Camp de concentration de Crest

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Familles dans le camp, en 1916.

Le camp de concentration de Crest est un camp de concentration situé à Crest (Drôme) et ayant été utilisé pendant la Première Guerre mondiale pour l'internement des tziganes originaire d'Alsace-Lorraine.

Terminologie[modifier | modifier le code]

Le terme « camp de concentration » n'a alors pas le sens qu'il aura pendant la Seconde Guerre mondiale[1],[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

Les Romanichels de nationalité allemande sont envoyés dès le début de la guerre dans des camps d'internement pour ressortissants d'une nation ennemie. Ceux ayant la nationalité française sont inquiétés pour divers motifs, à cause de leur circulation dans la zone des combats ou simplement pour « vagabondage »[3]. Ces derniers sont donc arrêtés et envoyés avec d'autres Alsaciens-Lorrains dans des camps d'internement[4].

En décembre 1914 et en mars 1915, 160 sont envoyés à Crest, dans un ancien couvent franciscain[2].

Organisation[modifier | modifier le code]

Hommes autour d'un poële dans le camp.
Intérieur d'un ménage de nomades avec neuf enfants.

Le camp est dirigée par un directeur civil, avec des gardes militaires[2].

Plus de la moitié des internés a moins de 16 ans. Un normalien alsacien est envoyé pour leur faire cours. Certains adultes exercent un travail à l'intérieur du camp, notamment les vanniers et les rempailleurs, et d'autres à l'extérieur, avec des permissions de sortie limitée[2].

Les lieux se révèlent assez insalubres et le chauffage est difficile[3]. Les conditions d'internement sont dures mais pas insoutenables[1]. Le camp déplore le décès de six enfants et quatre adultes, pour vingt-huit naissances[3].

Relations avec les sédentaires[modifier | modifier le code]

La population locale se plaint des Roms, demandant à ce que leurs sorties soient interdites. La municipalité de Crest interdit la commune aux nomades extérieurs au camp[3]. Les autorisations de sortie sont limitées à la suite des craintes de la population, notamment des femmes[5].

Les familles réclament auprès de l'administration leur libération, ou au moins leur regroupement. Un certain nombre s'engage dans l'armée française, ce qui permet souvent la libération de leur famille[3]. Les évasions se multiplient en 1918-1919[5].

Fermeture[modifier | modifier le code]

Le camp ferme le [3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Filhol 2004, présentation en ligne.
  2. a b c et d Rémy Cazals, « L'internement des Tsiganes pendant les deux guerres mondiales : Fllhol (Emmanuel), La mémoire et l'oubli. L'internement des Tsiganes en France, 1940-1946, Paris, L'Harmattan, 2001 ; Un camp de concentration français. Les Tsiganes alsaciens-lorrains à Crest (1915-1919), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2004 », Annales du Midi, vol. 116, no 248,‎ , p. 547–548 (lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e et f Ralph Schor, « Emmanuel Filhol, Un camp de concentration français. Les Tsiganes alsaciens-lorrains à Crest, 1915-1919. Presses universitaires de Grenoble, 2004, 181 pages, (ISBN 2-7061-1187-9) », Revue européenne des migrations internationales, vol. 22, no vol. 22 - n°1,‎ , p. 201–202 (ISSN 0765-0752, lire en ligne, consulté le )
  4. Jérôme Estrada, « Des camps pour les Tsiganes », sur Vosges Matin, (consulté le )
  5. a et b Hervé Mauran, « Un camp d’« Alsaciens-Lorrains romanichels » (Crest 1915-1919) », sur Études drômoises, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]