Bibliothèque Marguerite-Durand
Bibliothèque Marguerite-Durand | |
![]() Façade du bâtiment. | |
Informations générales | |
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Type | Bibliothèque spécialisée, féminisme |
Création | 1932 (donation de collection privée) |
Affiliation | Ville de Paris |
Ampleur | 45 000 monographies, 1 100 périodiques, 5 000 dossiers, 4 500 manuscrits, iconographie 8 000 pièces 30 fonds d’archives (associations et personnalités) |
Période | XVIIe au XXe siècle |
Informations géographiques | |
Pays | ![]() |
Ville | Paris |
Adresse | 79, rue Nationale, 75013 Paris |
Coordonnées | 48° 49′ 36″ nord, 2° 21′ 59″ est |
Site web | Bibliothèque Marguerite-Durand |
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La bibliothèque Marguerite-Durand (« BMD ») est une bibliothèque sur l'histoire des femmes, du féminisme et du genre, faisant partie du réseau des bibliothèques patrimoniales et spécialisées de la ville de Paris[1]. Elle est fondée en 1932 pour recevoir la donation que fait la journaliste et militante féministe Marguerite Durand (1864-1936), de son vivant, de sa bibliothèque à la ville de Paris[2].
D'abord accueillie dans la mairie du 5e arrondissement jusqu'en 1989, elle se trouve depuis cette date au 79, rue Nationale, dans la médiathèque Melville, dans le quartier de la Gare du 13e arrondissement de Paris.
Histoire[modifier | modifier le code]
Peu après la fondation de son journal La Fronde en 1897, Marguerite Durand crée dans les locaux du journal au 14, rue Saint-Georges, une petite bibliothèque, essentiellement à l'usage de ses collaboratrices. Marguerite Durand et ses collaboratrices constituent des dossiers documentaires, thématiques et biographiques, toujours consultés aujourd'hui et régulièrement enrichis[réf. souhaitée].
La Fronde fait appel dans ses colonnes à ses lectrices et lecteurs pour qu'ils fassent don à cette bibliothèque d'ouvrages sur les femmes et le féminisme, dont ils sont les auteurs ou qu'ils possèdent en double exemplaire.
Tout au long de sa vie, Marguerite Durand, collecte et conserve des documents qu'elle acquiert ou reçoit en don, que ce soit en exemplaires de presse ou à titre amical ou militant. Souhaitant ne pas voir ses collections dispersées ou détruites après sa mort, elle en fait don, de son vivant, à la Ville de Paris. La donation est acceptée par le Conseil municipal dans sa séance du 31 décembre 1931. Un état descriptif du don est donné dans le bulletin municipal officiel du 17 janvier 1932[réf. souhaitée].
La bibliothèque est hébergée au dernier étage de la mairie du 5e arrondissement, place du Panthéon. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands occupent la mairie. La bibliothèque est fermée. Ce n'est qu'en 1964, que les fonds et les dossiers sont triés et classés suite au désordre et à la destruction d'une partie des collections de la bibliothèque[3]. Une politique d'acquisition d'ouvrages et de versement de dons vient enrichir régulièrement les collections[3].
En 1989, elle déménage dans le 13e arrondissement, où elle partage un bâtiment aux larges surfaces vitrées avec la médiathèque Jean-Pierre-Melville.
En 2016, la ville de Paris propose, au vote des habitants, un projet de création d'un espace consacré à la littérature féministe[4]. Cet espace comprendrait la bibliothèque Marguerite Durand. L'Association des archives du féminisme s'inquiète que ce projet soit optionnel[5]. Le transfert de la Bibliothèque à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, dans le Marais, fait craindre la fermeture de la bibliothèque ou sa lente disparition par la dissémination de ses fonds d'archives en banlieue parisienne[6]. Christine Bard annonce la création d'un comité de soutien en août 2017[7],[8]. La CGT craint une perte d'autonomie et un allongement du délai entre la commande et la consultation d'ouvrages, ainsi que la détérioration des conditions de travail des sept bibliothécaires[9],[10]. Des manifestations sont organisées en 2017 pour s'opposer à ce projet[11],[12]. Finalement, le déménagement de la bibliothèque est annulé en décembre 2017 par la Mairie de Paris, à la suite de la mobilisation universitaire et syndicale importante contre ce projet[13],[14].
Entre 2019 et janvier 2020, la bibliothèque est fermée pour des travaux de rénovation. Dotée d'une décoration plus lumineuse, elle rouvre avec de nouveaux présentoirs, des vitrines d'exposition neuves, une meilleure isolation phonique et des toilettes accessibles aux personnes à mobilité réduite. Durant cette période, le personnel continue d'enrichir les collections de la bibliothèque, de travailler sur les inventaires et de préparer de futures numérisations d'archives[15].
Collections[modifier | modifier le code]
La bibliothèque conserve de nombreux documents dont des manuscrits[16]. Les livres les plus anciens remontent au XVIIe siècle. Les ouvrages suivants figurent notamment dans son fonds : Observations diverses sur la stérilité, perte de fruict, fécondité, accouchements et maladies des femmes (1609) de Louise Bourgeois, sage-femme de Marie de Médicis, De l’égalité des deux sexes (1673) de François Poullain de La Barre, les œuvres d’Olympe de Gouges, des cahiers de doléance de femmes ou encore les œuvres de Flora Tristan[3].
Ses collections comportent :
- plus de 45 000 livres et brochures édités depuis le XVIIe siècle, sur le féminisme (histoire des luttes, biographies de militantes, théorie féministe, etc.), sur la place et le rôle des femmes dans la société, les arts, les sciences, les sports, les voyages, etc. La bibliothèque possède de nombreuses éditions originales d’œuvres littéraires écrites par des femmes.
- 1 100 titres de périodiques féminins et féministes, militants et de recherche, édités depuis le XVIIIe siècle, avec certains titres très rares, comme La Spectatrice (1728-1729), La Femme libre (1832-1834) ou La Voix des Femmes (1848). La bibliothèque conserve la quasi-totalité des titres féministes français du XIXe et XXe siècles, parmi lesquels, pour la « première vague », Le Droit des femmes, fondé en 1869, La Citoyenne fondée en 1881 par Hubertine Auclert, l’une des premières suffragistes françaises, La Fronde (1897-1905), fondée par Marguerite Durand, La Française fondée par Jane Misme en 1906, La Suffragiste fondée par Madeleine Pelletier en 1908, et pour les titres du Mouvement de libération des femmes (MLF) : Le Torchon brûle, Histoires d’elles, Sorcières, Les Femmes s'entêtent, etc.Des femmes en mouvements, F magazine, Questions féministes, Nouvelles questions féministes, Le Quotidien des femmes, Les cahiers du Grif...
- plus de 5 000 dossiers documentaires constitués depuis la fondation de La Fronde et classés par personnalités et par sujets ; ils comportent de nombreuses coupures de presse, des tracts, des notices biographiques, des statuts d’associations, des invitations, des programmes, etc. et apportent une riche documentation aux chercheurs, sur des thèmes très variés.
- 4 500 lettres autographes et manuscrits, d’écrivaines, artistes, scientifiques, voyageuses, féministes, femmes politiques, journalistes (George Sand, Louise Colet, Louise Michel, Sarah Bernhardt, Colette, Alexandra David-Néel...).
- un fonds iconographique ancien et moderne : portraits d’écrivaines, d’artistes, de femmes politiques, revendications et manifestations féministes, femmes au travail, mode et costumes régionaux, etc. à travers 3 500 cartes postales, 4 200 photographies, plus de 1 000 affiches, et un ensemble d’iconographie diverse (dessins, gravures, journaux illustrés)
- des tableaux, des gravures, des objets d'art, des documents de propagande féministe : timbres, buvards illustrés, jeu de l’oie et un éventail suffragiste.
Fonds d'archives de la bibliothèque[modifier | modifier le code]
La bibliothèque possède une trentaine de fonds d'archives d'associations et de personnalités, parmi lesquelles Victoire Tinayre, Anaïs Nin, Nelly Roussel (1878-1922), Jane Misme directrice de La Française, Eugénie Cotton, Jeanne Chaton, Thérèse Clerc, ou encore Anne Zelensky[17].
Publications[modifier | modifier le code]
- Annie Dizier-Metz, La bibliothèque Marguerite Durand. Histoire d'une femme, mémoire des femmes. Ed. Agence culturelle de Paris, 1992
- Photo femmes féminisme : 1860-2010, Collection de la bibliothèque Marguerite-Durand ; sous la direction d'Annie Metz et Florence Rochefort. Publié à l'occasion de l'exposition organisée à la Galerie des bibliothèques de la Ville de Paris, du 19 novembre 2010 au 13 mars 2011. Ed. Paris bibliothèques, 2010
- Guide des sources de l'histoire du féminisme ; sous la direction de Christine Bard, Annie Metz et Valérie Neveu. Presses universitaires de France, 2006, p. 175-223
Notes et références[modifier | modifier le code]
- « Bibliothèques patrimoniales par arrondissement », sur bibliotheques-specialisees.paris.fr
- « Bibliothèque Marguerite Durand », sur paris.fr (consulté le 16 novembre 2016)
- Simone Blanc, « Histoire des femmes et du féminisme : La bibliothèque Marguerite Durand », Matériaux pour l'histoire de notre temps, année 1985, volume 1, p. 24-26 (lire en ligne)
- Mairie de Paris, « Pour une bibliothèque des femmes et du féminisme », sur Budget Participatif - Paris (consulté le 21 novembre 2016)
- Association Archives du féminisme, « Pour un projet ambitieux de bibliothèque d’histoire des femmes et du féminisme à Paris », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le 21 novembre 2016)
- « La seule bibliothèque féministe de Paris va-t-elle disparaître ? - Sortir - Télérama.fr », sur www.telerama.fr (consulté le 6 septembre 2017)
- BFMTV, « Paris: la bibliothèque féministe Marguerite-Durand menacée », sur BFMTV (consulté le 6 septembre 2017)
- « Un "funeste projet" pour la bibliothèque féministe Marguerite-Durand », Bibliobs, (lire en ligne, consulté le 18 novembre 2017)
- Claire Commissaire, « Féminisme : pourquoi le transfert de la bibliothèque Durand inquiète les syndicats », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le 6 septembre 2017)
- auteur inconnu, « Paris : les archives du féminisme doivent débarrasser le plancher - Le blog de CGT Culture DAC Ville de Paris », Le blog de CGT Culture DAC Ville de Paris, (lire en ligne, consulté le 6 septembre 2017)
- « Paris : l'unique bibliothèque publique consacrée à l'histoire des femmes, menacée de déménagement », France 3, (lire en ligne, consulté le 18 novembre 2017)
- « Pourquoi faut-il sauver la bibliothèque Marguerite-Durand ? », RTL.fr, (lire en ligne, consulté le 18 novembre 2017)
- « Après une «mobilisation inédite», la bibliothèque féministe de Paris restera finalement dans ses locaux », BuzzFeed, (lire en ligne, consulté le 11 décembre 2017)
- « A Paris, la bibliothèque Marguerite-Durand restera finalement dans ses locaux », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le 11 décembre 2017)
- Annie Metz, « Actualités de la bibliothèque Marguerite-Durand », Archives du féminisme, bulletin n°27, 2019, p. 5.
- « BnF : Catalogue Collectif de France », sur bnf.fr
- « Catalogue Collectif de France - Bibliothèque Marguerite Durand », sur http://ccfr.bnf.fr (consulté le 18 novembre 2016)
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Archives du féminisme, une association fondée en 2000 par Christine Bard
- La Bibliothèque italienne des femmes à Bologne.
- Centre des archives du féminisme
- Marguerite Durand