Bleu de Coomassie brillant

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Bleu de Coomassie brillant R-250
Image illustrative de l’article Bleu de Coomassie brillant
Identification
Synonymes

C.I. 42660
C.I. Acid Blue 83
Brilliant blue R
Brilliant indocyanine 6B
Brilliant cyanine 6B
Serva Blue R

No CAS 6104-59-2
No ECHA 100.025.509
No CE 228-060-5
PubChem 61365
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C45H44N3NaO7S2
Masse molaire[1] 825,967 ± 0,052 g/mol
C 65,44 %, H 5,37 %, N 5,09 %, Na 2,78 %, O 13,56 %, S 7,76 %, 856.03 g/mol

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Bleu de Coomassie brillant G-250
Image illustrative de l’article Bleu de Coomassie brillant
Identification
Synonymes

C.I. 42655
C.I. Acid Blue 90
Brilliant Blue G
Brilliant Blue G 250
Brilliant indocyanine G
Serva Blue G

No CAS 6104-58-1
No ECHA 100.025.508
No CE 228-058-4
PubChem 6324599
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C47H48N3NaO7S2
Masse molaire[2] 854,02 ± 0,054 g/mol
C 66,1 %, H 5,67 %, N 4,92 %, Na 2,69 %, O 13,11 %, S 7,51 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Les bleus de Coomassie brillants sont deux composés organiques à structure triphénylméthane employés comme colorants textiles (applications industrielles) et en biochimie pour les protéines. En se liant aux protéines ils permettent de les doser en solution par colorimétrie (méthode dite de Bradford) et de les visualiser sur les gels d'électrophorèse (par exemple en SDS-PAGE).

Noms et propriétés[modifier | modifier le code]

Comme pour beaucoup de colorants, le bleu de Coomassie tient son nom de la localité africaine de Kumasi, actuellement dans le territoire du Ghana; il était développé comme teinture pour laine acide, et fut nommé en commémoration de l'occupation britannique de la capitale d'Ashanti en 1896, alors appelée Coomassie[3].

On distingue le bleu de Coomassie brillant R-250 (C.I. 42660) à la couleur bleue teintée de rouge, d'où la lettre R, du bleu de Coomassie brillant G-250 (C.I. 42655) à la couleur bleue teintée de vert, d'où la lettre G (en anglais Green). Ces deux molécules sont structurellement très proches : elles ne diffèrent que par la présence de deux groupements méthyle ajoutés sur deux des cycles benzéniques centraux dans la molécule de G-250 par rapport à celle de R-250.

Il faut les distinguer du « bleu de Coomassie RL » (C.I. 13390, ou encore Acid Blue 92) dont la structure est très différente puisqu'il ne s'agit pas d'un triphénylméthane.

La différence de couleur entre les deux molécules dépend aussi du pH (le G-250 devient peu coloré entre pH 2 et 3). Ceci repose sur leur différence de structure qui affecte également la coloration donnée aux protéines selon la composition de ces dernières : l'interaction Coomassie/protéines implique des interactions ioniques (via les 2 groupes sulfonyl et les groupes azote), mais aussi hydrophobes complexes - impliquant les acides aminés aromatiques (phenylalanine, tyrosine, tryptophane) et à chaine basique (arginine surtout, lysine, histidine). Enfin, le G-250 est plus hydrosoluble[4].

Les 2 formes R-250 et G-250 peuvent être utilisées dans une même application, mais de façon non interchangeable car notamment elles ne colorent pas les protéines de la même façon.

Applications[modifier | modifier le code]

ADN en suspension dans une solution de bleu de Coomassie

Le bleu de Coomassie G-250 est largement utilisé pour le dosage des protéines en solution par colorimétrie. Le R-250 est plutôt utilisé pour la coloration des protéines sur gel d'électrophorèse, et plus récemment aussi le G-250 (sans étape de décoloration).

Dosage colorimétrique des protéines par la méthode de Bradford[modifier | modifier le code]

Dans la méthode de Bradford de dosage des protéines, le bleu de Coomassie forme avec les protéines en milieu acide un complexe soluble dont l'absorbance initiale de 465 nm vire à 595 nm, l'intensité de coloration étant proportionnelle à la concentration en protéines. L'absorbance permet de calculer la concentration en protéines d'après la loi de Beer-Lambert. Cependant l'intensité de coloration dépend aussi en partie de la nature de la protéine dosée.

Formule classique du réactif de Bradford
  • 0,01 % de bleu de Coomassie G-250
  • 4,7 % d'éthanol,
  • 8,5 % d'acide phosphorique, in ddH2O.

Électrophorèse des protéines[modifier | modifier le code]

Pour l'électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de sodium dodécyl sulfate (SDS-PAGE), après migration des protéines, le gel est démoulé puis trempé dans une solution acide du colorant, et enfin soumis à des lavages pour enlever l'excès de bleu faisant apparaitre les bandes protéines en bleu[5]. Des formulations avec le Coomassie G-250, dites colloïdales, permettent de s'affranchir de l'étape de lavage pour une première lecture directe, le lavage restant néanmoins utilepour une lecture optimale.

Solution de coloration
Solution de lavage (décoloration)
  • 455 ml de méthanol (ou d'éthanol),
  • 455 ml de ddH2O,
  • 90 ml de GAA.

Le lavage peut également être effectué à l'eau, en chauffant.

Une solution éthanol 10 % acide acétique 10 % est très efficace, surtout chauffée (passage au four à micro-ondes de quelques minutes), et bien moins toxique que le méthanol[réf. nécessaire].

Autres applications[modifier | modifier le code]

Une expérience réalisée sur des rats semble indiquer un potentiel neuroprotecteur dans un modèle expérimental de lésion médullaire[6],[7]. Dans une autre étude, le bleu de Coomassie G-250 a servi à identifier le sexe biologique d'individus humains à partir de leurs empreintes digitales[8].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. [1]
  4. Fiche technique du Coomassie Brilliant Blue sur Interchim.com
  5. T. S. Meyer et B. L. Lamberts, « Use of Coomassie brilliant blue R250 for the electrophoresis of microgram quantities of parotid saliva proteins on acrylamide-gel strips », Biochimica et Biophysica Acta (BBA) - General Subjects, vol. 107,‎ , p. 144–145 (DOI 10.1016/0304-4165(65)90403-4, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Peng, W., « Systemic administration of an antagonist of the ATP-sensitive receptor P2X7 improves recovery after spinal cord injury », Proc Natl Acad Sci U S A.,‎ 2009 jul 27, p. 106(30): 12489–12493. (DOI 10.1073/pnas.0902531106, lire en ligne)
  7. "Blue M&Ms 'mend spinal injuries'". Telegraph. 2009-07-28. Retrieved 2010-01-19. https://www.telegraph.co.uk/news/science/science-news/5921266/Blue-MandMs-mend-spinal-injuries.html "Blue Food Dye Treats Spine Injury in Rats". Wired.com. 2009-07-27. https://www.wired.com/2009/07/bluerats/
  8. (en) Brunelle, Erica, « Coomassie Brilliant Blue G-250 Dye: An Application for Forensic Fingerprint Analysis », Analytical Chemistry. 89 (7),‎ , p. 4314–4319 (e-ISSN 0003-2700, PMID 28293949, DOI 10.1021/acs.analchem.7b00510, lire en ligne)