Château de Chanteloup (Manche)

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Château de Chanteloup
Vue du nord-ouest.
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XIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
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Carte

Le château de Chanteloup est un ancien château fort, du XIe siècle, remanié aux XIVe, XVe et XVIe siècles, qui se dresse dans le Centre-Manche sur le territoire de la commune française de Chanteloup, dans le département de la Manche, en région Normandie.

Le château est totalement protégé aux monuments historiques.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château est situé, à 600 mètres au sud de l'église Saint-Pierre, sur la commune de Chanteloup, dans le département français de la Manche. Il aurait permis de surveiller le havre de la Vanlée, proche, permettant des incursions côtières[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Le manoir est mentionné pour la première fois en 1022 dans une charte souscrite au profit de l'abbaye du Mont-Saint-Michel[1], et aurait été bâti par un compagnon de Guillaume le Conquérant[2], et qui avait obtenu des biens dans les comtés de Dorset, Hereford et Worcester[3],[note 1].

Il est la propriété de la famille de Chanteloup qui s'allia à la famille Paynel, quand Agnès de Chanteloup épouse en 1286 Foulques III Paynel[3]. Au début du XVe siècle, Foulque IV Paynel, baron de Hambye et de Bricquebec, seigneur de Chanteloup, de Moyon, de Créances, d'Apilly (Saint-Senier-sous-Avranches), du Merlerault et de Gacé, est un puissant seigneur de Normandie, chevalier banneret qui regroupe sous ses armes, quatre bacheliers et de dix à quatorze écuyers. Son frère Nicole Paynel lui succédera[4], dont la fille, Jeanne Paynel, dernière héritière de la branche du Cotentin, apportera en dot le château de Chanteloup, à la suite de son mariage vers 1413-1414, à Louis d'Estouteville, son cousin[5], le défenseur du Mont-Saint-Michel lors de l'assaut anglais de 1434, date à laquelle il est en possession du château qui lui avait été confisqué par les Anglais en 1418 et qu'ils conserveront jusqu'en 1449 et sa reprise par le connétable de Richemont[6]., avec ceux de Moyon, Hambye et Bricquebec[3]. Ce dernier fit réparer le donjon et l'enceinte, malmené lors de la guerre de Cent Ans. Antoine d'Estouteville, châtelain de Chanteloup de 1517 à 1556, abandonna l'antique château, vers 1536, pour un nouveau corps de logis ajouté à l'ancien château médiéval qu'il occupa avec son épouse, Isabeau de Carbonnel, fille du seigneur de Cérences[7], dont les initiales apparaissent sur la façade. En 1594, le château soutint un siège contre les Ligueurs[6].

Vers 1655, le château est acquis par Jean de Montgomery qui complète les habitations[2].

Lorsque survint la Révolution, une dame Duprey[note 2] jugea prudent d'arasé le donjon au niveau du second étage, ainsi que les deux tours encadrant la poterne, de supprimer le pont-levis et de briser les écussons[2].

Description[modifier | modifier le code]

L'assiette polygonal du château originel est encore entourée de ses douves. On pénètre à l'intérieur de la cour, aujourd'hui par un petit pont dormant à deux arches ayant remplacé un pont-levis à bascule et à flèches, dont il subsiste les profondes saignées pratiquées sur la façade du châtelet d'entrée flanqué de deux tours rondes, arasé à la Révolution. Dans la cour, sur la droite se dresse les vestiges du donjon quadrangulaire du XIVe, remanié au XVe siècle, également partiellement arasé à la Révolution. Ce donjon, serait, avec ceux de Saint-Sauveur et de Regnéville, l'un des plus anciens de la Manche. Chaumeil, historien local, a prétendu que son sommet était crénelé et haut de cinq étages, comme celui de Bricquebec, avec une hauteur d'une trentaine de mètres[1] comportant une salle basse voûtée puis quatre étages, le dernier a disparu[3]. De nos jours, il est conservé sur une vingtaine de mètres[2].

Le château actuel, construit en granit en 1536[2], peut être attribué à la première Renaissance, comme le suggère son ornementation sculptée : pilastres à rinceaux, candélabres, épis fuselé, frises ornés de médaillons ou de cartouches, grands panneaux à losanges garnis de feuilles, animaux fantastiques. Il est à rapprocher du château de Lasson, près de Caen, bâti lui aussi en 1520, et qui présente la même décoration[7]. Comme à Lasson, les deux portails, à droite, à larges tympan semi-circulaires, et à gauche une porte à tabernacle sont un rappel de l'architecture religieuse[9].

Protection aux monuments historiques[modifier | modifier le code]

Au titre des monuments historiques[10] :

  • le château sauf les parties classées, est inscrit par arrêté du  ;
  • les façades et toitures de la partie Renaissance et la porte de la grande salle avec ses vantaux peints sont classés par arrêté du .

Possesseurs successifs[modifier | modifier le code]

  • Famille de Chanteloup
    • Agnès de Chanteloup (1286)
  • Famille Paynel
    • Foulque III Paynel (époux de la précédente)
    • Foulque IV Paynel
    • Nicol Paynel (frère du précédent)
    • Jeanne Paynel (fille du précédent)
  • Famille d'Estouteville
  • Jean de Montgomery
  • Famille d'Amelot de Chaillou
  • Pierre Duprey (1790)
  • Famille de Witasse Thézy

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Une branche de Chanteloup va se fixer en Angleterre où elle s'éteindra au début du XIVe siècle[3].
  2. En 1790, Pierre Duprey, seigneur et patron de Chanteloup, conseiller du roi, représente Chanteloup à l'Assemblée primaire de Cérences[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Hébert et Gervaise 2003, p. 70.
  2. a b c d et e Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 83.
  3. a b c d et e Georges Bernage, « Saint-Lois, Coutançais, Avranchin », dans La Normandie médiévale : 10 itinéraires, Éditions Heimdal, coll. « La France Médiévale », , 174 p. (ISBN 2-902171-18-8), p. 48.
  4. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 80.
  5. Gilles Désiré dit Gosset, « Châteaux et fortifications du Cotentin », dans Congrès archéologique de France. 178e session. Manche. 2019. Société française d'archéologie, Condé-en-Normandie, Éditions Picard, (ISBN 978-2-9018-3793-0), p. 16.
  6. a et b Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN 978-2-9159-0709-4), p. 54.
  7. a et b Hébert et Gervaise 2003, p. 71.
  8. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 149.
  9. Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France : Au siècle de la Renaissance, Tours, Flammarion, , 839 p. (ISBN 978-2-08-012062-5), p. 299.
  10. « Château », notice no PA00110361, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles de Gerville, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Mancel, (lire en ligne), « Second mémoire sur les anciens châteaux du département de la Manche », p. 286-291
  • Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 176 p. (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 70-72.
  • François-Charles James, « Le château de Chanteloup », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, , p. 358-368
  • Louis Régnier, « Le château de Chanteloup », Annuaire des cinq départements de la Normandie, Association normande,‎ , p. 209-221 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]