Champs Phlégréens

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Champs Phlégréens
Image illustrative de l'article Champs Phlégréens
Les champs Phlégréens vus de Naples.
Localisation
Coordonnées 40° 49′ 37″ N, 14° 08′ 20″ E
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Campanie
Province Naples
Communes Bacoli, Giugliano in Campania, Naples, Marano di Napoli, Monte di Procida, Pouzzoles, Quarto
Géologie
Massif Arc volcanique campanien
Âge 34 000 av. J.-C. et 13 000 av. J.-C.
Type de cratère Caldeira
Type Volcan de subduction
Activité Actif
Dernière éruption -
Code GVP 211010
Observatoire Observatoire du Vésuve
Dimensions
Altitude 458 m
Diamètre 13 km
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Champs Phlégréens
Géolocalisation sur la carte : Campanie
(Voir situation sur carte : Campanie)
Champs Phlégréens

Les champs Phlégréens (en italien, campi Flegrei) sont une région volcanique située dans le golfe de Pouzzoles, au nord-ouest de Naples (Italie). Ils correspondent à un des supervolcans les plus actifs du monde[1].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de cette zone vient du grec ancien Φλεγραῖα πεδία, de φλεγραῖος, « brûlant », adjectif dérivé du verbe φλέγειν‚ « brûler » (en latin Phlegraei campi ; en italien, campi Flegrei) et signifie « champs brûlants »[2].

Cette appellation n'est pas réellement due à l'activité volcanique, qui était calme à l'époque et depuis plus de 1 500 ans, mais plutôt aux nombreux phénomènes hydrothermaux (fumerolles et sources chaudes) qui furent exploités à l'époque de la Rome antique[3].

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Cette zone est située en bordure du golfe de Pouzzoles, dans le nord-ouest de la baie de Naples, en Campanie (Italie). Elle se situe à seulement 9 km à l'ouest de la ville de Naples[4].

Aujourd'hui, on y retrouve notamment les villes de Pouzzoles et de Cumes. Plus de 500 000 personnes vivent à l'intérieur même de la caldeira[3], et près de 1,5 million de personnes vivent à l'intérieur ou à proximité[4].

Topographie[modifier | modifier le code]

Modèle numérique de terrain des Champs Phlégréens.

C'est en fait une caldeira formée au cours de deux éruptions majeures, il y a 36 000, puis 14 000 ans. Cette zone se caractérise par la présence de très nombreux cônes et cratères volcaniques, ainsi que de phénomènes thermaux, tels que sources chaudes et fumerolles[3].

La bordure de la caldeira est encore visible dans sa partie septentrionale, mais la partie méridionale est en grande partie immergée dans le golfe de Pouzzoles, bien qu'il demeure le monte di Procida au niveau du cap Misène.

À l'intérieur de la caldeira, le cratère de la Solfatare présente de nombreux phénomènes hydrothermaux, dont des fumerolles et des puits de boue bouillonnante.

Il existe de nombreux cônes et anneaux de tuf au sein de la caldeira, tels que l'Astroni, le mont Barbaro (noté Gauro sur la carte satellite[Laquelle ?]), le cône du cap Misène, celui de l'île Nisidia, l'anneau de Bacoli ou le cratère contenant le lac Averne.

Histoire géologique[modifier | modifier le code]

Contexte tectonique[modifier | modifier le code]

À l'échelle des plaques tectoniques, les causes de ce volcanisme s'apprécient dans le cadre du rapprochement entre l'Europe et l'Afrique. Le contexte tectonique de la formation des champs Phlégréens est complexe et lié à la subduction de la plaque adriatique sous l'Italie vers l'ouest. Cette ancienne zone de subduction, maintenant bloquée, est visible sous les Apennins par les méthodes géophysiques.

Bien que les laves ne soient pas minéralogiquement et chimiquement typiques d'une subduction, ce volcanisme est donc défini comme un magmatisme de subduction.

Activité ancienne[modifier | modifier le code]

Avant la formation de la caldeira[modifier | modifier le code]

Entre 42 000 et 35 000 ans avant notre ère, la zone était caractérisée par des bancs de piperno et de tuf gris avec des inclusions de piperno qui sont encore visibles sur la colline de Camaldoli, comme dans la dorsale septentrionale et occidentale de Cumes ou dans les strates profondes de Monte di Procida visibles dans les falaises sur la côte.

Dans cette période, on parle de volcan Archiflegréen qui eut une activité volcanique explosive dont le maximum fut l'explosion qui a disséminé sur une bonne partie de la Campanie l'ignimbrite campanienne et qui porta à l'effondrement l'ancienne caldeira (39 000 ans AP)[5].

Formation de la caldeira[modifier | modifier le code]

Il y a 39 000 ans, un épisode explosif intense produisit entre 80 et 150 km3 de matériel volcanique de composition trachytique (« tuf gris » campanien, en fait une ignimbrite). La caldeira se forme à la suite de cet évènement, qui pourrait avoir contribué à l'extinction de l'Homme de Néandertal[6]. En effet, comme en témoignent de nombreux dépôts de cendres, cette explosion a plongé en hiver volcanique tout l’Est de l'Europe et l'Asie du Sud-Ouest, c'est-à-dire la plus grande partie de leur habitat.

Puis, il y a 14 000 ans, une deuxième série d'explosions mit en place entre 10 et 30 km3 de matériel volcanique nommé tuf jaune napolitain[3],[4].

Après la formation de la caldeira[modifier | modifier le code]

Depuis, la région a connu des périodes d'intense activité, séparées par de très longues périodes de repos s'étendant généralement sur plusieurs millénaires.

La dernière période explosive importante a eu lieu entre 4 500 et 3 700 AP. Elle a donné naissance à des dômes de lave et des éruptions phréatiques[3].

L'éruption la plus récente a débuté le , sur la rive est du lac Averne. Elle a donné naissance à un monticule de cendres et de ponces de 130 m de hauteur, le monte Nuovo[3]. Elle s'est achevée le suivant, après une dernière explosion qui tua vingt-quatre personnes qui gravissaient les pentes du monte Nuovo[4].

Activité récente[modifier | modifier le code]

La Solfatare des champs Phlégréens.

L'un des principaux cratères des champs Phlégréens est la Solfatare.

Le niveau du sol dans la région des champs Phlégréens s'est élevé, par un phénomène de bradyséisme, d'environ 2 m depuis 1970. En 1982 et 1984, 40 000 personnes ont dû être évacuées de Pouzzoles par prudence à la suite d'un regain d'activité de la zone. Le niveau du sol est redescendu après cette phase dans les années 1980, avant que l'élévation du sol ne reprenne à partir de 2005[7]. En 2009, un forage de 4 000 mètres[8] aurait dû être effectué mais le maire de Naples l'a interdit pour des raisons de sécurité.

En , une étude menée par des chercheurs de l'UCL (University College London) et l'observatoire du Vésuve (publiée en dans Nature Communications[9]) suggère qu'une éruption pourrait être plus proche qu'on ne le pensait[10],[11],[12],[13],[14]. Elle montre que les hausses du niveau du sol depuis les années 1950 ont un effet cumulatif. L'augmentation récente des teneurs en monoxyde et dioxyde de carbone dans les fumerolles indique une élévation des températures et donc une accumulation d'énergie dans la croûte.

En 2023, plus de 5 000 séismes sont enregistrés allant jusqu'à une magnitude de 4,2 — la plus forte secousse depuis 1985 —, l'accélération du soulèvement du sol et l'augmentation des émissions de gaz indiquent un regain d'activité, vraisemblablement d'origine volcanique[15],[16]. Cependant, ces phénomènes ne constituent pas de preuve d'une remontée de magma, si bien que la probabilité d'une éruption demeure très faible[15],[16],[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Allan Morey, Supervolcano Eruption, Bellwether Media, , p. 18
  2. F. Martin, Les Mots grecs, Hachette, p. 162.
  3. a b c d e et f Mauro Rosi, Paolo Papale, Luca Lupi et Marco Stoppato, 100 volcans actifs dans le monde, Paris, Delachaux et Niestlé, 2000, réimpression 2008, 335 p. (ISBN 978-2-603-01398-4), p. 104-105
  4. a b c et d (en) John Seach, « Campi Flegrei Volcano », sur volcanolive.com (consulté le )
  5. (it) « L'attività vulcanica nei Campi Flegrei », Bollettino della Società geologica italiana, vol. 69,‎
  6. Documentaire Science grand format, L'apocalypse de Néandertal, diffusé sur France 5 le 29 novembre 2018
  7. a et b Laure Giuily, « Près de Naples, vivre au-dessus des volcans », La Croix, no 42795,‎ , p. 4-5 (ISSN 0242-6056).
  8. « Supervolcan : une menace grandissante d'éruption à Naples, vraiment ? », Futura,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Progressive approach to eruption at Campi Flegrei caldera in southern Italy », sur Nature Communications, .
  10. « Un supervolcan caché en Italie montre des signes inquiétants de réveil », Gentside Découverte,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Édition du soir Ouest France », sur ouest-france.fr (consulté le ).
  12. « Les Campi Flegrei, ce supervolcan caché en Italie qui inquiète les scientifiques », Gentside Découverte,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Italie : l'activité d'un super volcan inquiète la région de Naples », France Info, (consulté le ).
  14. « Ce supervolcan du sud de l'Europe montre des signes de réveil », sur futura-sciences.com, .
  15. a et b « Italie : l'activité volcanique des Champs Phlégréens, près de Naples, inquiète », Euronews,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Ludovic Leduc, « Soulèvements du sol et sismicités accrues aux Champs Phlégréens : Naples doit-elle craindre le pire ? », sur Futura, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en + fr) Sir William Hamilton, Campi phlegraei : observations on the volcanos of the two Sicilies, as they have been communicated to the Royal society of London, t. 1, Naples, Pietro Fabris, (lire en ligne)
  • Des illustrations des champs Phlégréens se trouvent dans Champs Phlégréens : observations sur les volcans des Deux Siciles, Lord Hamilton, 1776, illustrations de Pietro Fabris (en). Ce livre fut suivi du succès des gouaches napolitaines.

Documentaire[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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