Château de Sclessin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Château de Sclessin
Image illustrative de l’article Château de Sclessin
Période ou style Classique
Fin construction Début du XVIIIe siècle
Propriétaire initial Famille de Berlo
Destination initiale Habitation
Propriétaire actuel Ville de Liège
Destination actuelle Lieu culturel
Coordonnées 50° 36′ 29″ nord, 5° 33′ 02″ est
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région historique Principauté de Stavelot-Malmedy
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Ville Blason de Liège Liège
Géolocalisation sur la carte : Liège
(Voir situation sur carte : Liège)
Château de Sclessin
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Château de Sclessin
Le château en 2016

Le château de Sclessin est un château situé à Sclessin, une entité de la ville de Liège. Il est occupé par deux ASBL : le théâtre de l'Aléna et le Centre Antoine Vitez.

Historique[modifier | modifier le code]

Les seigneurs de Berlo[modifier | modifier le code]

Depuis le milieu du XIIIe siècle et pendant près de six siècles, les propriétaires du château de Sclessin sont les seigneurs de Berlo, seigneurs de Sclessin et avoués héréditaires d'Ougrée. C'est Gérard de Berloz, grand maréchal et général de Henri de Gueldre, qui acquit la charge d'avoué de Sclessin vers 1250.

L'avoué est le seigneur chargé de défendre les intérêts du prince, en l'occurrence, le prince-abbé de Stavelot-Malmédy à Sclessin et Ougnée. Il fait exécuter les sentences de la Cour de Justice, dont le perron (ou pierre de Justice) se dressait en « Lairesse ». Il percevait aussi les redevances et protégeait le domaine contre toute incursion, pillage ou autres dommages. En retour, il percevait le tiers des amendes.

Les avoueries de Sclessin et d'Ougnée étaient un fief du comté de Looz.

En 1253, Gérard de Berloz, harcela maintes fois les Liégeois qui, sous la conduite du tribun Henri de Dinant, s'étaient révoltés contre leur prince-évêque. Ils en tirèrent vengeance « en prenant prise sur ses terres » et, après avoir « ravagé et jardins et tous les dehors, ils pillèrent et démolirent sa tour, son château de Sclessin ».

Gérard de Berloz fils se met du parti des Waroux. Avec ceux de Sclessin, il se distingue à la bataille de Loncin. Le plus jeune des frères de Flémalle, du clan des Awans, fut tué en 1298 par Warnier du lignage de Sclessin...

Raes de Berlo fit le relief de l'avouerie et du château en 1371.

Guillaume et Libert sont tués au siège de Gand en 1381.

Le , l'abbé de Stavelot céda en accense perpétuelle la seigneurie de Sclessin et d'Ougnée à Jean de Berlo dit de Brust qui en était déjà l'avoué, moyennant une rente annuelle de 47 muids (115 d'épeautre). Il ajoutait ce titre à ceux qu'il possédait déjà : seigneur de Brus (lez Glons), de Saive et de Julémont. Cette seigneurie resta dans cette famille jusqu'à la Révolution.

Parmi les aînés, la lignée des de Berlo compta plusieurs bourgmestres de Liège, deux évêques de Namur et de grands généraux tels Gérard, Grand Maréchal de Henri de Gueldre (déjà cité) et Guillaume, à qui fut confié l'étendard de Saint-Lambert en 1467, lors de la bataille de Brustem.

En 1568, le château est incendié par les troupes du Taciturne.

Plus tard, sous l'Espagne et l'empire d'Autriche, plusieurs de Berlo trouvèrent encore la mort sur les champs de bataille : Melchior devant Mons, Arnould à Brisach et Hubert, en 1646, au siège de Dunkerque.

XVIIe siècle : Incendie du château et modifications[modifier | modifier le code]

Gravure de Remacle Le Loup

Le château et ses dépendances furent ravagés par un incendie en 1681 et il subit des modifications successives réalisées par ses différents propriétaires.

Ce château fut réédifié par François-Ferdinand de Berlo, comte de Berlo, seigneur de Sclessin, grand-mayeur de Liège, mort en 1713 « sans l'avoir conduit à la perfection ».

En 1717, le comte de Berlo, seigneur de Sclessin, voulut obliger la Cour de Justice de l'endroit à tenir ses réunions en son château. Les échevins refusèrent de se soumettre à ces exigences. Alors le comte résolut d'employer la force. Le 12 janvier, il fit cerner le local ordinaire de la Cour par des paysans armés. Quand le greffier, appelé Montfort, sortit, on le saisit par le collet et on l'emmena prisonnier au château. Le conseil privé du prince-évêque ayant été informé de cette arrestation arbitraire envoya à Sclessin un détachement de troupes avec ordre d'assiéger le château, si le comte de Berlo refusait de remettre immédiatement son prisonnier en liberté.

Le 14 janvier, le sieur Richard qui commandait le détachement, arriva à Sclessin et fit entourer le château. Il se rendit ensuite auprès du comte et lui exposa l'objet de sa mission. Le comte voyant bien qu'il ne pouvait résister se soumit et rendit la liberté au greffier Montfort.

En 1731, un Gérard de Berloz périt à la bataille de Basse-Wilve (Wassweiler) près de Justiers.

Une gravure de Remacle Le Loup dans « Les Délices du Pays de Liège » de 1735 nous montre l'aspect du château à cette époque. Dans cet ouvrage, Saumery en donne une description :

« Situé au bord de la Rivière qui baigne les murs de son enceinte, et dont il a les agréments sans être exposé à ses incommodités, il offre à la vue deux gros pavillons flanqués de deux Tours quarrées, qui malgré leur structure rustique ne laissent pas d'être de bon goût. Un superbe Donjon surmonté de plusieurs lanternes placées par étages, s'élève à l'entrée de la Cour, entre deux corps de logis très bien bâtis, qui faisant face aux deux Pavillons dont je viens de parler, forment un coup d'oeil qui plait par sa régularité.

On y voit avec plaisir une large Terrasse soutenue d'un mur de pierre, qui entoure un beau Jardin. Les agréables Charmilles dont elle est ornée dans toute son étendue, sont des mieux entretenues. De ce lieu charmant on découvre de près tout ce qui se passe sur la Rivière, & sur ses deux rives, & la vue après s'être arrêtée sur différents objets, à des distances proportionnées, se perd dans des lointains très variés. Le Village du même nom, l'Eglise qui est assez belle, & plusieurs Maisons de plaisance paraissent être placés pour la perspective de ce château, qui considéré dans toutes ses parties peut être mis au rang des belles Maisons de campagne. »

Révolution française[modifier | modifier le code]

En 1789, la Révolution bouleverse la France. On instaure le nouveau régime fin 1795 en Belgique. Tous les droits seigneuriaux séculaires ont vécu. La souveraineté de la noblesse disparaît. Les de Berloz ne sont plus rien. Le dernier seigneur de Sclessin fut Marie-Léopold-Joseph de Berlo de Suys.

Il fut exclu de l'État Noble en par le prince-évêque Hoensbroeck pour avoir soutenu le mouvement patriotique pendant la révolution liégeoise.

"Cour, château, maison, étang, jardin, prés, bois, terres hérules, tenure et assise... Chaque génération ajoutait quelque chose...

Écuries, étables (stâ), bergerie (bièdj'rèye), un fenil (sina), une porcherie (ran d'poûrcès), un chartil (tchèrî), une grange (heûre), un four (forni), une brasserie (brèssène), une chambre pour domestiques...

... Ce qui forma un ensemble plutôt disparate et vieillissant, en partie vétuste, ce qui amène Arnould de Berlo et son épouse Marie de Cottereau, à construire un nouveau château en 1813."

XIXe siècle : château dit hanté[modifier | modifier le code]

Les de Sauvage sont cités comme propriétaires du château dès 1808[1]. Les de Sauvage achètent le manoir mais non la seigneurie. Le temps est révolu des souverainetés locales. Les droits seigneuriaux, avec tout ce qui avait rapport au système féodal, ont été abolis sans indemnité quelconque dans la nuit du . Le nouveau régime a été rendu applicable en Belgique en .

Quelques acquéreurs de châteaux s'y sont trompés. Et ils ont réclamé le bénéfice des revenus de certains droits supprimés. Mais les pouvoirs nouveaux, émanés de la nation, qui ne s'y méprenaient pas, eux, étaient prompts à rappeler la déchéance de la souveraineté nobiliaire.

En 1846, un conflit ayant éclaté entre la commune d'Ougrée et de Loets de Trixhe et sa femme née de Sauvage au sujet de la propriété du chemin de l'Espinette, l'administration communale termine l'exposé de ses moyens de défense par cette phrase : « Comment les de Sauvage se réclameraient-ils des titres des comtes de Berloz, les droits seigneuriaux ayant été abolis ».

À la fin du siècle, des revers de fortune accablent la famille de Sauvage. Et c'est l'abandon du château qui se délabre. On doit cependant à la famille de Sauvage l'aménagement de la partie centrale, joignant les deux pavillons.

Bientôt, on le dit hanté et on l'appelle le « château du diable » : « ... Et l'homme courageux qui y pénètre seul, la nuit de la Saint-Sylvestre, et qui y inscrit, à minuit, son nom avec son sang verra sa fortune assurée!... »

Le , le Conseil communal charge le collège de demander à Madame de Sauvage-Vercour, l'autorisation d'ériger provisoirement en « succursale » la chapelle du château de Sclessin, à laquelle serait attaché en permanence un prêtre desservant.

C'est à Sclessin, dans l'enceinte du château, que le Football Club Liégeois a décidé de s'installer dès les premiers mois de sa création en 1893.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

L'administration communale achète le château en 1913 (pour 100 000 francs). Elle se proposait d'y aménager des classes, le groupe scolaire du Perron ayant été exproprié par le département des chemins de fer de l'État (ligne Kinkempois-Fexhe-le-Haut-Clocher), moyennant une indemnité de 294 400 francs. Ce qui fut fait dès 1914.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château est réquisitionné par les Allemands et servira de bureau au IIIème Reich. Il ne subira aucune dégradation durant la guerre. Toutefois, l'école et la bibliothèque conserveront des salles.

Des années 1950 aux années 1970, il fut encore utilisé par l'administration communale et comme annexe d'école.

Dans les années 1970 et 1980, d'importantes rénovations ont lieu. Tout ce qui était précieux - escalier monumental, poutres, moulures, portes, volets, parquets de chêne, cheminées - ont disparu au profit d'une décoration « cité administrative » (lambris, néons et lino). Arrivée de la police dans une aile ainsi qu'un groupement associatif local. Le bâtiment nécessitant des travaux de restauration et une réactualisation par rapport aux nouvelles normes incendie, la ville de Liège, propriétaire depuis la fusion de communes, décida, sous la pression de son échevin des Finances, de désaffecter le château et de le démolir.

En 1995, le Centre Antoine Vitez, avec l'accord de la ville de Liège, prenait ses quartiers au château de Sclessin, le sauvant alors d'une démolition certaine. Chaque année, ce sont 200 élèves qui viennent suivre les cours (théâtre, chant, danse, photo, etc.) que le Centre dispense.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

En 2000, le Théâtre de l'Aléna prend place dans l'ancienne salle de bal du château de Sclessin. Il est reconnu Théâtre professionnel par la fédération Wallonie-Bruxelles. Le Théâtre de l'Aléna a dirigé la création de plus de 70 spectacles.

Le pigeonnier, datant de 1646, devient un lieu où l'imaginaire du metteur en scène peut prendre sa place.

Une vente de briques du château est organisé par les ASBL afin de restaurer le château.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Armand Baar, Au bon temps des vignobles liégeois, , 2e éd., 99 p.
  • Renaud Strivay, Les Horizons mauves (en Condroz), Seraing,
  • Bruno Boutsen, « À Sclessin, un château culturel », sur lalibre.be, (consulté le )
  • Emile DEGEY, Il était une fois... Sclessin !, 1979.
  • Amédée DE REIJCKEN, Les communes de la Province de Liège, Liège, 1892.
  • Francis DUMONT, A Ougrée et à Sclessin, Au Temps jadis, Seraing, 1934
  • Pierre Lambert de SAUMERY, Les délices du pays de Liège, Liège, 1738.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]