Buchholzia coriacea

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Buchholzia coriacea est une plante de la forêt tropicale de l'ouest de l'Afrique, du genre Buchholzia (sv), décrite en 1886 par Engler. La plante est connue sous le nom de mban ou mbàn en eton et entre dans la cuisine camerounaise. Depuis les années 2010, la recherche pharmacologique s'intéresse aux effets que peuvent avoir les différentes substances extraites de la plante, en particulier de ses graines et de ses feuilles. La graine est commercialisée sous le nom de « wonderful kola ».

Description[modifier | modifier le code]

Graine de Mban
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules X kJ
(Calories) (X kcal)
Principaux composants
Glucides 75.43 g
Amidon ? g
Sucres ? g
Fibres alimentaires 2.19 g
Protéines 13.34 g
Lipides 2.30 g
Eau 1.3 g
Cendres totales 6.6 g
Minéraux et oligo-éléments
Calcium 190 mg
Fer 1100 mg
Magnésium 1620 mg
Manganèse 460 mg
Phosphore 22 mg
Potassium 1.34 mg
Sodium 1.22 mg
Zinc 180 mg
Vitamines
Acides aminés
Acides gras

Source : Ibrahim, Fagbohun, 2012[1].

Buchholzia coriacea frais
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules X kJ
(Calories) (X kcal)
Principaux composants
Glucides 28.19 g
Amidon ? g
Sucres ? g
Fibres alimentaires 3.46 g
Protéines 13.22 g
Lipides 2.20 g
Eau 53.13 g
Cendres totales 9.8 g
Minéraux et oligo-éléments
Vitamines
Acides aminés
Acides gras

Source : Oluseyi et Francisca, 2008[2].

La plante doit son nom à l'herpétologiste Reinhold Wilhelm Buchholz, qui collecta les premiers spécimens au Kamerun, alors colonie allemande, à la fin du XIXe siècle[3].

La plante se présente comme un arbre de sous-bois à feuillage persistant pouvant atteindre 18 m de hauteur. Son bois est rouge foncé. Ses fleurs sont de couleur crème. Les fruits sont jaunes lorsqu'ils sont mûrs[4]. Ses feuilles sont larges et brillantes, obovales et oblancéolées à elliptiques ; l'écorce est lisse, brun-noir ou vert foncé[3].

On le trouve principalement dans l'ouest de l'Afrique, depuis la Guinée jusqu'à la forêt du Cameroun, au Gabon, au sud du Nigeria et du Ghana[3]. On le trouve également au cœur des villages libériens, du fait de ses nombreuses applications dans la pharmacopée traditionnelle, mais son existence endémique au Libéria reste incertaine[4].

Il n'est pas fait état de sous-espèce dans le Catalogue of Life. Les appellations synonymes d'autres botanistes sont[5] :

  • Buchholzia engleri, Gilg 1903.
  • Buchholzia macrophylla, Pax 1891.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Les graines de Buchholzia coriacea sont utilisées dans la cuisine camerounaise. Râpées et mélangées avec du citron vert et du piment ou des fourmis, elles sont consommées comme excitant ou aphrodisiaque[6],[7].

L'usage médicinal est beaucoup plus fréquent. Les populations de la région d'Idemili, dans l'État d'Anambra au Nigeria font un usage médicinal des feuilles de la plante, comme antidiarrhéique[8] ou sous forme de cataplasme appliqué sur les ulcères et les brûlures. Au Gabon, on utilise une décoction de feuilles comme lotion contre la gale, la graine comme antihelminthique et l'administration par inhalation permet de lutter contre la variole et les démangeaisons cutanées. En Côte d'Ivoire, l'arille violette entourant les graines est mâchée pour servir de purgatif, et l'écorce réduite en pulpe sert en inhalation contre la congestion nasale. Au Libéria, elle sert de médicament contre les parasitoses intestinales. S'appuyant sur ces usages traditionnels, la graine est commercialisée sur internet sous le nom de « wonderful kola »[3]. Appelée « kabo » chez les Isongos en Centrafrique, les graines sèches sont utilisées contre le diabète, à raison de quelques graines séchées par jour[9].

Les études sur la composition de la graine de Buchholzia coriacea ont révélé la présence de nombreux composés : alcaloïdes, saponines, résines, flavonoïdes, hétérosides cyanogènes, digitaliques, tanins, stéroïdes, terpénoïdes[10],[1] et anthraquinones[11]. De fait, l'industrie pharmaceutique s'intéresse aux diverses applications médicinales, par exemple aux effets antidiabétiques[12],[13],[14], contraceptif masculin[15] ou antispasmodiques et antidiarrhéiques[8] des extractions méthanoliques tirées des graines et des feuilles de la plante.

D'un point de vue curatif, l'étude menée en 2010 par Adisa, Choudhary et Olorunsogo apporte de bons résultats quant aux effets hypoglycémiques et antioxydants de l'extrait éthanolique et de la fraction butanolique des glycosides flavonoïdes se trouvant dans la plante[14], tout comme l'étude de 2013 menée par Olaiya et Omolekan vient prouver un effet antihypercholestérolémique de l'extrait éthanolique[16]. L'étude de 2012 menée par Anowi, Ike, Ezeokafor et Ebere vient confirmer l'usage ancestral des populations du centre du Nigeria comme antidiarrhéique[8].

Concernant les pistes menant à la mise au point de nouveaux traitements antibiotiques, les valeurs antibactériennes des extraits hexanolique et méthanolique des feuilles ont été testés en 2008[2] et 2011[17], celles des composés phytochimiques emportés par les extractions méthanolique et éthanolique de Buchholzia coracea en 2009[11] ; il en ressort alors que leurs effets méritent de plus amples études en termes d'effets toxicologiques avant d'envisager un usage médicamenteux. L'étude menée par Nweze, Anene et Asuzu en 2011 montre toutefois que la plante n'a aucun effet dans la lutte contre la trypanosomiase causée par Trypanosoma congolense, la nagala[18]. Mais l'étude de 2011 menée par Onyekaba, Autre et Anie montre des résultats comparables à ceux de la gentamicine et du tioconazole sur des agents pathogènes comme le Staphylocoque doré, Bacillus subtilis, Escherichia coli, Klebsiella spp. ou Candida albicans[17].

Autre source[modifier | modifier le code]

La plante a été utilisée, conjointement avec d'autres plantes de la région, pour un Essai de géographie linguistique du Congo-Brazzaville[19]. Certaines appellations de l'arbre sont listées par le site xycol, qu'il s'agisse des noms vernaculaires ou de noms donnés après l'arrivée des Européens, comme « cola pimenté » ou « oignon de gorille » en français, « musk tree » en anglais[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) T. A. Ibrahim et E. D. Fagbohun, « Phytochemical and Nutritive Quality of Dried Seeds of Buchholzia Coriacea », Greener Journal of Physical Science, vol. 2, no 5,‎ , p. 185-191 (ISSN 2276-7851, lire en ligne [PDF])
  2. a et b (en) Ezekiel Olufunke Oluyesi et Onyeoziri Ngozi Francisca, « Preliminary studies on the antimicrobial properties of Buchholzia coriacea (wonderful kola) », African Journal of Biotechnology (es), vol. 8, no 3,‎ , p. 472-474 (ISSN 1684-5315, lire en ligne [PDF])
  3. a b c et d (en) « AFRICAN WONDERFUL KOLA (Buchholzia Coriacea) », sur herbworldafrica.blogspot.fr, Blogspot, (consulté le ).
  4. a et b (en) « Buchholzia coriacea », Capparaceae, sur www.liberianfaunaflora.org, Fauna & Flora International (consulté le ).
  5. (en) Roskov Y., Kunze T., Orrell T., Abucay L., Paglinawan L., Culham A., Bailly N., Kirk P., Bourgoin T., Baillargeon G., Decock W., De Wever A., Didžiulis V. (ed), « Species 2000 & ITIS Catalogue of Life: 2014 Annual Checklist », sur www.catalogueoflife.org, (consulté le ).
  6. Commission européenne et FAO, Données statistiques des produits forestiers non-ligneux du Cameroun : Collecte et analyse de données pour l'aménagement durable des forêts - joindre les efforts nationaux et internationaux, Rome, FAO, (lire en ligne).
  7. Jean Nke Ndih, « Biodiversité et santé chez les Pygmées Bakola / Bagyeli », sur www.ethno-web.com, (consulté le ) : « Certains petits insectes comme une variété de fourmis sont mélangées avec un fruit pimenté appelé mbàn pour préparer une sorte d'aphrodisiaque ».
  8. a b et c (en) Chinedu Fred Anowi, Chibeze Ike, Emma Ezeokafor et Chukwuenweiwe Ebere, « The phytochemical, antispasmodic and antidiarrhoea properties of the methanol extract of the leaves of Buchholzia coriacea family capparaceae », International Journal of Current Pharmaceutical Research, vol. 4, no 3,‎ (ISSN 0975-7066, lire en ligne [PDF]).
  9. R. Apema, D. Mozouloua, J. Abeye et F. M. L. Salamate, « Les plantes médicinales utilisées dans le traitement du diabète par les tradipraticiens à Bangui », à définir,‎ (lire en ligne [PDF]).
  10. (en) M. Duru, A. Ugbodu, B. Amadi, P. Odika, O. Chima-Ezika, J. Anudike et K. Osuocha, Chemical constituents of Buchholzia coriacea seed : Proceedings of the 35th Annual International Conference, Workshop & Exhibition of Chemical Society of Nigeria, Owerri, (lire en ligne), p. 39-45.
  11. a et b (en) T. I. Mbata, C. M. Duru et H. A. Onwumelu, « Antibacterial activity of crude seed extrats of Buchholzia coriacea E. on some pathogenic bacteria », Journal of Developpmental Biology and Tissue Engineering, vol. 1, no 1,‎ , p. 1-5 (lire en ligne [PDF]).
  12. (en) Theophine Chinwuba Okoye, Peter Achunike Akah, Chinenye Laura Ilogu, Adaobi Chioma Ezike et Collins Azubike Onyeto, « Anti-diabetic Effects of Methanol Extract of the Seeds of Buchholzia coriacea and its Synergistic Effects with Metformin », Asian journal of biomedial & pharmaceutical sciences, vol. 2, no 12,‎ (ISSN 2249-622X, lire en ligne).
  13. (en) Chinaka O. Nwaehujor, Okwoche J. Ode, Florence C. Nwinyi et Nkeiruka E. Udeh, « Effects of Methanol Extract of Buchholzia coriacea Fruit in Streptozoticin-induced Diabeteic Rats », Journal of Pharmacology and Toxicology, vol. 7,‎ , p. 181-191 (lire en ligne).
  14. a et b (en) RA Adisa, MI Choudhary et OO Olorunsogo, « Hypoglycemic activity of Buchholzia coriacea (Capparaceae) seeds in streptozotocin-induced diabetic rats and mice », Experimental and Toxicologic Pathology, vol. 63, nos 7-8,‎ , p. 619-625 (lire en ligne).
  15. (en) O. O. Obembe, S. A. Onasanwo et Y. Raji, « Preliminary study on the effects of Buchholzia Coriacea seed extract on male reproductive parameters in rats », Niger Journal of Physiological Science, no 27,‎ , p. 165-169 (lire en ligne [PDF]).
  16. (en) CO Olaiya et TO Omolekan, « Antihypercholesterolemic activity of ethanolic extract of Buchholzia coriacea in rats », African Health Sciences (en), vol. 13, no 4,‎ , p. 1084-1090 (ISSN 1680-6905, lire en ligne).
  17. a et b (en) TU Onyekaba, JE Arute et CO Anie, « Antimicrobial and phytochemical screening of the methanolic leaf extract of buchholzia coriacea (wonderful cola) », Journal of Pharmaceutical and Allied Sciences, vol. 8, no 1,‎ (ISSN 1596-8499, lire en ligne).
  18. (en) N E Nweze, B M Anene et I U Asuzu, « Investigation of the Antitrypanosomal Activity of Buchholzia Coriacea Seed Extract Against a Field Strain of Trypanosoma Congolense », African Journal of Traditional, Complementary and Alternative Medicines, vol. 8, no 5 suppl,‎ , p. 175-180 (ISSN 0189-6016, lire en ligne).
  19. A. Bouquet et André Jacquot, « Essai de géographie linguistique sur quelques plantes médicinales du Congo-Brazzaville », Cahiers ORSTOM, série Sciences humaines, vol. IV, nos 3-4,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  20. « Buchholzia coriacea Engl., 1886 », Fiche, Xycol (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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