Château de Gisors

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Château de Gisors
Image illustrative de l’article Château de Gisors
Le château de Gisors en juin 2011.
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIe siècle
Fin construction XIIe siècle
Protection Logo monument historique Classé MH (1862)[1]
Coordonnées 49° 16′ 51″ nord, 1° 46′ 28″ est[2]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Vexin
Région Normandie
Département Eure
Commune Gisors
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Gisors
Géolocalisation sur la carte : Eure
(Voir situation sur carte : Eure)
Château de Gisors

Le château de Gisors est un ancien château fort, construit entre la fin du XIe siècle et le XVIe siècle, qui se dresse sur la commune de Gisors dans le département de l'Eure et la région Normandie.

Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[1].

Situation

Les vestiges du château de Gisors[3] sont situés dans le Vexin normand dans le département français de l'Eure sur la commune de Gisors. Le château, dominant la vallée de l'Epte, bâti sur une motte castrale est constitué d'un donjon circulaire qui fut ajouté à une forteresse déjà existante. Essentiellement l’œuvre des ducs de Normandie du XIe au XIIe siècle, cette forteresse frontalière devait défendre le domaine anglo-normand contre les prétentions du roi de France.

Histoire

Les origines

Les origines de cette forteresse remontent à la seconde moitié du XIe siècle. Une motte castrale est édifiée dès 1097 par Robert II de Bellême, sur l'ordre du roi d'Angleterre Guillaume II le Roux (1087-1100)[4], régent du duché de Normandie. Celle-ci est complétée un an plus tard par un donjon de bois, probablement ceint d'une palissade[5]. En 1113, ce site fortifié, dominant la vallée de l'Epte, accueille une rencontre entre les souverains Louis VI de France et Henri Ier Beauclerc d'Angleterre. Il connaît son premier siège en 1120, lors de la rébellion des seigneurs normands contre la tutelle anglaise. La place forte, défendue par le gouverneur « Robert de Chandos »[6] eût beau tenir bon, cette sérieuse alerte conduira le souverain anglais à juger plus sûr de repenser les fortifications, lesquelles seront reprises dès 1123. Cette première campagne de reconstruction verra l'adjonction d'un donjon en pierre de taille de forme octogonale, ceint d'un rempart en gros appareil (l'enceinte-basse)[7].

Henri Ier Beauclerc disparaît en 1135, sans laisser d'héritier mâle. Sa fille Mathilde l'Emperesse, veuve de l'empereur germanique Henri V, écartée du trône, épouse un noble angevin, Geoffroy Plantagenêt, lequel devient ainsi duc de Normandie, tandis que dans le même temps, le trône d'Angleterre est confié à Étienne de Blois. La mort de celui-ci en 1154, sans héritier mâle, fait du fils de Geoffroy le nouveau roi d'Angleterre, et inaugure une nouvelle ère : celle des Plantagenêt.

Un bastion anglo-normand

Vue de la fortification depuis la place Bianmont.

Une rencontre entre le nouveau roi d’Angleterre et le roi des Francs Louis VII a lieu en 1158 au château de Gisors. Afin de sceller la réconciliation entre les deux royaumes, le souverain capétien accorde au jeune fils d'Henri II Plantagenêt la main de sa fille Marguerite de France, âgée de seulement six mois, lui remettant en dot la forteresse de Gisors. Dans l'attente de la célébration du mariage, la place forte sera confiée à l'ordre du Temple, à l'instar de deux autres châteaux. Trois chevaliers templiers sont chargés de veiller sur la forteresse : Robert de Piron (ou Pirou), un chevalier du Temple de Saint-Malo, Tostes de Saint-Omer (ou Otton), maître de France, et Richard d'Hastings[8], alors maître de l'ordre pour la province d'Angleterre. Cependant, dès 1160, Henri ordonne la célébration des noces ; ce faisant, Gisors redevient normand. À eux deux, les mariés ont à peine huit ans[9].

Le caractère stratégique de ce point de la vallée de l'Epte n'échappe pas au nouveau maître des lieux, et une nouvelle campagne de reconstruction est entreprise en 1170. Celle-ci durera dix ans. Au cours de cette longue période, le donjon sera consolidé et surhaussé de deux étages supplémentaires, tandis que dans le même temps, les fossés sont agrandis. Une nouvelle enceinte, longue de 800 mètres et flanquée de huit tours, achève de protéger le site[7].

L'annexion par Philippe Auguste

En 1188, à la veille de la troisième croisade, une entrevue royale entre les souverains anglo-normand Henri II et français Philippe Auguste se déroule au château, à l'issue de laquelle une trêve est décidée[10]. Cependant, Henri meurt l'année suivante et c'est accompagné de son successeur, Richard Cœur de Lion, que le Capétien part guerroyer en Terre sainte. Lorsqu'à l'issue de la croisade, Richard est retenu prisonnier à Dürnstein, l'occasion apparaît trop belle pour le souverain français, qui s'empare de la forteresse en 1193 ; il y fait effectuer plusieurs remaniements, dont la construction de la « tour du Prisonnier », inspirée du château du Louvre, de la barbacane, orientée vers la ville, ou encore du logis royal, détruit au début du XXe siècle.

Libéré en 1194, Richard prend les armes pour récupérer son fief. Cependant, les deux parties choisissent l'apaisement et signent en 1195 les traités de paix du Vaudreuil et d'Issoudun, complétés l'année suivante par le traité de Gaillon, qui place le Vexin, et donc Gisors, sous l'autorité de la couronne de France. Pour compenser la perte de plusieurs de ses places fortes et tenter de protéger ses terres, Richard entreprend alors la construction d'un redoutable château : Château-Gaillard, bâti en seulement deux ans.

La prison des Templiers

Tour du Prisonnier.

Privé de portée stratégique, le château de Gisors est alors transformé en prison. Celle-ci accueillera des hôtes célèbres lors de la vague d'arrestation des chevaliers templiers : la forteresse devint ainsi, de mars 1310 à mars 1314, le lieu de détention du grand-maître de l'ordre, Jacques de Molay, rejoint dans les geôles du château par trois autres dignitaires de l'ordre : Hugues de Pairaud, Geoffroy de Gonneville, maître de la province du Poitou et d'Aquitaine, et Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie[11].

Conquête anglaise

En 1419[12], une campagne du duc de Clarence permettra la conquête du château par les Anglais. Ceux-ci n'en seront délogés qu'en 1449.

Retour à la couronne de France

Revenu à la couronne de France, le château, devenu inutile à la fin du conflit franco-anglais, fut peu à peu négligé. En 1591, la forteresse est déclassée.

Description

Le château à motte primitif est constitué d'un imposant donjon, établi sur une motte castrale d'environ 15 mètres de haut et un diamètre à sa base de 70 mètres. Un mur de pierre construit au sommet du tertre protège et enchemise le donjon[13].

On a augmenté la superficie du château par l'adjonction d'une enceinte, précédée par un fossé, qui se développe sur approximativement 200 mètres de long sur 10 mètres de haut, flanquée de tours, dont la plus célèbre reste la tour du Prisonnier, constituant un témoignage de l'architecture philipienne dans la région. Plusieurs caves souterraines ont été aménagées sous le château[14].

Donjon

Tour du Prisonnier

Chapelle Saint-Thomas-Becket

Bâtie par Henri II, il n'en subsiste que peu de vestiges : ceux-ci se limitent à quelques traces de l'abside, de style roman, prise dans le mur d'enceinte, au sommet de la motte.

Jardin public

Gisors et la mythologie templière

Le château de Gisors est réputé pour ses liens avec l'histoire de l'ordre du Temple, bien qu'il n'ait pas été bâti par leurs soins. Il leur fut confié de 1158 à 1160 lors d'une trêve entre le royaume d'Angleterre et celui de France, puis servi de prison de 1310 à 1314 au dernier maître de l'ordre, Jacques de Molay, ainsi qu'à trois autres dignitaires de l'ordre, lors du procès de l'ordre du Temple.

Selon certaines légendes, le château de Gisors serait le lieu de cachette du trésor des Templiers. Dans les années 1950, le gardien du château, Roger Lhomoy, entreprit de creuser un puits et d'explorer les souterrains et cavités ainsi mis au jour, ce qui finit par déstabiliser la motte et provoquer des fissures dans le donjon. L'homme assura avoir découvert des salles souterraines, ainsi qu'une chapelle contenant 10 coffres moyen-âgeux. Le maire et plusieurs habitants se rendirent sur les lieux mais le souterrain était tellement profond et dangereux, que personne ne voulut descendre. Le gardien reçut l'ordre de reboucher les cavités, et la cour fut ensuite bétonnée[16]. Roger Lhomoy raconta son aventure à Gérard de Sède, qui écrivit un article dans un magazine sur Gisors pour relater cette histoire, et ainsi populariser le mythique prieuré de Sion dans son ouvrage de publiés en 1962, Les Templiers sont parmi nous, ou l'Énigme de Gisors[17]. Des fouilles organisées en 1964 par le ministère de la Culture au château pour retrouver le trésor des Templiers à la suite du signalement de son jardinier et gardien, Roger Lhomoy, n'ont abouti à rien. Les fondations du château ont été hautement déstabilisées par ces recherches[18].

Notes et références

Notes

Références

  1. a et b « Restes du château », notice no PA00099430, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps.
  3. « Inventaire général du patrimoine culturel - Château fort », notice no IA00017799, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. André Chatelain, Châteaux forts et féodalité en Île-de-France, Nonette, Créer, coll. « Patrimoine », , 507 p. (ISBN 2-902894-16-3, lire en ligne).
  5. Le château de Gisors.
  6. Louis Régnier, Quelques mots sur les monuments de Gisors, 1919.
  7. a et b Jean-Louis Magnier, Gisors, le château médiéval : Les rois de France et d'Angleterre qui ont fait Gisors lorsque le bourg était ville frontière.
  8. (en) Charles Greenstreet Addison, The history of the Knights Templars, the Temple church, and the Temple, (lire en ligne), p. 121.
  9. Sources : site de la ville de Gisors.
  10. Jean Mesqui, Le Château de Gisors aux XIIe et XIIIe siècles, Université de Rouen, 1990.
  11. Alain Demurger, Jacques de Molay, le crépuscule des Templiers, Biographie Payot, 2002 (ISBN 978-2-228-89628-3), p. 265.
  12. extrait de : Philippe le Bon, de Paul Bonenfant.
  13. Action thématique programmée en archéologie métropolitaine : « inventaire des fortifications de terre » (groupe Rhône-Alpes), Château de Terre : de la motte à la maison-forte - histoire et archéologie médiévales dans la région Rhône-Alpes, juin 1987-décembre 1988, p. 28.
  14. Jean Mesqui, Le Château de Gisors au XIIe et XIIIe siècles, Université de Rouen, 1990.
  15. « Les jardins et les promenades du château de Gisors », sur Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement Normandie (consulté le ).
  16. « Ville de Gisors, Le mythe des Templiers », sur Site officiel de la Commune (consulté le ).
  17. Les Templiers sont parmi nous, Éd. René Julliard, 1962 et coll. « J'ai lu L'Aventure mystérieuse no A185 », ou (L'Énigme De Gisors).
  18. Histoire Junior no 43, p. 18.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes