Secrétaire d'État Cordell Hull qui, finalement, se rangea aux côtés de la France libre et de son chef.

En compagnie de Churchill à Marrakech en 1944.

Jusqu'en 1943, les gouvernements en exil en Angleterre s'étaient contentés de relations de bon voisinage avec les gaullistes. C'est que tous ces gouvernements, qui étaient légaux, s'estimaient installés dans une meilleure position que les gaullistes qui étaient, de fait, des dissidents par rapport au gouvernement Pétain que les Français avaient installé dans des conditions reconnues légales, au début, par les grandes puissances. Cette situation évolua lentement. Mais, en 1943, le gouvernement belge en exil de Hubert Pierlot et Paul-Henri Spaak précipita le mouvement et fut le premier à reconnaître officiellement les « Français Libres » et de Gaulle comme seuls représentants légitimes de la France. Le gouvernement anglais, en l'occurrence Anthony Eden, un proche de Churchill, avait tenté de dissuader les Belges, craignant que leur initiative serve de modèle aux autres gouvernements en exil. Les Américains eux-mêmes intervinrent, croyant pouvoir utiliser les relations commerciales belgo-américaines pour faire pression sur les Belges (notamment quant à leurs commandes d'uranium du Congo belge). Rien n'y fit. Malgré les pressions britanniques et américaines, Spaak fit savoir officiellement que la Belgique considérait dès lors le gouvernement Pétain comme dépourvu de légitimité et le Comité des Français libres, plus tard Gouvernement provisoire de la France, comme seuls habilités à représenter légalement la France[86].

Libération de la France et de ses colonies

Serrant la main du général Giraud, à la demande de Roosevelt (au centre) et de Churchill (à droite), lors de la conférence de Casablanca le .

Malgré son exclusion par Roosevelt du débarquement américano-britannique en Afrique du Nord (opération Torch), et surtout malgré le soutien apporté par les États-Unis à l'amiral François Darlan, puis au général Henri Giraud, de Gaulle réussit à prendre pied à Alger en . Le Comité national français fusionne avec le Commandement en chef français civil et militaire dirigé par Giraud, pour donner naissance au Comité français de Libération nationale (CFLN), dont Giraud et de Gaulle sont coprésidents. Mais en quelques mois, de Gaulle marginalise Giraud au sein du CFLN, avant de l'évincer en à la faveur de la formation d'un nouveau gouvernement, et de s'affirmer comme le seul chef politique des forces françaises alliées[87]. Les Forces françaises libres fusionnent quant à elle avec l'Armée d'Afrique placée sous le commandement de Giraud : l'Armée française de la Libération, composée de 1 300 000 soldats, participe aux combats aux côtés des Alliés. Le à Alger, le CFLN devient le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Après le débarquement de Normandie, le , le général de Gaulle pose le pied en territoire français sur la plage de Courseulles-sur-Mer, en Normandie, le , en descendant du torpilleur La Combattante. Ce même jour, il prononce le premier discours de Bayeux et les Français découvrent alors son imposante silhouette (il mesure 1,93 m).

La fermeté et la rapidité avec lesquelles le général de Gaulle rétablit l'autorité d'un gouvernement national permettent d'éviter la mise en place de l'AMGOT, prévu par les Américains, qui aurait fait de la France libérée un État administré et occupé par les vainqueurs.

Avec le général Charles Mast à Tunis en 1943.

L'itinéraire du au du général de Gaulle n'est pas tout à fait clair ; il comporte des imprécisions et même des incohérences selon les sources. Le , il est à Cherbourg. Il rencontre le général Eisenhower à Tournières. Il passe par Coutances, Avranches, Fougères pour se rendre à Rennes. Le , il se recueille à Paimpont sur la tombe de sa mère. Le , il est à Laval[88], où il prononce un discours type dans la suite du discours de Bayeux. Il passe ensuite à Meslay-du-Maine, Sablé, Le Mans, puis le à La Ferté-Bernard, Nogent-le-Rotrou, Chartres, et arrive enfin à Rambouillet à 18 h.

La 2e division blindée du général Leclerc libère Paris le et celui-ci reçoit la reddition de Von Choltitz. Ce même jour, le général de Gaulle se réinstalle au ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique à Paris, dans le bureau qu'il occupait jusqu'au , signifiant ainsi que « Vichy » était une parenthèse et que la République n'avait jamais cessé d'exister. Puis il se rend à l'Hôtel de ville, où il prononce un discours dans lequel il insiste sur le rôle essentiel joué par les Français pour leur propre libération. Le lendemain, , il descend triomphalement les Champs-Élysées et fleurit la tombe du soldat inconnu. Le « peuple dans ses profondeurs » manifeste un enthousiasme indescriptible[89].

Le GPRF est transféré à Paris. Le , un gouvernement d'unité nationale est constitué, sous la présidence du général de Gaulle. L'Assemblée constituante est ensuite élue en , six mois après la fin de la guerre.

Gouvernement provisoire de la République française

Bien après d'autres pays européens, les femmes françaises obtiennent le droit de vote exercé pour la première fois aux élections municipales de 1945. Pour la professeur d’histoire à l’université d’Angers Christine Bard : « Dans ses mémoires, le droit de vote tient en trois lignes. Il avait des conceptions traditionnelles sur le rôle des femmes, même si cela ne l’a pas empêché d’accepter l’idée de la citoyenneté des femmes, plus aussi subversive qu’au XIXe siècle[90]. »

D'autres réformes figurant dans ce même programme sont entreprises à la Libération : depuis les nationalisations à la mise en place du monopole de l'assurance maladie obligatoire qu'est la sécurité sociale (l'Alsace et la Moselle conserveront le système d'assurance maladie instauré par Bismarck). Elles doivent beaucoup à la SFIO, au Parti communiste et au Mouvement républicain populaire (MRP) qui étaient les forces politiques les plus représentées dans le Conseil national de la Résistance.

Président du Gouvernement provisoire, mais en désaccord avec l'Assemblée constituante sur la conception de l'État et le rôle des partis, de Gaulle remet sa démission sur la question des crédits militaires au président de l'Assemblée nationale, Félix Gouin, le . Il a rempli la mission qu'il s'était donnée le  : libérer le territoire, restaurer la République, organiser des élections libres et démocratiques, entreprendre la modernisation économique et sociale. Durant cette période, il exerça de fait une fonction équivalente à celle de chef de l'État. Le 8 avril 1946, il reçoit une lettre de Félix Gouin lui proposant de « fixer sa situation dans l'Armée » en l'élevant à la dignité de maréchal de France. Il refuse disant qu'il est impossible de « régulariser une situation absolument sans précédent »[91].

Parcours politique pendant la IVe République

Le , de Gaulle expose sa vision de l'organisation politique d'un État démocratique fort à Bayeux, en Normandie, dans un discours resté célèbre ; mais il n’est pas suivi. Il inaugure alors sa fameuse « traversée du désert » jusqu'en 1958, date de son retour au pouvoir.

Fondation du RPF

En 1947, il fonde un mouvement politique, le Rassemblement du peuple français (RPF), afin de transformer la scène politique française, de lutter contre le régime « exclusif » des partis, de s'opposer à l'avancée du communisme et de promouvoir une nouvelle réforme constitutionnelle privilégiant le pouvoir exécutif. Il propose également une troisième voie économique (l'association capital-travail). Le RPF reprend également les thèmes de la droite la plus traditionnelle : ultra-conservatisme colonial (il critique jusqu'à la construction de lycées d'enseignement général à Madagascar), anticommunisme virulent (exploitant les inquiétudes sur l'avancée du communisme dans l'Union française et en Indochine) et même, au moins jusqu'en 1950, la clémence à l'égard de Philippe Pétain. Toutefois, les déclarations du colonel Rémy réhabilitant le rôle du maréchal Pétain seront immédiatement désavouées par le général de Gaulle, mais pas l'initiative de Terrenoire, demandant son amnistie. Il est vrai, comme le rappelle l'historien René Rémond (dans Les Droites en France), que c'est au nom de la réconciliation nationale qu'en 1949 et 1950, le même général de Gaulle plaidait pour l'élargissement du « vieillard de quatre-vingt-quinze ans ».

Le parti rallie des résistants (dont Jacques Chaban-Delmas) mais aussi des notables comme Édouard Frédéric-Dupont ou Edmond Barrachin (qui fut, dans les années 1930, directeur du comité central du Parti social français). D'anciens pétainistes et même d'anciens collaborateurs parviennent à s'y faire admettre, notamment dans les sections d'Indochine et d'Algérie, dans le service d'ordre, dans les rangs des syndicats ouvriers proches du R.P.F. et parmi les maires élus en 1947. Certains polémistes du parti, notamment Jean Nocher, déploient une extrême agressivité verbale. Pour ces raisons, l'historien Henry Rousso (dans Le Syndrome de Vichy) discerne au RPF « des tendances pro-pétainistes, soit qu’elles aient été envoûtées par la magie du verbe maréchaliste, soit qu’elles aient été convaincues de son impact dans l’opinion ». René Rémond (Les Droites en France) préfère rapprocher le RPF de la lignée du bonapartisme et du boulangisme, tout en observant que le RPF est, dans l'histoire du gaullisme, l'épisode le moins éloigné de « ce qu'en France on a l'habitude de qualifier de fascisme ».

Après un grand succès en 1947-1948 (35 % des suffrages aux municipales de 1947, 42 % des sénateurs élus en 1948), le RPF décline de 1949 à 1951. La gestion efficace des événements sociaux de l'automne 1947 par le gouvernement de la troisième force a affaibli le mouvement gaulliste. Le recours à de Gaulle semble alors moins nécessaire pour les conservateurs, les modérés et le patronat. Dans l'opposition, le RPF est frappé d'un véritable ostracisme de la part des autres partis politiques, entretenu par le refus du général de Gaulle de se compromettre avec les autres partis. En 1951, le RPF obtient encore plus de 4 millions de voix (22,3 % des suffrages et 16,8 % des inscrits) et 117 députés.

Le RPF est irrémédiablement affaibli par la défection de vingt-sept députés : ainsi, contre les consignes du Général, Édouard Frédéric-Dupont et Edmond Barrachin votent la confiance au gouvernement d'Antoine Pinay en 1952. En , quarante-cinq autres font défection. Les gaullistes se divisent alors entre les loyalistes, qui fondent l'Union des républicains d'action sociale (URAS), et les autres, qui rejoignent l'Action républicaine et sociale (ARS).

Mise à l'écart du pouvoir

Aux élections locales de 1953, le RPF perd la moitié de ses suffrages. Il entre alors en hibernation. Les élus gaullistes participeront encore avec le PCF à l'échec de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954, avant la mise en sommeil définitive du RPF le .

À la suite de la défaite électorale de son parti, le général de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises et rédige ses Mémoires de guerre. Pour certains observateurs, ce sont les cinq années qui suivent qui constituent sa « traversée du désert » proprement dite (voir ci-dessus).

Retour au pouvoir en 1958

L'instabilité ministérielle, l'impuissance de la IVe République face à la question algérienne, déclenchée par une insurrection le , conduisent le régime à une crise grave. Des responsables politiques de tous bords en viennent à souhaiter le retour du Général.

Le , un comité de vigilance appelle à manifester contre le FLN à Alger. Un comité de salut public est créé, à la tête duquel se trouve le général Massu, et dont fait aussi partie le général Salan. Ce dernier poussé par Léon Delbecque, lance son appel au retour du général de Gaulle « vive de Gaulle » du haut du Gouvernement général, devant la foule le . L'insurrection prend de l'ampleur et risque de dégénérer en guerre civile. Le , le Général se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République[92] ». Certains voient dans cette déclaration un soutien à l'armée et s'inquiètent. Il rassure et insiste sur la nécessité de l'union nationale et s'il se présente encore comme le recours, il ne donne officiellement aucune caution ni à l'armée ni à quiconque. Néanmoins, un plan d'action militaire, baptisé « Résurrection », a déjà été mis en place en cas d'échec des négociations politiques.

Le , le président de la République, René Coty, fait appel au « plus illustre des Français ». Charles de Gaulle accepte de former un gouvernement. Sous pression, l'Assemblée nationale l'investit le , par 329 voix sur 553 votants. Le général de Gaulle devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVe République. Les députés lui accordent la possibilité de gouverner par ordonnance pour une durée de six mois, et l'autorisent à mener à bien la réforme constitutionnelle du pays[93].

La nouvelle Constitution, élaborée au cours de l'été 1958, est très proche des propositions avancées à Bayeux, avec un exécutif fort. Le général de Gaulle accepte cependant que le Parlement ait plus de poids qu'il ne le souhaitait. En particulier, de Gaulle doit renoncer à l'élection du président de la République au suffrage universel (un élément central de son dispositif constitutionnel qu'il finira par imposer en 1962).

La Constitution est adoptée par référendum le , avec 79,2 % de « oui ». L'Empire l'approuve également, sauf la Guinée qui devient ainsi la première colonie française de l'Afrique sub-saharienne à obtenir son indépendance. Charles de Gaulle est élu président de la République le [N 17] : il prend ses fonctions le suivant.

Entre le moment de son entrée en fonctions comme président du Conseil et son élection à la présidence de la République, Charles de Gaulle a largement amorcé la politique qui marquera son passage au pouvoir : outre la volonté de doter la France d'une nouvelle Constitution, le Général se soucie de la politique européenne de la France (rencontre avec le chancelier Adenauer le [N 18]), de l'indépendance du pays face aux États-Unis (mémorandum du adressé au président Eisenhower), de l'assainissement des finances publiques (mesures du ) et du sort de l'Algérie (il refuse les choix des comités de salut public et appelle à la « Paix des Braves » en ).

Crise de l'Algérie

À la suite des échecs de la IVe République en Indochine et en Algérie, une insurrection éclate à Alger et les putschistes civils et militaires organisent un Comité de salut public (en référence à celui de la Révolution française) le pour maintenir l'Algérie française. Ils en appellent au retour du général de Gaulle. L'antenne d'Alger mise en place par le ministre de la Défense Jacques Chaban-Delmas dès 1957, dirigée par Lucien Neuwirth et Léon Delbecque, a influencé les partisans de l'Algérie dans la République française. Comme l'a rapporté Olivier Guichard dans Avec de Gaulle (voir bibliographie), l'antenne d'Alger faisait surtout de la transmission : le travail d'influence était supervisé par les deux plus proches collaborateurs du général de Gaulle, Guichard lui-même et, pour les militaires, Jacques Foccart.

Mise en place des réseaux français en Afrique

C'est sous l'autorité de De Gaulle que les réseaux de ce que l'on appellera plus tard la Françafrique furent mis en place[94]. À la tête d'une partie de son cabinet, issue de l'éphémère Communauté française, Jacques Foccart maintient des liens étroits, non seulement de coopération, mais souvent de contrôle, avec les nouveaux pouvoirs des États africains ayant accédé à l'indépendance, notamment au moyen d'accords de coopération militaire et financiers mais aussi par l'action des services secrets. L'expression de « pré carré » est alors courante, et ces liens politiques et économiques assurent un soutien diplomatique dans la stratégie d'entre deux blocs de De Gaulle.

Président de la Ve République

En , les gaullistes remportent les élections législatives et obtiennent une confortable majorité. Le suivant, de Gaulle est élu président de la République et de la Communauté africaine et malgache avec 78,51 % des voix, au suffrage indirect, par un collège de plus de 80 000 grands électeurs[95].

Charles de Gaulle prend ses fonctions de président de la République le , succédant ainsi à René Coty. Il engage de difficiles mesures pour revitaliser le pays, avec en particulier une dévaluation de 29 % et l'introduction du nouveau franc (valant 100 anciens francs), qui fait revenir les centimes disparus depuis 1945.

Sur la scène internationale, refusant la domination des États-Unis comme de l'URSS, il défend une France indépendante, disposant de la force de frappe nucléaire. Il met en place également les débuts du programme spatial français. En tant que membre fondateur de la Communauté économique européenne (CEE), il pose son veto à l'entrée du Royaume-Uni.

Le , dans le stade olympique de Grenoble, il devient le second président français à ouvrir une cérémonie olympique, à l'occasion des Xe jeux olympiques d'hiver[96].

Quatre années de conflit en Algérie

En ce qui concerne la guerre d'Algérie, de Gaulle suscita d’abord de grands espoirs parmi les Français d’Algérie, auxquels il déclara à Alger le  : « Je vous ai compris ». Ce jour-là, il se garda de rien leur promettre de précis, lors de ce discours, et ne reprit ni leur mot d'ordre d'« intégration » ni leur slogan « Algérie française ». Il proclame que « à partir d'aujourd'hui, la France considère que, dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie d'habitants : il n'y a que des Français à part entière ». Ce n'est qu'à Mostaganem, le , qu'il prononça les mots : « Vive l'Algérie française[97] », exception davantage révélatrice d'un désaccord que d'une adhésion, pour René Rémond[98].

Mais il adopta aussi quelques mesures libérales en direction des insurgés algériens : « paix des braves » proposée au FLN en , grâces accordées à plusieurs rebelles dont Yacef Saâdi, condamné à mort comme ancien dirigeant du FLN pendant la bataille d'Alger, interdiction officielle formelle des actes de torture. C'est également sous de Gaulle que les femmes musulmanes d'Algérie obtinrent le droit de vote, que l'on vit les musulmans pouvoir enfin voter à égalité avec les Européens (de ce fait, dès avant l'indépendance en 1962, une majorité des maires d'Algérie sont eux-mêmes des musulmans), ou que fut nommé le premier préfet musulman d'Algérie (Mahdi Belhaddad à Constantine). De Gaulle annonça en personne la mise en œuvre du plan de Constantine, dans cette ville, en  : ce plan prévoyait, sur cinq ans, la redistribution de 250 000 ha de terres, la construction de 200 000 logements et la création de 400 000 emplois[99].

Il laissa son Premier ministre, Michel Debré, vilipender comme « manœuvre communiste » le rapport accablant établi par le jeune Michel Rocard, et qui dénonçait l'entassement inhumain de deux millions de personnes civiles dans des « camps de regroupement ». Dès 1959, de Gaulle en revint aussi à une solution classique de répression militaire. À l'été 1959, l'opération « Jumelles », dite plan Challe, porta au FLN ses coups les plus rudes à travers tout le pays. Certes, de Gaulle réalisa rapidement qu'il n'était pas possible de résoudre le conflit par une simple victoire militaire, et à l'automne 1959 il commença à s'orienter vers une solution conduisant inéluctablement à l'indépendance de l'Algérie. Mais jusqu'à l'hiver 1961/62, il choisit tout de même de poursuivre la guerre, au prix de nombreuses victimes et, selon l'historien Rémi Kauffer, d'un accroissement de l'usage de la torture. Jusqu'à la fin de 1961, la lutte contre le FLN est menée avec autant de vigueur, et même davantage, qu'avant. Selon Constantin Melnik, conseiller spécial de Michel Debré chargé de coordonner les services secrets, il y eut environ 500 assassinats politiques entre 1958 et 1961.

Il reste difficile de savoir quand de Gaulle comprit que l'indépendance était la seule solution pour sortir d'un conflit coûteux en hommes, en argent et en prestige international. D'autant plus qu'il perd le soutien de proches et d'anciens combattants luttant pour l'Algérie française. Édouard Lebas, à cet effet, écrit le dans Combat : « Nous vivons depuis sur la plus grande duperie de l'histoire et depuis sur la plus grande imposture. La cause du mal c'est la volonté tenace, bien que supérieurement camouflée, du Général de Gaulle. Il faut donc dénoncer à la masse, sans subterfuges et sans faux-fuyants, le responsable du mal dont meurent la République et la Liberté »[100]. En 1961, de Gaulle fit encore rédiger par Alain Peyrefitte un plan de partition de l'Algérie, sans doute en fait pour faire pression sur le FLN. Au même Alain Peyrefitte, il expliquait dès 1959 que « l'intégration » de l'Algérie à la France, défendue par les partisans de l'Algérie française, était une utopie : deux pays culturellement si éloignés et présentant un tel écart de niveau de vie n'avaient pas vocation à en former un seul. Sans compter qu'au vu de l'accroissement démographique des musulmans, ce serait ouvrir la porte à leur immigration massive en métropole, dépassant de fort loin la simple venue traditionnelle de populations étrangères appelées à se fondre dans le creuset français: « Mon village deviendrait Colombey-les-Deux-Mosquées ! »[101].

Dès le , de Gaulle parle de « l'autodétermination » de l'Algérie. En , le limogeage du général Jacques Massu, qui avait critiqué sa politique, provoque la rupture avec les Français d'Algérie et l'érection de barricades au centre d'Alger. Malgré ce climat insurrectionnel, de Gaulle abroge définitivement, par une ordonnance du , la peine de déportation[102]. En , un référendum valide cependant massivement sa politique des deux côtés de la Méditerranée.

Avec l'armée de conscription, il fait échec au putsch des généraux à Alger en . Quatre jours suffisent à mettre en déroute le « quarteron de généraux à la retraite » stigmatisés dans un de ses plus célèbres discours. Cette attitude provoqua de fortes résistances dans certains groupes nationalistes et de Gaulle fut obligé de réprimer des soulèvements de pieds-noirs en Algérie.

Il est la cible d'organisations terroristes telles que l'Organisation armée secrète (OAS), qui le surnomme « la Grande Zohra ». La métropole devient alors l'objet de plusieurs vagues d'attentats commis par l'OAS. L'amiral Pierre Lacoste, ancien directeur de la DGSE, déclare plus tard en 1992 dans un interview au journal The Nation que certains éléments du réseau Gladio étaient impliqués dans des activités terroristes contre le général de Gaulle et sa politique en Algérie[103],[104],[105].

Dans la nuit du au , une manifestation, interdite par les autorités françaises, est organisée par le FLN. Les manifestants protestent contre le couvre-feu imposé en métropole aux ressortissants d'Afrique du Nord. Cette manifestation est férocement réprimée. Le préfet de police Maurice Papon couvre ses policiers et le gouvernement l'ensemble de ses fonctionnaires. Selon le rapport de l'avocat général Jean Geromini, remis le , il y aurait eu au moins 48 noyés pendant la nuit du 17 au 18 octobre, sans compter les personnes mortes des suites de leurs blessures ou de leurs conditions d'internement. Selon l'historien et éditorialiste Alain-Gérard Slama et Linda Amiri (laquelle a dépouillé les archives de la préfecture de police), le chiffre total est de l'ordre d'une centaine de victimes (L. Amiri compte 100 morts certains et 31 disparus). Les propos tenus par de Gaulle en conseil des ministres quelques jours après le drame sont connus grâce aux notes prises par son ministre Louis Terrenoire, et publiées par Éric Rossel.

Quelques mois plus tard, lors d'une manifestation interdite le , huit manifestants sont tués par les forces de police au métro Charonne et un autre meurt ensuite à l'hôpital. Selon l'historien Jean-Paul Brunet, Charles de Gaulle est « tout autant responsable de cette tragédie que le ministre de l'Intérieur Roger Frey, le préfet de police Maurice Papon, et toute la hiérarchie policière ». Une des raisons est, explique J.-P. Brunet, « l'autoritarisme » du Général. Selon l'historien Alain Dewerpe, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, le massacre de Charonne n'est qu'une conséquence logique des « habitus de pouvoir » de De Gaulle et des gaullistes, dans la situation de la guerre d'Algérie.

Quant à l'organisation terroriste OAS, elle est réprimée par des moyens impitoyables : exécutions sommaires, tortures, polices parallèles, lesquelles n'hésitent pas à recruter des truands, comme Georges Boucheseiche et Jean Augé. La Cour de sûreté de l'État est créée en pour en condamner les chefs, lesquels sont amnistiés quelques années plus tard (la Cour continue ensuite de juger des terroristes, jusqu'à sa suppression, en ). En 1962, à la suite des accords d'Évian, un cessez-le-feu est proclamé en Algérie. Le général de Gaulle fait adopter par référendum l'indépendance de l'Algérie, effective en [106].

Très irrité par le ralliement massif des Pieds-Noirs à l'OAS, à l'heure où celle-ci lance une vague de terreur et de terre brûlée en Algérie, de Gaulle n'a aucun mot de compassion ni en public ni en privé pour le sort du million de Français rapatriés d'Algérie en à la suite de la non-application des accords d'Évian par la partie algérienne.

Le lendemain de la signature des accords d'Évian, les supplétifs de l'armée française, les harkis, sont désarmés par la France, et abandonnés sur place. Le gouvernement s'oppose au rapatriement de la majorité d'entre eux, et fait interdiction aux officiers de l'armée de les aider à gagner la France, hors du cadre d'un plan de rapatriement général. Le , en Conseil des ministres, alors que les massacres de pieds-noirs et harkis ont commencé, Charles de Gaulle s'oppose au repli des harkis en France[107]. Par la suite, plusieurs dizaines de milliers sont torturés et massacrés[108].

En , le Premier ministre Michel Debré est remplacé par Georges Pompidou, et, en de la même année, de Gaulle propose d'amender la Constitution afin de permettre au président d'être élu au suffrage universel direct, dans le but de renforcer sa légitimité à gouverner directement. La réforme de la Constitution, malgré l'opposition du Parlement, de la totalité de la gauche et d'une bonne partie de la droite, est aisément acceptée lors du référendum du avec 62,25 % de « oui ».

En , l'Assemblée nationale vote une motion de censure contre le gouvernement Pompidou, mais le Général refuse la démission que lui présente le Premier ministre et choisit de dissoudre l'Assemblée. Les nouvelles élections renforcent la majorité parlementaire gaulliste.

Opposition armée

Attentat du Petit-Clamart

Un polytechnicien ingénieur de l'armement nommé Jean Bastien-Thiry, âgé de 35 ans, considère la politique algérienne du général de Gaulle comme une politique d'abandon et de trahison. Il conçoit donc, avec l'aide de personnes partageant son point de vue et appartenant à l'Organisation armée secrète (OAS), d'enlever de Gaulle, voire, si ce rapt se révèle impossible, de l’abattre. Un attentat est ainsi organisé au rond-point du Petit-Clamart le . Il échoue, bien que la DS présidentielle montre ensuite, parmi les impacts (environ 150 balles tirées), une trace de balle passée latéralement à quelques centimètres des visages du couple présidentiel.

Dans la déclaration qu'il fait lors de l'ouverture de son procès en , Bastien-Thiry développe les motivations du complot basé essentiellement sur la politique algérienne du général de Gaulle. Il est condamné à mort le . Parce qu'il avait fait tirer sur une voiture occupée par une femme et parce que, contrairement aux autres membres du commando, il n'avait pas pris de risques directs, Bastien-Thiry n'est pas gracié par le général de Gaulle, comme l'ont été les autres membres du commando (tout comme d'ailleurs les autres membres de l'OAS, qui ont été pris). Une semaine après la fin de son procès, Bastien-Thiry est fusillé au fort d'Ivry.

En 1968, une première amnistie permet aux derniers responsables de l'OAS, aux centaines de partisans de l'Algérie française encore détenus, et à d'autres, exilés, comme Georges Bidault ou Jacques Soustelle, de rentrer en France. D'anciens activistes de l'Algérie française se rallient alors au gaullisme, en adhérant au SAC ou aux comités de défense de la République (CDR). De Gaulle déclare à Jacques Foccart le  : « Il faut que nous allions vers une certaine réconciliation. » Les autres condamnations pénales sont effacées par les lois d'amnistie de 1974 et 1987.

Autres attentats

L'attentat du Petit-Clamart est celui qui a été le plus près de réussir. De nombreux autres attentats ont été organisés contre la personne du Général, parmi lesquels :

  • le , une bombe commandée à distance est enterrée sur la route de Colombey, à Pont-sur-Seine, mais la DS présidentielle conduite par le gendarme Francis Marroux n'est pas endommagée[109] ;
  • le , de Gaulle doit être abattu sur le perron de l'Élysée par un tireur posté près de l'Élysée[110] ;
  • le , de Gaulle est en visite au mont Faron, près de Toulon ; une jarre est piégée de huit pains de TNT mis à feu à distance, mais ceux-ci n'explosent pas, le déclencheur étant trop faible[111].

Le thème d'un attentat imaginaire contre le général de Gaulle faisant suite à celui du Petit-Clamart a été exploité dans le film Chacal (1973) tiré du roman de même nom de Frederick Forsyth.

Élection présidentielle de 1965

Résultats (par département) de l'élection présidentielle de 1965.
De Gaulle en compagnie du chancelier allemand, Konrad Adenauer (1963).

Durant la campagne de l'élection présidentielle de 1965, ses adversaires lui reprochent en particulier son « nationalisme ». La télévision, pour la première fois dans l'Histoire, joue un rôle très important dans une campagne ; malgré son refus de « jaspiner » dans « les étranges lucarnes », le Général se plie à cette nouvelle mode entre les deux tours. On note aussi l'apparition des sondages, qui mettent en évidence la baisse des intentions de vote en sa faveur avant le premier tour[112].

Lors du premier tour, il arrive en tête avec 44,65 % des suffrages, devant notamment le candidat de la gauche, François Mitterrand (31,72 %), et Jean Lecanuet (15,57 %). Il est réélu président de la République le , avec 13 083 699 voix, soit 55,20 % des suffrages exprimés.

Politique étrangère

Témoignage de la réconciliation franco-allemande, devant le parvis de la cathédrale de Reims, fait en 1962.

De Gaulle dut attendre la fin du conflit en Algérie pour lancer réellement sa politique étrangère. En effet, le « boulet algérien »[113] réduisait considérablement la marge de manœuvre française et, d'une façon ou d'une autre, il fallait avant toute chose mettre un terme à ce conflit. La politique de « l'indépendance nationale » est alors pleinement mise en application.

Sur le plan international, de Gaulle continua à promouvoir l'indépendance de la France : il refusa à deux reprises (en 1963 et en 1967) l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE[114] ; il condamna dès 1964 l'aide militaire apportée par les États-Unis à la République du Viêt Nam (dite Viêt Nam du Sud) contre la rébellion communiste menée par le Viêt Cong (guérilla soutenue par le Nord-Viêt Nam), ainsi que la riposte israélienne au blocus du détroit de Tiran par l'Égypte, lors de la guerre des Six Jours en 1967. Il prit l'une de ses décisions les plus spectaculaires en 1966, lorsque la France se retira du commandement militaire intégré de l'OTAN, expulsant les bases américaines de son territoire.

En ce qui concerne l'Europe, de Gaulle était partisan d'une « Europe des nations » et des États, qui peuvent seuls répondre des nations, celles-ci devant conserver leur pleine souveraineté et leur personnalité historique et culturelle : « Si vous voulez que des nations s'unissent, ne cherchez pas à les intégrer comme on intègre des marrons dans une purée de marrons. Il faut amener leurs gouvernants légitimes à se concerter, et un jour, à se confédérer, c'est-à-dire à mettre en commun certaines compétences, tout en restant indépendants pour tout le reste[115] » ; de Gaulle était franchement hostile à l'idée d'une Europe supranationale, c'est-à-dire celle prônée par Jean Monnet, une Europe avec un gouvernement fédéral composé des actuelles commissions, qui surplomberait des gouvernements provinciaux, lesquels ne s'occuperaient plus que des questions secondaires ; en 1962, le terme volapük[N 19] qu'il employa pour parler de la coopération européenne entraîna le départ du gouvernement des cinq ministres MRP.

C'est l'Europe qui fixe le cadre de son ambition, une Europe qui va même « de l'Atlantique à l'Oural », gommant d'un trait le provisoire rideau de fer. En effet, le pivot de la politique étrangère française est le rapprochement avec l'autre poids lourd du continent, l'Allemagne. Ainsi, de Gaulle tourne le dos aux « Anglo-Saxons ».

On pourrait en effet s'étonner de l'intransigeance gaullienne vis-à-vis du Royaume-Uni, tout particulièrement. Pour de Gaulle, comme pour Churchill d'ailleurs, le Royaume-Uni n'avait fait que son devoir en 1940, et il n'existait pas de « dette » française envers Londres liée à la Seconde Guerre mondiale. De Gaulle désapprouvait les relations privilégiées rapprochant le Royaume-Uni des États-Unis depuis la guerre, ainsi que la préférence économique impériale qui jouait entre celle-ci et les États du Commonwealth, rendant ainsi difficile son admission au sein de l'Europe. Aussi l'entrée d'un tel « cheval de Troie américain » au sein de l'Europe lui paraissait-elle non souhaitable. Les Britanniques attendront donc 1973 avant de rejoindre la communauté économique européenne (CEE).

Effigies de De Gaulle et Hô Chi Minh suspendues lors du « Jour national de la honte », à Saïgon, en .

La position de De Gaulle face au monde communiste était sans ambiguïté : il était totalement anticommuniste. Il prône la normalisation des relations avec ces régimes « transitoires » aux yeux de l'Histoire de façon à jouer le rôle de pivot entre les deux blocs. La reconnaissance de la République populaire de Chine dès le va dans ce sens. De même sa visite officielle en République populaire de Pologne (6-) fut un geste qui montrait que le président français considérait le peuple polonais dans son ancrage historique. La question allemande, et donc le tracé de la frontière occidentale de la Pologne, ont joué un grand rôle dans les discussions officielles. Malgré la domination exercée alors par l'URSS, de Gaulle fut accueilli spontanément par des foules enthousiastes. Il misait, comme il l'a dit devant la diète (Assemblée nationale) polonaise, sur un futur où la Pologne recouvrerait sa place d'État indépendant. Il s'agissait une fois de plus de son projet d'Europe continentale élargie[116]. Durant la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle avait soutenu le mouvement royaliste tchetnik de Draza Mihailovic, dont il était un admirateur[117]. Tito, l'un des leaders des non-alignés, ne le lui pardonnera jamais et soutiendra fortement l'indépendance algérienne avec des livraisons massives d'armes au FLN via la Tunisie.

Pays visités par le général de Gaulle pendant sa présidence.

Les relations entre de Gaulle et les États-Unis sont assurément les plus épicées. Malgré quelques tensions vives, de Gaulle sera toujours au rendez-vous en cas de vrai coup dur : Berlin ou Cuba, notamment. En revanche, dès que les Américains entament le processus d'escalade, de Gaulle prend publiquement ses distances, notamment par son discours du à Phnom Penh vilipendant l'attitude américaine au Viêt Nam, théâtre d'opération que la France connaissait fort bien[118].

La notion gaullienne d'« une certaine idée de la France » se manifeste surtout en politique étrangère. De Gaulle puise une force dans sa connaissance de l'Histoire de France, qu'il a d'ailleurs enseignée à Saint-Cyr. Selon lui, le poids de cette Histoire donne à la France une position particulière dans le concert des nations. Convaincu que les relations internationales reposent avant tout sur les réalités nationales et les rapports entre États, il surnomme l'ONU « le machin » et refuse que la France participe au financement des opérations menées par les « casques bleus » contre la sécession katangaise au Congo ex-belge. Passablement irrité par l'attitude du Nigeria lors de l'explosion de Gerboise bleue[119], le troisième essai nucléaire français, en 1960, et souhaitant le « morcellement » de ce pays, comme il le raconte à son conseiller aux affaires africaines, Jacques Foccart[119], de Gaulle soutient la sécession du Biafra en 1967-68, qui fait un à deux millions de morts[119].

En Afrique francophone, il ne prend pas position face aux coups d'État qui se succèdent, mais apporte son soutien aux régimes en place quand il le juge nécessaire, faisant intervenir les troupes françaises au Gabon (1964) et au Tchad (1968).

Force de frappe

Convaincu de l'importance stratégique de l'arme nucléaire, de Gaulle poursuit le développement de celle-ci, sous la protestation de l'opposition qui n'y voyait qu'une « bombinette ». La réponse de De Gaulle sera : « Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu'il y eût 800 millions de Français »[120],[121].

Le rôle des États-Unis dans cette affaire paraît étrange. Kennedy proposa à de Gaulle de lui donner des missiles Polaris, comme il l'avait fait avec le Royaume-Uni (accords de Nassau). Mais de Gaulle refusa, déclarant qu'il voulait que la France se bâtisse elle-même une armée. La question nucléaire empoisonna les relations franco-américaines durant toutes les années 1960. Il fallut attendre Richard Nixon pour trouver un premier président américain clairement « gaullien ». Nixon contourna d'abord les contraignantes législations américaines dans le domaine nucléaire avant d'ouvrir officiellement la voie de la collaboration nucléaire franco-américaine. Le gros du travail était déjà fait et les « bombinettes » françaises déjà fort efficaces.

Conversion des dollars

Sur la recommandation de l'économiste Jacques Rueff qui voyait la conquête de l'espace et le conflit vietnamien déséquilibrer la balance des paiements des États-Unis, de Gaulle réclama à ces derniers la contrepartie en or d'une forte proportion des dollars détenus par la France. L'opération était légale, car le dollar était défini officiellement comme correspondant à 1/35 d'once d'or. Règlements internationaux obligent, les États-Unis durent obtempérer et de Gaulle fit procéder par la Marine nationale au rapatriement de la part de l'or de la Banque de France déposé à New York auprès de la Banque fédérale de réserve[122]. En 1971, les États-Unis mettront fin à la parité pour faire « flotter » le dollar. À la suite des chocs pétroliers de 1973 et de 1979, les cours de l'or s’envoleront : le conseil de Jacques Rueff était judicieux à long terme.

Conscient du danger que présente l'hégémonie du dollar pour le système monétaire international et l'économie mondiale d'une manière générale, hégémonie du dollar « qui entraîne les Américains à s'endetter, et à s'endetter gratuitement vis-à-vis de l'étranger, car ce qu'ils lui doivent, ils le paient [...] avec des dollars qu'il ne tient qu'à eux d'émettre », de Gaulle est partisan d'un retour à l'étalon-or[123]

Le « Québec libre »

Lors d'une visite d'État au Canada en 1967 afin, officiellement, de prendre part aux festivités entourant l'expo 67 comme l'y avait invité le Premier ministre québécois Daniel Johnson, de Gaulle provoqua l'indignation des autorités fédérales canadiennes, lorsqu'à Montréal, devant une foule de plus de 100 000 Québécois, il ponctua son discours d'un retentissant : « Vive Montréal, vive le Québec… vive le Québec libre ! », salué par une ovation générale. Cela déclencha une crise avec le gouvernement canadien. À la suite du discours de De Gaulle, qui contenait un certain nombre de clins d'œil, le Premier ministre canadien, Lester B. Pearson répliqua sèchement à de Gaulle dans un discours livré le lendemain, déclarant que « les Canadiens n'ont pas besoin d'être libérés », et faisant savoir très clairement que de Gaulle n'était plus le bienvenu au Canada. Il repartit séance tenante pour la France, délaissant le croiseur qui l'avait amené, le Colbert. Le but de De Gaulle n'était pas de provoquer un « scandale » entre le Québec et le gouvernement fédéral canadien, mais plutôt de regonfler les « Français du Canada » face aux voisins Anglo-Saxons. Il déclara d'ailleurs dans la foulée de cette visite au Québec, « je leur ai fait gagner 30 ans ».

Dans la perspective de la Seconde Guerre mondiale, cette déclaration fut ressentie comme injuste par les Canadiens anglophones qui avaient soutenu la France libre, alors que les Québécois francophones, soucieux de l'indépendance du Canada vis-à-vis du Royaume-Uni, étaient moins enthousiastes pour participer à l'effort de guerre. Des envoyés de la France libre, Élisabeth de Miribel et le capitaine de vaisseau Georges Thierry d'Argenlieu - dont le titre de supérieur majeur de la province des Carmes de Paris était censé lui valoir le respect des catholiques - tentèrent en 1941 de rallier les Canadiens à la cause du général de Gaulle.

Les réactions furent non seulement diplomatiques, mais aussi populaires. Par exemple, les habitants du boulevard de Gaulle, à Ottawa, obtinrent de la ville en que leur rue soit rebaptisée boulevard Confédération, une décision qui ne fit toutefois pas l'unanimité[124],[125].

Le gouvernement d'Ottawa dut dès cette époque traiter avec une attention particulière les revendications du Québec qui, fort de cet encouragement qui laissait présager un soutien fort de la France si besoin, commença à parler de faire sécession.

De plus, lors de la conférence de presse du 27 novembre 1967 à l'Élysée, Charles de Gaulle justifia une fois de plus son geste d'éclat par un discours engagé, ponctué par un solennel « allons, allons, pour eux aussi, pour eux surtout, il faut que la France soit la France[126] ! ».

Cette déclaration était cohérente avec la pensée du général de Gaulle qui, déclaré à Alain Peyrefitte en  : « L'avenir du Canada français, c'est l'indépendance. Il y aura une République française du Canada ». Selon Alain Peyrefitte, « sans préjuger de la forme que la souveraineté québécoise devait revêtir, de Gaulle, avec ce sens historique qui valut à la France son salut, s'en vint donc à Montréal, en , exhorter les Canadiens français à préserver leur identité française dont, sous Louis XV, l'indifférence des élites françaises avait fait si légèrement bon marché. « Vive le Québec libre » ne fut pas plus improvisé que l'appel du . L'appel à la liberté, lancé le , n'eut rien de fortuit[127]. »

Mai 68

Outre la réforme financière de 1958, la France bénéficie des « Trente Glorieuses » et de la croissance amorcée sous la IVe République. Les structures économiques sont modernisées, le niveau de vie s'accroît. Mais la croissance profite inégalement à tous, et un certain désenchantement apparaît face au blocage de la société. Les événements de Mai 1968 en sont le révélateur. Comme dans de nombreux pays, la contestation des étudiants se développe à partir de . Les syndicats et les partis politiques de gauche profitent des manifestations étudiantes pour lancer une grève générale qui sera suivie par les ouvriers. Cette grève générale paralyse le pouvoir pendant le mois de mai.

De l'avis de ses propres partisans, de Gaulle a été complètement surpris par une crise qu'il ne prévoit pas et ne comprend pas. Indifférent aux revendications étudiantes et à la « crise de civilisation[128] » qu'elles révèlent, il ne voit là au mieux qu'un gigantesque chahut de jeunes qui ne veulent pas passer leurs examens, au pire une contestation de l'autorité de l'État à faire cesser sur-le-champ. Dans les premiers jours de mai, ses seules consignes sont de réprimer brutalement les manifestations étudiantes, contre l'avis de plusieurs de ses ministres qui conseillent l'apaisement.

Après la nuit des barricades du 10 mai au , de Gaulle, sceptique, laisse toutefois son Premier ministre Georges Pompidou, rentré d'un voyage en Iran et en Afghanistan[129], mener une nouvelle politique d'apaisement. Pompidou, qui a dû mettre sa démission dans la balance, veut éviter désormais les heurts, et parie sur l'essoufflement à terme du mouvement.

Du au , de Gaulle part en Roumanie. Or, en son absence, la grève générale se développe et des millions de grévistes paralysent la France, tandis que la Sorbonne et l'Odéon sont occupés sans réaction de la police. Seul aux commandes de l'État et de la majorité parlementaire, Pompidou paraît entre-temps devenu le vrai chef du pays.

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« La Chienlit c'est lui ! », affiche de l'Atelier des Beaux-Arts, .

À son retour anticipé de Roumanie le 18 au soir, de Gaulle déçoit jusqu'à des fidèles inconditionnels en apparaissant dépassé et flottant, sans cette vivacité et cette efficacité de réaction qui le caractérisent d'habitude. Il semble écartelé entre la prudence pompidolienne et la fermeté qu'il prêche lui-même. Il attend le 24 au soir pour parler en public, et pour n'annoncer des mesures déjà éventées depuis plusieurs jours, qui ne répondent à aucune préoccupation de l'heure. « J'ai mis à côté », confesse-t-il aussitôt après avoir visionné son allocution. Le Général expose, dans cette allocution, qu'il entend que l'État doit rétablir l'ordre, maintenir la République. « La rue, c'est le désordre, la menace du totalitarisme, “la chienlit” »[130]. Le soir même, de violents incidents éclatent à Paris, on relèvera des centaines de blessés et plusieurs barricades érigées[réf. nécessaire].

Le 26 mai, les accords de Grenelle passés entre le gouvernement Pompidou, les représentants des syndicats et du patronat aboutissent à un train de mesures classiques. De Gaulle préside le Conseil des ministres qui ratifie aussitôt les accords, mais à la surprise de Pompidou et des chefs syndicaux, la base rejette les avancées de Grenelle, estimant que c'est la société entière qui est en cause. Les grèves continuent. Le 27, une manifestation au stade Charléty lance l'idée d'un gouvernement provisoire. Le jour même, François Mitterrand reprend cette solution et annonce sa candidature à la présidence de la République. La crise politique atteint son sommet.

La disparition soudaine et inexpliquée du chef de l'État, parti avec son épouse en hélicoptère le 29 mai pour une destination inconnue, provoque la stupeur et ouvre la voie à toutes les supputations. Il passe par Baden-Baden, où il est reçu par le général Massu[131]. Dès son retour à Paris le lendemain, son allocution radiodiffusée a le ton de la fermeté. Il y annonce la dissolution de l'Assemblée nationale. Elle est suivie d'une immense manifestation organisée par les gaullistes sur les Champs-Élysées[132]

De Gaulle était prêt à accepter certaines des revendications des manifestants. Il voulut faire approuver les réformes par référendum mais Georges Pompidou, en mettant sa démission dans la balance, le persuada de plutôt dissoudre l'Assemblée nationale. De Gaulle l'annonça le , dans un discours radiodiffusé, comme l'appel du 18 Juin ou l'intervention de 1960 pendant les barricades d'Alger. Les phrases étaient courtes, chacune ou presque annonçait une décision :

  • « Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j'ai envisagé, depuis vingt-quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir » ;
  • « J'ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. » ;
  • « Je ne changerai pas le Premier ministre, qui mérite l'hommage de tous. » ;
  • « Je dissous aujourd'hui l'Assemblée nationale » ;
  • « Je charge les préfets, devenus ou redevenus Commissaires de la République, d'empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux » ;
  • « Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu'on entende bâillonner le peuple français tout entier, en l'empêchant de s'exprimer en même temps qu'on l'empêche de vivre, par les mêmes moyens qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue date en conséquence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s'il a déjà des rivaux à cet égard ». De Gaulle opposait ainsi le Parti communiste français aux groupes maoïstes, alors que le premier semblait déjà bien dépassé par les événements. En clouant le PCF au pilori et lui prêtant une visée subversive délibérée, de Gaulle rompt avec la stratégie de Pompidou, qui n'a cessé de négocier avec le Parti au long du mois.

La fin du discours mentionne au sujet d'une déclaration antérieure, et sans la citer, « l'ambition et la haine de politiciens au rancart » et affirme qu'après avoir été utilisés « ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids, qui ne serait pas lourd ». Mais le Général néglige les 44,5 % des voix qui se sont portées en 1965 sur Mitterrand au second tour de la présidentielle, ou encore le simple siège de sa majorité aux élections législatives de 1967.

Une manifestation fut organisée et fut créditée d'un million de participants selon les organisateurs, sept cent mille selon la préfecture de police. Les élections de furent un grand succès pour la droite qui obtient 354 des 487 sièges (du jamais vu dans l'histoire du parlementarisme français). Georges Pompidou fut remplacé par Maurice Couve de Murville au mois de .

La campagne des législatives occupa les forces politiques, tandis que la reprise du travail se faisait progressivement. La reprise en main, autoritaire, se fait parfois sans ménagement. Des Comités d'action civique, répondant à l'appel de De Gaulle, se constituent pour dresser des listes noires de grévistes et d'agitateurs notoires, et la police même renoue avec la brutalité des premiers jours de (quatre morts à déplorer en ). Cependant, de Gaulle bénéficie de la lassitude d'une opinion qui après avoir manifesté jusque fin sa sympathie majoritaire pour les révoltés, commence à se fatiguer de l'absence de perspectives du mouvement[réf. nécessaire].

Les élections n'ont pourtant pas assez redynamisé le pouvoir. L'Assemblée nationale, plus à droite, est aussi plus frileuse face aux réformes pourtant nécessaires (participation, régionalisation, réforme de l'Université…). L'éviction du vrai vainqueur de la crise, Pompidou, a été mal comprise, et ce dernier fait désormais figure de recours et de successeur potentiel. De Gaulle n'est plus irremplaçable.

Référendum du 27 avril 1969

Le , de Gaulle avec Nixon, président des États-Unis. En arrière-plan de gauche à droite : Haldeman, Ehrlichman, Kissinger[N 20] (conseillers de Nixon) et le secrétaire d’État Rogers.

Dans un référendum portant sur le transfert de certains pouvoirs aux régions et la fusion du Sénat avec le Conseil économique et social[133], de Gaulle proposait d'introduire des représentants des organisations professionnelles et syndicales au sein des conseils régionaux. Mettant tout son poids dans le référendum, il annonça à l'avance son intention de démissionner en cas de victoire du « non ». Celui-ci, auquel s'était rallié Valéry Giscard d'Estaing, l'emporta par 52,41 % le . Quelques minutes après minuit, le , un communiqué laconique tombe de Colombey : « Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi. »[134].

L'après-pouvoir

Ce communiqué est le dernier acte public de « l'homme du 18 Juin » : pour éviter d'être impliqué dans sa propre succession, il passe le temps de la campagne en Irlande où il arrive le pour un séjour d'un mois. Treize jours à Sneem puis à Cashel où il vote par procuration ; ensuite il s'enferme à La Boisserie pour y écrire ses Mémoires d'espoir qui prendront la suite des Mémoires de guerre ; il y mène une existence retirée voire recluse.

Il effectue un voyage en Espagne, durant lequel il fait une visite de courtoisie au général Franco[N 21], déclarant regretter n’avoir pu le rencontrer plus tôt du fait des circonstances internationales. Même si de Gaulle n'exerçait plus alors de charge publique, qu'un homme de son prestige aille conférer aimablement avec le dictateur espagnol suscita de nombreuses critiques parmi ses détracteurs.

Mort

Le , comme à l'accoutumée, le Général entame une partie de patience dans la bibliothèque de la Boisserie. À 19 h 2, il est pris d'un malaise causé par une rupture d'anévrisme[N 22] et meurt environ vingt minutes plus tard, avant même l'arrivée de son médecin le docteur Lacheny (venu de Bar-sur-Aube) et du curé de Colombey, l'abbé Claude Jaugey. La nouvelle n'est communiquée que le lendemain par une allocution télévisée du président de la République Georges Pompidou qui déclare que « la France est veuve[135],[136] ».

Sa tombe à Colombey-les-Deux-Églises.

La mort de De Gaulle est l'occasion de prendre la mesure du rôle qu'il a joué dans l'histoire de France, ainsi que dans l'histoire de l'Europe et du monde. Ainsi, le lendemain du décès du général, le Roi des Belges Baudouin vient à titre privé, présenter ses condoléances à madame De Gaulle. Dans ses Mémoires de guerre, De Gaulle s'abstint de condamner le roi Léopold III de Belgique lors de la reddition de l'armée belge, en 1940 et le gouvernement belge d'Hubert Pierlot et Paul-Henri Spaak en exil à Londres fut le premier des gouvernements alliés à reconnaître la légitimité du Gaullisme, malgré les pressions anglaises[137].

Les obsèques religieuses du général ont lieu le à Colombey-les-Deux-Églises en présence d'une foule nombreuse et d'une délégation des armées françaises, seule participation officielle autorisée par le Général dans son testament. L'homélie est alors prononcée par le prêtre et résistant Maurice Cordier[138]. À Paris, de nombreux chefs d'États étrangers sont rassemblés pour honorer sa mémoire à Notre-Dame, tandis que plusieurs centaines de milliers de Parisiens remontent l'avenue des Champs-Élysées.

Seul l'hebdomadaire satirique Hara-Kiri osa un titre provocateur, dans son no 94, daté du lundi  : « Bal tragique à Colombey, un mort » (l’opinion était encore sous le choc de l’incendie d’un dancing qui avait causé la mort de 146 personnes une semaine plus tôt à Saint-Laurent-du-Pont) ; l'hebdomadaire fut interdit le lendemain.

Son testament[139] qu’il avait rédigé en 1952 en trois exemplaires numérotés, reste une dernière gifle d’outre-tombe aux conventions :

« Je veux que mes obsèques aient lieu à Colombey-les-Deux-Églises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cérémonie publique.

Ma tombe sera celle où repose déjà ma fille Anne et où, un jour reposera ma femme. Inscription : Charles de Gaulle (1890-….). Rien d’autre.

La cérémonie sera réglée par mon fils, ma fille, mon gendre, ma belle-fille, aidés par mon cabinet, de telle sorte qu'elle soit extrêmement simple. Je ne veux pas d'obsèques nationales. Ni président, ni ministres, ni bureaux d'assemblées, ni corps constitués[N 23]. Seules, les Armées françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra être de dimension très modeste, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries[N 24].

Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l’Église ni ailleurs. Pas d'oraison funèbre au Parlement. Aucun emplacement réservé pendant la cérémonie, sinon à ma famille, à mes Compagnons membres de l'ordre de la Libération, au Conseil municipal de Colombey. Les hommes et femmes de France et d'autres pays du monde pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l’honneur d'accompagner mon corps jusque sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. Je déclare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu'elle soit française ou étrangère. Si l'une quelconque m'était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés. »

— Testament de Charles de Gaulle,

Carrière militaire

  • 1909-1912 : École militaire de Saint-Cyr (promotion de Fès)
  •  : lieutenant
  •  : capitaine
  •  : chef de bataillon
  •  : lieutenant-colonel
  •  : colonel
  •  : général de brigade

Distinctions et récompenses

Les distinctions et décorations attribuées au général de Gaulle ont été les suivantes[140].

Armoiries en tant que chevalier de l'ordre du Séraphin.

Distinctions de grand maître :

  • Grand maître de la Légion d’honneur 1945, président du gouvernement provisoire[143], 1959-1969, président de la République
  • Grand maître de l’ordre de la Libération, le premier et le seul[144], 1947-1970, Libérateur de la France
  • Grand maître de l’ordre national du Mérite 1963-1969, président de la République

Distinctions étrangères :

Postérité

Hommages

L'imposante croix de Lorraine du mémorial Charles de Gaulle, à Colombey-les-Deux-Églises.

Quelques semaines après sa mort, le , est votée une loi exonérant de droits de mutation sa succession pour « services exceptionnels rendus à la Nation[149] ». La loi est présentée au Parlement par le secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, Jacques Chirac[150],[151].

En 1972, est inauguré sur les hauteurs de Colombey-les-Deux-Églises le mémorial Général de Gaulle, signalé par une grande croix de Lorraine en granite. Le nouveau mémorial Charles de Gaulle est inauguré le par Nicolas Sarkozy, président de la République française, et Angela Merkel, chancelière fédérale d'Allemagne[152].

Inauguré en dans les sous-sols de l’Hôtel des Invalides, l’historial Charles de Gaulle est une des composantes du Musée de l'Armée.

Le nom de Charles de Gaulle a été donné à de nombreuses artères, des ponts ou des bâtiments importants des communes françaises : en 2007, l’Institut Charles-de-Gaulle dénombrait plus de 3600 voies « de Gaulle »[153], les municipalités de droite ou du centre choisissant volontiers l’appellation militaire « Général-de-Gaulle », tandis que celles de gauche préféraient souvent la forme civile « Charles-de-Gaulle »[154]. On peut citer notamment la place Charles-de-Gaulle (anciennement place de l’Étoile) et le pont Charles-de-Gaulle à Paris, la Place du Général-de-Gaulle à Lille, l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (ex-aéroport de Roissy) et le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle.

Le , lors d'une émission de France 2 diffusée en direct du Sénat, il est désigné par les téléspectateurs comme « le plus grand Français de tous les temps », devançant notamment Louis Pasteur, l'Abbé Pierre, Marie Curie, Coluche, Victor Hugo. Une partie des centristes, voire de la gauche, à l'image de Régis Debray, déclare aujourd'hui trouver en lui un inspirateur.

Selon un sondage effectué en 2005, dans le contexte du dixième anniversaire de la disparition de François Mitterrand, ce dernier, alors seul président de gauche de la Ve République, est considéré comme le meilleur président par 35 % des sondés, suivi par Charles de Gaulle (30 %) et Jacques Chirac (12 %), qui se réclame du gaullisme[155]. Un autre sondage réalisé par BVA quatre ans plus tard indique que 87 % des Français jugent positivement la présidence de Charles de Gaulle, le classant ainsi en première position de tous les présidents de la Ve République[156]. Un sondage réalisé par le même institut en 2013 va dans le même sens : avec 89 % d'opinions positives, de Gaulle apparaît comme étant le président préféré des Français, tandis que Mitterrand n'est qu'en cinquième position avec 55 %[157]. En , à l'occasion du 40e anniversaire de sa disparition, un sondage qualifie le général de Gaulle de « personnage le plus important de l'histoire de France » pour 44 % des sondés, devant Napoléon (14 %), Charlemagne (14 %), Jean Jaurès (12 %), Louis XIV (7 %) et Léon Blum (4 %)[158]. Une enquête réalisée par l'Ifop en indique que 45 % des Français considèrent le général de Gaulle comme celui ayant le plus changé la France, devant tous les autres présidents de la Ve République (François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d'Estaing, puis Georges Pompidou)[159].

Des statues ont été érigées en sa mémoire aussi bien à Québec ou Londres qu'à Varsovie ou Moscou. La République populaire de Chine lui garde une forte reconnaissance publique pour l'avoir reconnue diplomatiquement en 1964. Israël ressentit d'autant plus durement ses déclarations fracassantes de 1967 que le culte populaire qui était voué à l'homme du ne pouvait se comparer jusque-là, comme le rappelle Éric Roussel, qu'à celui du « Père de la nation » David Ben Gourion. Le monde arabe se souvient de ses critiques contre l'occupation de Gaza et de la Cisjordanie. Ben Bella rendit hommage à de Gaulle comme au plus valeureux adversaire du FLN : «Chef militaire, c'est lui qui nous a porté les coups les plus durs.», mais qui finit par accepter l'indépendance algérienne. En effet, pour Ben Bella : « De Gaulle voyait plus loin » et « De Gaulle n'était pas un politicien. Il avait cette dimension universelle qui fait trop souvent défaut aux dirigeants actuels[160] ». À ceux qui lui reprochaient d'être resté un client de la France gaullienne, Léopold Sédar Senghor répliquait que peu de chefs d'État occidentaux pouvaient se vanter d'avoir risqué personnellement leur vie pour conduire une colonie à l'indépendance. Il n'est pas jusqu'au maître de Cuba, Fidel Castro, qui déclara devant les caméras avoir trouvé un modèle en de Gaulle à la lecture de ses Mémoires de guerre. L'Amérique latine ou le Viêt Nam apprécient encore le pourfendeur de la domination américaine, le Québec le contempteur de la prédominance anglophone.

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Legs historique

Décor de l'office de tourisme de Colombey-les-Deux-Églises.
Stèle dédiée à Charles de Gaulle à Massy (Essonne).

La Constitution de 1958 dure maintenant depuis plus d'un demi-siècle, avec des modifications. « L'homme de Londres » est entré dans un passé mythique où, pour les Français, il incarna à lui seul l'opposition au Régime de Vichy.

Les années que l'économiste Jean Fourastié a nommées les Trente Glorieuses (1945-1975) ont laissé aux Français le souvenir d'une époque, sinon heureuse (deux guerres coloniales), au moins de croissance et de prospérité. « Nous ne sommes pas les plus riches, nous ne sommes pas les plus puissants, mais je vous garantis que nous sommes parmi les plus heureux », affirma Georges Pompidou lors de vœux usuels de nouvel an aux Français. Or la fin de cette période heureuse se trouve correspondre à peu près à celle de De Gaulle : difficile dans ces conditions de séparer objectivement ce qui est dû à l'homme et à son dauphin désigné de ce qui est dû au contexte économique.

De façon plus anecdotique, le premier président de la Ve République apparaît en revanche aujourd'hui comme un des derniers grands hommes capables de faire l'histoire, lui qui a su souvent mener les événements au lieu de se laisser mener par eux. Bien des traits de sa personnalité avaient entraîné une sympathie des Français envers sa personne : d'abord son vocabulaire non conventionnel pour un homme politique de l'époque et de cet âge (« culbute », « chienlit »), ses boutades[161] (« Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »[162]), son sens de la repartie (au cours d'une conférence de presse, il répondit à un journaliste dont la question était simplement « Comment allez-vous ? » : « Je ne vais pas mal. Mais rassurez-vous : un jour je ne manquerai pas de mourir »[163]) ; à Louis Vallon, qui s'était écrié « Mort aux cons ! » au cours d'une réunion, au temps du RPF, de Gaulle répondit : « Vaste programme ! »[164], son mépris affiché des partis politiques, enfin, sa défiance envers une droite qui ne l'aimait pas et le lui fit voir en 1969, comme envers une gauche qui n'avait jamais vraiment soutenu le projet de participation des salariés aux bénéfices de leur entreprise qui lui était cher (conformément à sa politique directement inspirée du catholicisme social[165]). De Gaulle, c'était, dans un esprit très « Astérix », un de ces « petits qui ne se laissent pas avoir par les grands »[166]. On ne s'étonnera pas de sa déclaration selon laquelle son livre préféré était Cyrano de Bergerac. Et il fit un jour cette remarque ironique : « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c'est Tintin ! »[167],[168]

Le général de Gaulle a planifié et modernisé la recherche et l'industrie par l'impulsion de l'État. C'est de son époque que datent le début des grands programmes qui ont fait la force de l'industrie française et qui trouvent leur aboutissement aujourd'hui dans de grands champions français ou européens : dans l'aéronautique, la Caravelle a donné naissance à Airbus Industrie ; dans l'industrie spatiale, la création du Centre national d'études spatiales (CNES) en 1961, le programme spatial français des « Pierres Précieuses » et la fusée Diamant, premier lanceur construit en dehors des États-Unis et de l'URSS, ont abouti à la naissance d'Arianespace et de l'Agence spatiale européenne ; dans l'industrie nucléaire, la création du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en 1945 a permis à la France de contrôler l'ensemble de la filière nucléaire avec la société Areva ; dans l'industrie informatique[169], les objectifs du Plan Calcul (1966) ne furent pas atteints, mais, notamment grâce à la création de l'IRIA (devenu INRIA) en 1967, la France est le seul pays européen qui ait réussi à conserver un constructeur informatique purement européen, Bull, qui fabrique aujourd'hui des superordinateurs et, rapproché avec Atos, forme un champion européen de l'informatique.

Dans la culture populaire

Statue de cire au musée Tussauds de Londres (1992).

Dans le film La Carapate (1978), l'avocat parvient à se faire accorder la grâce présidentielle pour son client par le président Charles de Gaulle, alors que ceux-ci se retrouvent tous les deux dans des toilettes.

Dans la bande dessinée uchronique Paris brûle encore de la collection Jour J, Charles de Gaulle est assassiné lors des événements de Mai 68, quand le palais de l’Élysée est attaqué par les manifestants. La France sera alors plongée dans huit ans de guerre civile et Paris sera totalement en ruines.

Publications

Charles de Gaulle, qui commence à écrire à l'âge de quinze ans, est considéré comme un écrivain de talent[170]. L'écrivain et journaliste Claude Roy le salue, dans Libération, comme un des « grands écrivains latins de langue française »[171].

Dans les années 1920, Pétain, qui souhaite entrer à l'Académie française, fait appel à lui pour la rédaction d'un ouvrage, Histoire du soldat français, qui devait être publié sous le nom du maréchal[172]. Pétain n'en écrit que la partie sur la Première Guerre mondiale (La Guerre mondiale 1914-1918). À la suite de dissensions entre les deux hommes, le livre n'est jamais publié et de Gaulle reprend ses écrits pour la rédaction de l'essai La France et son armée, sorti en 1938[172].

En 1963, Charles de Gaulle fait partie des lauréats potentiels du Prix Nobel de littérature[173] et ses Mémoires de guerre lui valent d'entrer dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade en 2000. Le troisième tome de ses Mémoires de guerre, Le Salut, 1944-1946, est inscrit au programme du baccalauréat littéraire en 2011-2013[170].

Ouvrages

  • Une mauvaise rencontre, Imp. de Montligeon, 1906 (écrit à 15 ans)
  • La Congrégation, Hors de France, Revue du collège d'Antoing (no 6) 1908
  • Carnet de campagne d'un officier français, Revue de Paris (no 6) 1920
  • La Discorde chez l'ennemi, Berger-Levrault 1924
  • Le Flambeau (1re et 2e parties) Revue militaire, (no 69 et 70) 1927
  • La Défaite, question morale, 1927-1928
  • Philosophie du recrutement, Revue de l'Infanterie (no 439) 1929
  • La Condition des cadres dans l'armée, 1930-1931
  • Histoire des troupes du Levant, Imp. nationale 1931 (en collaboration avec le cdt Yvon, le col de Mierry collaborant à la préparation du texte final)
  • Le Fil de l'épée, éd. Berger-Levrault, 1932
  • Combats du Temps de paix, Revue de l'Infanterie (no 476) 1932
  • Pour une politique de défense nationale, Revue Bleue (no 3) 1933
  • Le soldat de l'Antiquité, Revue de l'Infanterie 1933
  • Forgeons une armée de métiers, Revue des Vivants 1934
  • Vers l'armée de métier, Berger-Levrault 1934
  • Le problème belge, Revue Défense Nationale 1936
  • La France et son armée, Plon 1938
  • Discours de guerre, Paris ; Fribourg : LUF (Librairie universelle de France) Egloff, 1944-1945, 3 vol. (Collection Le Cri de la France. Série 2 ; 1 ; 2 ; 3), imprimés à Genève.
  • Trois études, Berger-Levrault 1945 (Rôle historique des places fortes ; Mobilisation économique à l'étranger ; Comment faire une armée de métier) suivi par le Mémorandum du .
  • Mémoires de guerre
    • Volume I - L'Appel, 1940-1942 Plon 1954 (en ligne)
    • Volume II - L'Unité, 1942-1944 Plon 1956 (en ligne)
    • Volume III - Le Salut, 1944-1946 Plon 1959 (en ligne)
  • Mémoires d'espoir
    • Volume I - Le Renouveau, 1958-1962 Plon 1970
    • Volume II - L'effort, 1962… Plon 1971
  • Discours et Messages
    • Volume I - Pendant la Guerre, 1940-1946 Plon 1970
    • Volume II - Dans l'attente, 1946-1958 Plon 1970
    • Volume III - Avec le Renouveau, 1958-1962 Plon 1970
    • Volume IV - Pour l'Effort, 1962-1965 Plon 1970
    • Volume V - Vers le Terme, 1966-1969 Plon 1970
  • Lettres, Notes et Carnets
    • Tome 1 - 1905-1918 Plon 1980
    • Tome 2 - 1919-juin 1940 Plon 1980
    • Tome 3 - juin 1940-juillet 1941 Plon 1981
    • Tome 4 - juillet 1941-mai 1943 Plon 1982
    • Tome 5 - juin 1943-mai 1945 Plon 1983
    • Tome 6 - mai 1945-juin 1951 Plon 1984
    • Tome 7 - juin 1951-mai 1958 Plon 1985
    • Tome 8 - juin 1958-décembre 1960 Plon 1985
    • Tome 9 - janvier 1961-décembre 1963 Plon 1986
    • Tome 10 - janvier 1964-juin 1966 Plon 1986
    • Tome 11 - juillet 1966-avril 1969 Plon 1987
    • Tome 12 - mai 1969-novembre 1970 Plon 1988
    • Tome 13 - Compléments de 1924 à 1970 Plon 1997
  • Textes, allocutions déclarations et notes. La Documentation française no 216 ()
    • Voyage en Pologne du général de Gaulle, président de la République (6 - )

Filmographie

Discographie

  • Charles de Gaulle, Discours historiques 1940-1969 (disque 33 t)

Notes et références

Notes

  1. Date à laquelle le comité national français et le commandement civil et militaire d'Alger ont fusionné.
  2. Jean-Baptiste de Gaulle (1720-1807), procureur au parlement de Paris. (Cf., notamment, Almanach royal de 1766 et celui de 1789-1790 : liste des Procureurs au Parlement de Paris.) Cette charge n'était pas anoblissante et, contrairement à ce qu'on peut souvent lire (http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/documents/la-genealogie-du-general-de-gaulle.php), la famille de Gaulle n'appartenait pas à la noblesse de robe. Cf. Éric Chiaradia, L'Entourage du général de Gaulle : juin 58-avril 69, éditions Publibook, 2011. Sur les charges anoblissantes, lire Philippe du Puy de Clinchamps, La Noblesse, Puf, 1959, réédité en 1996.
  3. De Gaulle affirma ainsi : « J'ai toujours pensé que je serai un jour à la tête de l'État. Oui, il m'a toujours semblé que ça allait de soi. À quarante ans, ma certitude était la même qu'à quinze ans. ».
  4. Promotion de Fès dont le major fut Alphonse Juin.
  5. Considéré par Philippe de Gaulle comme l'un des rares amis de son père, Nachin présentera de Gaulle à Émile Mayer et éditera, dans la collection « Classiques de l'art militaire » qu'il fonde aux éditions Berger-Levrault en 1932, les premiers ouvrages du général, dont il soutient les théories sur l'armée motorisée et les divisions blindées autonomes.
  6. Guderian déclare ainsi à Jacques Benoist-Méchin en 1941 : « Lorsque a paru le livre du général de Gaulle en 1934, nous étions déjà engagés dans cette voie depuis 1932. Sa lecture nous a vivement intéressés, mais elle ne nous a rien appris. Tout au plus nous a-t-elle encouragés à persévérer dans nos efforts. D'ailleurs, l'idée était dans l'air. Après Fuller et Estienne, tout chef militaire lucide devait y venir. L'étonnant n'est pas que de Gaulle y ait songé, mais qu'il ait été, semble-t-il, le seul en France à le faire, et que ses idées y aient été si mal accueillies. » Ces propos sont rapportés dans Histoire de l'armée allemande », vol. 3.
  7. En 1924, Charles de Gaulle dédicaça La Discorde chez l'ennemi à Maurras en lui témoignant ses « respectueux hommages » (voir Enquête sur l'histoire, no 6, printemps 1993, p. 48). En 1940, la nomination au grade de général de Charles de Gaulle provoqua la jubilation de Charles Maurras dans L'Action française en .
  8. Claude Mauriac, chef de son secrétariat particulier à la Libération a révélé l'attention portée par de Gaulle au sort du théoricien du nationalisme intégral ; il intervient ainsi pour que Maurras ne passe pas devant la cour de justice de Lyon en , mais devant la Haute Cour, réputée plus indulgente. Mais Charles Maurras en voudra toujours à de Gaulle d'avoir rompu avec Pétain.
  9. De Gaulle écrit : « L'impérieuse subordination des intérêts particuliers à ceux de l'État, la discipline exigée et obtenue de tous, la coordination imposée aux divers départements par l'action personnelle du Duce, enfin cette sorte d'exaltation latente entretenue dans le peuple par le fascisme pour tout ce qui concerne la grandeur de la partie, favorisent à l'extrême les mesures de défense nationale. ».
  10. Dans son ouvrage Le Fil de l'épée, Charles de Gaulle décrit ainsi l'homme d'action : « L'homme d'action ne se conçoit guère sans une forte dose d'égoïsme, d'orgueil, de dureté, de ruse. ».
  11. De Gaulle n'hésite pas à flatter celui qui jouera un rôle décisif dans son entrée en politique ; il lui écrira ainsi le  : « Je suis parfaitement convaincu que le jour n'est pas loin où il faudra bien que le pays se tourne vers vous et vous prie de le diriger dans les voies qui sont les vôtres. ».
  12. « Alors, au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence militaire de l'adversaire, je me sens soulevé d'une fureur sans bornes. Ah ! C'est trop bête ! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu'elle continue. Il y a, pour cela, de l'espace dans le monde. Si je vis, je me battrai, où qu'il faudra, tant qu'il faudra, jusqu'à ce que l'ennemi soit défait et lavée la tache nationale. Ce que j'ai pu faire, par la suite, c'est ce jour-là [16 mai] que je l'ai résolu. » in Mémoires de guerre, tome I L'Appel, Charles de Gaulle, édition Bibliothèque de la Pléiade, 1956, p. 35-36.
  13. Charles Maurras, qui qualifie de Gaulle de « pénétrant philosophe militaire », affirme : « Sa thèse nous paraissait suffisamment contraire à la bêtise démocratique pour ne pas ajouter à ces tares intrinsèques, la tare intrinsèque de notre appui. Mieux valait ne pas compromettre quelqu'un que, déjà, ses idées compromettaient toutes seules. ».
  14. Roland de Margerie, Journal, 1939-1940, Paris, Éditions Grasset et Fasquelle, 2010, 416 p. (ISBN 978-2246770411), p. 309-315.
  15. Le général de Gaulle ne retiendra que le nom de Thierry d'Argenlieu dans ses Mémoires. Le texte exact de L'Appel de De Gaulle est : « Le , j'obtins que plusieurs de nos aviateurs prissent part à un bombardement de la Ruhr et fis publier que les Français libres avaient repris le combat. Entre-temps, tous nos éléments, suivant l'idée émise par d'Argenlieu, adoptèrent comme insigne la Croix de Lorraine. » (Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, L'Appel (1940-1942), chap. « La France libre », Plon, 1954, (ISBN 978-2-266-09526-6) (repris par édit. Pocket, p. 99).
  16. (voir supra).
  17. (voir infra).
  18. À l'époque, la Communauté européenne ne comprend que 6 pays au sein de laquelle la France, malgré la décolonisation et la guerre d'Algérie, est la plus puissante.
  19. « Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l'Europe dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et s'ils avaient pensé, écrit en quelque “esperanto” ou volapük intégrés. », Charles de Gaulle, conférence de presse du .
  20. Alors conseiller à la sécurité nationale, futur secrétaire d’État (de 1973 à 1977), principal négociateur américain pour la fin de la guerre du Viêt Nam.
  21. Winston Churchill et Dwight Eisenhower l'avaient précédé plusieurs années auparavant, l'un officieusement lors de ses nombreuses escapades en Espagne, l'autre officiellement.
  22. La rupture d'anévrisme est une complication fréquente du syndrome de Marfan, maladie dont aurait pu être affecté de Gaulle et qui expliquerait sa grande taille. Cf. (en) J. Wiley, The molecular biology and pathology of elastic tissues, Ciba Foundation, , p. 145.
  23. Le ministre des Finances, Valéry Giscard d'Estaing, s’y rend tout de même en argumentant que ce n'est pas en ministre qu’il vient, mais en simple Français. Tous les autres officiels, le président Nixon compris, assistent au même moment à une simple messe en l'honneur du général à Notre-Dame de Paris.
  24. Ce qui incluait Jacques Chaban-Delmas et André Malraux.

Références

  1. Hypothèse reprise par Philippe de Gaulle, Mémoires accessoires 1921-1946, Paris, Plon, 1997 (ISBN 225918586X) et http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/documents/la-genealogie-du-general-de-gaulle.php. Cf., également, Michel Sementéry, les Présidents de la République française et leur famille, éditions Christian, 1982.
  2. Chérin et d'Hozier, Cabinet des titres ; Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante au XXIe siècle ; Seréville et Saint-Simon ; Philippe du Puy de Clinchamps, etc.
  3. Jean-Louis Beaucarnot, De César à Sarkozy : Petite histoire des noms du pouvoir, éditions J.C Lattès, 2007.
  4. Paul-Marie de La Gorce, De Gaulle entre deux mondes, Fayard, , p. 14.
  5. Catherine Legrand, Bruno Larebière, Charles de Gaulle, Éditions Chronique, 1997, p. 1923.
  6. Cette Marie Nicot, que des biographes du général de Gaulle ont présenté comme une descendante de Jean Nicot (Cf. http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/analyses/la-famille-de-gaulle.php)
  7. La généalogie du général de Gaulle sur le site de la Fondation Charles de Gaulle.
  8. http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/analyses/la-famille-de-gaulle.php
  9. Une tradition fait descendre le clan MacCartan du dixième roi élu d'Ulster, Rodricus le Grand, au IIIe siècle. (Cf., notamment : http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/jeunesse-et-formation/documents/la-genealogie-du-general-de-gaulle.php)
  10. François Flohic, Souvenirs d’Outre-Gaulle, Paris, Plon, 1979, p. 208 (citant Richard Hayes, Biographical Dictionary of Irishmen in France, Dublin, Gill, 1949, p. 163) : « Il n’y avait rien de surprenant à ce que de Gaulle connût aussi bien l’histoire de l’Irlande. Par sa grand-mère maternelle, Joséphine Anne Marie Maillot, Charles de Gaulle descendait de ce clan MacCartan, originaire du district de Kinclarty dans le comté de Down, dont un cadet — Anthony MacCartan — par fidélité à la cause jacobite, avait débarqué de son Irlande natale pour prendre du service dans la Brigade irlandaise du roi de France et faire souche dans le Nord à l’orée du XVIIIe siècle. Parfois il y a confusion entre Kinclarty dans l'Irlande du Nord et Killarney, au sud-ouest. »
  11. Généastar : Ascendants de Charles de GAULLE.
  12. Philippe de Gaulle, De Gaulle mon père, Paris, Plon, 2004.
  13. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », in Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Pascal Payen (dir.), Les Prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 280.
  14. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1905-1918, éd. Plon, 1980, p. 7 et 8..
  15. Claude Guy, En écoutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996, p. 71.
  16. Études.
  17. (mis à la retraite d'office par mesure de discipline avec le grade de colonel).
  18. a et b Charles de Gaulle pendant la grande guerre.
  19. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans : Sylvie Caucanas/Rémy Cazals/Pascal Payen (Dir.), Les prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 279.
  20. Alexandre Duval-Stalla (préf. Daniel Rondeau), André Malraux - Charles de Gaulle : une histoire, deux légendes, Paris, Gallimard, coll. « L'infini », , 403 p. (ISBN 978-2070119233), p. 54.
  21. Max Gallo De Gaulle, tome premier : L'Appel du destin, III, 10.
  22. Ordre no 20.645, extrait :

    « M. De Gaulle, Charles André, Joseph, Capitaine commandant la 10° Compagnie du 33° Régiment d’Infanterie, a été nommé dans l'ordre de la Légion d'Honneur au grade de chevalier.

    " À DOUAUMONT le sous un effroyable bombardement, alors que l'ennemi avait percé la ligne et attaquait sa compagnie de toute part, a organisé après un corps à corps farouche, un îlot de résistance où tous se battirent jusqu'à ce que fussent dépensées les munitions, fracassés les fusils et tombés les défenseurs désarmés ; bien que très grièvement blessé d'un coup de baïonnette, a continué à être l'âme de la défense jusqu'à ce qu'il tombât inanimé sous l'action des gaz.

    La présente nomination comporte l'attribution de la CROIX DE GUERRE avec PALME.

    Le maréchal de France, commandant les armées de l'Est

    PÉTAIN " »

  23. de Gaulle Lettres, Notes et Carnets, tome I: 1905-1918, chez Plon.
  24. Philippe de Gaulle et Michel Tauriac, De Gaulle, mon père, EDI8, , 538 p. (ISBN 9782259216852, lire en ligne)
  25. Philippe de Gaulle, Mémoires accessoires, vol. 1 : 1921-1946, EDI8, coll. « Fonds Charles de Gaulle », , 490 p. (ISBN 9782259229050, lire en ligne).
  26. a et b Olivier Forcade, Eric Duhamel et Philippe Vial, Militaires en République : Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles / Actes du colloque international tenu au Palais du Luxembourg et à la Sorbonne les 4, 5 et 6 avril 1996 » (no 47), , 734 p. (ISBN 9782859443627, lire en ligne), p. 504.
  27. Catherine Legrand, Charles de Gaulle, Éd. Chronique, , p. 119.
  28. Jacques Le Groignec, Pétain et de Gaulle, Nouvelles Éditions latines, 1998, p. 32.
  29. Mort d'Élisabeth de Gaulle sur Ouest-France.
  30. « En Histoire, le capitaine de Gaulle, jeune, élégant, avec de hautes bottes jaunes, des culottes collantes et une tenue bleu pastel, plein de dignité déjà, nous expliquait en langage noble Richelieu, Mazarin et le traité de Westphalie… », in Général Beaufre, Le drame de 1940, éd. Plon, 1965, p. 31.
  31. Venner 2004, p. 66.
  32. Les années 1921-1939 sur le site de la fondation Charles de Gaulle.
  33. Max Gallo, Yves Guéna, De Gaulle, les images d'un destin, Cherche midi, 2007, p. 182.
  34. Jacques Le Groignec, op. cit., p. 102-105.
  35. Venner 2004, p. 66-68.
  36. Jean-Baptiste Estienne (1860-1936).
  37. Albert Speer (trad. Michel Brottier), Au cœur du Troisième Reich, Librairie Arthème Fayard, Paris, , p. 440.
  38. Eugen Weber, L'Action française, éd. Hachette, 1990, p. 297, note e.
  39. Éric Roussel, Charles de Gaulle, éd. Gallimard, 2002, p. 44.
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  42. Claude Bourdet, L’aventure incertaine. de la Résistance à la Restauration, Paris, Stock, 1975, p. 249.
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  45. Éric Roussel, Charles de Gaulle, Gallimard, Paris, p. 75.
  46. Venner 2004, p. 45.
  47. sous l'intitulé « Les Amis de Temps présentà l'honneur » dans Le gaullisme est-il à gauche? dans Centre d'information sur le gaullisme Consulté le 16 novembre 2013.
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  50. Venner 2004, p. 46.
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  53. Robert Frank, « Le Front populaire a-t-il perdu la guerre ? », dans Michel Winock (dir.), Les Années trente. De la crise à la guerre, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 107-109.
  54. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1919-, Paris, éd. Plon, 1980, p. 442.
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  60. Situation des troupes françaises au .
  61. « L'appel du 21 mai 1940 à Savigny-sur-Ardres », sur Charles-de-gaulle.org (consulté le )
  62. Centre national de la recherche scientifique (France), Annales de Normandie, volume 44, 1994, p. 131.
  63. Michèle et Jean-Paul Cointet, La France à Londres : renaissance d'un État (1940-1943), Éditions Complexe, 1990, p. 255.
  64. Charles Maurras, dans L'Action française des et .
  65. Éric Roussel, Charles de Gaulle, Paris, éd. Gallimard, 2002, p. 84 et 85.
  66. « Un historien de la guerre, Henri de Wailly », Entretien, La Nouvelle Revue d'Histoire, no 61, juillet-, p. 13.
  67. De Gaulle fait état de cette citation sans en donner le texte dans les Mémoires de guerre, « L'Appel », p. 53. Le texte est cité dans Gérard Chauvy, in Le drame de l'armée française, p. 535.
  68. Jean Lacouture, De Gaulle. Le Rebelle (1890-1944), Seuil, Paris, 1984, p. 331.
  69. Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets : - , Plon, 1984, p. 21.
  70. Général E.L. Spears, Assignment to Catastrophe - The Fall of France (en), Heinemann, 1954, p. 153.
  71. Lacouture, De Gaulle. 1. Le Rebelle, op. cité, p. 352.
  72. Daniel Laurent, « L'Appel du 18 Juin. Les débuts chaotiques de la France libre », Les Dossiers HistoQuiz, La Seconde Guerre mondiale, sur histoquiz-contemporain.com.
  73. Olivier Wieviorka, « Résister au nazisme », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, , 9 min 50 s.
  74. Mémoires de guerre, tome I L'Appel, Charles de Gaulle, édition Bibliothèque de la Pléiade, 1956, p. 73.
  75. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France libre, Gallimard, 1996, p. 49-50.
  76. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – L'Appel, op. cit., p. 331 : « Lettre [de réponse] au général Weygand », du .
  77. « Point d'histoire : à propos de Weygand par le général de Boissieu », article publié dans Point d'histoire, no 139, , sur charles-de-gaulle.org.
  78. Fondation Charles de Gaulle.
  79. Décret du 8 décembre 1940, Journal officiel de l'État français no 319 du , p. 6044.
  80. Pierre de Broissia, La France libre : l'épopeé des Français libres au combat, 1940-1945, Fondation de la France libre, , p. 46.
  81. Georges Thierry d’Argenlieu, « Les origines des FNFL », Revue de la France libre, no 29, , p. 17-20.
  82. « Sous le signe de la Croix de Lorraine », article publié par France d'abord, journal brazzavillois dans le no 18 du mercredi , p. 11-13, reproduisant, comme indiqué en en-tête, « des extraits d'une conférence faite dernièrement à Londres par l'amiral Muselier ». L'amiral explique, paragraphes 4 à 6 de l'article, p. 11 : « Dès le début, il m'a paru nécessaire de différencier de façon apparente, les bâtiments de guerre de la France libre et ceux restés fidèles au gouvernement du Maréchal Pétain.
    Un de mes premiers ordres — du , si j'ai bonne mémoire — précisa que les bâtiments des Forces Navales Françaises libres porteraient à la poupe les couleurs nationales françaises et à la proue un pavillon carré bleu, orné d'une Croix de Lorraine rouge. Et ce fût (sic) l'origine de l'insigne du Mouvement de la France libre.
    Pourquoi j'ai choisi la Croix de Lorraine ? Parce qu'il fallait un emblème en opposition à la Croix Gammée et parce que j'ai voulu penser à mon père qui était Lorrain. ».
  83. « Voix et relais de la France libre: les comités de la France libre à l'étranger » sur le site de la Fondation de la France libre.
  84. François Kersaudy, De Gaulle et Churchill, Perrin, 2003 et De Gaulle et Roosevelt, Perrin, 2005.
  85. France-Orient, « revue de la France combattante en Orient », qui publie le communiqué du CNF dans le no 16, .
  86. Michel Dumoulin, Spaak, Ed. Racine, Bruxelles, 1999, p. 285.
  87. Sur de Gaulle à Alger, on lira avec profit le témoignage de Paul Saurin ; « La vie de la France sous l’Occupation », Hoover Institute, Librairie Plon, 1957, tome II, p. 728-746.
  88. Voir Histoire de Laval au XXe siècle.
  89. « Ah ! C'est la mer ! Une foule immense est massée de part et d'autre de la chaussée. Peut-être deux millions d'âmes. Les toits aussi sont noirs de monde. À toutes les fenêtres s'entassent des groupes compacts, pêle-mêle avec des drapeaux. Des grappes humaines sont accrochées à des échelles, des mâts, des réverbères. Si loin que porte ma vue, ce n'est qu'une houle vivante, dans le soleil, sous le tricolore. » De Gaulle dans les Mémoires de guerre, tome II L'Unité, 1956.
  90. Marie Kirschen, « Est-ce vraiment de Gaulle qui a donné le droit de vote aux femmes ? », liberation.fr, 29 avril 2015.
  91. Quid des présidents de la République, 1987
  92. Déclaration à l’Assemblée nationale : .
  93. -  : De Gaulle, le retour, Fondation Charles-de-Gaulle, consulté le 30 avril 2012.
  94. François-Xavier Verschave, De la Françafrique à la Mafiafrique, Tribord (2004), p. 9.
  95. Décision Proclamation présidentielle 1958 du .
  96. Site de l'I.N.A.: Ouverture des jeux en couleur sur la seconde chaîne de l'ORTF, commentée par Léon Zitrone.
  97. « Discours de Mostaganem,  », reproduit sur le site de la fondation Charles de Gaulle. La phrase « Vive l'Algérie française » est notée comme « suggérée » par la foule, alors que la version audio du discours du site Enfant du Soleil tend à prouver que cette phrase est présente de façon intentionnelle dans le discours.
  98. René Rémond, 1958, le retour de De Gaulle, Éditions Complexe, 1998, 190 pages, p. 99-100.
  99. Benjamin Stora, Le mystère De Gaulle, son choix pour l'Algérie, Robert Laffont (2009), p. 67.
  100. Offense au Chef de l'État, Nouvelles éditions latines, 1964, p. 162.
  101. Propos en date du adressés à Alain Peyrefitte (voir C'était de Gaulle, Gallimard, 2000): « […] Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! […] ».
  102. Louis-José Barbançon, Chronologie relative à la déportation, transportation et relégation française, Criminocorpus.
  103. (en) Kwitny, Jonathan, « The C.I.A.'s Secret Armies in Europe », The Nation,‎ , p. 446–447.
  104. (en) Daniele Ganser, NATO's Secret Armies, , 98 p..
  105. (en) Cogan, Charles, « Stay-Behind' in France: Much ado about nothing », Journal of Strategic Studies, no 30,‎ , p. 937-954 (lire en ligne).
  106. Miloud Zaater, L'Algérie, de la guerre à la guerre (1962-2003), Éditions L'Harmattan, 2003, p. 34.
  107. Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Fayard, 1994, p. 196.
  108. Compte tenu du contexte, il ne peut y avoir de certitudes sur les chiffres exacts, et les estimations des historiens varient entre 60 000 et 150 000 morts.
  109. Il s'appelait Francis Marroux, sur le site autocult.fr.
  110. Association des professeurs d'histoire et géographie, - Google Livres, 1981, p. 1119.
  111. Rémi Kauffer, OAS: histoire de la guerre franco-française, p. 386.
  112. Jean Lacouture et Béatrix Baconnier, Les grands moments de la Ve République, 50 ans en image.
  113. Propos tenus à Alain Peyrefitte et retranscris dans son ouvrage C'était de Gaulle.
  114. Françoise de La Serre, « De Gaulle et la candidature britannique aux communautés européennes », Histoire, économie et société, vol. 13, nos 13-1,‎ , p. 131-142 (ISSN 1777-5906, lire en ligne).
  115. Cité par Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, tome I, Éditions de Fallois, Fayard, 1994, p. 63.
  116. Maria Pasztor, « Les relations franco-polonaises de 1944 à 1980 », , Station scientifique de l'Académie polonaise des sciences, Paris.
  117. Le Figaro du .
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Voir aussi

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Bibliographie

L'homme

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  • Yves Guéna, De Gaulle, Gründ, collection Histoire sur le vif, 2007, 64 pages (illustrations couleurs, plus de 60 fac-similés) (ISBN 2-7000-1696-3)
  • Henri Guillemin, Le Général clair obscur, Paris, Le Seuil
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  • François Malye, De Gaulle vu par les Anglais, Calmann-Lévy, 2015, 220 pages.
  • Corinne Maier, Le Général de Gaulle à la lumière de Jacques Lacan, L’Harmattan, 2001 (ISBN 2-7475-0297-X)
  • Charles Morazé, Le Général de Gaulle et la République, Flammarion, 1993, col. Vieux Fonds Fic, (ISBN 2-0806-0559-3)
  • Jean-François Revel, Le Style du Général, éd. Complexe, 1988
  • Anne et Pierre Rouanet, Les Trois Derniers Chagrins du général de Gaulle, Paris, Grasset, 1980
  • Éric Roussel, De Gaulle, Éditions Gallimard, 2002 ; rééd. Perrin, coll. Tempus, 2 tomes : 1890-1945 et 1946-1970, 2007 ; coll. Folio biographies, un tome, 2008 (la biographie de référence)
  • Odile Rudelle, De Gaulle pour mémoire, Éditions Gallimard, 1991
  • Dominique Venner, De Gaulle, la grandeur et le néant, Monaco, éditions du Rocher, , 300 p.
  • Henri De Wailly, De Gaulle sous le casque, Abbeville 1940, Librairie académique Perrin,
  • Bertrand Le Gendre, De Gaulle et Mauriac. Le Dialogue oublié, Éditions Fayard, 2015 (ISBN 978-2-213-67215-1)
Références bibliographiques
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La politique

Ouvrages généraux
Études thématiques

La Résistance

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  • Jean Charlot (préf. Georgette Elgey), Le gaullisme d'opposition, 1946-1958 : histoire politique du gaullisme, Paris, Fayard, , 436 p. (ISBN 978-2-213-01246-9, OCLC 9513250)
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Le retour au pouvoir en 1958

La guerre d’Algérie

  • Pierre Abramovici et Gabriel Periès, La Grande Manipulation, Hachette, 2006
  • Jacques Baumel, Un tragique malentendu - De Gaulle et l'Algérie, Plon, 2006.
  • Georges-Marc Benamou, Un mensonge français, Robert Laffont, 2003
  • Jean-Paul Brunet, Charonne. Lumières sur une tragédie, Flammarion, 2003
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La présidence

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  • Jean-Paul Bled (dir.), Le général de Gaulle et le monde arabe, Beyrouth, Éditions Dar An-Nahar, 2009
  • Jean Charlot, Le Phénomène gaulliste, Fayard, 1970
  • Jean Clémentin, L’Affaire Fomasi, Grasset, 1969
  • Jean Cosson, Les Industriels de la fraude fiscale, Jean de Bonnot, 1986
  • François Mitterrand, Le Coup d'État permanent, Plon, 1964, rééd. Julliard, 1984, et 10/18, 1993
  • Pierre Péan, Affaires africaines, Paris, éd. Fayard, 1983 ; L’Homme de l’ombre. Éléments d’enquête sur Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République, Fayard, 1990
  • Pierre Viansson-Ponté, Histoire de la République gaullienne, Hachette, Pluriel, deux volumes, 1994, 1re édition, 1970
  • Bernard Krouck, De Gaulle et la Chine : la politique française à l'égard de la République populaire de Chine 1958-1969, Éditions Les Indes savantes, Paris, 2012
  • Maurice Vaisse, La Grandeur, politique étrangère du général de Gaulle 1958-1969, Fayard, Paris, 1998.

Témoignages et souvenirs

  • André Malraux, Les Chênes qu'on abat..., Gallimard, 1971, (ISBN 978-2-0702-7811-4)
  • Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, 3 tomes, Fayard, 1994-2000
  • Fondation Charles de Gaulle, Avec de Gaulle : témoignages. Tome 2, Le temps du rassemblement, 1946-1958, Paris, Nouveau Monde, 2005, 502 p., 23 cm (ISBN 2-8473-6053-0)
  • Lucien Bitterlin, Nous étions tous des terroristes, Paris, éd. Témoignage chrétien, 1983
  • François Flohic, De Gaulle intime. Un aide de camp raconte, Archipel, 2010
  • Jacques Foccart, Journal de l’Élysée, Paris, éd. Fayard/Jeune Afrique, tomes 1 (Tous les soirs avec de Gaulle. 1965-1967, 1997) et 2 (Le Général en mai. 1967-1968, 1998)
  • Claude Guy, En écoutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996
  • Constantin Melnik, Mille jours à Matignon. Raisons d’État sous de Gaulle. Guerre d’Algérie, 1959-1962, Grasset, 1988 ; La mort était leur mission Paris, Plon, 1996 ; Politiquement incorrect, Plon, 1999
  • Jules Moch, Rencontres avec Charles de Gaulle, Plon, 1971
  • Jean Pierre-Bloch, De Gaulle ou le temps des méprises, Paris, La Table Ronde, 1969
  • Michel Tauriac, Vivre avec de Gaulle, Plon, 2008

Divers

Pour approfondir

Articles connexes

Liens externes