Charles Godefroy

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles Godefroy
Charles Godefroy en 1919.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
Conflit
Distinction

Charles Godefroy, né le à La Flèche (Sarthe) et mort le à Soisy-sous-Montmorency, près de Paris, est un aviateur français, célèbre pour son vol spectaculaire sous l'arc de triomphe à Paris le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

En 1914, Charles Godefroy est mobilisé au 132e régiment d’infanterie où il reçoit la Croix de Guerre avec deux citations. Après un séjour à l’hôpital, il passe à l’aviation le [1]. Il complète sa formation sur un chasseur Nieuport à Miramas en novembre 1918. En raison de ses compétences de pilote, il devient rapidement instructeur de vol.

Origine du vol[modifier | modifier le code]

À l'occasion du défilé de la victoire sur les Champs-Élysées le , marquant la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale, le commandement militaire ordonne aux aviateurs de défiler à pied, à l'instar de l'infanterie. Pour les pilotes, qui se considèrent comme des « héros de l'air », il s'agit d'une provocation[2].

Lors d'une réunion au Fouquet's, sur les Champs-Élysées, un groupe d'aviateurs décide de venger l'affront en sélectionnant l'un d'entre eux pour passer sous l'Arc de Triomphe pendant la parade. Le choix se porte sur Jean Navarre, qui a douze victoires à son actif et est considéré comme un as des pilotes de chasse. Mais Navarre se tue le 10 juillet lors d'un vol d'entraînement.

Avec 500 heures de vol, Charles Godefroy est considéré comme assez expérimenté pour relever le défi, qui excite fort le jeune aviateur. Avec son ami journaliste Jacques Mortane, il étudie plusieurs fois l'arc de triomphe pour y repérer les courants d'air et déterminer la voie aérienne. Puis il s'entraîne sous le pont sur le Petit-Rhône à Miramas (remarque : le Petit-Rhône ne passant pas à Miramas, il s'agit plus probablement du pont entre Arles et Fourques). Mortane se prépare à filmer l'événement pour la postérité. Le vol étant contraire à toutes les règles, les préparatifs se déroulent dans le plus grand secret. Mais le projet n'est pas mis en œuvre pendant le défilé.

Le vol[modifier | modifier le code]

Le passage sous l'arc de triomphe photographié par Jacques Mortane.

Le à 7h20, trois semaines après le défilé de la victoire, en secret et vêtu de son uniforme d’adjudant-chef, Charles Godefroy décolle de l'aérodrome de Villacoublay dans un biplan Nieuport 27, un chasseur équipé d'un moteur Le Rhône de 120 ch. Il arrive à la porte Maillot peu de temps après. Venant de l'ouest, il contourne l'arc de triomphe à deux reprises et commence son approche par l'avenue de la Grande-Armée. Il prend de la vitesse et passe sous la voûte en biais et en descente. Il n'a pas beaucoup de marge, la voûte étant haute de 29,19 m. Il survole à basse altitude un tramway dans lequel les passagers se jettent au sol, et de nombreux passants s'enfuient effrayés. Godefroy survole la place de la Concorde avant de retourner à l'aérodrome, où son mécanicien vérifie l’avion. Personne à l'aérodrome n'a remarqué le vol, qui n’a duré qu’une demi-heure.

Des photographes et des cinéastes avertis par le journaliste Jacques Mortane sont présents[3]. Selon Philippe Gras, une photographie aujourd'hui conservée au musée de l'Air et de l'Espace a été prise par Jacques Mortane lui-même[4]. De nombreux articles ont été publiés dans des journaux[5]. Le préfet de police Fernand Raux fait interdire la projection du film[6].

Godefroy reste officiellement en arrière-plan, mais son nom ne peut pas être tenu secret bien longtemps. Les autorités désapprouvent l'événement car elles craignent qu'il soit reproduit, mais Godefroy s'en tire avec un simple avertissement. L’exploit en fait un héros local à La Flèche. La ville appose une plaque sur sa maison natale.

La vie après[modifier | modifier le code]

Il s'agit du dernier vol de Charles Godefroy[2]. On ne sait s’il l'a fait pour l'amour de sa famille ou si les autorités militaires l'y ont contraint. Par la suite, il s’installe avec sa femme et sa fille à Soisy et se consacre à son commerce de vins à Aubervilliers.

Son vol est oublié et ce n'est qu'à sa mort qu'on se rappelle à nouveau de sa performance. L'armée de l'Air envoie une délégation à ses funérailles et la ville de Paris lui décerne une médaille d'honneur d'argent à titre posthume. La ville de Soisy donne son nom à une rue et érige une stèle commémorative[7]. Une crèche de Soisy porte son nom.

Avec le vol sous l'Arc de Triomphe, Charles Godefroy a inscrit son nom dans l'histoire de l'aviation. Pendant plus de 60 ans, il est le seul à avoir osé le passage spectaculaire sous l'arc, jusqu'à ce que, le 18 octobre 1981, un ancien pilote de chasse, Alain Marchand, le reproduise. En septembre 1991, un inconnu essaie de dépasser l’exploit en passant d'abord sous l’Arc de Triomphe, puis sous la tour Eiffel en avion Mudry Cap B-10[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. L'Ouest-Eclair du 9 aout 1919.
  2. a et b « Le jour où un avion est passé sous l’Arc de triomphe », (consulté le ).
  3. « Charles Godefroy :  :  : http : //fandavion.free.fr », sur fandavion.free.fr (consulté le ).
  4. Philippe Gras, « Les débuts de l'aviation : Charles Godefroy » sur le site histoire-image.com.
  5. Voir bibliographie.
  6. « Film interdit », Le Figaro, 9 août 1919, p. 3, col. 5.
  7. Pierre commémorative dans la rue Charles Godefroy à Soisy-sous-Montmorency
  8. « Un avion est passé dimanche sous la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe. Le pari parisien d'un pilote en fuite », Le Soir.be,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources[modifier | modifier le code]

Articles de presse[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]