Camarade

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Camarade se dit d'une personne avec laquelle l'on partage un ou plusieurs centres d'intérêt. Il est utilisé entre les membres de partis politiques de gauche, notamment communistes[1] et socialistes[2], par des syndicalistes[3], ainsi que par des patriotes et des nationalistes. C'est également un terme du vocabulaire militaire[4]. Le mot est également employé à l'école : « camarades de classe »[5].

Sens du terme[modifier | modifier le code]

Carte postale allemande de 1915 : « Bonjour, camarade ! ».

Le terme est emprunté à l'espagnol camarada, qui vient de la même chambrée.

Après la Révolution russe, il a été choisi par les communistes comme civilité plus égalitaire que Monsieur, Madame ou Mademoiselle. Ce choix s'inspirait de la Révolution française qui, en abolissant les privilèges, a voulu abolir également les titres de noblesse en utilisant le terme de citoyen (ou citoyenne). En réalité, l'emploi du mot camarade n'a pas commencé avec la Révolution russe. Le Dictionnaire d'étymologie de Larousse indique que le sens politique du mot est né en 1790. Il a été ensuite largement utilisé par les soldats français sous Napoléon, notamment le "chant de l'Ognon" qui désigne la marche des soldats face à l'ennemi autrichien. Les soldats de la garde de l'empereur s'appelaient entre eux camarades, car ils venaient de la même chambrée.

La surabondance du terme Camarade (en russe Товарищ / Tovarichtch) est plus une caractéristique de films stéréotypant les Soviétiques qu'un reflet de la réalité [6] : le terme était en fait peu utilisé dans le langage courant en Union soviétique (où l'on disait plutôt (jeune) homme ou (jeune) femme), mis à part dans les documents officiels et les discours formels, en particulier dans l'armée (ex. : Camarade colonel ) ou en s'adressant à un auditoire (ex. : Honorables (ou Chers) camarades !).

Les militants du Parti communiste français emploient ce terme déjà en usage au sein du Parti socialiste SFIO où les militants s'appelaient camarades et citoyens, tandis que les anarchistes se nommaient plutôt compagnons. Les sociaux-démocrates allemands emploient le terme correspondant, Genosse, depuis la fin du XIXe siècle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Étienne Balibar, Guy Bois, Georges Labica et Jean-Pierre Lefebvre, Ouvrons la fenêtre, camarades !, F. Maspero, Paris, 1979, 221 p. (ISBN 2-70711099-X) ; Romain Ducoulombier, Camarades ! : la naissance du parti communiste en France, Perrin, Paris, 2010, 428 p. (ISBN 978-2-262-03416-0) (texte remanié d'une thèse d'Histoire) ; Antoine Spire (dir.), La culture des camarades : que reste-t-il de la culture communiste ?, Ed. Autrement, Paris, 1992, 285 p. (ISBN 2-86260-397-X)
  2. David Revault d'Allonnes, Petits meurtres entre camarades : enquête secrète au cœur du PS, Points, Paris, 2011, 375 p. (ISBN 978-2-7578-2321-7)
  3. Jean Claude Poitou, Vos luttes, camarades (préface d'Henri Krasucki, Éditions sociales, Paris, 1982, 124 p. (ISBN 2-209-05487-7)
  4. Roger Boutefeu, Les Camarades : soldats français et allemands au combat, 1914-1918, Fayard, Paris, 1966, 463 p. ; Pierre Nord, Mes camarades sont morts, Éditions de Crémille, Genève ; F. Beauval, Paris, 1970, 3 vol., 1. La Guerre du renseignement ; 2, Le Contre-espionnage ; 3, La Préparation du débarquement ; Alexandre Lafon, La camaraderie au front : 1914-1918, Armand Colin, 2014, 544 p.
  5. Abbé Merlaud et Antoine de la Garanderie, Les Camarades et les amis de nos enfants, Centre catholique d'éducation familiale, Paris, 1965, 24 p. ; Didier Daeninckx, Camarades de classe, Gallimard, Paris, 2009, 177 p. (ISBN 978-2-07-039851-5)
  6. Par exemple Tovaritch de Jacques Delval en 1935

Voir aussi[modifier | modifier le code]