Caius Mucius Scævola

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Caius Mucius Scaevola
Biographie
Naissance
Décès
Date et lieu inconnusVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
République romaine archaïque (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
Famille
Mucii Scaevolae (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Mère
InconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Gens
Mucius Scævola par Louis Pierre Deseine, 1791, musée du Louvre

Caius Mucius Scaevola est un jeune héros du début de la République romaine, qui se signala par un exploit, au cours duquel il sacrifie sa main, lors de la guerre contre Porsenna en , exploit raconté par les historiens romains. On ne sait rien sur lui en dehors de cet épisode.

Le comparatiste Georges Dumézil a montré que cet épisode de l'histoire romaine est une recomposition d'un mythe indo-européen.

Le récit traditionnel

L'histoire de Caius Mucius Scaevola est racontée par de nombreux auteurs antiques, principalement par Tite-Live[1], Plutarque[2], Denys d'Halicarnasse[3], Florus[4] et Aurelius Victor[5].

À peine la République instaurée, Rome se trouve de nouveau sous la menace. En 507, Les Étrusques, sous la conduite de Porsenna, roi de Clusium, marchent contre Rome pour rétablir sur le trône les Tarquins récemment expulsés[6]. Après avoir repoussé la première attaque, les Romains se réfugient à l'intérieur de l'enceinte de Rome. Porsenna commence le siège de la ville et installe son majestueux campement dans la plaine au bord du Tibre[7]. Alors que le siège commence à durer[8] et la faim à tourmenter la population romaine, Caius Mucius Scaevola, jeune patricien, décide de s'introduire dans le camp ennemi et d'assassiner son roi. Pour éviter d'être pris pour un déserteur[9], il présente au Sénat sa décision[10] et son discours[11] et en obtient le consentement.

Jacob de Wit, La Bravoure de Mucius Scaevola, vers 1754

Sous un déguisement, il pénètre dans le camp ennemi et s'approche parmi la foule qui se tenait près du tribunal de Porsenna[12], mais, ne l'ayant jamais vu, et craignant que son ignorance ne le fasse découvrir en demandant où était le roi, il se trompe et tue le secrétaire de Porsenna richement habillé[13].

Aussitôt, il est arrêté et conduit devant le roi qui l'interroge. Loin d’être intimidé, Mucius répond, se présente comme citoyen romain et lui dit être là pour le tuer[11]. Pour appuyer ses propos et punir par cette action son erreur dans le choix de la victime, il met sa main droite dans le feu d'un brasier allumé pour un sacrifice, et regardant Porsenna d’un visage ferme et d’un œil menaçant, il cherche à l’effrayer en disant « Vois, vois combien le corps est peu de chose pour ceux qui n’ont en vue que la gloire »[9]. Surpris et touché par cette scène, le roi ordonne qu’on éloigne Mucius du feu et lui rend sa liberté. Alors comme par reconnaissance, Mucius lui déclare que trois cents jeunes Romains ont juré comme lui être prêts à se sacrifier pour tuer Porsenna. Effrayé par cette révélation, Porsenna dépose les armes et envoie des ambassadeurs à Rome[14].

Après cet exploit, et comme sa main droite était définitivement invalide, Caius Mucius reçut le surnom de Scævola, qui en latin signifie « gaucher ». Ce surnom sera par la suite conservé par ses descendants. On donna pour récompense à Mucius des prés situés au-delà du Tibre, et qui furent appelés de son nom : prés Mutiens[15]. Il obtint aussi l'honneur d'une statue consacrée à sa mémoire[16].

Mythologie comparée

Les recherches en mythologie comparée de Georges Dumézil établissent[17] un parallèle entre :

D'après Dumézil, sous l'apparence historique de l'épisode de la guerre contre Porsenna apparaît une recomposition proprement romaine d'un mythe indo-européen, celui du dieu Borgne et du dieu Manchot, que leur infirmité, loin de diminuer, qualifie au contraire pour accomplir leur fonction souveraine dans un domaine particulier[18]. Il rapproche pour cela les légendes d'Horatius Coclès, le Borgne, et de Mucius Scaevola, le Gaucher, de la mythologie propre à deux grands dieux scandinaves, Odin, qui, borgne à la suite de la perte de son œil, immobilisait ses ennemis en les regardant, et Týr, manchot à la suite du serment qui permit d'attacher le loup Fenrir.

Ultérieurement Dumézil élargit son analyse en ajoutant principalement l’épisode de Clélie, ainsi que d'autres comparaisons mineures. Ces diverses comparaisons lui ont permis de penser que la première guerre de la République, celle de Porsenna, prolongerait, en forme héroïque, un morceau de mythologie indo-européenne, le même mythe que les Indiens avaient transformé en épopée, dans leur Mahâbhârata.

Évocations artistiques

Littérature

  • Jean-Jacques Rousseau, dans le premier livre de ses Confessions, raconte qu'un jour qu'il racontait à table l’aventure de Scaevola, on fut effrayé de le voir avancer et tenir la main sur un réchaud pour représenter son action[19].
  • On raconte aussi que dans sa jeunesse Nietzsche disposa un bûcher avec des livres et des cahiers, aidé de certains de ses compagnons, et exposa sa main au feu pendant plusieurs secondes, recevant des blessures qui durèrent plusieurs mois, seulement pour démontrer que l'épisode de Scævola avait vraiment pu avoir lieu[20].

Beaux-arts

L'histoire entourant le personnage a été illustrée en peinture notamment au XVIIe siècle :

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Musique classique

Scaevola a inspiré l'opéra en trois actes (« pasticcio ») Muzio Scevola, créé à Londres en 1721, qui a la particularité d'avoir été mis en musique par trois compositeurs différents, chacun étant chargé d'un acte : Filippo Amadei, Giovanni Bononcini et Georg Friedrich Haendel.

Cinéma

Notes et références

  1. Tite-Live, Ab Urbe Condita, II, 9-14
  2. Plutarque, Vie de Publicola, 17
  3. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, V, 4
  4. Florus, Abrégé de l'histoire romaine, I, 4
  5. Aurelius Victor, De Viris Illustribus Romae, XII. C. Mutius Scévola
  6. D'après Tite-Live, Plutarque, Denys d'Halicarnasse, Florus et Aurelius Victor
  7. Tite-Live, Ab Urbe Condita, II, 9-11
  8. D'après Tite-Live, Plutarque et Denys d'Halicarnasse
  9. a et b D'après Tite-Live
  10. D'après Tite-Live, Denys d'Halicarnasse et Aurelius Victor
  11. a et b D'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse
  12. D'après Tite-Live, Plutarque, et Denys d'Halicarnasse
  13. D'après Tite-Live et Denys, il s'agit de son secrétaire, d'après Plutarque et Aurelius Victor d'un officier, d'après Florus d'un courtisan
  14. D'après Tite-Live et Denys
  15. D'après Tite-Live et Aurélius Victor
  16. D'après Aurélius Victor
  17. D'abord en 1940 dans Mitra- Varuna, Paris, 1948, p. 163-188, puis Dumézil approfondit successivement son analyse dans Dumézil 1986, p. 423-428 et Dumézil 1973, p. 267-291
  18. Dumézil 1986, p. 423-428
  19. Jean-Jacques Rousseau, Confessions, livre I
  20. Peter Levine, Nietzsche and the Modern Crisis of the Humanities, Suny Press, 1995 (ISBN 9780791423288), pp. 3-4
  21. http://www.univ-montp3.fr/pictura/GenerateurNotice.php?numnotice=A1586
  22. http://www.univ-montp3.fr/pictura/GenerateurNotice.php?numnotice=A3677#
  23. https://www.imdb.com/title/tt0124319/

Voir aussi

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Bibliographie

Sources antiques

Bibliographie contemporaine

Liens externes