Castor d'Apt

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Castor d'Apt
Image illustrative de l’article Castor d'Apt
Saint Castor libérant les prisonniers, anonyme, XVIIe siècle, musée d'Apt.
Saint, évêque
Naissance après 350
Nemausus (Nîmes), Gaule narbonnaise, Empire romain
Décès 423 
Apta Julia (Apt), Gaule narbonnaise, Empire romain
Vénéré à Apt : cathédrale Sainte-Anne Nîmes : cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor
Vénéré par Église catholique
Fête 21 septembre

Castor d’Apt (san Castré en provençal, Castorius en latin), né après 350 et mort en 423, a été évêque d'Apt de 410 à 423, soit jusqu'à la fin de sa vie[1].

Sa fête, en tant que patron de son évêché et saint de l'Église catholique est célébrée le 21 septembre[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Paul-Albert Février, de l'Université de Provence, tend à penser que peu d'éléments sont vraiment certifiés sur la vie de Castor. Lors d'une table ronde organisée par l'Institut de recherches et d'études sur le bas Moyen Âge avignonnais (du 5 au 7 octobre 1984), il a rappelé que, hormis une Vie sujette à caution intégrée par le chanoine Joseph-Hyacinthe Albanès dans la Gallia christiana, il n'a rien trouvé de probant sinon un texte du controversé Polycarpe de la Rivière à l'Inguimbertine de Carpentras (ms. 514, f° 191)[3].
À contrario, cette Vita Castoris a été adoptée et soutenue par le vicaire Jean-Baptiste Paul de Terris[4] comme source valable à la suite d'Albanès. D'après eux, elle aurait été rédigée par un proche du saint puis réécrite par l'évêque Raimond Bot (Regimundus, 1275-1303). Il y a fort à penser que Castor fut vénéré par des solennités durant le haut Moyen Âge comme l'indique un chant liturgique de la ville daté du XIe siècle et consacré à sa fête[5].

Sa jeunesse[modifier | modifier le code]

Castorius est dit originaire de Nîmes (Nemus)[6] où il serait né vers le milieu du IVe siècle au sein d'une famille plutôt favorisée qui lui permit de suivre des études conséquentes. À la mort de son père, il rejoint sa mère à Arles qui était alors préfecture des Gaules, et le jeune rhéteur qu'il est devenu commença à exercer le métier d'avocat. Il aurait eut pour frère Léonce (Leontius) qui deviendra évêque de Fréjus et saint (fête le 1er décembre).

Sa vie érémétique[modifier | modifier le code]

Il épousa, en 395, une « belle arlésienne » dont la famille originaire du Luberon y possédait de nombreux domaines. La légende veut que le couple, avec leur fille Perculiarita, ait choisi la vie monacale.

Certains hagiographes expliquent qu'ils auraient vécu reclus près de Sabran (Gard), au mas Saint-Castor près de Mégier, d'autres affirment qu'il se serait retiré près de Ménerbes où il aurait fondé à Manancha[7] un monasteriolum (monastère) dit de Mananque, et placé sous le vocable de beati Faustinus (saint Faustin, l'évêque de Lyon)[8].

Les traces toponymiques de Castorius en Luberon[modifier | modifier le code]

À Ménerbes, dans une grotte, une source ferrugineuse nommée San Castré rappelle encore le souvenir du futur évêque d'Apt. De plus, un lieu-dit, au quartier du Levant, dénommé « Pied de Moustier » (Podium Monasterium), marque le lieu d'implantation du monastère Saint-Faustin de Manancha détruit en 576 par des hordes de Saxons et de Lombards[9].

Son épiscopat à Apt[modifier | modifier le code]

Vers 410, à la mort de l'évêque Quentin (Quintinus), il fut choisi par la communauté des fidèles pour monter sur le siège épiscopal d'Apt. Ami de Jean Cassien, le fondateur de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, en 416, il lui demanda de rédiger ses Institions Cénobitiques et ses Conférences sur la formation des cénobites dont la 9e Conférence sur la prière.

On peut penser que Jean Cassien, qui le nommait « homme de toutes les vertus et de toutes les sciences » ne fut pas étranger à ce choix[10].

La tradition veut que dès le début de son épiscopat, il ait fondé à Apt un couvent dédié à saint Baché[11]. Deux ans plus tard, les Barbares déferlèrent sur la Provincia dispersant la communauté chrétienne du pagus Aptensis.

Miracles[modifier | modifier le code]

Plusieurs miracles lui sont attribués :

En compagnie du diacre Largus, il aurait rallié son monastère depuis Apt par une nuit d'orage sans que ses vêtements soient mouillés.

Un sanglier blessé poursuivit par des chiens et des chasseurs aurait été épargné en trouvant refuge sous son manteau.

Castor avait l’habitude de prier la nuit avec l’impression assez nette d’être visité par des anges. Il demanda à son proche entourage à qui il s’était confié de ne le dire à personne. Ce qui ne fut pas le cas d’un sous-diacre qui mourut peu après la divulgation.

Une année, Castor voulut délivrer des prisonniers, sans doute injustement condamnés, et d’autres afin de les convertir pour les faire participer à la Semaine pascale. Comme le juge refusa d’en libérer ne serait-ce qu’un seul, l’évêque décida d’une procession jusqu’à la prison devant laquelle il se mit à prier invitant le groupe à faire de même. Au bout d’un long moment sans que personne désire partir, les portes s’ouvrirent et les chaînes des prisonniers se brisèrent. Ce miracle permit la construction d’un oratoire (oratorium) dédié au Sauveur sur l’emplacement de la prison située à priori près de la Tour de l’Horloge actuelle. Une charte, non datée, fait état de deux donateurs, Georges et Deda, qui ont prié afin d’obtenir le retour de leur fils détenu.

Postérité[modifier | modifier le code]

Présent au concile provincial de Valence en 419, il mourut en paix quelques années plus tard à la fin du règne de l’empereur Flavius Honorius entouré de son clergé, quelques-uns de ses moines ainsi que d'homologues voisins. Son corps fut déposé dans l'oratoire qu'il dédia au Sauveur[12] situé dans la partie méridionale de l'église d'Apt et qui prit le nom de Sainte-Marie et Saint-Castor.

Ses reliques furent par la suite transférées en 1179 dans la nouvelle cathédrale voulue par l'évêque Alfant et déposées dans la crypte supérieure par ses soins ou par l'évêque Pierre de Saint-Paul (1162-1182).

L'Histoire littéraire de la France lui consacre un chapitre[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Liste des évêques du diocèse d'Apt : saint Castor, évêque d'Apt (410 – 423 ?) - site GCatholic.org
  2. Nominis : saint Castor d'Apt
  3. Le peuple des saints, Mémoire de l'Académie de Vaucluse, 1987.
  4. Biographie de Paul Terris (1842-1904)
  5. Vénération de saint Castor au haut Moyen Âge in L'autel roman de l'ancienne cathédrale d'Apt (Vaucluse) de Guy Barruol, p. 185 et légende 35.
  6. Nemus était le nom du lieu sacré (bois, fontaine) des Celto-Ligures.
  7. Vocable orthographié quelquefois Monacha qui est sans doute dérivé du grec monakos (moine).
  8. La seconde hypothèse développée par Guy Barruol semble la plus plausible. Faustin ou Photin, un des grands évêques de Lyon au IIe siècle, avait été le défenseur des lapsi, chrétiens tombés dans l'erreur et l'hérésie.
  9. Jacques-Antoine Dulaure dans son livre Divinités génératrices (Paris, 1805) a rappelé qu'en Provence le nom de Faustin était volontairement prononcé Foutin. Et il explique : « Le peuple qui juge souvent la valeur des choses d'après la consonance de leurs noms jugea que saint Foutin était digne de remplacer saint Priape et on lui en conféra toutes les prérogatives ». Dans un lieu dédié à Minerve (Ménerbes), camoufler un antique culte phallique peut avoir été la fonction que Castorius avait dévolu à son monastère
  10. Les abbayes de Lérins et Saint-Victor, foyers de culture classique et d’humanisme (semi-pélagien) ont joué leur rôle de formation et de direction pastorale. En 420, Proculus, évêque de Marseille, fit construire la première église, qui sera connue sous le nom de la «Major » (ecclesia major), et le grand baptistère qui sera détruit par l’incurie du clergé local en 1852 malgré un tollé général. C’était le plus important de Gaule. Avec lui, l’Église de Marseille affichait sa puissance, sa richesse et son originalité, mais affirmait surtout sa primauté pour la défense doctrinale de l’humanisme semi-pélagien. C'est dans ce cadre qu'il faut replacer les relations de Jean Cassien et de son ami Castor ainsi que son élévation sur le siège épiscopal d’Apt.
  11. Ce monastère dédié à saint Baché est à rapprocher du pèlerinage de saint Bacche qui se déroulait, sur l'autre versant du Luberon, à Jouques. En Val de Durance, le culte de Bacchus éradiqué par l’Église se voyait ressusciter par la ferveur populaire puisqu’une légende locale le faisait mourir ici. Ce saint de Jouques était bien le dieu du vin, ce Beato Baccho (Bacchus le bienheureux), dont on a retrouvé maintes inscriptions datant du Bas-Empire.
  12. Saint-Sauveur était aussi le nom du monastère de moniales que Jean Cassien avait fondé à Marseille.
  13. Lire en ligne sur Gallica

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Manuscrit de Raymond de Bot, évêque d'Apt (1275-1303), Vie de saint Castor, évêque d'Apt, traduite d'un manuscrit latin du VIIIe siècle, disparu en 1793 des Archives capitulaires, copie à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras sous le titre Acta ad firmandam eccl. gall. historiam.
  • J. F. de Rémerville de Saint-Quentin, La vie de saint Castor, Apt, 1688.
  • G. Barruol, Provence Romane II, Éd. Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1981.
  • G. Semonsu, Castor à Ménerbes, Bulletin de l'Association d'Histoire et d'Archéologie du Pays d'Apt, n° 9, 1985.
  • P. A. Février, Saint Castor, évêque d'Apt, et son culte, Provence Historique, fasc. 146, 1986.

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]