Charles Émile Altorffer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Charles Émile Altorffer
Illustration.
Fonctions
Député français

(8 ans, 5 mois et 13 jours)
Circonscription Bas-Rhin
Législature XIIe et XIIIe (Troisième République)
Groupe politique Gauche républicaine démocratique
Maire de Strasbourg

(3 ans, 4 mois et 13 jours)
Prédécesseur Charles Frey
Successeur Pierre Pflimlin
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Wœrth
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Strasbourg
Nationalité allemand puis français
Parti politique RPF
Profession Pasteur
Religion Protestantisme
Résidence Bas-Rhin

Charles Émile Altorffer
Maire de Strasbourg

Charles Émile Altorffer, né à Wœrth le et mort à Strasbourg le (à 79 ans), est un pasteur, fonctionnaire et homme politique alsacien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles Altorffer est le fils d'un tanneur de Wissembourg.

Après avoir étudié, de 1900 à 1906, la Théologie protestante à Strasbourg, Paris et Berlin, il fut ordonné en 1906 par l'ÉCAAL et devint vicaire à Masevaux, puis à Beblenheim et Westhoffen en 1906 et 1907. À partir de 1907 et jusqu'en 1919, il fut pasteur à Lembach, et ensuite à Wissembourg de 1919 à 1929. Il se montra extrêmement actif dans le domaine social, aidant en Alsace du Nord à la création de caisses d'épargne et de crédit, et à celles de garderies d'enfants, de centres d'infirmières, de bibliothèques populaires et de cours du soir pour adultes.

Il était ardemment francophile et, quand l'Alsace redevint française, il fut un des fondateurs du Parti Démocratique et, le , fut élu député du Bas-Rhin sur la liste du Bloc national. Mais de nombreux protestants lui reprochaient ses compromissions avec le catholicisme, et l'on allait jusqu'à voir en lui une créature de l'évêque. Le mode d'élection par scrutin de liste lui permit d'être réélu en 1924, mais avec le scrutin uninominal il échoua à Saverne le devant l'autonomiste Camille Dahlet.

Pendant ses deux mandats, de 1919 à 1928, il fut rapporteur de nombreux projets de loi qui appliquaient ou adaptaient à l'Alsace-Moselle la législation française, notamment dans le domaine de la législation fiscale et sociale et des pensions. Rapporteur attitré de la commission des douanes, il participa à l'élaboration de la loi de 1928 sur le régime des produits pétroliers. Après son échec électoral, Poincaré le nomma, le , directeur des Cultes pour les trois départements recouvrés.

En 1939, il fut chargé de la direction des services des réfugiés d'Alsace-Lorraine à Périgueux et entra dans la Résistance où il fut très actif. Il reprit notamment la direction des œuvres sociales juives après leur fermeture par la Gestapo et répartit l'argent clandestinement transporté depuis Lyon, ce qui lui vaudra le titre de Juste parmi les nations en 2001[1].

Fin 1940, Charles Altorffer devient délégué du gouvernement français auprès de la commission d'armistice . Pierre Laval le charge de traiter avec les Allemands le rapatriement de tout le patrimoine alsacien évacué en France de l'intérieur. Il trouve tous les prétextes pour freiner cette mission[2].

En février 1944, le rabbin Victor Marx décède. Avec l'aide, entre autres, de Charles Frey, maire de Strasbourg, de son adjoint Edmond Naegelen, Charles Altorffer s'assure que la communauté juive puisse réaliser ses obsèques sans intervention des Allemands[2].

Revenu à Strasbourg en , il reprit ses fonctions de directeur du Service des Cultes pour l'Alsace et la Moselle, et demeura à ce poste jusqu'au . Entre-temps en 1947, il fut élu au Conseil municipal de Strasbourg sur la liste RPF et devint 4e adjoint au maire.

À la mort de Charles Frey, le , il le remplaça comme maire de Strasbourg, jusqu'aux élections municipales du après lesquelles il céda sa place à Pierre Pflimlin en raison de son âge. Durant son mandat il encouragea notamment la suppression des dernières lignes de tram et le transfert à la ville des terrains militaires de l'Esplanade.

Il devint commandeur de la Légion d'honneur en 1959. Il collabora régulièrement au Messager évangélique, la revue protestante alsacienne, et écrivit un roman L'Appel de la Vallée (Strasbourg, 1956).

Charles Altorffer est inhumé au cimetière Sainte-Hélène de Strasbourg[3]. Un quai de Strasbourg porte son nom[4].

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Charles Émile Altorffer sur le site Yad Vashem (en)
  2. a b et c Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens. et Clavel, Christophe., La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698, lire en ligne)
  3. Cimetière Sainte-Hélène, Guide des cimetières no 4 de la Ville de Strasbourg, 2009, p. 98
  4. Maurice Moszberger (dir.), Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 128-129 (ISBN 9782845741393)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georges Foessel, « Charles Émile Altorffer », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 1, p. 33
  • Georges Foessel et Patrick Cabanel, « Charles-Émile Altorffer », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 49-50 (ISBN 978-2846211901)
  • Alfred Wahl, Confessions et comportements dans les campagnes d'Alsace et de Bade, Éditions Coprur
  • « Charles Émile Altorffer », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Bertrand Lachaud, « Charles Altorffer », dans Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) et Christophe Clavel, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique
  • Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de. (préf. Hamlaoui Mekachera), Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Paris, Little big man, , 241 p. (ISBN 2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC 57250485, lire en ligne), p. 10-11.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]