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Brouilly

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Brouilly
Désignation(s) Brouilly
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1938
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble du Beaujolais
Localisation Rhône
Climat tempéré océanique à tendance continentale
Sol sableux
Superficie plantée 1 325 hectares en 2010[1]
Cépages dominants gamay N[2]
Vins produits rouges
Production 66 450 hectolitres en 2010[1]
Pieds à l'hectare minimum 6 000 pieds par hectare[3]
Rendement moyen à l'hectare maximum 58 à 63 hectolitres par hectare[3]
Terre des brouilly.

Le brouilly[4] est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit dans le département du Rhône.

L'appellation s'étend autour du mont Brouilly, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.

Les premières vignes plantées sur les flancs du mont Brouilly datent du IVe siècle. Le nom apparut en 1179, lorsque les Sires de Beaujeu firent don des vignes situées « au clos de Brouilly » à l'abbaye de Belleville, fraîchement fondée.

Depuis la fin du XIXe siècle, la colline est placée sous la bénédiction de la Chapelle du mont Brouilly et de la Vierge aux raisins. Celle-ci fût construite suite à de difficiles années pour chercher la protection divine du vignoble. Oïdium, grêles et gelées s’étaient succédé, dans les années 1850, poussant les populations locales à chercher l’aide divine[5].

Le brouilly est reconnu par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du [6], quatre ans après la formation du syndicat des producteurs de Brouilly.

Étymologie

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L'appellation doit son nom au mont Brouilly, qui est au centre de l'appellation. Une légende veut que le mot « Brouilly » vienne du nom d'un officier romain nommé Brulius, qui se serait installé dans la région.

Situation géographique

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L'aire de l'appellation brouilly se trouve à l'ouest de Belleville, dans le département du Rhône, autour du mont Brouilly, une petite montagne au sommet boisé, détachée de la bordure orientale des monts du Beaujolais sur le territoire des  communes de Cercié, Charentay, Odenas, Quincié-en-Beaujolais, Saint-Etienne-la-Varenne et Saint-Lager. L'appellation Brouilly ne couvre que les pentes du mont homonyme[7].

Les coteaux viticoles implantés à une altitude comprise entre 250 m et 400 m, plus ou moins pentus forment une auréole de vignes jusqu'à mi-côte autour du mont Brouilly (altitude 485 mètres). Les vignes les plus basses constituent l'appellation Brouilly, les plus hautes l'appellation Côte-de-Brouilly[7].

Géologie et Pédologie

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Le sous-sol est principalement composé de formations paléozoïques acides[7] :

  • granites à l'ouest du mont Brouilly, sur les communes d’Odenas, Quincié et Saint-Etienne-la-Varenne ;
  • diorite (roche magmatique filonienne appelée roche bleue de Brouilly) au sud ;
  • colluvions (arènes granitiques, schistes) descendus de la montagne en bas de pente à l’est et au nord se mêlent et recouvrent le substrat ;
  • formations alluvionnaires et argilo-calcaires à l'est.

Les sols sont de quatre types[7] :

  • sols sableux et maigres constitués d'arènes granitiques, cailloux de couleur rose, riches en silice issues de l'altération des granites à l'ouest ;
  • sols plus argileux et plus caillouteux au sud du mont Brouilly ;
  • sols argilo-siliceux sur les colluvions à l’est et au nord ;
  • sols argilo-calcaires à l'est vers la vallée de la Saône.

Climatologie

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La station météo de Villefranche-sur-Saône (à 195 mètres d'altitude) est la plus proche de l'aire d'appellation. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Villefranche-sur-Saône 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −0,6 0,6 2,4 5,1 8,9 12,2 14,3 13,5 10,7 7,2 2,7 0,1 6,4
Température moyenne (°C) 2,5 4,2 6,9 10,2 14,2 17,7 20,2 19,4 16,4 11,9 6,3 3 11,1
Température maximale moyenne (°C) 5,5 7,9 11,5 15,2 19,4 23,2 26,1 25,2 22,1 16,5 9,8 5,9 15,7
Précipitations (mm) 47,3 45,4 47,4 58,5 82 71,4 59,8 81,6 71,6 67,2 60,1 51,7 744
Source : www.infoclimat.fr : Villefranche-sur-Saône (1961-1990)[8].


Le mont Brouilly, face ouest couverte de vignes.

Présentation

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Il s'agit de l'aire de production la plus vaste (avec environ 20 % de la superficie totale) et la plus au sud parmi les dix appellations communales du Beaujolais : la récolte des raisins, la vinification et l'élaboration des vins sont assurées sur le territoire des communes de Cercié, Charentay, Odenas, Quincié-en-Beaujolais, Saint-Étienne-la-Varenne et Saint-Lager. La récolte est exclusivement manuelle.

Entre 2009 et 2018, à la demande la profession viticole Inter Beaujolais, une étude de caractérisation des terroirs du Brouilly et de Côte-de-Brouilly a été réalisée.. Après plus de 15.000 sondages de sols, près de 1.000 fosses et une cinquantaine de visites commentées, les analyses ont permis d'établir une cartographie détaillée du vignoble beaujolais.

Ce travail de recherche scientifique a permis de définir des unités de sols et de réfléchir à des regroupements possibles, la parcellisation étant synonyme de diversification des goûts, de découvertes et de spécificités.pour les professionnels et les consommateurs[9].

Encépagement

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Grappes de gamay N.

Le cépage principal est le gamay noir à jus blanc (gamay N ). Cinq autres cépages sont autorisés comme cépages accessoires: l'aligoté B[2], le chardonnay B, le melon B, le gamay de Bouze N, et le gamay de Chaudenay N. [10]

La proportion des cépages accessoires gamay de Bouze N et gamay de Chaudenay N, ensemble ou séparément doit être inférieure ou égale à 10% de l’encépagement. Les autres cépages accessoires sont autorisés uniquement en mélange de plants dans les vignes, leur proportion totale étant limitée à 15% au sein de chaque parcelle[10].

Le gamay est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser[11]. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison[11]. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons. Le vin de gamay possède une couleur rouge nuancée de violet, il est pauvre en tanins et dévoile une bonne acidité. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) mais exprime peu de complexité au niveau aromatique[11].

Culture de la vigne

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Pied de vigne taillé en gobelet.

La taille est courte, en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 1 ou 2 yeux. La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée (entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare). Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare[3].

L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 m. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 m. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 m et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent. La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 m.

La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille « charmet » (taille inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à huit yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche[3].

Vendanges et rendements

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Le rendement est limité à un maximum de 56 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 61 hectolitres par hectare[10]. Le rendement réel est en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 50,1 hectolitres par hectare[12] et de 46 hectolitres par hectare en 2008[13].

Les données des années récentes sont les suivantes, toutes inférieures au rendement maximum du cahier des charges (56 hl/ha)[14]:

Année Superfice (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019             1.233             59.326              48
2020             1.213             57.824              48
2021             1.217             47.674              39
2022             1.175             53.071              45
2023             1.196             61.705              52

Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves.

Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu: les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.

Dates de début des vendanges dans le Beaujolais[15]
Années Débuts des vendanges Années Débuts des vendanges Années Débuts des vendanges Années Débuts des vendanges
1997 30 août 2005 5 septembre 2012 24 août 2020 20 août
1998 2 septembre 2006 5 septembre 2013 24 septembre 2021 15septembre
1999 7 septembre 2004 11 septembre 2014 8 septembre 2022 22 août
2000 28 août 2007 25 août 2015 24 août 2023 28 août/1er sept*.
2001 6 septembre 2008 15 septembre 2016 17 septembre 2024 4 septembre
2002 7 septembre 2009 27 août 2017 25 août
2003 14 août 2010 13 septembre 2018 27 août
2004 11 septembre 2011 24 août 2019 9 septembre

En 2023, les vendanges pour les beaujolais et beaujolais-villages blancs débutent le 28 août[16].

Vinification et élevage

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Le mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quatre à sept jours. La saturation de la cuve en CO2 empêche les raisins de s'oxyder, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cet oxyde de carbone est obtenu en faisant d'abord fermenter une partie de la récolte (10 à 30 %) en fond de cuve, foulée et levurée, auquel on rajoute le reste de la récolte dont les grappes doivent être le plus intact possible (non éraflées et non foulées, les baies ne doivent pas être écrasées)[17]. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation : elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.

Pour les dix crus du Beaujolais, surtout pour ceux destinés à être gardés quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin de la macération carbonique et de la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue. Ces procédés favorisent la production de vins peu tanniques, une coloration pas trop soutenue et des arômes fruités.

Le brouilly se garde et arrive à maturité environ 2 à 5 ans dans des conditions normales et facilement plus de 10 ans dans de bonnes conditions.

Accord mets-vin

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On sert ce vin traditionnellement avec une volaille de Bresse ou de la charcuterie et qui peut être servi à l'apéritif. Il convient aussi à la viande blanche, volaille, au foie de veau, au gibier à plume, aux pâtes et aux fromages[18].

Structure des exploitations

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Commercialisation

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C'est le vin du Beaujolais le plus dégusté en région parisienne[réf. nécessaire] - selon le Site Officiel des Beaujolais[19], ilest le vin le plus consommé dans les chics brasseries parisiennes.

Les vins bénéficiant de l'appellation peuvent être repliés sur les appellations régionales beaujolaises (beaujolais-villages, beaujolais supérieur et beaujolais), mais aussi bourguignonnes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être commercialisés sous les appellations bourgogne gamay, coteaux bourguignons, bourgogne passe-tout-grains. On peut également produire du crémant de Bourgogne (dont l'aire de production s'étend sur le Beaujolais, selon les deux décrets du [20]).

Liste de producteurs

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Château de la Chaize, Château de la Terrière, Domaine Laforest, Château Thivin, Jean-Claude Lapalu, Domaine Franck Chavy, Didier Desvignes, Domaine Les Capréoles, Domaine Franck Chavy, Maison Paul Janin et Fils, etc.

Dans la culture

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Dans le film "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" de Michel Hazanavicius, l'agent de la Bath (Jean Dujardin) attablé au restaurant, commande "Deux blanquettes et un pot de Brouilly".

Notes et références

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  1. a et b Collectif, Le guide Hachette des vins 2012, Paris, Hachette livre, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237699-1), p. 156.
  2. a et b Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. a b c et d Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1343 du 29 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Brouilly », « Chénas », « Chiroubles », « Côte de Brouilly », « Fleurie », « Juliénas », « Morgon », « Moulin-à-Vent », « Saint-Amour » et « Régnié » », sur legifrance.gouv.fr.
  4. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  5. « LE BROUILLY, TOUT SAVOIR SUR CE VIN ROUGE DU RHÔNE ».
  6. « Décret du 19 octobre 1938 portant détermination de l'aire de production des vins d'appellation "brouilly" par commune et lieuxdits », sur legifrance.gouv.fr, publié au JORF du 23 octobre 1938, page 12231.
  7. a b c et d « Les Appellations », sur www.vinsvignesvignerons.com (consulté le ).
  8. « Archives climatologiques mensuelles de Villefranche-sur-Saône de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  9. « Les Lieux-dits », sur Terre des Brouilly (consulté le )
  10. a b et c (en) « Cahier Des Charges De L'appellation D'origine Contrôlée « BROUILLY », sur Docslib (consulté le )
  11. a b et c Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, Le Grau-du-Roi, ENTAV, , 357 p. (ISBN 2-9509682-0-1).
  12. Le rendement réel est calculé en divisant le volume de la production par la surface exploitée, soit 66450 / 1325 = 50,15 hectolitres par hectare. Source : Guide Hachette des vins, op. cit..
  13. « Les Appellations », sur www.vinsvignesvignerons.com (consulté le )
  14. « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le )
  15. « Vendanges 2024 en Beaujolais et ban des vendanges », sur loisirs-beaujolais.fr (consulté le ).
  16. « Vendanges 2023 : les dates de ban sont officielles en Beaujolais », sur mesinfos.fr, (consulté le ).
  17. « Macération carbonique »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur viticulture-oenologie-formation.fr.
  18. « Brouilly », sur Guide Hachette des Vins (consulté le ).
  19. « Brouilly », sur Site Officiel des Vins du Beaujolais (consulté le )
  20. Décret du 16 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Bourgogne », « Bourgogne grand ordinaire », « Bourgogne ordinaire », « Bourgogne Passe-tout-grains » et « Bourgogne aligoté » et décret no 2009-1269 du 19 octobre 2009 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Bourgogne ».

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Liens externes

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Articles connexes

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