Bibliothèque commémorative Mamma-Haïdara

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Bibliothèque commémorative Mamma-Haidara
Présentation
Pays Drapeau du Mali Mali
Ville Tombouctou
Informations
Gestionnaire Abdoul Kader Haïdara

La Bibliothèque commémorative Mamma-Haidara est une bibliothèque de manuscrits située à Tombouctou. Elle a été créée par Abdoul Kader Haïdara, ancien directeur de l'Institut des hautes études et des recherches islamiques Ahmed-Baba afin de protéger le fond familial de manuscrit.

Histoire[modifier | modifier le code]

Moḥammed al-Maouloud, un ancêtre direct d'Abdoul Kader Haïdara, le gestionnaire actuel de la bibliothèque, fonde au XVIe siècle la collection en réunissant les premiers manuscrits dans le village de Bamba, situé à 200 km de Tombouctou[1]. C’est l’époque de la dynastie des Askia de l’Empire songhaï. Tombouctou forme alors l’un des principaux centres intellectuels et spirituels du monde musulman[2] jusqu’à son invasion par le Maroc en 1591, lors de laquelle nombre de manuscrits sont pillés. Depuis cette invasion et jusqu’aux dernières décennies, les habitants de la région avaient pris l'habitude de dissimuler les manuscrits qu’ils possèdent, rendant complexe leur rassemblement en une collection[2].

Au début du XXe siècle, Mamma Haïdara, à qui la collection initiée par Moḥammed al-Maouloud est confiée, entreprend une série de voyages, notamment jusqu’à Alexandrie, Khartoum et Sokoto[1],[3]. Il enrichit la collection de façon considérable, rassemblant manuscrits et livres imprimés, et déménage celle-ci de Bamba à Tombouctou[1]. À sa mort en 1981, la collection est confiée à l'un de ses fils, Abdoul Kader Haïdara[1], qui en est toujours aujourd'hui le conservateur.

En 1996, le ministère de la culture du Mali autorise la construction d'une bibliothèque privée pour favoriser la conservation, la restauration et l'accès à cette collection. Le projet obtient en 1997, un financement de la Mellon Foundation de New York[4]. Le bâtiment de la Bibliothèque commémorative Mamma-Haïdara est inauguré en janvier 2000 et la bibliothèque devient opérationnelle quatre mois plus tard[1].

Pillages, sécheresses, incendie, effondrements, insectes, eau de pluie, poussière et déménagements ont provoqué des dommages parfois irréparables à la collection au fil des siècles[1].

En 2012, des rebelles touaregs, puis des djihadistes prennent le contrôle de Tombouctou, obligeant Abdoul Kader Haïdara à déménager dans la précipitation une part importante de la collection à Bamako pour la protéger du pillage et de la destruction[4].

Collection[modifier | modifier le code]

La collection comporte quelque 42 000 manuscrits[5], dont 4023 ont été catalogués par la Al-Furqan Islamic Heritage Foundation[6]. Certains manuscrits ont été numérisés et rendus publics : 6815 d'entre eux l'ont été par la Virtual Hill Museum and Manuscript Library[7], 33 par la Bibliothèque numérique mondiale[8] et 29 par la Library of Congress[9].

Les manuscrits contenus dans la collection traitent de sujets très variés. Une grande partie traite de l'islam[2] et comprend des hadiths, des biographies de Mahomet, des corans et des traités sur l’unicité de dieu ou le soufisme[10]. Une autre partie comprend des manuscrits traitant des sciences, de la médecine, des droits humains, d’histoire, et de littérature[11], etc. Il y a aussi des lettres échangées par des commerçants, des érudits et des dirigeants, ainsi que de la poésie et des journaux intimes[12].

Ces manuscrits sont écrits sur différents supports : parchemin, papier, omoplate de chameau, peau de mouton[13], vélin d’antilope ou peau de poisson[14]. Leur conservation n’est pas simple. Plusieurs ont été endommagés avec le temps[1], d’autres par les conditions de transfert à Bamako[14], dont le climat est plus humide qu’à Tombouctou[15]. Un plan de sauvegarde a été mis sur pied en 2004 par l’Institut des hautes études et de la recherche islamique Ahmed Baba (IHERIAB)[16].

Ces manuscrits sont une mine d’or pour connaitre l’histoire de l’Afrique précoloniale : son histoire climatique, commerciale, médicinale, etc., histoire que l'on croyait disparue faute de documents écrits[17]. De plus, l’étude des traités religieux pourrait mettre en lumière les aspects égalitaires, tolérants et inclusifs de l'islam subsaharien[18].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g (en) Abdel Kader Haïdara, « An overview of the major manuscript libraries in Timbuktu », dans Graziano Krätli & Ghislaine Lydon, The Trans-Saharan book trade: Manuscript culture, Arabic literacy, and intellectual history in Muslim Africa, Brill, (ISBN 978-90-04-19361-1), p. 241-264
  2. a b et c Christelle Marot, « La sauvegarde des manuscrits de Tombouctou », Africultures, vol. 66, no 1,‎ , p. 146-152 (ISSN 1276-2458, lire en ligne)
  3. (en) Joshua Hammer, The bad-ass librarians of Timbuktu and their race to save the world's most precious manuscripts, New York, Simon & Schuster, , 278 p. (ISBN 978-1-4767-7740-5, lire en ligne)
  4. a et b (en) Joshua Hammer, « Barbarians at the gates », Smithsonian magazine,‎ (ISSN 0037-7333, lire en ligne)
  5. « Bibliothèque Mamma Haidara », sur www.savamadci.net (consulté le ).
  6. (en) « Islamic Manuscripts Results | Al-Furqan Islamic Heritage Foundation », sur Al-Furqan (consulté le ).
  7. (en-US) « Virtual Hill Museum & Manuscript Library », sur www.vhmml.org (consulté le ).
  8. « Résultats de la recherche - Bibliothèque numérique mondiale », sur www.wdl.org (consulté le ).
  9. « Islamic Manuscripts from Mali Collection: Home », sur memory.loc.gov (consulté le ).
  10. (en) « Catalogue of Manuscripts in Mamma Haidara Library », sur Al-Furqan Islamic Heritage Foundation (consulté le ).
  11. (en) « Meet the unlikely group that saved Timbuktu's manuscripts », sur The World from PRX (consulté le ).
  12. « Le trésor de Bamako », sur deutschland.de, (consulté le ).
  13. Célésia Barry, « Que sont les manuscrits de Tombouctou? », sur Slate.fr, (consulté le ).
  14. a et b « Patrimoine de Tombouctou : Abdel Kader Haïdara, un héros si discret – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
  15. (en-GB) « How Timbuktu's manuscripts were smuggled to safety », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Alida Jay Boye, « Sauvegarde des Manuscrits de Tombouctou, Proposition de Projet », (consulté le ).
  17. François Guérard, « Les trésors de Tombouctou », sur proquest.com (consulté le ).
  18. (en) Joshua Hammer, « The treasures of Timbuktu », Smithsonian Magazine,‎ (ISSN 0037-7333, lire en ligne)