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Boubacar Gaoussou Diarra

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Boubacar Gaoussou Diarra
Illustration.
Boubacar Gaoussou Diarra.
Fonctions
Ministre de la Justice
Président Alpha Oumar Konaré
Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta
Ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail
Président Alpha Oumar Konaré
Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta
Secrétaire général de la Présidence de la République
Président Alpha Oumar Konaré
Ambassadeur du Mali en Tunisie
Directeur du CAERT/ACSRT (Union africaine)
Représentant spécial de la Présidente de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et chef de l’AMISOM
Représentant spécial de l’Union africaine pour la région des Grands Lacs (chef du Bureau de l’UA à Bujumbura)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Gao (Mali)
Date de décès (à 69 ans)
Lieu de décès Bamako (Mali)
Nationalité Malienne
Profession Magistrat, diplomate

Boubacar Gaoussou Diarra (né le 1er janvier 1952 à Gao et mort le 23 avril 2021 à Bamako) est un magistrat et diplomate malien.

Membre de plusieurs gouvernements sous Alpha Oumar Konaré dans les années 1990, il devient ensuite ambassadeur en Tunisie (1999-2005). À l’Union africaine, il dirige le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT/ACSRT) puis sert comme représentant spécial pour la Somalie et chef de l’AMISOM (2010-2012), avant d’être représentant spécial pour les Grands Lacs (2013-2015). De retour au pays, il est nommé en 2019 secrétaire permanent du Cadre politique de gestion de la crise pour la stabilisation du centre du Mali.

Formation et débuts

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Après l’ENA de Bamako (1974, section sciences juridiques, major de promotion), il entre dans la magistrature malienne et y occupe successivement des fonctions de parquet, de siège et de direction au ministère de la Justice. En cours d’emploi, il reprend des études et obtient un DEA (1984) puis un doctorat (1989) en droit pénal à l’Université de Poitiers[1],[2]. Il est originaire du quartier de Boulgoundié à Gao[3],[4].

En 1991, lors de la Conférence nationale (29 juillet–12 août), il intervient publiquement dans le débat sur le « projet de Constitution »[5],[6]. Le texte issu de ces travaux est adopté par référendum le 12 janvier 1992 et promulgué le 25 février 1992[7].

Amadou Toumani Touré et Boubacar Gaoussou Diarra posant ensemble.
Amadou Toumani Touré et Boubacar Gaoussou Diarra.

Fonctions gouvernementales et à la Présidence (1994-1999)

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En 1994, dans le contexte de la relance institutionnelle post-transition (chute de Moussa Traoré en 1991, élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992), il exerce comme ministre de la Justice (Garde des Sceaux). La même année, le gouvernement adopte des textes d’organisation des départements ministériels (décrets du 3 juin 1994) qui structurent le fonctionnement des cabinets et secrétariats généraux[8].

Le 22 juillet 1996, il est nommé ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail au sein du gouvernement IBK[9]. Son portefeuille intervient dans la mise en œuvre des textes d’application du Code du travail de 1992 ; il cosigne notamment le décret n°97-148/P-RM du 17 avril 1997 sur les unités de formation et d’appui aux entreprises[10]. Le 26 septembre 1997, il devient secrétaire général de la Présidence de la République avec rang de ministre[11]. En 1996–1997, alors ministre de l’Emploi et de la Fonction publique, son département siège au « Comité restreint permanent » qui supervise la Commission d’intégration et la Commission de réinsertion prévues par le Pacte national (1992), chargées d’admettre une partie des ex-combattants dans l’armée ou la fonction publique, en parallèle des programmes de réinsertion soutenus par le BIT et l’OIM[12],[13],[14].

Carrière diplomatique (1999-2009)

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Nommé ambassadeur du Mali en Tunisie par décret du 12 août 1999, il achève sa mission à l’été 2005 lors d’un mouvement diplomatique ; l’abrogation de sa nomination borne une durée d’environ six années[15]. Les liens bilatéraux sont marqués par des visites au plus haut niveau : en avril 2000, le président Alpha Oumar Konaré effectue une visite officielle à Tunis ; en janvier 2004, le président Amadou Toumani Touré est accueilli à Tunis pour une visite officielle. La dynamique se prolonge avec la signature, en décembre 2005 à Tunis, de plusieurs conventions de coopération tuniso-maliennes[16],[17],[18],[19].

Union africaine: CAERT puis Somalie (2010-2012)

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En 2006, il prend la tête du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT/ACSRT) à Alger[20],[21]. Sous sa direction (2006–2010), le CAERT est opérationnalisé : constitution d’un réseau de points focaux nationaux et cycles de renforcement des capacités ; mise en place d’un dispositif d’alerte et d’analyse (Counter-Terrorism Early Warning System) et développement d’une base de données des incidents terroristes en Afrique, utilisée ensuite dans les rapports de situation du centre ; lancement d’une revue spécialisée (African Journal on Terrorism)[22],[23],[24],[25].

Entre 2009 et 2011, Al-Shabaab tient une large partie de Mogadiscio et des positions clés, dont le marché de Bakara. En 2011, sous sa direction, l’AMISOM met en œuvre une politique restrictive des tirs indirects (indirect fire policy) — no-fire zones et autorisations graduées — afin de réduire les dommages aux civils[26],[27]. À l’issue d’opérations coordonnées AMISOM–Gouvernement fédéral de transition, al-Shabaab se retire de Mogadiscio dans la nuit du 5 au 6 août 2011 ; l’Union africaine et l’ONU y voient un tournant (libération de la capitale et amélioration de la situation sécuritaire), tout en soulignant que le groupe reste actif au sud du pays[28],[29],[30]. Il signe par ailleurs une tribune plaidant pour un appui accru à la mission (« We’re Winning in Somalia », Foreign Policy, 26 juillet 2011)[31]. Il est remplacé en novembre 2012 par le diplomate tchadien Mahamat Saleh Annadif, nommé représentant spécial pour la Somalie et chef de l’AMISOM[32],[33].

Envoyé spécial pour les Grands Lacs (2013-2015)

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À partir de 2013, il est représentant spécial de l’UA pour les Grands Lacs et chef du Bureau de l’UA à Bujumbura. Il participe aux démarches conjointes des envoyés spéciaux (UA, ONU, UE, États-Unis) et à un communiqué conjoint appelant à un processus électoral apaisé au Burundi (juin 2014)[34]. En avril 2015, dans le contexte des tensions liées à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, le gouvernement burundais obtient son rappel par l’UA[35]. Une dépêche de VOA Afrique confirme ce rappel, citant un diplomate de l’UA[36].

Retour au Mali (2019-2021)

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En 2018, il est désigné par décret « point focal » du Gouvernement du Mali auprès de la Commission d’enquête internationale (prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation). Établie par le Secrétaire général des Nations unies le 19 janvier 2018, la Commission a pour mandat d’« enquêter sur les allégations d’abus et de violations graves du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire » commis au Mali depuis 2012, y compris les violences sexuelles liées au conflit. À ce titre, Boubacar Gaoussou Diarra assure la liaison avec le secrétariat de la Commission à Bamako et le Bureau du point focal institué auprès du Premier ministre[37],[38],[39].

Par décret no 2019-0424/PM-RM du 19 juin 2019, il est nommé secrétaire permanent du Cadre politique de gestion de la crise chargé de la stabilisation du Centre (Ségou et Mopti)[40]. En novembre 2019, il est promu au grade d’Officier de l’Ordre national du Mali (décret n°2019-0931/P-RM)[41]. En 2020-2021, il défend une approche de paix de proximité : dialogue avec les leaders communautaires pour dénouer les conflits locaux, tout en réaffirmant le respect de la forme républicaine de l’État. À propos de l’accord de Farabougou (cercle de Niono), il juge qu’il faut s’en réjouir sans en faire un modèle généralisable, et replace l’épisode dans la dynamique des arrangements communautaires déjà observés dans le Centre[42],[43]. À la même période, l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye (EMP-ABB) de Bamako lance son Master en maintien de la paix et reconstruction de l’État post-conflit (22 janvier 2018) et organise la remise de diplômes des premières promotions (29 juillet 2021)[44],[45],[46].

Vie privée et décès

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Il était marié et père de quatre enfants[1]. Des hommages publics lui sont rendus, notamment par Maman Sambo Sidikou (en) et par l’AMISOM qui salue « les fondations » posées pour la paix et la sécurité en Somalie[47],[48].

Publications, tribunes

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  • « We’re Winning in Somalia », Foreign Policy, 26 juillet 2011 (tribune en tant que chef de l’AMISOM)[31].

Notes et références

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  1. a et b « Décès de l’ambassadeur Boubacar Gaoussou Diarra : Un homme de grande culture s’en est allé » [archive], sur maliweb.net, (consulté le )
  2. « Hommage à l’ambassadeur Boubacar Gaoussou Diarra » [archive], sur Nigerinter, (consulté le )
  3. « Hommage à feu l'ambassadeur Boubacar Gaoussou Diarra » [archive], sur News.abamako.com, (consulté le )
  4. « Gao : enlèvement d’un véhicule du CICR à Boulgoundié » [archive], sur Studio Tamani, (consulté le )
  5. « Mali : débat sur le projet de Constitution (1991) – Archive vidéo » [archive], sur YouTube (consulté le )
  6. « Mali : débat sur le projet de Constitution 1991 – Archive vidéo (autre copie) » [archive], sur YouTube (consulté le )
  7. « Mali – 1991–1992 : Conférence nationale et Constitution » [archive], sur Université de Perpignan (MJP) (consulté le )
  8. « Journal officiel du Mali, n°44/2018 (rappelle les décrets n°94-201 et n°94-202 du 3 juin 1994) » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  9. « Journal officiel de la République du Mali, n°14, 31 juillet 1996, p.519-521 : décret n°96-206/P-RM portant nomination des membres du Gouvernement » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  10. « Journal officiel du Mali, n°12, 30 juin 1997 : Décret n°97-148/P-RM (unités de formation et d’appui aux entreprises) » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  11. « Journal officiel de la République du Mali, n°21, 15 novembre 1997, p.860 : décret n°97-286/P-RM portant nomination du Secrétaire général de la Présidence de la République » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  12. « Appui au processus de paix dans le Nord du Mali » [archive], sur Organisation internationale du Travail, (consulté le )
  13. (en) « A Peace of Timbuktu – Democratic Governance, Development and African Peacemaking » [archive], sur UNIDIR, (consulté le )
  14. (en) « International refugee aid and social change in northern Mali » [archive], sur HCR, (consulté le )
  15. « Journal officiel de la République du Mali, n°28, 10 octobre 2005, p.1097-1098 : décret n°05-337/P-RM abrogeant notamment le décret n°99-221/P-RM du 12 août 1999 (ambassadeur en Tunisie) » [archive], sur Journal officiel du Mali (copie) (consulté le )
  16. (en) « Mali's President arrives in Tunisia (official visit) » [archive], sur KUNA, (consulté le )
  17. « Le Chef de l'État accueille le Président malien Amadou Toumani Touré » [archive], sur AllAfrica, (consulté le )
  18. (en) « Mali, Tunisia sign several cooperation agreements » [archive], sur KUNA, (consulté le )
  19. « Renforcer les liens d'affaires et de coopération (post-visite présidentielle) » [archive], sur AllAfrica, (consulté le )
  20. (en) « Profile: ACSRT » [archive], sur ISS Africa (consulté le )
  21. (en) « ACSRT/CAERT – Site officiel » [archive], sur caert.org.dz (consulté le )
  22. (en) « AU Counter-Terrorism – rôle du CAERT » [archive], sur UNOAU (consulté le )
  23. (en) « A View from the CT Foxhole – I. M. Lallali (ACSRT) » [archive], sur CTC West Point, (consulté le )
  24. (en) « ACSRT Terrorism Situation Analysis (2013) – méthodologie et base de données » [archive], sur Archives de l’UA (consulté le )
  25. (en) « African Journal on Terrorism – vol. 12(1) » [archive], sur UA – Archives, (consulté le )
  26. (en) « Civilian Harm in Somalia (2011) » [archive], sur Center for Civilians in Conflict (consulté le ), p. 25–26
  27. (en) « Applying AMISOM’s indirect fire policy in Somalia: 2010–2011 » [archive], sur CICR – DIH en action (consulté le )
  28. (en) « Al-Shabab pullout – the beginning of the end? » [archive], sur ReliefWeb (IRIN), (consulté le )
  29. (en) « Bakara (AMISOM photo story) » [archive], sur AMISOM, (consulté le )
  30. (en) « Security Council Press Release SC/10384 – Somalia » [archive], sur UN Press, (consulté le )
  31. a et b (en) « We’re Winning in Somalia » [archive], sur Foreign Policy, (consulté le )
  32. (en) « The Chairperson of the AU Commission appoints new Special Representatives for Somalia and the Great Lakes Region » [archive], sur Union africaine (PAPS), (consulté le )
  33. (en) « New AMISOM Head visits Mogadishu, meets with Somali President » [archive], sur Union africaine (PAPS), (consulté le )
  34. (en) « Joint statement by the Special Envoys for the Great Lakes on their visit to Burundi » [archive], sur Union africaine, (consulté le )
  35. « Info RFI : Boubacar Diarra, représentant spécial de l’UA au Burundi, remercié » [archive], sur RFI, (consulté le )
  36. « Le Burundi obtient le rappel du représentant de l’UA » [archive], sur VOA Afrique, (consulté le )
  37. « Journal officiel du Mali, n°41/2018 : nomination de M. Boubacar Gaoussou Diarra en qualité de Point focal de la Commission d’enquête internationale » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  38. « S/2020/1332 – Rapport de la Commission d’enquête internationale pour le Mali (mandat, méthodologie et opérations) » [archive], sur Nations unies – Conseil de sécurité, (consulté le )
  39. « Décret n°2019-0021/PM-RM (17 janvier 2019) – création, organisation et fonctionnement du Bureau du Point focal de la Commission d’enquête internationale » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  40. « Journal officiel de la République du Mali, n°19, 28 juin 2019, p.700 : décret n°2019-0424/PM-RM portant nomination du Secrétaire permanent du Cadre politique de gestion de la crise » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  41. « Journal officiel de la République du Mali, n°42, 6 décembre 2019, p.1647 : décret n°2019-0931/P-RM (promotion au grade d’Officier de l’Ordre national du Mali) » [archive], sur Secrétariat général du Gouvernement du Mali (consulté le )
  42. « Boubacar Gaoussou Diarra : « Il faut se réjouir de l’accord de Farabougou, mais pas en faire un modèle » » [archive], sur maliweb.net, (consulté le )
  43. « « Accord de Niono : à l’origine, c’est un conflit intercommunautaire » (entretien) » [archive], sur RFI – Invité Afrique, (consulté le )
  44. « Lancement officiel du Master en Maintien de la Paix et Reconstruction de l’État post-conflit » [archive], sur EMP-ABB, (consulté le )
  45. « Cérémonie de remise des diplômes du Master en Maintien de la Paix et de l’Executive Master en Reconstruction de l’État post-conflit » [archive], sur EMP-ABB, (consulté le )
  46. « Au Mali, former de jeunes Africains au maintien de la paix » [archive], sur Le Monde Afrique, (consulté le )
  47. Maman Sambo Sidikou, « Hommage à Boubacar Gaoussou Diarra, un grand homme de droit et d’action » [archive], sur Benbere, (consulté le )
  48. (en) « Statement on the death of Ambassador Boubacar Diarra, former AU Representative for Somalia » [archive], sur AMISOM, (consulté le )

Liens externes

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Jeune Afrique