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Blaye-côtes-de-bordeaux

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Blaye-côtes-de-bordeaux
Image illustrative de l’article Blaye-côtes-de-bordeaux
Localisation schématique du vignoble.

Désignation(s) Blaye-côtes-de-bordeaux
Appellation(s) principale(s) côtes-de-bordeaux[1]
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1936
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Bordeaux
Sous-région(s) Blayais et Bourgeais
Localisation Gironde
Climat océanique aquitain[2]
Superficie plantée 5 399 hectares (en 2023)[3]
Nombre de domaines viticoles 430 viticulteurs et 3 coopératives[4]
Cépages dominants cabernet franc N[5], cabernet sauvignon N et merlot N
Vins produits 94 % rouges et 6 % blancs secs
Production 247 681 hectolitres (en 2023)[3]
Pieds à l'hectare minimum 4 500 pieds par hectare[6]
Rendement moyen à l'hectare 45 hl/ha en rouge et 55 hl/ha en blanc (en 2023)[3]

Le blaye-côtes-de-bordeaux[1] est un vin français produit dans le vignoble du Blayais et du Bourgeais, une des subdivisions du vignoble de Bordeaux. Il s'agit d'une dénomination géographique complémentaire au sein de l'appellation d'origine contrôlée côtes-de-bordeaux, créée en 2009 en remplacement de l'ancienne appellation « premières-côtes-de-blaye ».

Le vignoble se situe à 45 kilomètres au nord de Bordeaux, face au Médoc, le long de la rive droite de l'estuaire de la Gironde.

Deux types de vins sont produits sous cette appellation : du rouge et du blanc sec, la production de rouge représentant approximativement 95 % de la production totale dans les années récentes[7].

Ces vins partagent la même aire d'appellation que l'AOC blaye, qui a a un cahier des charges plus exigeant et ne produit que du rouge. Existait également une AOC côtes-de-blaye (en blanc sec uniquement), qui n'est plus revendiquée depuis 2015 et ne fait plus partie de la liste des AOC sur le site de l'INAO.

La dénomination actuelle blaye-côtes-de-bordeaux, créée en 2009, correspond à l'ancienne appellation premières-côtes-de-blaye, qui date de 1936. La production viticole dans le Blayais remonte bien plus loin. Au Moyen Âge, selon l'historien Hugh Johnson, le vignoble bordelais était essentiellement localisé sur les rives de la Garonne, c'est-à-dire sur les appellations actuelles graves et premières-côtes-de-bordeaux, avec quelques vignes éparses dans l'Entre-deux-Mers et autour de Blaye[8].

Au XVIIe siècle, une grande influence est attribuée aux négociants hollandais : la guerre de Trente Ans ayant ravagé le vignoble rhénan, ils favorisèrent le développement de plusieurs vignobles d'exportation le long des côtes atlantiques. Pour garantir une bonne conservation (en plus de l'usage de la mèche soufrée), et pour correspondre aux goûts des Européens du Nord, ces vins étaient souvent renforcés par l'ajout d'eau-de-vie. Une partie de la production viticole du Blayais, tout comme le Cognaçais voisin, se spécialisa en partie dans la production de vins destinés à la distillation (du vin de chaudière pour faire de la fine). Fin XVIIe siècle, la construction de la citadelle de Blaye limite l'activité commerciale du petit port.

Au début du XIXe siècle, André Jullien mentionne à peine la zone : « Les Côtes sont les collines qui bordent la Garonne et la Gironde, depuis Langon jusqu'à Blaye. Les vins qu'elles produisent ont une belle couleur et beaucoup de corps »[9]. Charles Cocks, dans l'édition 1874 de son guide, dit de la production du Blayais « que ces vins sont classés parmi les meilleurs ordinaires du Bordelais »[10]. Les vins rouges, « dont la production a quadruplé depuis quelques années, jouissent d'une faveur chaque jour de plus en plus grande » ; ils sont décrit comme ayant en moyenne 10,5° d'alcool, produit majoritairement avec du malbec ; les producteurs sont alors classés en premiers crus bourgeois, crus bourgeois, crus artisans et paysans[11]. Les vins blancs étaient « produits avec de l'enrageat, servant aux opérations ou à la consommation des paysans »[12].

L'appellation « Premières côtes de Blaye » est officiellement reconnue comme une appellation d'origine contrôlée par le décret du , en même temps que les AOC blaye (en rouge et blanc) et côtes-de-blaye (en blanc) et sur la même aire (les cantons de Blaye, de Saint-Savin-de-Blaye et de Saint-Ciers-sur-Gironde)[13]. En 1974, est fondée la coopérative « cave des Hauts de Gironde » (devenue les Vignerons de Tutiac, basés à Marcillac), important producteur de l'appellation. Les vignes destinés à produire du blanc sont progressivement arrachées. En 1985, les syndicats de producteurs des appellations et dénomination bordeaux-côtes-de-francs, côtes-de-castillon, premières-côtes-de-blaye et premières-côtes-de-bordeaux (alors aussi en rouge) décident de mettre en commun leurs efforts publicitaires, en créant l'« association des 5 Côtes de Bordeaux ». En 1987 est fondée la Maison du Vin de Blaye. Le cahier des charges de l'appellation « Premières Côtes de Blaye » est modifié en 1958[14] et en 1994[15]. En 2007, l'association devient l'« Union des Côtes de Bordeaux »[16].

En 2009, l'appellation premières-côtes-de-blaye change de nom et est regroupée avec les trois autres (cadillac, castillon et franc) pour former ensemble la nouvelle appellation côtes-de-bordeaux, créée par le décret du [17]. Les vins peuvent être vendus sous ce nom générique, ou on peut rajouter sur l'étiquette une dénomination géographique complémentaire, ce qui donne ici « blaye-côtes-de-bordeaux »[18]. Le cahier des charges de la nouvelle appellation est ensuite modifié en décembre 2011 (passage en AOP)[19], puis en novembre 2016 (intégration de l'ancienne appellation sainte-foy-bordeaux)[20] et enfin en [6].

Image externe
Aire parcellaire de l'appellation

Selon les Douanes, la superficie revendiquée en 2023 sous l'appellation est de 5 399 hectares, dont 5 119 ha pour faire du rouge et 280 ha pour du blanc[3].

Aire d'appellation

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L'aire d'appellation du blaye-côtes-de-bordeaux couvre les 40 communes suivantes : Anglade, Berson, Blaye, Braud-et-Saint-Louis, Campugnan, Cars, Cartelègue, Cavignac, Cézac, Civrac-de-Blaye, Cubnezais, Donnezac, Étauliers, Eyrans, Fours, Générac, Laruscade, Marcenais, Marsas, Mazion, Plassac, Pleine-Selve, la partie de la commune de Pugnac correspondant au territoire de Lafosse avant sa fusion avec celle-ci au , Reignac, Saint-Androny, Saint-Aubin-de-Blaye, Saint-Christoly-de-Blaye, Saint-Ciers-sur-Gironde, Saint-Genès-de-Blaye, Saint-Girons-d'Aiguevives, Saint-Mariens, Saint-Martin-Lacaussade, Saint-Palais, Saint-Paul, Saint-Savin, Saint-Seurin-de-Cursac, Saint-Vivien-de-Blaye, Saint-Yzan-de-Soudiac, Saugon et Val-de-Livenne[6].

Elle est identique à celle de l'appellation blaye.

Le Blayais, sur la rive droite de la Gironde, est avant tout calcaire :

L'arrière-pays encore plus à l'est a des reliefs de « calcaire de Saint-Estèphe » gréseux à débris de fossiles (de l'Éocène) avec des vallons remplis de colluvions sableuses quaternaires (sables du Périgord)[21],[22].

Selon la zone géographique de l'appellation, les sols peuvent être argilo-calcaires, argilo-graveleux ou silico-argileux.

  • Dans le Sud-Ouest sous une ligne qui va d’Anglade à Saint-Vivien-de-Blaye, pays des collines calcaires, les sols sont bruns, peu argileux et peu épais, souvent de type rendzine. Dans l’intérieur du plateau, les sols bruns deviennent plus argileux et à tendance sableuse dans les pentes.
  • Au nord et à l'est de l’aire géographique, pays des sables et des graviers, les sols localement sablo-graveleux sont majoritairement sableux gris à noirs, acides[21],[22].

Encépagement

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Les vins rouges sont issus des cépages suivants :

Dans la pratique, les parcelles destinées à faire du vin rouge sont à 70 % du merlot, complété par 20 % de cabernet-sauvignon et 10 % de malbec[4].

Les vins blancs sont issus des cépages suivants :

La proportion de l’ensemble des cépages accessoires doit être inférieure ou égale à 15 % de l’encépagement[6].

Dans la pratique, les parcelles, pour le blanc, sont occupées par 90 % du sauvignon, 10 % de sémillon et un peu de muscadelle[4].

Cahier des charges

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Le cahier des charges de l'AOC blaye-côtes-de-bordeaux reprend des contraintes moins exigeantes que celles de l'AOC blaye, entre autres (liste non exhaustive) :

Critères AOC blaye AOC blaye-côtes-de-bordeaux[6]
Rendement 48 hl/ha 52 hl/ha
Rendement butoir 60 ha/ha 65 hl/ha
Densité minimale 6 000 pieds/ha 4 500 pieds/ha
Écartement des rangs 2 mètres 2,5 ou 3 mètres selon les cépages
Yeux francs par pied 10 12
Charge maximale 7 500 kg/ha 8 500 kg/ha
Charge maximale 13 grappes par pied 15 grappes par pied
Richesse en sucre merlot : min. 210 g/L merlot : min. 198 g/L
Titre volumétrique naturel min 12 % min 11,5 %
Enrichissement interdit autorisé
Période d'élevage jusqu'au 15 mars de l'année suivante jusqu’au 15 mars de la deuxième année

Le rendement maximum autorisé par le cahier des charges est de 52 hectolitres par hectare en rouge et de 62 hl/ha en blanc ; le rendement butoir est de 65 hl/ha en rouge et de 72 hl/ha en blanc[6]. Un producteur peut ainsi déclarer un « volume complémentaire individuel » (une partie de la récolte qui est conservée pour compléter le millésime suivant) ou un « volume substituable individuel » (en remplacement du même volume d'un mauvais millésime) supérieur au rendement maximum autorisé ; pour la vendange 2024, la limite pour un VCI ou un VSI était de 62 hl/ha en rouge et de 65 en blanc[23].

La production déclarée en 2023 a été d'un total de 247 681 hectolitres (un hectolitre (hl) = 100 litres = 133 bouteilles de 75 cl), dont 232 207 hl de rouge et 15 474 hl de blanc[3]. Le rendement réel est en moyenne en 2023 de 45 hl/ha en rouge et de 55 hl/ha en blanc[3].

Les rendements moyens déclarés récemment pour le rouge sont[7] :

Année Superfice (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019  5 786  247 164  43
2020  5 631  273 505  49
2021  5 412  214 836  40
2022  5 139  212 586  41
2023  5 120  232 207  45

Les rendements moyens déclarés récemment pour le blanc sont[7]:

Année Superfice (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019  297  12 503  42
2020  304  14 755  49
2021  312  12 828  41
2022  284  10 311  36
2023  280  15 475  55

Dégustation

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Le blaye-côtes-de-bordeaux rouge montre une couleur pourpre à reflets noirs. Il dégage des notes de fruits rouges mûrs et d'épices, de gibier, de chocolat et de boisé vanillé (lorsqu'ils sont élevés en barrique). Souples, ronds et bien équilibrés, ils bénéficient d'un bon soutien tannique et d'une solide structure qui peut servir de support au vieillissement. Il s'associe au veau braisé, au pot-au-feu, au bœuf en daube et au thon grillé aux poivrons[24].

Le blanc a une robe jaune clair à reflets verts. Le nez présente des notes d'agrumes (citron, pamplemousse, mandarine), d'amande grillée et de fruits exotiques. Au palais, il montre de la fraîcheur et un côté fruité. Il est gras et élégant avec une jolie finale. Il s'associe aux fruits de mer, au saumon, au risotto aux fruits de mer, au poisson grillé et au poulet à la crème[25],[24].

Œnotourisme

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Le syndicat viticole de Blaye travaille sur la mise en avant de l'appellation au travers de nombreux évènements.

Le Printemps des vins : organisé sur un week-end à la mi-avril, le principe est de regrouper près de 80 viticulteurs de l'appellation blaye-côtes-de-bordeaux dans l'enceinte de la citadelle. L'acquisition d'un pass permet d'accéder aux dégustations des vins de ces vignerons et à toutes sortes d'animations[26].

Blaye au Comptoir : à l'automne à Paris et en hiver à Bordeaux. Les viticulteurs de l'appellation se déplacent pour faire déguster leurs produits dans différents établissements de la ville concernée[27],[28].

Marathon des vins de Blaye : marathon au cœur du vignoble avec des stands de dégustation[29].

Rando VTT des vins de Blaye : randonnées VTT de différents niveaux dans le vignoble avec des stands de dégustation.

Vendanges du clos de l'Échauguette : le clos de l'Échauguette se situe dans la citadelle de Blaye et domine l'estuaire avec seulement 33 ares ; les vendanges sont ouvertes au public[30].

Notes et références

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  1. a et b Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. « Climat de Blaye », sur vin-vigne.com.
  3. a b c d e et f « Déclaration de récolte et de production 2023 (campagne viticole 2023-2024) », sur douane.gouv.fr, .
  4. a b et c « Blaye Côtes de Bordeaux », sur bordeaux-cotes.com (consulté le ).
  5. a et b Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  6. a b c d e f et g « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « CÔTES DE BORDEAUX » », homologué par l'arrêté du publié au JORF du .
  7. a b et c « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le ).
  8. Hugh Johnson (trad. Claude Dovaz), Une histoire mondiale du vin : de l'Antiquité à nos jours [« The Story of wine »], Paris, Hachette, , 478 p. (ISBN 2-01-015867-9), p. 197.
  9. André Jullien, Topographie de tous les vignobles connus, suivie d'une classification générale des vins, Paris, Mme Huzard : L. Colas, , 566 p. (BNF 30667644), ?, lire en ligne sur Gallica.
  10. Charles Cocks et Édouard Féret, Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite, Bordeaux, Féret et fils, , 604 p., p. 415, lire en ligne sur Gallica.
  11. Cocks et Féret 1974, p. 416.
  12. Cocks et Féret 1974, p. 417.
  13. « décret du  », publié au JORF no 0248 du p. 11019.
  14. « Décret du concernant les vins à appellation contrôlée (Premières Côtes de Blaye) », publié au JORF du .
  15. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée << Premières Côtes de Blaye >> », décret du publié dans le JORF no 39 du .
  16. « LES COTES DE BORDEAUX EN QUELQUES DATES », sur bordeaux-cotes.com (consulté le ).
  17. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée "Côtes de Bordeaux" », homologué par le décret no 2009-1345 du publié au JORF no 0253 du .
  18. « Notre appellation / Blaye Côtes de Bordeaux », sur Blaye Côtes de Bordeaux (consulté le ).
  19. Cahier des charges de l'appellation Côtes de Bordeaux, homologué par le « décret no 2011-1812 du 6 décembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Côtes de Bordeaux » », JORF, no 0284,‎ , p. 20757.
  20. « Cahier des charges de l'appellation « Côtes de Bordeaux » », homologué par l'arrêté du publié au JORF no 0273 du .
  21. a b et c Michel-Philippe Mouline, Notice explicative de la feuille au 1/50000 de Blaye et Sainte-Luce, Orléans, vol. 779, Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières, coll. « Carte géologique de la France », , 49 p.
  22. a et b « Géoportail – Carte géologique centrée sur Blaye », sur www.geoportail.gouv.fr (consulté le ).
  23. « Arrêté du 4 avril 2025 relatif aux volumes complémentaires individuels pour certaines appellations d'origine contrôlées de la récolte 2024 » et « arrêté du 4 avril 2025 relatif aux volumes substituables individuels pour certaines appellations d'origine contrôlées pour la récolte 2024 », publiés au JORF no 0087 du .
  24. a et b « Blaye-côtes-de-bordeaux | Guide Hachette des Vins », sur Le Guide Hachette des Vins (consulté le )
  25. « Nos vins blancs », sur Maison du Vin de Blaye (consulté le ).
  26. « Printemps des vins de Blaye », sur printemps.vin-blaye.com.
  27. « Blaye au Comptoir Paris », sur comptoir-paris.vin-blaye.com.
  28. « Blaye au Comptoir Bordeaux », sur comptoir-bordeaux.vin-blaye.com/.
  29. « Marathon des vins de Blaye », sur marathondesvinsdeblaye.com/.
  30. « Nos évènements remarquables », sur vin-blaye.com via Internet Archive (consulté le ).

Lien externe

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Articles connexes

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