Château de Brancion

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Château de Brancion
Image illustrative de l’article Château de Brancion
Vue partielle des ruines du château de Brancion, depuis le sommet du donjon.
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle
Fin construction XIVe siècle
Propriétaire initial Famille de Brancion
Destination initiale Résidence seigneuriale
Propriétaire actuel Personne privée
Destination actuelle Ruiné, ouvert au public
Protection Logo monument historique Classé MH (1977)[1]
Coordonnées 46° 32′ 49″ nord, 4° 47′ 53″ est[2]
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Saône-et-Loire
Commune Martailly-lès-Brancion
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire
(Voir situation sur carte : Saône-et-Loire)
Château de Brancion
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Bourgogne-Franche-Comté)
Château de Brancion
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Brancion

Le château de Brancion est un ancien château fort, du XIIe siècle, dont les vestiges se dressent sur la commune de Martailly-lès-Brancion dans le département de Saône-et-Loire, en région Bourgogne-Franche-Comté.

Les restes du château de Brancion, y compris ceux de l'enceinte, et porte de ville attenante font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [1].

Des traces de forteresse gauloise se trouvent sur le site[3].

Localisation[modifier | modifier le code]

Les vestiges du château de Brancion sont situés dans le département français de Saône-et-Loire sur la commune de Martailly-lès-Brancion, sur un éperon barré dominant un col emprunté par la route reliant Cluny à la Saône.

La forteresse offre du haut de son donjon une vue incomparable à ses pieds sur le petit village de Brancion et son église romane, puis sur une immense étendue de plaines et de collines.

Historique[modifier | modifier le code]

Armes des Brancion.

Pendant trois cents ans, le château est la possession de la famille de ce nom. « Gros » est le surnom porté par ces seigneurs. Ils ont pour devise : « au plus fort de la mêlée » et pour armes : « d'azur à trois fasces ondées d'or ».

L’histoire de ces seigneurs est une longue suite de batailles et de pillages qui leur crée quelques difficultés avec l'abbaye de Cluny ; à plusieurs reprises, les moines et les bourgeois de Cluny se plaignent de ces exactions à l'évêque et au comte de Chalon et il en résulte une chevauchée de Louis VII et un arbitrage de Philippe Auguste ; l'un de ces seigneurs va à Rome solliciter son pardon, d'autres partent pour la Terre sainte.

Au XIIe siècle[4], les seigneuries de Brancion et d'Uxelles sont unies et composent un ensemble homogène que contrôlent les deux châteaux principaux que sont Brancion et Uxelles, complété par ceux de Boutavant et Nanton.

En 1259, pour éponger les dettes de son père, Henri III Gros de Brancion vend ses seigneuries d'Uxelles et de Brancion au duc Hugues IV de Bourgogne.

Pendant deux cent dix-huit ans, Brancion est chef-lieu d'une châtellenie[note 1] ducale avec garnison permanente ; le château apparaît comme une des clez du paiz. Les ducs renforcent et augmentent le confort du château, en édifiant notamment le logis de « Beaujeu ». Jean de Charette, écuyer, en est à la fin du XIVe siècle (1390) le châtelain[6].

Domaine royal[modifier | modifier le code]

En 1477, à la mort du duc Charles le Téméraire, la terre entre dans le domaine de la couronne de France ; après une courte période de confusion, un châtelain royal succède au châtelain ducal.

En 1548, Jean III de Lugny, seigneur engagiste, porte le titre de comte de Brancion (il acquiert Brancion par contrat d’engagement signé le 27 août 1548 à la chambre des comptes de Dijon par « noble et scientifique personne messire Jehan Janyn, doyen de Louhans, procureur de messire Jehan de Lugny, chevalier, sieur et baron dudit lieu et de Branges, Lexard et Sainct-Trivier, et de dame Françoise de Pollignac, dame desdits lieux », portant sur « le chastel, maison fort, terre et chastellenye de Brancion, ainsi qu’ils s’estendent et comportent », moyennant la somme de 6165 livres 16 sols tournois). Après lui, Françoise de Lugny, sa fille, épouse en 1558 de François Chabot, sera à son tour comtesse de Brancion[7].

En 1562, la forteresse sert de lieu de refuge aux religieux de Tournus, qui fuient devant les Huguenots. Vers 1580, Jean de Saulx-Tavannes, mari de Catherine Chabot (la fille de Françoise de Lugny et François Chabot) et successeur des précédents, seigneur de Lugny, fait du château l'un des plus forts points de résistance de la Ligue catholique. Début , trois mois après la prise du bourg (fin juin), la forteresse finit par être prise après avoir vaillamment résisté aux troupes du colonel Alphonse d'Ornano, lieutenant du roi Henri IV, qui la saccagent. Le déclin du château commence alors.

En , à la mort de Claire-Françoise de Saulx[note 2], marquise et dame de Lugny, comtesse de Brancion et de Cruzille, petite-fille de Jean de Saulx et Catherine Chabot, épouse de Charles-François de La Baume de Montrevel, le château quitte les Saulx-Tavannes pour passer aux La Baume-Montrevel. À l'extinction de ces derniers, en 1759, la châtellenie est concédée à un avocat au Parlement de Dijon.

Brancion, démantelé, ruiné, est acheté en 1844 par M. de La Roque, qui le revend en 1860 à Victor de Murard de Saint-Romain.

En 1977, Marie Antoinette Morierre-Bernadotte (née de Murard de Saint-Romain), arrière-petite-fille de Victor de Murard et propriétaire du château, et son époux, Jean Morierre-Bernadotte, reçoivent la médaille d'argent de la Société d'encouragement au progrès pour dix-huit années passées à relever les ruines et à faire connaître le site (travaux ayant débuté dans les jardins en 1959, avant de se poursuivre : sauvetage des fortifications et du mur d'enceinte en 1960 ; mise en état de la salle de justice des ducs de Bourgogne en 1963 ; réfection des murs d'enceinte au nord, reprise de la fresque du donjon et réinscription du récit de la bataille de Mansourah sur la cheminée du donjon en 1964 ; réfection des toitures en 1965, etc.).

Depuis 2005, après une fermeture des lieux par la préfecture, l'association « La Mémoire Médiévale » assure la maîtrise d'ouvrage des travaux de restauration, l'ouverture du château à la visite et développe des animations culturelles sur le site de Brancion. Elle a en effet conclu un bail emphytéotique de 50 ans avec le propriétaire des lieux, François de Murard de Saint-Romain[note 3].

2005 : le nombre de visiteurs est de 10 643 (données : Comité régional du tourisme).

Des détenus en fin de peine du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand participent à la restauration du château.

Fouilles archéologiques[modifier | modifier le code]

En 2005, plusieurs fouilles ont été effectuées, permettant de détecter un secteur d’habitat du haut Moyen Âge daté du VIIIe siècle et une portion de l’enceinte de l’an mil. Le tracé du fossé d’enceinte du château et l’extension du cimetière adjacent à l’église ont été également repérés[8].

Description[modifier | modifier le code]

Vue sur le château. À gauche, le donjon, à droite une partie du logis seigneurial.
Le château vu depuis la route conduisant à Brancion.
Le château vu depuis la place située au-devant des halles.

Le château était défendu par trois enceintes fortifiées, la porte d'entrée de la ville perçant la troisième d'entre elles qui défendait le bourg[note 4]. Plusieurs tours flanquaient l'ensemble : la « tour de Beaufort », la « tour de la Chaul », la « tour de Longchamp », etc. La porterie à deux tours, bien qu'encore primitive, est l'une des premières du genre[9].

Au centre de ce dispositif, au point culminant du rocher, défendu au nord et à l'ouest par la troisième muraille, se dresse le donjon, haute tour carrée en moyen appareil comportant un rez-de-chaussée aveugle et trois étages. Il reste impressionnant avec son « retrait », la chambre du seigneur.

Jusqu'au XVIe siècle, il était couronné de créneaux et coiffé d'un toit pointu auxquels on a substitué une terrasse. Contre le donjon, s'appuie à l'est un logis seigneurial (une grande salle[5]) ruiné, percé de baies tréflées, qui semble avoir été rebâti soit à la fin du XIVe ou au XVe siècle[5] sur des assises du XIIe siècle. Il est flanqué à l'est de deux tours carrées solidaires de la seconde enceinte, la « tour du Préau » et la « tour de la Gaîte », des XIIe et XIIIe siècles[5].

Au sud de cet ensemble, subsistent des murailles avec maçonnerie en arête de poisson qui appartiennent à une construction antérieure au XIe siècle.

La chapelle du château était placée sous le patronage de sainte Catherine.

Le château, propriété privée, est ouvert au public.

Les seigneurs d'Uxelles et de Brancion[modifier | modifier le code]

Seigneurs d'Uxelles[modifier | modifier le code]

Armes : d'azur à trois fasces ondées d'or[10].

Seigneurs de Brancion[modifier | modifier le code]

Le lien avec Liébaud Ier d'Uxelles n'est pas encore établi.

Autres armoiries[modifier | modifier le code]

  • Murard de Saint-Romain : d'or à la fasce crénelée de sable ardente de gueules surmontée de trois têtes d'aigle de sable rangées en chef et d'un flamme de gueules en pointe.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le château était dès le XIe siècle le centre d'une importante châtellenie[5].
  2. Sœur de Claude-François de Saulx, marquis et seigneur de Lugny, comte de Brancion, vicomte de Tavannes, mort sans alliance en septembre 1646[7].
  3. Décédé le , et dont les obsèques ont été célébrées en l'église Saint-Pierre de Brancion le suivant.
  4. Le bourg sera fortifié au XIIe siècle[5]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Château de Brancion », notice no PA00113344, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  3. « Saint-Hippolyte - Les bords de Guye » sur saint-hippolyte-71.org.
  4. Jean-Pierre Panouillé, Les châteaux forts dans la France du Moyen Âge, Ouest France, 2007 (ISBN 978-2-7373-4424-4), p. 37.
  5. a b c d et e Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 38.
  6. Collectif, Vie de cour en Bourgogne à la fin du Moyen Âge, Alan Sutton, collection : histoire et architecture, Saint-Cyr-sur-Loire, 2002, (ISBN 2842537432), p. 19.
  7. a et b Léonce Lex, « Notice historique sur Lugny et ses hameaux », Belhomme Libraire Éditeur, Mâcon, 1892.
  8. Inrap rapport d'activité 2006 page 75.
  9. Denis Hayot, « L'architecture fortifiée capétienne : L'émergence d'un modèle commun », Dossiers d'archéologie, no 404,‎ , p. 29 (ISSN 1141-7137).
  10. Annales de l'Académie de Mâcon, page 176.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Bazin, G. Lequin et G. Virey, Brancion, les seigneurs, la paroisse, la ville, Librairie Alphonse Picard et fils, Paris, 1908 (ouvrage imprimé chez Protat à Mâcon).
  • Marguerite Rebouillat, Brancion, 1975.
  • Jean-Baptiste Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins au comté de Bourgogne, édition Jean-Antoine Vieille, 1757, p.  254 à 256 books.google.fr
  • Annales de l'Académie de Mâcon, troisième série, tome XII, Protat Frères, (lire en ligne).
  • Fernand Nicolas, Brancion, haut-lieu d'entre Saône et Loire, revue « Images de Saône-et-Loire » n° 124 (), pp. 11-17.
  • Fernand Nicolas, Brancion, au cœur d'un pays âpre et charmeur, Mâcon, éditions du Groupe 71, 2001 (96 p.).
  • « Le patrimoine architectural et bâti de Martailly-lès-Brancion », article paru dans la revue Images de Saône-et-Loire n° 190 (), pp. 2-3.
  • « Le château de Brancion, ruine bien vivante », article paru dans la revue Images de Saône-et-Loire n° 39 (automne 1978), pp. 17-19.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]