Bombardement israélien du quartier général du Hezbollah
Bombardement israélien du quartier général du Hezbollah | |
Localisation | quartier de Haret Hreik à Beyrouth, Liban |
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Cible | Membres du Hezbollah, Hassan Nasrallah |
Coordonnées | 33° 51′ 05″ nord, 35° 30′ 14″ est |
Date | ~ 18:30 |
Type | Bombardement aérien |
Armes | bombes anti-bunker |
Morts | 300 personnes selon des estimations préliminaires[1] |
Auteurs | Force aérienne et spatiale israélienne |
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Le bombardement israélien sur le quartier général du Hezbollah (baptisé opération Nouvel Ordre, en hébreu : סדר חדש) dans la banlieue sud de Beyrouth le a pour cible principale Hassan Nasrallah, le secrétaire général du parti[2],[3], tué durant le bombardement. Il cause la mort de plusieurs centaines de personnes selon des premières estimations[1].
85 bombes d'environ une tonne ont été larguées dans le quartier de Haret Hreik. Plusieurs immeubles proches ou au-dessus du quartier général du Hezbollah ont été détruits[3].
Le bombardement est qualifié de « massacre » au Liban[4].
Contexte
[modifier | modifier le code]Un jour après les attaques du du Hamas contre Israël, le Hezbollah a rejoint le conflit en soutien au Hamas en tirant des roquettes sur des localités du nord d'Israël et d'autres positions israéliennes afin de soutenir Gaza[6]. Depuis lors, le Hezbollah et Israël sont impliqués dans des échanges de tirs transfrontaliers, entraînant le déplacement de communautés entières en Israël et au Liban, et causant des dommages significatifs aux bâtiments et aux terres le long de la frontière[7]. Le parti chiite mène des attaques et ripostes de faible intensité afin d'éviter une guerre ouverte, privilégiant une stratégie de harcèlement d'Israël. Les attaques menées contre des objectifs militaires n'ont ainsi pour but que de faire pression pour qu'un cessez-le-feu soit conclu à Gaza. En constituant une menace permanente, le Hezbollah oblige Tel-Aviv à mobiliser des troupes au nord, ce qui desserre quelque peu l'étau qui étreint le Hamas. En outre, en obligeant des milliers de civils israéliens à évacuer leurs foyers dans le nord du pays, il crée un problème politique pour Benjamin Netanyahou, lequel doit composer avec la pression de ces déplacés[8].
Les 17 et , des milliers de bipeurs portatifs et de talkies-walkies ont explosé au Liban. Ces explosions ont tué 42 personnes et blessé au moins 3 500 autres, touchant des membres du Hezbollah miliciens comme civils. Les analystes s'accordent à considérer qu’Israël était responsable des explosions, bien que des responsables israéliens aient nié toute implication. Il a été rapporté que 1 500 combattants du Hezbollah ont été mis hors de combat en raison de ces explosions, beaucoup étant devenus aveugles ou ayant perdu l'usage de leurs mains[9].
Depuis le , Israël a mené des centaines d'attaques au Liban. L'armée israélienne affirme que des avions israéliens ont ciblé 1600 positions du Hezbollah, détruisant des missiles de croisière, ainsi que des roquettes à longue et courte portée et des drones d'attaque[10]. Ces bombardements ont fait plus de 700 morts en trois jours, majoritairement des civils selon le ministère libanais de la Santé (en), et des milliers de blessés[11].
Le , l'armée israélienne entreprend des incursions terrestres dans le sud du Liban. Le bombardement du quartier général du Hezbollah pourrait avoir été effectué en prévision de cette offensive, selon la politologue Chiara Ruffa et la chercheuse Vanesa Newby[12].
Attaque
[modifier | modifier le code]Le quartier général du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth est visé le par une frappe aérienne revendiquée par Tshahal. L'explosion rase 6 immeubles[13]. « D'une violence inouïe »[14], elle a fait trembler les murs des maisons dans un périmètre de 30 kilomètres autour de Beyrouth[15]. Des nuages de fumée sont visibles dans le ciel[16],[3].
85 bombes de 900 kg sont tombées en quelques minutes dans une zone densément peuplée[17],[18]. Les bombes sont probablement de fabrication américaine[19],[20]. Selon CNN, pour ce type de bombes, « le rayon de l'explosion, ou fragmentation mortelle (la zone d'exposition à la blessure ou à la mort autour de la cible), peut atteindre 365 mètres »[19]. En mai 2024, dans le contexte de la guerre à Gaza, les États-Unis avaient cessé la livraison à Israël de bombes de 900 kg en raison de leurs effets dévastateurs sur les civils de l'enclave palestinienne[19].
Selon le chercheur en sciences politiques David Rigoulet-Roze, l'armée israélienne aurait procédé en deux temps, les premières bombes larguées ayant détruit les immeubles situés dans la zone et les suivantes, les bunkers souterrains[11]. L'aviation israélienne aurait utilisé selon ses propres dires des F-15I armés de BLU-109 équipées de kits JDAM[21].
Une source proche du renseignement israélien a communiqué à l'agence Reuters, 24 heures avant le bombardement, l'information selon laquelle « Israël depuis 20 ans concentrait ses efforts de renseignement sur le Hezbollah et pourrait frapper Nasrallah quand il le voulait, y compris sur son QG »[22].
L'attaque a pour nom de code opération Nouvel Ordre (en hébreu : סדר חדש)[23].
La frappe dans la banlieue de Dahiyeh à Beyrouth est survenue peu de temps après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a pris la parole aux Nations unies, promettant que la campagne d'Israël contre le Hezbollah se poursuivrait[24],[25],[26],[27],[28],[29]. Certains journalistes parlant d'une possible diversion pour abaisser la prudence du Hezbollah[30],[31],[32].
Victimes
[modifier | modifier le code]Le raid entraine la mort d'Hassan Nasrallah, cible principale, et de plusieurs hauts responsable du Hezbollah dont Ali Karaki (en), commandant du front sud du Hezbollah[33], et aussi Abbas Nilforoushan, général iranien, commandant adjoint du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) et commandant de la Force Al-Qods au Liban[34].
La zone frappée par Israël est réputée pour être densément peuplée[35],[36],[37]. L'immeuble sous lequel se trouvait l'installation souterraine du Hezbollah a été entièrement détruit. Des estimations préliminaires israéliennes font état de 300 morts à la date du [1] ; quant au ministère de la Santé libanais, il confirme la mort de 33 personnes et l'existence de 195 blessés[38] ; les recherches dans les décombres se poursuivent[39].
Réactions
[modifier | modifier le code]À l'international
[modifier | modifier le code]L’ONU a exprimé sa « vive inquiétude » et Jeanine Hennis-Plasschaert, coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, a souligné que « la ville tremble encore de peur et la panique est généralisée. Il est urgent de cesser le feu ». Elle se dit aussi « profondément alarmée et inquiète de l'impact civil potentiel des frappes massives sur la banlieue sud de Beyrouth »[40].
Dans le monde de manière générale, la communauté internationale craint un embrasement au Liban, et dans la région[41]. Washington a affirmé ne pas avoir été mis au courant de cette frappe[11]. La réaction de Joe Biden et Kamala Harris qui se félicitent de l'assassinat de Hassan Nasrallah, s'oppose à celles de l'ONU et de nombreux pays qui redoutent les conséquences de ce bombardement. Le HuffPost analyse la position des États-Unis comme étant celle d'un pays qui est le « premier soutien militaire et diplomatique » d'Israël ; de plus, si Hassan Nasrallah n'était pas encore le secrétaire général du Hezbollah au moment des attentats de Beyrouth de 1983 visant des marines américains (il ne le devient qu'en 1992), il était un cofondateur de ce parti ; enfin, selon la presse américaine relayée par le Huffpost, cette approbation américaine ne serait que de façade, masquant des tensions entre le président démocrate Joe Biden et Benyamin Netanyahou[42].
Au Liban
[modifier | modifier le code]La presse libanaise, « quelle que soit son orientation politique et religieuse », a respecté le deuil d'une partie des Libanais dans sa couverture de l'assassinat de H. Nasrallah, en évitant les propos éventuellement clivants[43]. Le quotidien An-Nahar souligne l'incertitude qui marque le sort du pays après ce bombardement meurtrier[43]. Le média indépendant L'Orient-Le Jour recense les hommages nationaux au chef du Hezbollah[43], comme ceux du patriarche maronite Béchara Raï, qui a appelé la communauté internationale à s'efforcer de mettre fin au « cycle de la guerre, de la tuerie et de la destruction »[44]. Des dirigeants de la communauté chrétienne alliés du Hezbollah ont souligné le rôle de Nasrallah dans la résistance à Israël, rapporte Newsweek[45].
Le Liban décrète trois jours de deuil national[46].
Frappes iraniennes
[modifier | modifier le code]L'Iran tire 188 missiles en direction territoire israélien le , en « représailles » à l'élimination par Israël de Hassan Nasrallah le 27 septembre, ainsi qu'à celle d'autres dirigeants du Hezbollah, formation pro-iranienne[47]. Les missiles ont été dans leur grande majorité interceptés par l'armée israélienne, qui a reçu l'aide des États-Unis ; un éclat de missile tombe cependant à Jéricho en Cisjordanie où un Palestinien est tué, et deux personnes sont blessées en Israël[48].
Selon l'analyse du Guardian, ces frappes iraniennes révèlent un changement de ligne politique des dirigeants iraniens, qui s'étaient abstenus de riposter après l'assassinat par Israël d'Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas, à Téhéran même, le 31 juillet 2024[49]. Pour ces dirigeants, leur retenue a pu encourager Benyamin Netanyahou à poursuivre l'escalade en ordonnant le bombardement du quartier général du Hezbollah[49].
Analyses
[modifier | modifier le code]Selon le chercheur David Khalfa, codirecteur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean-Jaurès, cette attaque montre la volonté d’Israël « de détruire totalement l’appareil politico-militaire du Hezbollah » et pourrait « changer la donne de la dynamique guerrière » et entraîner une « aggravation du conflit », particulièrement si l’Iran réagit[11].
Néanmoins, le chercheur Hamidreza Azizi de l’institut Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (en), à Berlin a expliqué au Monde que « l’Iran n’a aucune bonne option dans la nouvelle donne » car quelle que soit la réponse de l'Iran, Israël cherchera à tout prix à affaiblir l'axe de la résistance et « sans les groupes membres de l’axe, Téhéran ne peut pas mener une guerre contre Israël ». Selon Le Monde, cela expliquerait la prudence de l'Iran dans sa réaction à la mort d'Hassan Nasrallah et aux bombardements. L'Iran disposerait néanmoins d'un atout en la personne des Houthis[50].
L'historienne Jihane Sfeir, professeure à l'Université libre de Bruxelles, rappelle la forte présence de la mémoire des combattants morts au Sud-Liban dans de longues luttes contre Israël, mémoire qui marque l'espace, et habite les familles endeuillées. Elle estime la violence subie dans le dernier conflit alimente surtout un désir de vengeance[51].
Références
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