Carquebut
Carquebut | |
Église Saint-Ouen. | |
Administration | |
---|---|
Pays | ![]() |
Région | Normandie |
Métropole | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Canton | Carentan |
Intercommunalité | Communauté de communes de la Baie du Cotentin |
Statut | commune déléguée |
Maire délégué | Chantal Frémont 2019-2020 |
Code postal | 50480 |
Code commune | 50103 |
Démographie | |
Population | 322 hab. (2016 ![]() |
Densité | 38 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 22′ 24″ nord, 1° 19′ 43″ ouest |
Altitude | 22 m Min. 2 m Max. 34 m |
Superficie | 8,54 km2 |
Historique | |
Commune(s) d’intégration | Sainte-Mère-Église |
Localisation | |
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Carquebut est une ancienne commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 322 habitants[Note 1], commune déléguée au sein de Sainte-Mère-Église depuis le 1er janvier 2019.
Sommaire
Géographie[modifier | modifier le code]
Cette commune est au cœur du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. D'une superficie de 854 hectares, elle est divisée entre marais (Marais des Mottes, Marais de la Pigachière, Marais d'Éturville) et les collines environnantes. L'altitude maximale est de environ 30 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Les principaux hameaux de Carquebut sont : Éturville, le Petit Hameau, le Grand Hameau, le Port, les Raillières et Vigilant.
La principale route de la commune est la route nationale 13 qui relie Caen à Cherbourg. De même, la voie de chemin de fer Paris-Cherbourg traverse Carquebut.
Toponymie[modifier | modifier le code]
Le nom de cette commune est le seul du doyenné de Plain qui semble avoir un nom d'origine entièrement scandinave ou anglo-scandinave. Il est attesté sous les formes Querquebu en 1165/1173[1], Kirkebi en 1204[2], Kerkebu en 1228[3].
Ce nom est issu de la combinaison des éléments kirkja « église »[4] et bú « maison, ferme; résidence, domaine; village », soit « le village de l'église », « le domaine rural (près) de l'église » ou encore « la maison (près) de l'église ». L'ancien norois bú s'est ici très probablement croisé avec l'ancien anglais de même origine bū (forme fléchie bȳ) « résidence », forme sous laquelle il a dû se fixer[5].
Plusieurs villages scandinaves ont le même nom : Kirkeby au Danemark, Kyrkby, Kyrkeby en Suède, et de nombreux Kirby, Kirkby en Angleterre (plus d'une quarantaine d'exemples).
- Remarque
De manière assez incompréhensible, le deuxième élément de ce toponyme est expliqué par l'ancien norois buth (variante both) « abri temporaire, cabane; maison » par François de Beaurepaire[3], et à sa suite René Lepelley[6], alors qu'il avait été parfaitement analysé par Auguste Longnon[7], Auguste Vincent[8], Albert Dauzat[9], Jean Adigard des Gautries et Fernand Lechanteur[10], et finalement Ernest Nègre[11]. Or les formes anciennes sont sans appel : nulle trace de dentale à la finale, contrairement aux produits de buth / both qui aboutissent d'ailleurs normalement en Normandie à -bo(t) ou -beu(f) et leurs variantes graphiques diverses.
Histoire[modifier | modifier le code]
La seigneurie de Carquebut a appartenu à la famille de La Luzerne, qui portait D'azur à la croix ancrée d'or chargée de cinq coquilles de gueules.
Politique et administration[modifier | modifier le code]
Le conseil municipal est composé de onze membres dont le maire et deux adjoints[16].
Démographie[modifier | modifier le code]
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[18].
En 2016, la commune comptait 322 habitants[Note 2], en augmentation de 3,87 % par rapport à 2011 (Manche : -0,23 %, France hors Mayotte : +2,44 %).
Économie[modifier | modifier le code]
La principale activité économique de la commune est l'agriculture. La déchèterie de la communauté de commune est sur le territoire de la commune. Carquebut compte aussi une maison de retraite.
Lieux et monuments[modifier | modifier le code]
- Le château de Franquetot (XVe siècle). Il y avait avant la Révolution une chapelle Saint-Pierre qui était desservie par le curé de Saint-Côme-du-Mont (principal décimateur).
- Le manoir de Courcy (XVIIe siècle). Propriété des Gourmont, famille de Remy de Gourmont.
- Le manoir du Port (dont les dernières traces ont disparu au début des années 1900).
- Le manoir de Martainville (détruit dans les années 1880 pour les pierres).
- Le manoir des Fontaines (XVIIIe siècle) est actuellement une maison de retraite.
- L'église du XIIIe et XVIe siècles. Magnifique bâtiment de style gothique, d'une assez grande taille, placée sous le vocable de Saint-Ouen. L'ensemble est composé d'une grande nef, d'un grand chœur, et de trois chapelles latérales. Un logis du sacristain est situé au-dessus de la chapelle dite des hommes. Le clocher, octogonal, est unique dans la région.
- La fontaine Saint-Ouen inaugurée vers 650 par saint Ouen, évêque de Rouen.
Personnalités liées à la commune[modifier | modifier le code]
Émile Frédéric Jean Alexandre Sevestre est né à Carquebut le de Frédéric Jean et d’Apoline Désirée qui étaient cultivateurs dans la commune.
Doué d'une grande intelligence, le jeune Émile rentre au Collège diocèsain de Valognes où il suit de brillantes études et remporte plusieurs prix d'excellence, notamment le prix d'honneur de la dissertation de philosophie et le prix d'honneur de l'enseignement religieux. En 1895, il sort du collège et le , il est ordonné prêtre. Ensuite appelé à sa mission pastorale, il est successivement vicaire de Saint-Sauveur-Lendelin, missionnaire à Notre-Dame-sur-Vire, vicaire à Saint-Nicolas de Coutances, professeur au petit séminaire et au collège de Valognes et vicaire à Saint-Croix de Saint-Lô. Mais finalement, le , il se retire à Carquebut pour se consacrer au travail d'historien qui va le rendre célèbre.
Dès lors, c'est une montagne de travaux d'une grande qualité qui se succèdent. Son domaine de prédilection, l'histoire religieuse de la Révolution française occupe une grande partie de son œuvre. On peut en citer quelques titres (une bibliographie complète est proposée par Remy Villand dans sa monographie sur Carquebut) :
- L'Histoire, le texte et la destinée du Concordat, Angers, Siraudeau, 1903.
- Étude critique des sources de l'Histoire religieuse de la Révolution en Normandie, Paris, Picard, 1916.
- Le Personnel de l'Église constitutionnelle en Normandie (1791-1795), Paris, Picard, 1925.
Une autre particularité de l'abbé Sevestre, est qu'il est le seul habitant de Carquebut à avoir été chargé de cours à l'école pratique des Hautes Études, et professeur à l'école des Sciences sociales de Paris. Il est également l'ami d'Alphonse Aulard, fondateur de la Ligue des droits de l'homme, ce qui lui attira la méfiance des autres prêtres du diocèse.
Cependant, tout ne va pas pour le mieux pour notre abbé. En effet, son caractère particulier, son âge avançant, l'abbé Sevestre, retiré à Carquebut, se trouve de plus en plus isolé et meurt dans l'indifférence le dans sa maison de Carquebut (actuelle maison de Mme Cécile Barbey). Cependant, son œuvre grandissime lui vaut l'hommage de ses pairs. Ainsi, M. Gabriel Le Bras, président de la Société d'Histoire ecclésiastique de la France, dit d'Émile Sevestre en parlant des morts de l'année : « Combien de nos compatriotes ont connu l'histoire religieuse de la Révolution française comme l'abbé Émile Sevestre ? ».
Émile Sevestre lui-même écrit ces phrases touchantes : « Mes ouvrages ont été pendant ma vie mes meilleures consolations et mes avocats les plus éloquents. Ils m'ont fait oublier les mesquineries et les tristesses de la vie. Ils m'ont vengé des attaques injustement dirigées contre ma personne. À ma mort et après ma mort, ils ne m'abandonneront pas. C'est le seul cortège que je souhaite. »
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- Population municipale 2016.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2019, millésimée 2016, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2018, date de référence statistique : 1er janvier 2016.
Références[modifier | modifier le code]
- Léopold Delisle, Recueil des actes de Henri II, revu et publié par Élie Berger, t. I, Imprimerie Nationale, Paris, 1916, p. 540, § CCCCXII.
- Jean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie, OREP éditions, 2009, p. 89.
- François de Beaurepaire, Les Noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 93.
- L’ancien norois kirkja « église » représente un emprunt au germanique occidental °kirika (cf. anglais church, néerlandais kerk, allemand Kirche), lui-même tiré du grec médiéval ϰυριϰόν (kūrikón), réfection de ϰυριϰαόν [δῶμα] (kūriakón [dōma]) « [maison] du seigneur »), adjectif (ici neutre) dérivé de ϰύριος (kūrios) « seigneur ». Ce dernier mot est issu d'un radical indo-européen °kū-ro- « puissant » (d’abord « enflé, gonflé »), forme suffixée du degré zéro de °keuə- « enfler ».
- L'ancien norois bú a comme équivalents modernes l'islandais bú (même sens), le suédois by « village », le danois by « ville », etc. Il se rattache au radical °bū- « habiter, résider » < indo-européen °bʰū-, degré zéro allongé de la racine °bʰeu- « être », initialement « croître, devenir » (cf. anglais to be, breton bout, russe быть (byt’) « être »).
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Caen, Presses universitaires de Caen / Condé-sur-Noireau, Éd. Charles Corlet, 1993, p. 86b.
- Auguste Longnon, Les Noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929 ; rééd. Champion, Paris, 1979, p. 283, § 1178-1181.
- Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937, p. 159, § 372.
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963 (rééd. Guénégaud, avec supplément de Marie-Thérèse Morlet), p. 150a.
- Jean Adigard des Gautries & Fernand Lechanteur, « Les Noms de communes de Normandie », in Annales de Normandie, XVI (juin 1966), § 586.
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Droz, Genève, t. II, 1991, p. 1015, § 18283.
- décédé en exercice le 29 avril 1878
- Le maire, Jean Buquet, démissionne Ouest-France.fr, 15 février 2016.
- « Chantal Frémont est le nouveau maire », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 9 juin 2016)
- René Gautier, 601 communes et lieux de vie de la Manche [détail des éditions]
- « Carquebut (50480) - Municipales 2014 », sur elections.ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 18 juin 2014)
- L'organisation du recensement, sur insee.fr.
- Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016.
Sources[modifier | modifier le code]
- Textes de l'abbé Émile Sevestre à propos de Carquebut.
- Archives municipales de Carquebut
- Notice sur Carquebut par Rémy Villand.