Bubalus bubalis

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Buffle domestique

Le Buffle domestique (Bubalus bubalis) est une espèce de bovins de grande taille, rattachée au milieu aquatique, espèce type du genre Bubalus, qui comprend plusieurs autres espèces endémiques d'Asie tropicale. On distingue habituellement deux sous-espèces de buffles : le Buffle des marais (B. b. bubalis) et le Buffle des rivières (B. b. kerabau). Du fait de ses caractéristiques, il est largement utilisé en Asie pour les travaux agricoles dans les rizières. Son homologue sauvage porte le nom scientifique Bubalus arnee.

Appellation[modifier | modifier le code]

Il est connu en français sous les noms de buffle d'Asie, de bufflonne pour la femelle et de bufflon pour le petit. En d'autres langues, et selon les races et les pays, il a plusieurs noms : arni, karbau, kerabaü

L'appellation « buffle d'eau » que l'on rencontre parfois pour cette espèce qui affectionne les milieux humides, est la traduction littérale de l'anglais water buffalo et c'est un pléonasme en français, mais pas en anglais, où elle sert à distinguer le buffle du bison et du Buffle d'Afrique, également appelés buffalo. Il n'existe pas de « buffle de terre » en français, à moins d'appeler ainsi l'espèce sauvage africaine Syncerus sp., qui forme un autre genre à la morphologie différente.

Description[modifier | modifier le code]

Bubalus bubalis se baignant la gueule ouverte dans une mare de Don Det, Si Phan Don, Laos. Ces buffles se rafraîchissent souvent dans l'eau ou dans la boue quand il fait chaud. Novembre 2021.

Le buffle d'Asie est le second plus grand bœuf sauvage après le gaur : il mesure jusqu'à 3 m de long, a une hauteur au garrot de 1,3 à 1,7 m et pèse de 700 à 1 200 kg. Il possède les plus grandes cornes chez les ruminants : elles peuvent atteindre deux mètres d'envergure. Sa robe est gris cendré, son museau est allongé et ses oreilles étroites. Ses grands sabots évasés lui permettent de marcher dans les terrains marécageux et de nager dans les rivières qu'il affectionne, et dont la boue le protège des piqûres d'insectes[1].

Les buffles vivent principalement dans les marais, la jungle et la savane arborée du sud et du sud-est asiatique. En général, les buffles sauvages vivent en troupeaux d'une trentaine d'individus qui se nourrissent principalement d'herbes, de plantes aquatiques voire de fruits et de feuilles d'arbres. Les principaux prédateurs du buffle sauvage sont le tigre, l'Homme, et le crocodile pour les bufflons.

Élevage[modifier | modifier le code]

À l'état sauvage, le buffle d'Asie est une espèce en danger, dont l'habitat typique est les marais d'Asie du Sud et du Sud-Est. Sous sa forme domestiquée, c'est un animal courant en Chine, dans le sous-continent indien et en Asie du Sud-Est, particulièrement apprécié pour son lait et en tant qu'animal de bât et de labour. Cependant, les buffles domestiques disparaissent peu à peu des rizières, victimes de la mécanisation de l'agriculture. En Thaïlande, par exemple, au début des années 1970, on comptait entre 6 et 6,8 millions de buffles ; au cours des années 1990, le cheptel a connu une baisse de près de 14%, et il ne restait en 2000 que 1,7 millions de buffles ; et en 2011, la population de buffles était estimée à 1,23 million de têtes ; la population de buffles a chuté de 26 à 40 % en dix ans, de 1998 à 2008[2]; le vice-ministre de l’Agriculture Thaïlandais, Arkhom Engchuan, mentionne aussi comme cause de ce déclin la consommation de viande de buffle[3], moins chère que la viande de bœuf[4].

La buffle est aussi élevé en Europe. En Roumanie et en Italie, les bufflonnes sont élevées pour leur lait, notamment en Campanie, pour la production de la mozzarella. Des fouilles archéologiques attestent la présence du buffle domestique en Europe et Asie de l'Ouest dès l'époque archaïque, à l'aube de l'Antiquité, tant dans les Balkans, en Anatolie, Syrie, Mésopotamie et Perse qu'en Italie.

Races[modifier | modifier le code]

Comme chez le bœuf domestique, il existe plusieurs races, dont certaines ont été exportées loin de leurs terres d'origine. Ainsi, aujourd'hui, le buffle est élevé en Italie méridionale, en Tunisie, dans l'île de Stronsay de l'archipel britannique des Orcades[5], mais aussi au Brésil, où il a été introduit sur l'île de Marajó, et dans le nord de l'Australie, où des bêtes échappées des élevages ont eu tendance à proliférer et sont devenues du gibier.

Dans le Midi de la France, quelques fermes en élèvent pour la viande et le lait, tandis que dans les Hauts-de-France, un troupeau est utilisé pour gérer le marais de Sacy[6]. Des populations libres ont été introduites aux Pays-Bas, dans le polder d'Overdiepse[7] et dans le delta du Danube. L'espèce est en effet un bon candidat pour les projets de réensauvagement qui visent à restaurer la mégafaune herbivore européenne.

Le Buffle sauvage (Bubalus arnee)[modifier | modifier le code]

La population sauvage qui compterait moins de 3 500 individus matures est principalement répartie en Inde, au Népal, au Bhoutan et en Thaïlande. Quelques dizaines d'individus subsistent au Cambodge, en Birmanie et en Malaisie péninsulaire. La population de Bornéo est croisée avec des individus marrons, il en va de même pour la population du Sri Lanka.

Les principales menaces qui pèsent sur les buffles sauvages sont le braconnage, l’hybridation avec la population domestique, les maladies, la destruction de leur écosystème, le morcellement de leur habitat et les catastrophes climatiques.

Liste des sous-espèces[modifier | modifier le code]

Selon GBIF (11 juin 2022)[8] :

  • Bubalus bubalis arnee (Kerr, 1792)
  • Bubalus bubalis bubalis
  • Bubalus bubalis fulvus (Blanford, 1891)
  • Bubalus bubalis kerabau Fitzinger, 1860
  • Bubalus bubalis migona Deraniyagala, 1952
  • Bubalus bubalis theerapati Groves, 1996

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dominique Martiré et Franck Merlier, Guide des animaux des parcs animaliers, Belin, , 352 p. (ISBN 978-2-410-00922-4), Buffle d'eau ou Buffle d'Asie page 96.
  2. Patrik Barta et Wilawan Watcharasakwet, The Asian Wall Street Journal - Hong Kong, « Thaïlande. A l’école des buffles d’eau », sur courrierinternational.com, .
  3. Anan Paengnoy, The Nation (Thailand), « Thaïlande. Trop de buffle dans votre assiette. », sur courrierinternational.com, Courrier international, .
  4. Nirmal Ghosh, The Straits Times (Singapour), « Thaïlande. Sauvons les derniers buffles d'eau », sur courrierinternational.com, Courrier international, .
  5. [1].
  6. Groupe Zones humides, 2018, Zones Humides Infos no 94: Pâturage traditionnel ou original en zone humide, La gestion des marais de Sacy par le buffle domestique, C. Galet, « Zones Humides Infos n°94: Pâturage traditionnel ou original en zone humide », sur snpn.com, .
  7. Global Invasive Species Database (GISD 2017), espèce Bubalus bubalis sur [2], 30 novembre 2017 et Daniel Münter, film Pays-Bas : le pacte avec l'eau à 43 min 06 s sur « https://www.arte.tv/fr/videos/065302-003-A/planete-d-eau/ »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  8. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 11 juin 2022

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) B. D. Scherf, World watch list for domestic animal diversity, éd. de la F.A.O., 3e édition, Rome 2000.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]