Charles-François Hannong

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Charles-François Hannong
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Grand plat bleu. Barr, musée du pain d'épices et de l'art populaire alsacien

Charles-François Hannong, né le 1669 et mort en 1739, est le chef de file d'une famille de faïenciers strasbourgeois.

Il est vraisemblablement le premier en France à avoir possédé le secret de la fabrication de la porcelaine dure[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Originaire de Maastricht en Hollande, il passe quelques années à Mayence où il acquiert peut-être ses premières connaissances en céramique (selon Tainturier la fabrique de faïences fines à Höchst existe alors déjà, ce qui reste à vérifier)[2].

Il épouse à Cologne Anne Nikke, fille d'un fabricant de pipes en terre. Paul Adam naît en 1700, Balthazar en 1703[3].

La famille s'installe à Strasbourg vers 1709[2]. L'année suivante,[réf. nécessaire] il ouvre une petite fabrique de pipes en terre[4] dans la rue du Foulon[1], devenue la rue Hannong[5]. Il fait partie de la corporation des maçons, de même que ses fils[6]. En 1718 il est nommé échevin par la corporation des maçons unie à celle des potiers[7]

En 1721 il est associé avec le faïencier franconien Jean Henri Wachenfeld (de)[4],[8],[n 1] dans la requête du 15 septembre 1721 adressée au Conseil des XXI pour obtenir l'autorisation de déménager la manufacture de Wachenfeld jusqu'au logis de Hannong[9]. Mais il semble que l'association n'a pas duré car le nom de Wachenfeld n'apparaît plus par la suite[1]. Hannong prend la direction de l'entreprise et son premier mouvement est de transformer sa fabrique de pipes en faïencerie : il met ainsi à profit les connaissances de Wachenfeld et les essais continuent pour ce qui concerne la porcelaine ; car le problème subsiste de l'approvisionnement en matière première[10], les carrières de kaolin connues à l'époque se trouvent toutes en rive droite du Rhin et bien gardées[11].

En 1723 Hannong obtient la concession d'un emplacement sur le Rhin pour y installer un moulin à broyer l'émail ; une aiguiserie qui se trouve là est convertie dans ce sens au frais de la ville et lui est louée pour un loyer de 25 livres. Mais après quelques années, une jetée est construite qui réduit la puissance du moulin ; il demande alors l'autorisation de construire un autre moulin plus en aval, et le 20 juin 1736, la cession d'un terrain communal pour y laver sa "terre à porcelaine"[6].
Mais surtout, en 1724 il fonde une autre fabrique à Haguenau[6],[n 2], 40 km au nord-est de Strasbourg[12].

Si les premiers efforts n'ont eu qu'un succès moyen, en 1726 la fabrication semble mise au point puisque le 10 mars de cette année-là[6] il offre des assiettes, saladiers et plats d'un « travail fin et blanc » à la corporation des maçons[1].

En 1729 il est appelé à siéger au petit sénat de Strasbourg, ce qui indique la bonne réputation qu'il a su établir, lui un étranger à la région[7].

Hannong et ses fils vont à la manufacture de Höchst chercher des procédés, des matériaux et même des ouvriers ; c'est pourquoi il existe de grandes similitudes entre les produits de ces deux manufactures[7]. Ainsi vers 1745 Hannong s'associe avec Ringler, ancien ouvrier de Meissen et cofondateur de la manufacture de Vienne puis directeur de Höchst. Lowenfinck, autre associé, est un ancien chef d'atelier de Höchst[1].

Selon Tainturier[13], Charles-François Hannong est vraisemblablement le premier en France à avoir possédé le secret de la fabrication de la porcelaine dure[1],[14].

En 1732, il se retire des affaires et cède ses deux manufactures à ses fils Paul-Antoine et Balthazar[1] : Paul Antoine est à la tête de la fabrique de Strasbourg, Balthazar dirige celle de Haguenau. En 1739, Balthazar vend Haguenau à Paul Antoine pour racheter la faïencerie de Durlach mais il échoue dans cette tentative[3].

Charles-François Hannong meurt le 29 avril 1739[1].

Famille[modifier | modifier le code]

  • Charles-François Hannong (1669-1739), marié avec Anne Nikke dont il a eu sept enfants[15], dont :
    • Paul-Antoine Hannong (1700-1760), marié en secondes noces avec Catherine Barbe Acker, dont il a eu seize enfants[16], dont,
      • Joseph-Adam Hannong marié en 1759 avec Marie Françoise Arroy (†1784)[17], dont il a trois filles :
        • Adélaïde Hannong,
      • Pierre-Antoine Hannong (1739-vers 1794)[18],[19],
        • Rossette Hannong,
    • Balthasar Hannong (†1753), marié en 1731 avec Marie Madeleine Vincent[20]
      • Charles François Hannong (1734-1788)[21]
        • Stanislas Charles Constantin Hannong (1770-1832), marié en 1799 avec Cunégonde Jersé[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Pour plus de détails sur Jean Henri Wachenfeld (de), voir l'article « Faïence de Strasbourg », section « Les débuts : Jean Henri Wachenfeld ».
  2. À Haguenau, une manufacture a déjà tenté de s'implanter en 1696. Elle obtient un privilège du roi le 10 juillet 1696, par lequel les faïences produites ne paient que 10 livres du cent pesant à l'entrée, conformément au tarif de 1664. Mais un mémoire de 1698 du marquis de La Grange, intendant d'Alsace, indique que « le manque d'un chef pour conduire cet ouvrage et la difficulté d'animer des ouvriers ont été la cause de ce qu'elle a cessé depuis environ un an » [donc en 1697]. « Les terres et sables y sont très-propres et ont produit des hémaux aussi considérables que ceux d'Hollande, ce qui fait qu'il y a lieu d'espérer qu'elle pourra se rétablir à la paix ». Voir Tainturier 1868, p. 27.
    Pour rappel, Haguenau au eu un XVIIe siècle difficile : pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), elle est assiégée par les troupes impériales en 1636. Elle perd son statut de ville impériale en 1648 à cause du très ambigu traité de Münster. Puis dans le contexte de la guerre de Hollande (1672-1678), le traité de 1676 donne la ville à la France qui, pour empêcher l'Empire de prendre l'Alsace, mène une politique de la terre brûlée dans toute la vallée du Rhin - dont le ravage du Palatinat ; sur ordre de Louis XIV, Haguenau est quasiment entièrement brûlée en 1677 et la population chassée pendant plus de un an. Malgré les fortifications de Vauban, l'Empire prend la ville en 1705 et un an après les Français la reprennent. Jusqu'en 1715, Haguenau ne connaît que la guerre. Voir plus de détails dans l'article « Haguenau », section « Ville impériale ou ville royale ? ».
Références
  1. a b c d e f g et h Chavagnac & Grollier 1906, p. 50.
  2. a et b Tainturier 1868, p. 18.
  3. a et b [Delot, Guyot & Bouré] Catherine Delot (dir. du musée), Claude Guyot et Francine Bouré, « La faïencerie de Strasbourg » (accompagne une exposition au musée des beaux-arts de Reims, 23 juin - 17 septembre 2018), Le Petit Journal, no 9 « Regard sur… la céramique de l'est de la France »,‎ , p. 32-36 (lire en ligne [PDF] sur musees-reims.fr, consulté en ), p. 32.
  4. a et b Chavagnac & Grollier 1906, p. 49.
  5. [Moszberger 2012] Maurice Moszberger (dir.) et al., Dictionnaire historique des rues de Strasbourg (nouvelle éd. révisée), Barr, éd. Le Verger, (1re éd. 2002), 574 p. (ISBN 9782845741393, présentation en ligne), p. 97.
  6. a b c et d Tainturier 1868, p. 26
  7. a b et c Tainturier 1868, p. 19.
  8. [Frégnac 1964] Claude Frégnac (dir.) et al. (préf. Serge Gauthier), Les porcelainiers du XVIIIe siècle français, Paris, Hachette, coll. « Connaissance des Arts - Grands Artisans d'Autrefois », , 336 p. (présentation en ligne), p. 245. Manon Hosotte-Reynaud relève quelques-unes des erreurs contenues dans ce livre (voir la "présentation en ligne").
  9. Tainturier 1868, p. 24-25.
  10. Tainturier 1868, p. 25.
  11. Tainturier 1868, p. 22.
  12. « Carte du trajet Strasbourg - Durlach », sur google.fr/maps (consulté en ).
  13. Tainturier 1868, p. 20-23. Cité dans Chavagnac & Grollier 1906, p. 49-50.
  14. Tainturier 1868, p. 29
  15. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau », Revue d'Alsace, t. 57,‎ , p. 574-579 (lire en ligne)
  16. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau », Revue d'Alsace, t. 57,‎ , p. 582-587 (lire en ligne)
  17. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau (suite) », Revue d'Alsace, t. 58,‎ , p. 36-54 (lire en ligne)
  18. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau (suite) », Revue d'Alsace, t. 58,‎ , p. 54-60 (lire en ligne)
  19. Régine de Plinval de Guillebon, « Les Fourberies de Pierre Antoine Hannong à Sèvres, Vincennes, Vaux et Paris. Épisodes de l’histoire de la faïence et de la porcelaine de 1761 à 1774 », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France. 186-187, t. 113-114,‎ , p. 179-222 (lire en ligne)
  20. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau », Revue d'Alsace, t. 57,‎ , p. 579-582 (lire en ligne)
  21. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau (suite et fin) », Revue d'Alsace, t. 58,‎ , p. 136-138 (lire en ligne)
  22. A. Hanauer, « Les Faïenciers de Haguenau (suite et fin) », Revue d'Alsace, t. 58,‎ , p. 138-140 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Bastian 1986] Jacques Bastian, Les Hannong : étude des décors peints sur les faïences et porcelaines à Strasbourg et Haguenau, 1721-1784 (thèse de doctorat d'histoire), Université Strasbourg 2, , 604 p..
  • [Bastian] Jacques Bastian, « Charles-François Hannong », dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 15, p. 1406.
  • Marie-Alice et Jacques Bastian, « Les Hannong et leurs grands services », Saisons d'Alsace, no 94,‎ , p. 42-47
  • [Chavagnac & Grollier 1906] Xavier-Roger-Marie de Chavagnac et Marquis de Grollier (préf. Marquis de Vogüé), Histoire des manufactures françaises de porcelaine, Paris, Alphonse Picard & Fils, , 966 p., sur gallica (lire en ligne), p. 49.
  • [Tainturier 1868] Alfred Tainturier, Recherches sur les anciennes manufactures de porcelaine et de faience, Alsace et Lorraine (tirage total de 225 exemplaires ; en fin d'ouvrage figure le tarif des groupes , figures et vases peints en biscuit qui se fabriquent dans la manufacture de porcelaine et terre de pipe de Niderwiller, arrondissement de Sarrebourg, département de la Meurthe), Strasbourg, impr. veuve Berger-Levrault, , XV pl. + 95, sur books.google.fr (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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