Cathédrale Saint-Louis de Blois

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Cathédrale Saint-Louis de Blois
Image illustrative de l’article Cathédrale Saint-Louis de Blois
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire Saint Louis
Type Cathédrale
Rattachement Diocèse de Blois (siège)
Début de la construction 1544
Fin des travaux 1700
Style dominant Gothique tardif
Protection Logo monument historique Classée MH (1906)
Site web Cathédrale Saint-Louis — Paroisse Blois Rive Droite
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Loir-et-Cher
Ville Blois
Coordonnées 47° 35′ 18″ nord, 1° 20′ 10″ est

Carte

La cathédrale Saint-Louis de Blois est une cathédrale catholique romaine, située à Blois dans le département de Loir-et-Cher et dans la région de Centre-Val de Loire. Elle est classée monument historique depuis le . Elle est le siège de l’évêché de Blois, érigé en 1697 par une bulle du pape Innocent XII. Le territoire du diocèse de Blois fut alors prélevé sur celui de Chartres.

Histoire[modifier | modifier le code]

De la chapelle Saint-Pierre à l'église Saint-Solenne[modifier | modifier le code]

Avant d'être cathédrale, une chapelle existait sous le vocable du Saint Pierre, à l'époque carolingienne, remplaçant probablement un sanctuaire au milieu d'un cimetière gallo-romain situé à la sortie de Blois en direction d'Orléans. Une crypte fut ajoutée à cette église vers 977, à la demande de Liutgarde de Vermandois, femme du comte Thibaud Ier, pour accueillir les reliques de Saint Solenne, évêque de Chartres au temps du roi Clovis[1]. C'est à ce moment-là que l'église fut reconstruite et pris le vocable de Saint Solenne. Un clocher fut accolé à la façade occidentale au XIe siècle.

De l'église médiévale ne subsiste que le soubassement du clocher et la crypte. En effet, l'église est entièrement reconstruite à partir de 1544 en style Renaissance, avec un élargissement de la nef coté Nord. La voûte était alors en bois comme beaucoup d'églises de la région (Mer, La Madeleine de Vendôme, Villiers-sur-Loir, etc.).

Élévation en cathédrale[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 6 au 7 juin 1678, l'église Saint-Solenne est dévastée par un ouragan. Les vitraux sont brisés, la voûte s'effondre et les piliers détruits. Ne subsiste que la façade et le clocher. La reconstruction en style gothique eut lieu entre 1680 et 1700 sous la direction de l’architecte Arnoult-Séraphin Poictevin (mort en 1720), sous l’impulsion du ministre Colbert dont l’épouse était blésoise.

Entre-temps, le diocèse de Blois est érigé en 1697 et l'église Saint-Solenne est choisie pour devenir la cathédrale du nouveau diocèse. Elle est alors placée sous le vocable de Saint Louis, roi de France. Louis XIV offrit l'autel en 1698, et le buffet d'orgue en 1704.

Pendant la Révolution[modifier | modifier le code]

La cathédrale servira de Temple de la Raison pour les cultes décadaires. La présence de l'abbé Grégoire, évêque constitutionnel, ne suffira pas à la préserver. Tout son mobilier sera vendu : autels, reliquaires, orfèvrerie, statuaire, etc. Seuls subsistent le maître autel et les grandes orgues.

Depuis la Révolution[modifier | modifier le code]

L'édifice perd son statut de cathédrale quand le Concordat supprime l'évêché de Blois en le rattachant à celui d'Orléans.

L'abbé Mathurin Gallois, curé entre 1703 et 1718 entreprendra de restaurer l'église Saint Louis le plus souvent sur ses propres deniers. Il restaure le maître autel, ajoute candélabres, tabernacle et croix. Il restaure les chapelles de semaines dévastées avec des nouveaux autels, retables, prédelles, confessionnaux... L'église retrouve son éclat à sa mort en 1817.

En 1823, le diocèse de Blois est rétabli, et l'église redevient cathédrale.

Une grande campagne de travaux s'ouvre à partir de 1860 sous la direction de l’architecte blésois Jules de La Morandière. La chapelle axiale est ajoutée au déambulatoire, dédiée à Notre Dame, selon Le Vœu de Louis XIII. Des vitraux illustrant la vie de Saint Louis sont commandés chez le célèbre vitrailliste Lobin à Tours.

Dans les années 1930, la crypte est fouillée et réhabilitée par le travail du docteur Frédéric Lesueur, historien blésois.

La réforme de Vatican II a malheureusement laissé des traces. Dans la nef, la chaire à prêché a été détruite sans autorisation, le banc des chanoines a disparu. Les bannières pavoisant la cathédrale ont été remisées. Dans le choeur, les grilles de clôture ont été cédées aux compagnons d'Emmaüs, le nombre des stalles a été divisé par quatre. Mais le grand autel a heureusement été conservé, restauré à la place pour laquelle il a été fait, à l'entrée du chœur, position dite "à la romaine". Et la cathèdre est toujours celle de Mgr de Sauzin au rétablissement du diocèse de Blois en 1823.

Les vitraux de Jan Dibbets[modifier | modifier le code]

Le grand chantier de la cathédrale au XXe siècle fut la réalisation des vitraux, la cathédrale n'en ayant jamais eu depuis sa reconstruction après l'ouragan de 1678. L'oeuvre fut confiée par Jack Lang, ministre de la culture et maire de Blois, à l'artiste hollandais Jan Dibbets en 1992. Passionné de symbolisme chrétien, l'artiste trouva une belle la collaboration avec le chanoine Dominique Dupont (1944-2020), curé de la cathédrale pour élaborer un programme qui soit non seulement une catéchèse, mais une véritable oeuvre théologique. Le talentueux maître-verrier Jean Mauret les réalisa. Les nouveaux vitraux couvrent trente-trois baies, hautes et basses, et représentent une surface totale de plus de 360 m2[2].

Les baies basses illustrent l'adage du Concile Vatican II : "L'eucharistie est source et sommet de toute vie chrétienne".

Les baies hautes sont ordonnées comme une progression vers le mystère divin. Les symboles chrétiens (vigne, ancre, tétragramme) accompagnent les chrétiens dans la nef, en compagnie des saints (St Louis, St Pierre et St Paul) vers le seul du chœur marqué par le Christ et la Vierge Marie. Dans le sanctuaire, la Trinité est honorée en elle-même (verrière Nord), et telle qu'elle se révèle en Jésus Christ (verrières Sud).

La composition, sans se revendiquer iconoclaste, est aniconique, suivant une tradition très minoritaire dans l'Eglise catholique, mais qu'il est possible de rattacher à Raban Maur. Cette tradition est présente dans la vallée de la Loire grâce à l'œuvre notamment du P. Patrice de Saint-Dié au XVIIe siècle.

En plus de leur esthétique et de leur signification catholique, les vitraux de Dibbets ont cet immense avantage de respecter la lumière inonde la cathédrale, dans l'esprit des bâtisseurs de la fin du XVIIe.

Les vitraux ont été inaugurés en 2000, en présence de la reine Béatrix des Pays-Bas, de Jack Lang, et de Mgr de Germiny, évêque de Blois.

L’extérieur, la façade[modifier | modifier le code]

Datée du milieu du XVIe siècle, la façade témoigne d’un compromis entre le style gothique tardif traditionnel et les débuts du classicisme. On y trouve des éléments médiévaux tels les gargouilles, les contreforts coiffés de pinacles ainsi que le pignon aigu qui surmonte le tout, mais aussi des éléments classiques tels le fronton triangulaire, les médaillons en ronde-bosse dans les écoinçons.

La partie la plus remarquable est la tour-clocher située au nord de la façade et qui domine toute la ville. Si son soubassement date du XIIe siècle, la construction débuta en 1544. De style Renaissance, elle est pourvue de colonnes ioniques et corinthiennes. Le dernier étage est coiffé d’un dôme surmonté d’un lanternon édifié en 1603. Ce dôme paraît être une réplique de ceux qui coiffent les deux tours de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, dont la construction s’est achevée en 1547. Il est probable que la tour-clocher soit l’œuvre de Jean Delespine qui avait participé au chantier du château de Valençay autour de 1540.

La tour comporte sept cloches qui sonnent le do, ré, mi, fa, sol, do dièse et ré dièse.

L’intérieur[modifier | modifier le code]

Intérieur de la cathédrale de Blois.

La cathédrale est composée d’une large nef à collatéraux nord et sud (1680-1700) sur lesquels s’ouvrent des chapelles latérales, ainsi que d’un chœur avec son déambulatoire. Il n’y a pas de transept.

Le chœur[modifier | modifier le code]

Le chœur possède une abside à cinq pans des XVIe et XVIIe siècles. Encadrant le chœur, le déambulatoire a été ajouté fin XVIIe siècle, et les chapelles rayonnantes datent du XIXe siècle. Les piliers torsadés sont un pastiche du style Louis XII, exemple de l’imitation des styles du passé sous le Second Empire. Dans les fenêtres hautes se trouvent des vitraux du XIXe dus à Lobin.

La nef et ses chapelles latérales[modifier | modifier le code]

Après l’ouragan de 1678, seuls la façade, l’abside à cinq pans et les piliers du chœur furent réutilisés. À cette occasion on recouvrit pour la première fois le sanctuaire d’une voûte d’ogives.

L’église possède une seule chapelle fort ancienne, datant du XIIe siècle et située à gauche sous la tour, avec voûte d’ogives d’époque retombant sur des chapiteaux à feuilles d’acanthe. Face à celle-ci, du côté droit dans la première chapelle se trouve un bas-relief en marbre récupéré du tombeau de la mère du roi de Pologne et duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, décédée à Blois.

La cathédrale abrite encore un autre bas-relief de marbre blanc appelé La Mémoire et la Méditation, œuvre de Louis II Lerambert datée de 1660.

Les orgues[modifier | modifier le code]

Orgues de la cathédrale de Blois.

L’orgue a été construit par Robert Clicquot et son fils Jean-Baptiste et le buffet a été offert par Louis XIV en 1704 ; l’orgue avait été réceptionné par Nicolas Lebègue. Il a passé la tourmente révolutionnaire avec quelques dégâts, mais échappe à la destruction. Il reçoit des réparations par Jean-Baptiste Isnard puis d’autres facteurs avant l’intervention de Joseph Merklin à partir de 1880. Ce dernier construit un orgue neuf dans le goût du temps et avec tous les perfectionnements techniques de l’époque, en conservant le buffet des Clicquot ; le concert d’inauguration est par Alexandre Guilmant. Ce sera ensuite une rénovation dans un esprit néo-classique en 1954 par Joseph Gütschenritter fils, avant l’inauguration de l’instrument restauré par André Marchal. L’instrument est restauré par Bernard Hurvy en 2000.

Le buffet est classé « Monument historique » en 1908 et la partie instrumentale en 1979.

L’orgue possède 32 jeux sur trois claviers manuels et pédalier. Les transmissions sont mécaniques avec machine Barker au Grand-Orgue. Le nombre de tuyaux est inconnu.

Composition

Grand-Orgue:
56 notes
Bourdon 16’
Montre 8’
Flûte harmonique 8’
Salicional 8’
Gambe 8’
Prestant 4’
Doublette 2’
Cornet V
Bombarde 16’
Trompette 8’
Clairon 4’
Positif:
56 notes
Bourdon 8’
salicional 8’
Flûte harmonique 4’
Quinte-flûte 2’ 2/3
Fourniture IV-V
Trompette harm. 8’
Clarinette 8’
Récit expressif:
56 notes
Flûte traversière 8’
Cor de nuit 8’
Gambe 8’
Voix céleste 8’
Flûte octaviante 4’
Octavin 2’
Trompette harm. 8’
Basson-haubois 8’
Voix humaine 8’
Pédale:
30 notes
Contrebasse 16’
Soubasse 16’ *
Octave-basse 8’ *
Bourdon 8’
Violoncelle 8’ *
Bombarde 16’
Trompette 8’
Clairon 4’
* : Emprunt au G.O.

La crypte[modifier | modifier le code]

Crypte de la cathédrale de Blois

La crypte Sainte-Solenne se trouve sous le chœur de la cathédrale. C’est en 1927 que l’on a découvert les vestiges d’une église carolingienne, bâtie à la fin du Xe siècle par les comtes de Blois pour abriter les reliques de Sainte-Solenne, évêque de Chartres. Plus tard, au XIIe siècle, lors de l’édification de l’église suivante, le chœur de cette église carolingienne devint une crypte.

Dans la crypte seul subsiste le vaisseau central et l’abside de cette ancienne église-basilique. Derrière l’autel, on voit la trace de son abside semi-circulaire. Sur le côté gauche, un caveau abrite les tombes des évêques de Blois.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Annie Cospérec, Blois : La forme d'une ville, Imprimerie Nationale, , 408 p. (ISBN 9782110813220, lire en ligne)
  2. « Dossier de presse- Discours et communiqués concernant les travaux de restauration », sur culture.gouv.fr

Annexes[modifier | modifier le code]

Source et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pérouse de Montclos, Jean-Marie, 1988. Le guide du Patrimoine : Centre, pp. 175-179. Val de Loire, Ministère de la Culture : Hachette, Paris. (ISBN 2-01-018538-2)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]