Cervus simplicidens

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Cervus simplicidens
Description de cette image, également commentée ci-après
Cervus simplicidens, 2e et 3e molaires sup.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Artiodactyla
Sous-ordre Ruminantia
Infra-ordre Pecora
Famille Cervidae
Sous-famille Cervinae
Genre Cervus selon ITIS
Rucervus selon MSW

Espèce

Cervus simplicidens
Lydekker, 1876

Synonymes

  • Rucervus simplicidens (Lydekker, 1876)

Cervus simplicidens (Cervus (Rucervus) simplicidens, Cervus cervus simplicidens[1] ou Rucervus simplicidens[2]) est une espèce éteinte de la famille des cervidés. Des vestiges fossiles ont été trouvés en Inde, notamment dans la chaine des Siwaliks, et en Europe.

Description[modifier | modifier le code]

C'est un animal de petite taille. La forme de la ramure n'est pas connue[3].

Denture[modifier | modifier le code]

Il est identifié uniquement par ses dents[n 1]. Le bourrelet basilaire lingual des dents jugales supérieures et inférieures est, en général, peu développé. L'entostyle et l'ectostylide[n 2] sont souvent absents ou à peine ébauchés, et s'ils sont présents ils sont courts. Dans de très nombreux cas le métaconide[n 3] de la quatrième prémolaire inférieure ne rejoint pas le paraconide[n 3]. Sur la P4[n 4] et la M3[n 4], le diamètre vestibulo-lingual est faiblement corrélé au diamètre mésio-distal[3].

Il a été décrit par Richard Lydekker en 1876[4] à partir de molaires supérieures[2],[n 1] des collections du Musée indien (Calcutta)[5], en même temps que deux autres espèces (Cervus latidens et Cervus triplidens) provenant elles aussi de la chaîne des Siwalik[6].

Son nom reflète la simplicité de ses dents[3].

Colbert (1910) donne pour traits caractéristiques la forme carrée des molaires qui portent de petits "piliers accessoires" (une bande verticale surélevée par rapport à la surface de la couronne) ; ces dents sont implantées droites (et non obliques) et leur émail est légèrement rugueux[7].

Lydekker (1876) donne plus de détails. La forme générale des dents est très proche de celles du Rucervus duvaucelii (espèce non extincte) mais très différente de celles des deux espèces Cervus latidens et Cervus triplidens. Les couronnes sont hautes et plutôt fines, les surfaces intérieures s'écartent en s'inclinant de l'intérieur vers l'extérieur. Les surfaces extérieures des deux côtés de la couronne sont presque parallèles à l'axe antéro-postérieur de la couronne ; l'angle antéro-externe de chaque côté de couronne est le point le plus proéminent de la bordure externe, à hauteur égale. Les sommets internes des côtés de couronne sont étendus dans le sens antéro-postérieur[2].

Le sillon médian sur le côté intérieur s'étend sur une grande distance entre les côtés de couronne ; à l'entrée de ce sillon se trouve un très petit tubercule accessoire de moins de 6 mm de hauteur, qui ne fait jamais partie de la surface usée de la couronne ; il est placé dans le sillon nettement plus loin que les bases des côtés de couronne[2].

Sur les surfaces antérieures et postérieures des dents se trouve un pli d'émail semi-vertical, qui ressemble à un début de cingulum ; sur la surface externe la forme des dents ressemble à celle de la dent de Cervus triplidens. L'émail est légèrement rugueux[8].

Les molaires se distinguent de celles de Cervus triplidens par la petite taille du tubercule accessoire et par la position de celui-ci, placé loin dans le sillon médian ; par la forme générale très carrée de la couronne ; et par l'obliquité moindre des moitiés externes des côtés de la couronne en rapport avec l'axe antéro-postérieur de la dent[8].
Elles se distinguent de celles de Rucervus duvaucelii par l'obliquité moindre des surfaces externes des côtés des dents entre elles et, là aussi, en rapport avec l'axe antéro-postérieur de la dent ; également par la présence de plis de l'émail sur les surfaces antérieures et postérieures[8].

Variations de taille selon les climats[modifier | modifier le code]

La taille de cette espèce varie notablement selon les périodes : en accord avec la loi de Bergmann, pendant les périodes interglaciaires elle diminue considérablement ; et elle augmente pendant les périodes glaciaires. Noter que les températures froides sont associées à un environnement steppique et un nombre restreint d'individus, tandis que les températures plus clémentes favorisent le développement d'une couvert forestier et les populations sont plus nombreuses[9] - ce dernier point n'empêchant pas la diminution de la biomasse de l’espèce en général : « la mise en place de la forêt, qu’il s’agisse de la taïga ou de la forêt caducifoliée, entraîne toujours une baisse de la biomasse des ongulés » [10]. Le même constat s'applique au renne[9], à la hyène des cavernes et à d'autres espèces[10].

Extension géographique[modifier | modifier le code]

Hasnot (districts de Jhelum et de Chakwal, Siwalik de moyenne altitude, région du Pendjab, Pakistan)[4],[11],[12],[13],[14].

Le musée américain d'histoire naturelle, à New York, détient un fragment d'os palatal avec une seconde et une quatrième molaires déciduales gauches, provenant d'un endroit à environ 1,5 km sud de Mirzapur[n 5] dans les hauts Siwaliks ; et de molaires isolées recueillies près de Chandigarh, également dans les hauts Siwaliks du nord de l'Inde[7].

En France il est identifié à Combe-Grenal[15],[16] (Domme, Dordogne), au Pech-de-l'Azé (Carsac-Aillac, Dordogne), au Régourdou (Montignac-Lascaux, Dordogne), à l'abri Olha (Cambo-les-Bains, Pyrénées Atlantiques)[15], à Artenac[1] (Saint-Mary, Charente), au gisement de Bramefond[15] (Souillac, Lot), à l'abri Morin[3] (Pessac-sur-Dordogne, Gironde)…

Pour Combe-Grenal, le cerf du Würm I (OIS 5) est classé comme Cervus simplicidens par Guadelli (1996[17]) au vu de sa taille particulièrement petite ; mais pour F. Delpech (2000), il s’agirait simplement d’« une petite forme qui ne mérite pas le rang d’espèce » - la petitesse étant due à l’effet de la règle de Bergmann où les tailles diminuent pendant les périodes plus chaudes[9].

Chronologie[modifier | modifier le code]

À Hasnot il est présent du Miocène supérieur (~11,6 Ma à 5,33 Ma) au Pliocène inférieur[11] (~5,33 Ma à 2,58 Ma). Dans les Siwaliks il est également présent au Pléistocène[5] (~2,58 Ma à 11 700 ans).

En France on le trouve dans des couches datées du Würm ancien inférieur soit environ 115 000 à 71 000 ans (Combe-Grenal (couches 54-50A), Pech-de-l'Azé (couche IIb), le Régourdou, abri Olha) ; et dans le Würm ancien inférieur et supérieur (abri Olha)[3].
Il est probablement présent dans des formations plus anciennes comme à Combe-Grenal (niveau acheuléen)[16], et peut-être même plus récentes (par exemple à l'abri Morin, mais la rareté de ses vestiges dans ces sites met un frein à sa reconnaissance formelle[3].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Ghaffar et al. 2010] (en) Abdul Ghaffar, Muhammad Akbar Khan et Muhammad Akhtar, « Early Pliocene Cervids (Artiodactyla-Mammalia) from the Siwaliks of Pakistan », Yerbilimleri (Journal of the Earth Sciences Application and Research Centre of Hacettepe University), vol. 31, no 3,‎ , p. 217–231 (lire en ligne [PDF] sur dergipark.org.tr, consulté en ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Lydekker 1876] (en) Richard Lydekker, « Part II. Description of the molar teeth and other remains of Mammalia », dans Palæontologia Indica, vol. 1 : Indian Tertiary and post-Tertiary Vertebrata (Memoirs of the palaeontological survey of India, series X), London, Trübner & Co, , sur archive.org (lire en ligne), p. 19-87. Cervus simplicidens : p. 69-70 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Murtaza et al. 2002] (en) Ghulam Murtaza, Muhammad Akhtar et Abdul Qayyum Nayyer, « Fossil remains of Cervus simplicidens Lydekker from the Punjab province of Pakistan », Punjab University Journal of Zoology (Pakistan),‎ (ISSN 0079-8045, résumé).
  • [Murtaza et al. 2002] (en) Ghulam Murtaza, Muhammad Akhtar et Abdul Qayyum Nayyer, « Fossil remains of Cervus sivalensis from the middle Siwaliks of Pakistan », Punjab University Journal of Zoology (Pakistan), vol. 17,‎ , p. 139-145 (lire en ligne [PDF] sur pu.edu.pk, consulté en ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. a et b Détermination d'espèces basée uniquement sur les dents : Lydekker rappelle que les molaires de tous les Ruminants sont formées sur un plan général constant selon les espèces ; et que leurs variations dentaires sont génériquement distinctives, contrairement à celles des molaires chez les autres sous-ordres. En particulier, les petites variations dentaires constatées chez les différentes espèces de Cervus actuelles sont significativement constantes d'une espèce à l'autre[6].
  2. L'entostyle (ou endostyle) est une structure des dents de la mâchoire supérieure, complémentaire de l'ectostylide qui est une partie des dents de la mâchoire inférieure (voir [Hooper 1957] (en) Emmet T. Hooper, « Dental Patterns in Mice of the Genus Peromyscus », Miscellaneous publications Museum of Zoology, University of Michigan, no 99,‎ , p. 3-59 (lire en ligne [PDF] sur deepblue.lib.umich.edu, consulté en ), p. 14).
  3. a et b Pour le métaconide et le paraconide, voir « Dentition chez les mammifères », sur vertebresfossiles.free.fr (consulté en ). La fig. 9 « Quadrituberculaire » montre (entre autres) le métaconide et le paraconide.
  4. a et b P4 : quatrième prémolaire. M3 : troisième molaire.
  5. Ce Mirzapur est soit celui dans les Siwaliks du nord-est du Pakistan (voir la « carte de Mirzapur dans les Siwaliks du Pakistan », sur google.fr/maps), soit celui dans les Siwaliks au nord de l'Inde (voir la « carte de Mirzapur dans les Siwaliks de l'Inde) », sur google.fr/maps. Ne pas confondre avec Mirzapur (Bangladesh) (en) ou Mirzapur (upazila) dans le district de Tangail.
Références
  1. a et b [Delagnes et al. 1999] Anne Delagnes, Jean-François Tournepiche, Dominique Armand, Emmanuel Desclaux, Marie-Françoise Diot, Catherine Ferrier, Virginie Le Fillâtre et Bernard Vandermeersch, « Le gisement Pléistocène moyen et supérieur d'Artenac (Saint-Mary, Charente) : premier bilan interdisciplinaire », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 96, no 4,‎ , p. 469-496 (lire en ligne [PDF] sur halshs.archives-ouvertes.fr, consulté en ), p. 479.
  2. a b c et d Lydekker 1876, p. 69.
  3. a b c d e et f [Guadelli 1996] Jean-Luc Guadelli, « Les cerfs du Würm ancien en Aquitaine », Paléo, no 8,‎ , p. 99-108 (lire en ligne [sur persee]), p. 102.
  4. a et b Ghaffar et al. 2010, p. 221.
  5. a et b Lydekker 1876, p. 64-65.
  6. a et b Lydekker 1876, p. 65.
  7. a et b Colbert 1935, p. 319.
  8. a b et c Lydekker 1876, p. 70.
  9. a b et c [Delpech 2020] Françoise Delpech, « Biostratigraphie et datations de la fin des temps glaciaires. Nouvelles visites des faunes de quelques gisements du Grand Sud-ouest de la France », Paléo, vol. 30, no 2,‎ , p. 92-106 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté en ), paragr. 41.
  10. a et b Delpech 2020, paragr. 42.
  11. a et b [Akbar et al. 2014] (en) Muhammad Akbar Khan, Muhammad Akhtar et George Iliopoulos, « Cervid remains from the Middle Siwaliks of Hasnot (Late Miocene), Pakistan », Journal of the Geological Society of India, vol. 84,‎ , p. 352-360 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  12. [Colbert 1935] (en) Edwin Harris Colbert, « Siwalik Mammals in the American Museum of Natural History », Transactions of the American Philosophical Society, vol. 26 « New Series »,‎ , p. 1-401 (lire en ligne [PDF] sur ur.booksc.org, consulté en ). Cervus simplicidens Lydekker 1876 : p. 319-320. Cité dans Ghaffar et al. 2010, p. 221.
  13. [Pilgrim 1910] (en) Guy Ellcock Pilgrim, « Notices of new Mammalian genera and species from the Tertiaries of India-Calcutta », Records of Geological Survey of India, vol. 40,‎ , p. 63-71. Cité dans Ghaffar et al. 2010, p. 221.
  14. [Pilgrim 1913] (en) Guy Ellcock Pilgrim, « Correlation of the Siwaliks with Mammal Horizons of Europe », Records of Geological Survey of India, vol. 43,‎ , p. 264-326, pt. 4, pls. XXVI-XXVIII. Cité dans Ghaffar et al. 2010, p. 221.
  15. a b et c [Brugal et al. 2013] Marie-Pierre Coumont, Jean-Philip Brugal, Jean-Christophe Castel, Sandrine Costamagno, Jacques Jaubert et Vincent Mourre, « Chap. 7 : Les avens-pièges à faible indice de fréquentations humaines : caractérisation paléo-écologique, taphonomique et anthropologique » (Actes de la session C67, XVe Congrès mondial de l'UISPP, Lisbonne, sept. 2006), Paléo, no suppl. 4 « Modalité d'occupation et exploitation des milieux au Paléolithique dans le Sud-Ouest de la France : l'exemple du Quercy »,‎ , p. 181-196 (lire en ligne [sur academia.edu], consulté le ), p. 184.
  16. a et b [Delpech & Prat 1995] François Delpech et François Prat, « Nouvelles observations sur les faunes acheuléennes de Combe-Grenal (Domme, Dordogne) », Paléo,‎ , p. 123-137 (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
  17. Guadelli 1996.