Bicentenaire

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Bicentenaire

Chanson de Jean Ferrat
extrait de l'album Dans la jungle ou dans le zoo
Sortie 1991
Auteur Jean Ferrat
Label Temey

Pistes de Dans la jungle ou dans le zoo

Bicentenaire est une chanson de Jean Ferrat, sortie en 1991 et incluse dans l'album Dans la jungle ou dans le zoo.

Résumé et thématique[modifier | modifier le code]

Jean Ferrat commence par évoquer les aristocrates, dont la vie de château fastueuse masque totalement les conditions de vie des humbles gens qui survivent dans leurs chaumières. Survient alors la Révolution française, emplie de fureur et de sang, mais qui ne change en rien la condition des malheureux.

Deux siècles après, à l'heure des commémorations du bicentenaire de la Révolution, l'exclu, le pauvre, le miséreux (appelé « Pauvre Martin ») est toujours à l'écart : rien n'a changé, « d'autres seigneurs veillent au grain » ; selon Ferrat, l'esprit de la révolution et les principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont bel et bien enterrés.

Références culturelles[modifier | modifier le code]

Jean Ferrat fait explicitement référence à la chanson Pauvre Martin de Georges Brassens, notamment par la réitération de l'expression « Pauvre Martin, pauvre misère ».

Dans l'avant-dernière strophe, Jean Ferrat fait allusion à l'émission Au nom du peuple français ; diffusée sur TF1 le 12 décembre 1988 et présentée par Yves Mourousi[1],[2], elle refait le procès de Louis XVI et propose aux téléspectateurs de se prononcer, par Minitel ou par téléphone, sur sa culpabilité (55 % des participants votèrent l'acquittement du roi[2]). Le chanteur s'indigne également de cette propension à plaindre ceux qui vivent dans le luxe et à dédaigner ceux qui peinent comme des animaux.

Deux siècles après quatre-vingt-neuf
Il fallait oser l’inventer
À la télé on fait du neuf
En acquittant la royauté
D’autres seigneurs veillent au grain
Et toi qui vivais comme un bœuf
Ce sont tes maîtres que l’on plaint

(paroles Jean Ferrat)

Mais cette tendance aux spectacles interactifs n'était pas propre à la télévision : à la même période, Robert Hossein mettait en scène La Liberté ou la mort (1988, au Palais des congrès de Paris) et Dans la nuit la Liberté (1989, au Palais des sports de Paris) et invitait le public à répondre à la question : « si vous aviez été révolutionnaires en 1793, auriez-vous voté l'exécution du roi ? » (à plusieurs reprises, les spectateurs votèrent majoritairement « Non »).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jacqueline Beaulieu, « Louis XVI entre vos mains », sur Archive du Soir, (consulté le ) : « Les jeux du cirque revus par Mourousi. Ce soir on rejuge Louis XVI. Il sera défendu par Me Jacques Vergès. Du côté des révolutionnaires, Me Collard. Et, en accusateur, Jean-Edern Hallier. Jugement par téléphone. »
  2. a et b Bérénice Hadimi-Kim, Les cités du « théâtre politique » en France, 1989 – 2007. Archéologie et avatars d’une notion idéologique, esthétique et institutionnelle plurielle, Université Lumière Lyon 2, (lire en ligne), chap. II.2.1.b.i. (« Rendre présente la Révolution : La transformation du public en « peuple-acteur » politique des spectacles. »)

    « Rappelons en effet que le 12 décembre 1988, la chaîne TF1 diffuse une émission présentée par Yves Mourousi, intitulée Au nom du peuple français.[...] Le télé-spectacle se veut interactif puisque les français votent par Minitel, et décident d’ailleurs à 55% l’acquittement du roi. L’abolition factice et temporaire de toute distance entre 1789 et 1989, entre le spectateur et le spectacle, a pu ainsi paradoxalement servir à la mise au rebut de la Révolution, sans aucun souci de l’Histoire, qui est d’ailleurs non pas représentée mais purement et simplement réécrite. »

Voir aussi[modifier | modifier le code]