Château de Bonnétable

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Château de Bonnétable
L'entrée du château
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Style
Architecte
Mathurin Delandelle
Henri Parent
Construction
2e moitié du XVe siècle (1746
4e quart du XVIIIe siècle (1880)
Commanditaire
Propriétaire
Patrimonialité
Logo monument historique Inscrit MH (1991, Château, communs, parc et potager, éolienne Bollée, enceinte)
Localisation
Pays
Département
Arrondissement
Communes
Adresse
Rue André de Gely}
Rue du Maréchal-Leclerc (RD 19)
Coordonnées
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Le château de Bonnétable est une demeure seigneuriale dont le domaine se déploie à la fois sur les terres des communes de Bonnétable et de Briosne-lès-Sables, dans le département de la Sarthe, en région Pays de la Loire [1].

Au début des années 1990, l'ensemble des autres parties de l'édifice, mais aussi, les communs, le parc, le potager, l'éolienne Bollée et l'enceinte attenants au château de Bonnétable bénéficient également d'une inscription sur la liste des monuments historiques de France par arrêté ministériel du [1].

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château de Bonnétable est situé au sein de la Communauté de communes Maine 301 dans le canton de Bonnétable, département de la Sarthe, en région Pays de la Loire[2]. Son espace domanial (parc, jardins et dépendances compris) se développe à l'extrémité nord-ouest de la ville de Bonnétable et sur les marges sud-est de la commune de Briosne-lès-Sables[2]. Il est en outre traversé par un cours d'eau, le « Tripoulin », un affluent de l'Orne saosnoise[2]. Le domaine de Bonnétable est par ailleurs longé par la « rue du Maréchal Leclerc », à l'Est ; les rues de Luynes, d'Isly et de la Gare, au Sud ; la rue Saint-André de Gelly au Nord ; et enfin la route départementale 301 qui traverse Briosne-lès-Sables, à l'Ouest[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'existence d'un château-fort à Malétable, Malum Stabulum, est attestée dès le XIIe siècle, en 1170, puis en 1209[3]. La seigneurie de Malétable appartenait alors à la famille de Rotrou. L'aspect de cet édifice n'est pas connu, mais un aveu de 1406 lui mentionne un donjon, des murs et des douves, environnés par une forêt de mille arpents, sur laquelle s'exerçait le droit de chasse[4]. À la fin du XIIIe siècle, Malétable prend son nom actuel de Bonnétable, Bonum Stabulum .

Occupé par les Anglais en 1420-1422, pendant la guerre de Cent Ans, le château de Bonnétable, alors siège d'une châtellenie, est ruiné[5].

Par lettres données en , Louis XI autorise Jean d'Harcourt à faire rétablir son château de Bonnétable.

La construction de cette nouvelle demeure débute en 1476. Mathurin Delandelle en est le maître d'œuvre[1].

Le marché passé alors pour cette reconstruction prévoit un édifice de 110 pieds carrés, avec une grosse tour à chaque angle, deux grosses tours flanquant un porche d'entrée voûté, une chapelle de 40 pieds de long sur 24 pieds de large, couverte en ardoises d'Angers, des murs avec mâchicoulis en pierre de taille[6].

À la mort de Jean d'Harcourt, en 1487, les travaux ne sont pas terminés. Ses successeurs les font poursuivre.

Aux d'Harcourt succèdent à Bonnétable, par alliances, les Coesmes, puis les Bourbon-Soissons, jusqu'au début du XVIIIe siècle (précisions sur la succession généalogique à l'article Bonnétable).

En 1621, Louis XIII est reçu au château de Bonnétable par Anne de Montafié, comtesse de Bourbon-Soissons .

Au XVIIIe siècle, le château, passé par alliance aux d'Albert de Luynes, n'est plus que rarement habité et perd ses douves, qui sont comblées.

Sous la Révolution, le château appartient à Louis Joseph Charles Amable d'Albert de Luynes, 6e duc de Luynes (1748-1807), qui n'émigre pas.

Resté en sa possession, le domaine de Bonnétable se transmet à sa fille, Pauline Hortense d'Albert de Luynes, duchesse de Montmorency, morte à Bonnétable en 1858.

Vers 1880, le château, échoit à son petit-fils, Sosthène II de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, fils d'Élisabeth-Hélène de Montmorency-Laval et de Sosthène Ier de La Rochefoucauld-Doudeauville, qui charge l'architecte Henri Parent (1819-1895), d'une importante campagne de rénovation. Les façades de l'édifice sont rhabillées dans un style néo-gothique [1], avec, en particulier, le percement de nombreuses ouvertures, l'ajout de tourelles, de bow-windows et de perrons.

Pour le décor intérieur, l'architecte fait appel à des artisans décorateurs et peintres venus de la ville du Mans. Le décor créé alors comporte de nombreux symboles liés à l'histoire familiale du commanditaire, notamment une Mélusine, dénommée « fée protectrice du château », devenue en cette fin du XIXe siècle l'emblème du logis domanial[7].

Une autre pièce confectionnée au cours de cette reconstruction, une cheminée trônant dans la salle à manger, met en évidence sur sa façade la devise de la dynastie des La Rochefoucauld, « C'est mon plaisir[7] », ainsi que celle de la maison des Ligne : « Toujours droit[7] ».

En 1908, la salle à manger bénéficie de quelques aménagements : ses parois sont agrémentées de tapisseries en provenance de la manufacture de Beauvais, tandis que la chapelle attenante au château, dont le style est qualifié de Haute époque, est pourvue de onze médaillons à connotation religieuse, et qui évoquent les onze saints patrons de chacun des enfants du duc de Doudeauville et de la duchesse [7].

Leurs descendants ont conservé le château de Bonnétable jusqu'à la fin du XXe siècle.

Description[modifier | modifier le code]

Une description des lieux, manuscrite par la Duchesse de Dino, invitée d'une réception donnée en par Pauline-Hortense d'Albert de Luynes — duchesse de Montmorency-Laval par son mariage avec son cousin le duc Mathieu, belle-mère de Sosthène Ier et grand-mère de Sosthène II de La Rochefoucaud[8],[9],[10] — donne quelques précisions sur le château et son parc :

« C'est un vieux manoir à grosses tourelles, à murs épais, à fenêtres rares et étroites ; peu meublé, point orné, mais solide, propre, et où le nécessaire en tout genre se trouve, depuis l'aumônier jusqu'à une bassinoire. [...] Au centre d'une forêt, où six routes aboutissent à un carrefour, il y a une immense clairière où la Duchesse a fait construire une faïencerie, avec toutes les dépendances, c'est presque un village, qui occupe soixante-huit personnes. »

— Duchesse de Dino[11].

Le parc et les jardins[modifier | modifier le code]

Le parc et les jardins potagers du domaine de Bonnétable, dont l'accès est situé rue d'Isly [12], sont réaménagés par les paysagistes Denis et Eugène Bühler à la fin du XIXe siècle (en 1885), pour le compte du Duc de Doudeauville [13]. Le parc est alors redessiné, les douves recreusées, remises en eau, et une pièce d'eau créée dans le parc.

La manufacture de faïences et de poteries[modifier | modifier le code]

La faïencerie du domaine, également appelée la « Villa du Rond », est construite en 1832, à l'initiative de la Duchesse de Montmorency alors propriétaire des lieux. Cette fabrique confectionne également des poteries qui approvisionnent l'ensemble de la région du Perche[14]. Elle permet à la commune, ainsi qu'aux villes environnantes, de pourvoir en emploi les populations locales[14].

À ce titre, dans une publication de la revue "La vie à la campagne", Albert Maumené précise :

« [...] une fabrique de grosses poteries est installée dans la forêt ; le duc la fait fonctionner surtout pour donner du travail aux ouvriers. [...] Toutes les matières premières nécessaires se trouvent sur place. »

— Albert Maumené, , p. 13[15].

Bien que cet atelier connaisse un développement économique pérenne dans la seconde moitié du XIXe siècle, la manufacture de faïences et de poteries ferme définitivement ses portes en 1912[14].

Galerie[modifier | modifier le code]

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Notice no PA00110008.
  2. a b c et d « Château de Bonnétable, Rue du Maréchal Leclerc, La Lande, Bonnétable, Mamers », sur openstreetmap (consulté le ).
  3. Bruno Lemesle, « La Seigneurie de Monfort : Les Seigneurs de Gennes et de Monfort », dans Bruno Lemesle, La société aristocratique dans le Haut-Maine : XIe – XIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 324 p. (lire en ligne), page 254.
  4. Abbé Ambroise Ledru, Châteaux de la Sarthe 9, Bonnétable, autrefois Malestable, Le Mans, Benderitter & de Saint Denis, , 52 p., p. 1-3
  5. Abbé Ambroise Ledru, Châteaux de la Sarthe 9, Bonnétable, autrefois Malestable, Le Mans, Benderitter & de Saint Denis, , 52 p., p. 3
  6. Abbé Ambroise Ledru, Châteaux de la Sarthe 9, Bonnétable, autrefois Malétable, Le Mans, Benderitter & de Saint Denis, , 52 p., p. 3-4
  7. a b c et d Albert Maumené, « Le Château de Bonnétable », La Vie à la Campagne,‎ , pages 11 à 16.
  8. La rédaction première de cette note indiquait : " Autrement dit, Marie Georgine Sophie Hedwige de Ligne (1843-1898)". Or Marie-Georgine de Ligne n'a épousé Sosthène II qu'en juillet 1862, la duchesse Dorothée de Dino est décédée en septembre 1862, et son séjour à Bonnétable est documenté en septembre 1836 : voir la note/référence 11 de l'article Bonnétable. La femme de Sosthène Ier, Elisabeth-Hélène de Montmorency-Laval, née en 1790, était morte dès 1834. En 1836, la dame de Bonnétable était la mère d'Elisabeth-Hélène, c'est-à-dire Pauline-Hortense d'Albert de Luynes (1774-1858), duchesse de Montmorency-Laval par son mariage avec son cousin le duc Mathieu.
  9. M. L. Petit, « Notice Historique sur Belœil », dans M. L. Petit et al., Annales, vol. 7, Cercle archéologique de Mons, (lire en ligne), page 334/
  10. Charles Poplimont, La Belgique héraldique : recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, vol. 6, Adriaens, (lire en ligne), page 348.
  11. Princesse Radziwill, Chronique de 1831 à 1862 : duchesse de Dino, vol. 2 - 1836 à 1840, Paris, Plon, 1909-1910 (lire en ligne), pages 250 à 252
  12. « Jardin Potager à Bonnétable », sur Communauté de Communes Maine 301, (consulté le ).
  13. Viviane Delpech, « Eugène Bühler, créateur de parcs et jardins », dans Viviane Delpech et al., Ville d'Hendaye/DRAC Aquitaine, Archives d'Abbadia. : Patrimoine du XIXe siècle, (lire en ligne).
  14. a b et c collectif, « Dossier Documentaire : La céramique dans le Perche », Publications de l'écomusée du Perche,‎ , pages 7 et 8 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  15. Maumené 1908, p. 13.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Auguste Guy, Etude historique sur Bonnétable depuis son origine jusqu'à nos jours, 1895, Bonnétable, imprimerie Prévost-Guillemin, 362 p. ;
  • Chanoine Ambroise Ledru, Châteaux de la Sarthe 9, Bonnétable, autrefois Malestable, Le Mans, Benderitter & de Saint-Denis, 1914, 52 p..
  • Henri Soulange-Bodin, Châteaux du Maine et de l'Anjou, Paris, Editions d'Art et d'Histoire, 1934, p. 43-45.
  • Philippe Seydoux, Châteaux et manoirs du Maine, Paris, Editions de la Morande, 1988, p. 16-18.
  • Michel Balard (dir.), Jean-Philippe Genêt (dir.) et al., Des Barbares à la Renaissance, vol. 14/456/9, t. 20, Paris, Hachette, coll. « Initiation à l'Histoire », , 280 pages et 42 cartes (ISBN 978-2-01-006274-2).
  • Jacqueline Soyer, « Les fortifications circulaires isolées en France. », Annales de Normandie, vol. 15e année, no 3,‎ , pages 353-414 (DOI 10.3406/annor.1965.6731, lire en ligne, consulté le ).
  • Jacqueline Soyer, « Cadastres romains et terroirs circulaires. », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 10,‎ , pages 330 et 331 (DOI 10.3406/dha.1984.1631, lire en ligne, consulté le ).
  • Querrien Armelle, « Parcellaires antiques et médiévaux du Berry. », Journal des savants, no 2,‎ , pages 235 à 366. (DOI 10.3406/jds.1994.1580, lire en ligne, consulté le ).
  • J. N. Morellet, S. B. Barat et E. Bussière, Le Nivernois : Album historique et pittoresque, la bibliothèque de l'État de Bavière, (lire en ligne), pages 190 à 200.
  • Thierry Sarmant, « Mémoire de Louvois à Louis XIV annoté de la main du roi. », dans Thierry Sarmant, Les demeures du soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des bâtiments du roi., Editions Champ Vallon, , 387 p. (lire en ligne), page 318.
  • Pierre De Cossé Brissac, Le Temps qui court (1959-1974), Grasset, , 304 p. (lire en ligne), page 80.
  • Marie-Claude Pingaud, Faire ses partages : Terres et parentèles dans le Perche, XIXe – XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 226 p. (lire en ligne).
  • Albert Maumené, « Le Château de Bonnétable », La Vie à la Campagne,‎ , pages 11 à 16.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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  • « Histoire », sur Site officiel de la municipalité de Bonnétable, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]