Ferry (bateau)

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Le traversier NM Alphonse-Desjardins, sur le fleuve Saint-Laurent, entre Québec et Lévis, Québec, au Canada.
Accès d'un ferry ferroviaire circulant entre Messine et Villa San Giovanni.

Un ferry, ferry-boat (de l'anglais ferry), transbordeur, traversier[1] (au Canada francophone et à Saint-Pierre-et-Miquelon[2]) est un bateau ayant pour fonction principale de transporter des véhicules routiers ou ferroviaires avec leur chargement et leurs passagers dans des traversées maritimes.

Terminologie[modifier | modifier le code]

Selon le site de l'Office québécois de la langue française, les termes « navire transbordeur » et « transbordeur », surtout employés en Europe, font l'objet d'une recommandation officielle de la part de la Commission générale de terminologie et de néologie, en France, car ils ressemblent au terme « bac » utilisé pour les bateaux effectuant des traversées de rivières. Les emprunts « ferry-boat » et « ferry » sont généralisés en Europe mais ne sont pas retenus au Québec car ils y sont totalement inutilisés, « traversier » étant le terme courant en usage depuis la fin du XIXe siècle.

Le terme français « ferry-boat » s'écrit toujours avec un trait d'union, alors que son équivalent anglais s'écrit en un mot (ferryboat). Au pluriel, l'usage admet la forme anglaise « ferries » mais recommande « ferrys ».

Types[modifier | modifier le code]

Ferrys catamaran et monocoque.

Caractéristiques techniques[modifier | modifier le code]

Un ferry comporte généralement des ponts passagers et des cales réservées aux véhicules qui embarquent et débarquent au moyen d'une rampe articulée pivotante. Différents types de bateaux sont utilisés, le choix étant généralement déterminé par les critères suivants :

  • longueur du parcours ;
  • nombre de passagers ou de véhicules ;
  • vitesse attendue (présence de moyens de transport concurrents tel l'avion ou le train) ;
  • conditions météo habituelles ;
  • conditions marines (amplitude des marées, courants, tempêtes).

Les ferrys partagent toutefois quelques caractéristiques imposées par la nature de leur activité :

  • ils doivent être rapides pour répondre aux attentes de la clientèle pressée ;
  • ils doivent être manœuvrants pour pouvoir se passer de toute assistance au remorquage dans les ports même lorsque leur taille est importante, afin d’éviter des coûts et des délais supplémentaires. Des propulseurs transversaux sont installés à cet effet. Afin de participer à ces recherches de gain de temps, les terminaux ferry installent des systèmes d'amarrage par ventouses ;
  • ils sont généralement volumineux car passagers et véhicules requièrent de grands volumes si on les compare à un fret classique ;
  • pour minimiser le temps de chargement des automobiles et des camions dans les ports, de vastes portes-rampes sont aménagées dans la coque, à l'arrière et à l'avant. Elles peuvent en cas de défaillance constituer une source de voie d'eau catastrophique. À la proue, qui est la plus exposée aux coups de mer par mauvais temps, le système d'étrave basculante « en visière de casque », présent sur les ferrys de la génération 1965 - 1995 tels l'Estonia ou le Salem-Express de la SNCM, tend à être abandonné en faveur de portes articulées latéralement qui risquent moins d'être forcées par une grosse lame déferlante ;
  • certains ferrys destinés à des trajets courts dans des eaux resserrées et relativement abritées, notamment ceux embarquant des trains ferroviaires, sont amphidromes (la poupe est symétrique de la proue et le navire peut naviguer indifféremment dans les deux sens) pour accélérer les rotations et les manœuvres d'embarquement/débarquement C'est le cas, par exemple des traversiers de la Gironde sur le trajet Royan - Pointe de Grave (port du Verdon)[3].

Conception, innovations[modifier | modifier le code]

La conception des ferrys sur plusieurs étages ainsi que l'existence d'un pont garage peu cloisonné concourent à rendre les ferrys dangereux et le nombre d'accidents est relativement important[réf. nécessaire]. D'autre part, les carburants pétroliers pas ou peu désoufrés sont source d'émissions polluantes significatives ; deux points que certaines compagnies cherchent à mieux prendre en compte[réf. nécessaire].

Après les naufrages, entre autres, du Herald of Free Enterprise et de l'Estonia, de nouvelles règles de sécurité plus sévères ont été promulguées afin d'améliorer leur stabilité après avarie[réf. nécessaire].

Construction de Viking Grace, premier grand ferry à propulsion par GNL.

Un premier grand ferry (M/S Viking Grace) fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL) est en service depuis peu en Europe du Nord pour la compagnie Viking Line[4]. Son moteur devrait permettre une vitesse de 22 nœuds, avec un abattement de 85 % des émissions de particules, de 15 % des émissions de gaz à effet de serre et de près de 100 % du soufre, en partie grâce à un profil de coque amélioré pour le type de houle locale et à des systèmes de récupération de l'énergie. D'un coût de 240 millions d'euros, il relie les ports de Turku et de Mariehamn à celui de Stockholm dès janvier 2013.

Un premier ferry à propulsion électrique, de 80 mètres de long, à coque d'aluminium et capable de transporter 120 voitures et 360 passagers par voyage, est prévu en Europe pour relier en 30 minutes, de 2015 à 2025, Lavik et Oppdal via les eaux du Sognefjord (au nord de Bergen) pour le compte de la compagnie de transport Norled[5]. L'économie annuelle en matière de pollution devrait être d'un million de litres de gazole, de 570 tonnes métriques de Dioxyde de carbone et de 15 tonnes d’oxydes d’azote[réf. nécessaire]Chiffres qui prennent en compte les émissions liées à la production électrique ?[pertinence contestée]. Les 10 tonnes de batteries sont rechargeables en dix minutes (temps de pose actuel entre deux trajets) selon le concepteur[5]. Le réseau électrique terrestre n'étant pas en mesure de fournir l'électricité suffisante, une batterie d'accumulateurs est installée dans chaque port pour son alimentation.

Un constructeur japonais[Qui ?] évoque aussi un ferry électrique de 30 mètres (99 pieds) destiné à véhiculer 800 passagers. Ce navire serait 60 % plus cher à l'achat. Il pourrait faire 120 kilomètres (74 miles) en six à huit heures grâce à des piles rechargeables de haute performance qu'on espère disponibles vers 2015 (5 000 kWh, l'équivalent de 300 voitures)[6].

Dans un avenir proche, des piles à hydrogène pourraient éventuellement être utilisées comme stockage d'énergie embarqué. Un tel ferry « zéro émission » (hors production de l'hydrogène consommé) a été proposé par Future Ship[7] en 2012 en réponse à une sollicitation de manifestation d'intérêt pour des ferrys à pile à combustible[8], atteignant 17 nœuds avec une pile alimentée par un réservoir d'hydrogène de 140 m3 lui assurant une autonomie énergétique de 48 h. Ce ferry pourrait être prêt vers 2017 en mer Baltique[8]. Des batteries d'appoint pourraient lui faire gagner un nœud de plus[8].

Des ferrys électriques de plus en plus puissants sont mis en service dans les pays nordiques : après le ferry Elektra du finlandais FinnFerries (1 040 kWh) et l'Ampere du norvégien Norled (1 000 kWh), le ferry Ellen (4 300 kWh) a été lancé en août 2019 au Danemark, avec des subventions européennes, entre Ærø, une petite île du sud du pays, et le continent. Long de 60 mètres, l'Ellen peut transporter 200 passagers et 31 voitures. Au total, l'Union européenne compte lancer une dizaine d'e-ferrys dans les deux ans à venir, et plus d'une centaine d'ici à 2030[9].

Lieux d'utilisation[modifier | modifier le code]

À quai : embarquement par l'avant.
En opérations au terminal.

Les navires transbordeurs accueillent souvent des passagers et des véhicules pour une traversée courte. Pour cette raison, on les rencontre essentiellement dans les zones :

Ferrys internationaux[modifier | modifier le code]

Amérique du Nord[modifier | modifier le code]

En Amérique du Nord, entre États-Unis et Canada : de Toronto à Rochester, de Port Angeles à Victoria, de Bar Harbor à Yarmouth, et de Portland (Maine) à Yarmouth, ainsi que de Terre-Neuve (Canada) à Saint-Pierre-et-Miquelon (France).

Amérique du Sud[modifier | modifier le code]

Entre l'Argentine et l'Uruguay : de Buenos Aires à Colonia del Sacramento, à Montevideo et à Punta del Este.

Asie[modifier | modifier le code]

Des ferrys relient Singapour aux îles indonésiennes de Batam et Bintan[10].

Europe[modifier | modifier le code]

Stena Superfast X arrivant à Dublin

Méditerranée[modifier | modifier le code]

Le Danielle Casanova de Corsica Linea effectue des liaisons entre la Corse et le continent, mais également vers l'Algérie et la Tunisie.

Dans la Méditerranée, de l'Espagne vers le Maroc, l'Algérie et l'Italie ; de la Tunisie vers la France et l'Italie ; de Malte vers l'Italie, la France et la Tunisie ; de la Sardaigne vers la Corse, de la France continentale vers la Corse, ainsi que de l'Italie vers la Croatie, la Corse, la Grèce et l'Albanie.

Par pays[modifier | modifier le code]

Albanie[modifier | modifier le code]

Allemagne[modifier | modifier le code]

Liaisons internes avec les l'île d'Heligoland et les îles côtières allemandes.

Liaisons internationales avec les pays scandinaves (Danemark, Suède, Norvège), avec les pays riverains de la Baltique (Estonie, Lettonie, Lituanie, Russie, Finlande), et avec la Suisse sur le lac de Constance (Fährlinie Friedrichshafen–Romanshorn).

Argentine[modifier | modifier le code]

Liaisons avec l'Uruguay[11].

Algérie[modifier | modifier le code]

Badji-Mokhtar III amarré au port de Marseille, en 2021.

En Algérie, pays qui compte plus de 1 200 km de littoral méditerranéen, les ferries vers et en provenance de France, d’Italie et d’Espagne sont réguliers. Les principaux ports accueillant les ferries sont ceux d’Alger, Oran, Béjaïa, Ghazaouet, Mostaganem, Skikda et Annaba.


Ces villes sont reliées, grâce aux ferries, aux villes européennes de Sète, Marseille, Gênes, Naples, Barcelone, Alicante, Valence et Almeria. Les principales compagnies qui se partagent ces liaisons sont Algérie Ferries (Algérie), Corsica Linea (France), Trasmediterranea (Espagne) et Balearia (Espagne).

Canada[modifier | modifier le code]

Au Canada, les traversiers relient au continent Terre-Neuve, l'île de Vancouver, les îles de la Reine-Charlotte, les îles de la Madeleine et l'Île-du-Prince-Édouard. De plus, il y a plusieurs liaisons reliant la péninsule de la Nouvelle-Écosse. Le pays possède aussi des services reliant les communautés côtières éloignées sur la côte Pacifique, Atlantique et la côte nord du golfe du Saint-Laurent. Les Grands Lacs ont généralement des liaisons intérieures. Finalement le Saint-Laurent, le Saguenay, le Richelieu et l'Outaouais ont tous des services de traversier et de bac, pour la plupart gérés par la Société des traversiers du Québec. Le Nouveau-Brunswick a un grand nombre de bacs permettant de traverser le fleuve Saint-Jean et de traversiers reliant les îles Campobello et Grand Manan.

La société d'État BC Ferries qui est active en Colombie-Britannique est la plus grande compagnie de traversiers en Amérique du Nord.

Chili[modifier | modifier le code]

Un transbordeur chilien sur le détroit de Magellan au Chili.

En Patagonie du Chili, il existe une liaison régulière et en alternance entre Puerto Montt - Puerto Edén - Puerto Natales - Punta Arenas - Puerto Williams, et aussi deux points de traversées du détroit de Magellan. La première, orientée nord-sud, relie le continent sud-américain de la pointe Delgada (Chili) à la baie Azul, Grande île de la Terre de Feu (Chili). La durée de la traversée est de 30 minutes environ. Le service n'est pas régulier et dépend des conditions climatiques. La deuxième, orientée est-ouest, relie la ville de Punta Arenas au village de Porvenir.

L'île de Chiloé est reliée au continent par ferry au nord plusieurs fois par jour entre Ancud et Puerto Montt ; au sud, il existe des liaisons plus rares, quelques-unes par semaine, entre Quellón et Chaitén, quelques liaisons également entre Castro et Chaitén.

Danemark[modifier | modifier le code]

Espagne[modifier | modifier le code]

En Espagne, les principales liaisons intérieures sont :

États-Unis[modifier | modifier le code]

Aux États-Unis, les principaux ferrys sont :

Finlande[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Navires des compagnies Corsica Ferries et Corsica Linea à Ajaccio.

En France, les principaux liens par ferry se font :

Le SeaFrance Rodin au port de Calais, juillet 2008.

Le transbordeur traversant le vieux-Port de Marseille, immortalisé dans la trilogie de Pagnol, n'entre pas dans cette catégorie car il ne permet pas d'embarquer des véhicules.

Grèce[modifier | modifier le code]

Le Hellenic Spirit de la compagnie ANEK Lines assurant les liaisons entre la Grèce et l'Italie.

En Grèce, des ferrys assurent les liens entre Le Pirée et la Crète, entre le continent et la plupart des îles de la mer Égée (parmi lesquelles celles de Rhodes, Lesbos, Syros, Myconos, Tinos, Naxos, et Santorin) et de la mer Ionienne, comme Corfou, ainsi qu'entre les principales îles.

Des liaisons internationales existent aussi depuis Patras et Igoumenitsa avec l'Italie.

Hong Kong[modifier | modifier le code]

Des ferrys relient l'île de Hong Kong à la partie continentale de Kowloon et aux îles de Cheung Chau, Lamma, Lantau et Peng Chau[15].

Indonésie[modifier | modifier le code]

Ferry assurant la liaison entre le village de Bira dans le sud de Célèbes et l'île de Selayar

Des ferrys assurent la liaison entre les îles de Java et Bali.

Italie[modifier | modifier le code]

Ferry rapide pour la Sardaigne en Italie.

En Italie, des ferrys relient le continent à la Sicile, la Corse, la Sardaigne, l'île d'Elbe, Capri, Ischia, Pantelleria et autres. De même, les grands lacs du Nord ont des liaisons intérieures, lac de Garde, lac Majeur et lac de Côme.

Il existe aussi des liaisons avec la Grèce, l'Espagne, Tunisie, l'Albanie, la Croatie le Maroc et Malte.

Maroc[modifier | modifier le code]

Le Maroc est lié par ferry à l'Espagne, la France, l'Italie. Depuis 2011, seule une compagnie marocaine effectue des rotations entre le port de Tanger-Med et le port d'Algesiras. Le 30 septembre 2013, le gouvernement marocain a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour l'ouverture de plusieurs lignes maritimes depuis le Maroc et pallier le vide laissé depuis l'arrêt de l'activité de la COMARIT/COMANAV dont le sort n'a pas encore été déterminé. C'est finalement la compagnie italienne Grandi Navi Veloci qui a repris l'exploitation en 2012.

Norvège[modifier | modifier le code]

Il y a des liaisons avec le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni et l'Allemagne

Nouvelle-Zélande[modifier | modifier le code]

Liaison entre l'Île du Nord et l'Île du Sud.

Philippines[modifier | modifier le code]

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

En plus d'un grand nombre de ferrys internationaux, il y a des ferrys vers l'île de Wight, l'île de Man, l'Irlande du Nord, les îles Shetland, Hébrides, Orcades, Sorlingues et Lundy.

Russie[modifier | modifier le code]

Sénégal[modifier | modifier le code]

Le Aline Sitoé Diatta assurant la liaison entre Dakar et Ziguinchor (Casamance).

Le Aline Sitoé Diatta prend la relève du Joola qui fit naufrage en 2002[16].

Suède[modifier | modifier le code]

Suisse[modifier | modifier le code]

La compagnie Zürichsee-Fähre Horgen-Meilen offre un service de bac sur le lac de Zurich, et la compagnie Auto-Fähre Vierwaldstättersee sur le lac des Quatre Cantons.

Une liaison internationale existe sur le lac de Constance entre Romanshorn et Friedrichshafen en Allemagne (Fährlinie Friedrichshafen–Romanshorn).

Uruguay[modifier | modifier le code]

Liaisons avec l'Argentine[11].

Thaïlande[modifier | modifier le code]

Des ferrys relient le continent aux îles de [17] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « traversier », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
  2. Site Internet de Saint-Pierre-et-Miquelon.
  3. « Bac du Verdon », sur C'est en France (consulté le ).
  4. (en) First gas-powered passenger ferry handed over in Finland, sur Phys.org, 10 janvier 2013.
  5. a et b [1], d'après (en) First car ferry powered by electric drive system, sur Phys.org, 11 janvier 2013.
  6. AFP, « Japanese firm plans zero-emission ferry », sur Phys.org, 15 octobre 2009.
  7. Future Ship est une filiale de Germanischer Lloyd.
  8. a b et c ERH2, « Un ferry zero emissions avec pile a hydrogène pour Scandlines », 8 novembre 2012.
  9. « Les ferries électriques pointent leur étrave », Les Échos, 22 août 2019.
  10. « FERRY AU DEPART DE SINGAPOUR », sur www.petitfute.com (consulté le ).
  11. a et b Horaires des liaisons de Buquebus, notamment par ferry.
  12. « Bac du Sauvage > Horaires », sur SMTDR (consulté le ).
  13. « Bacs de Barcarin - Bac du Sauvage », sur Syndicat Mixte des Traversées du Delta du Rhone (consulté le ).
  14. Région Nord de France et Historique de la liaison Calais — Douvres
  15. (en) « Hong Kong Ferries », sur www.hongkong.net (consulté le ).
  16. « Aline Sitoé Diatta succède au Joola », BBC News, 25 septembre 2012 [2]
  17. « Les bateaux en Thaïlande », sur www.thailandee.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]