Bernadette (film, 2023)

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Bernadette
Description de l'image Bernadette (film, 2023).png.
Réalisation Léa Domenach
Scénario Léa Domenach
Clémence Dargent
Musique Anne-Sophie Versnaeyen
Acteurs principaux
Sociétés de production Karé Productions
Pays de production Drapeau de la France France
Genre comédie biographique
Durée 92 minutes
Sortie 2023

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Bernadette est un film satirique français réalisé par Léa Domenach et sorti en 2023[1].

Le film suit Bernadette Chirac (incarnée par Catherine Deneuve), durant les deux mandats présidentiels de son mari, Jacques Chirac (incarné par Michel Vuillermoz), de sa première élection, en 1995, jusqu'à l'élection de Nicolas Sarkozy, en 2007. Il s'agit du premier long métrage réalisé par Léa Domenach, fille du journaliste Nicolas Domenach.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Dans un confessionnal, Bernadette Chirac évoque avec son directeur de conscience son implication dans l'ascension de son mari. Puis c'est la victoire de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995. Il arrive au palais de l'Élysée avec son équipe, sa fille cadette Claude, qui est aussi sa conseillère de communication omniprésente - assister son père, c'est son métier - et son épouse. Mais celle-ci est pratiquement écartée par le président qui ne l'autorise même pas à paraître au balcon. Elle est éclipsée par Claude qui la marginalise, moquée tant par les politiques que par le personnel de service de l'Élysée, en particulier par le chauffeur historique de Jacques Chirac, avec lequel il partage une complicité. Bernadette essuie les rebuffades et peine à trouver sa place. Seule sa fille ainée, Laurence, qui vit en retrait du fait de sa maladie, l'anorexie mentale, la traite avec affection et lui offre, pour fêter la victoire, en guise d'animal de compagnie, une tortue[2],[3].

Comme on la trouve déplorablement ringarde, Claude lui adjoint un conseiller en communication, Bernard Niquet, lui-même ridiculisé et surnommé "Mickey" (incarné par Denis Podalydès). Au départ réticente, Bernadette va, après deux offenses décisives, se lancer, sous sa houlette, dans une modification radicale de son image de femme rigide, antipathique et dépassée. Elle souhaite obtenir enfin la place qu’elle pense mériter, elle qui était restée dans l'ombre de son mari, avait été trompée et l'avait vu mépriser ses avis et préférer suivre ses conseillers les plus proches comme Dominique de Villepin dans des circonstances cruciales, par exemple lors de la fâcheuse dissolution d'avril 1997 qui ouvrit la voie à cinq années de cohabitation.

Bernadette va donc désormais prendre les choses en main pour devenir une personnalité médiatique importante, en changeant de look avec l'aide de Karl Lagerfeld, en faisant assaut de proximité avec la population et en devenant une élue corrézienne appréciée. Elle promet notamment une ligne de TGV passant par Brive. Au passage, elle n'omet pas, histoire d'imposer le respect au personnel élyséen, de se débarrasser du redoutable chauffeur présidentiel.

Elle multiplie les initiatives politiques - parfois sans même prévenir son mari, comme la réception, en mai 1998 par Bernadette Chirac, sur « ses Terres » en Corrèze, d'Hillary Clinton, autre Première dame éminente et bafouée. Bernadette développe aussi des projets qui lui tiennent à cœur et assurent sa popularité, comme l'Opération Pièces jaunes, que Niquet parvient à faire parrainer par le judoka David Douillet, puis elle crée - malgré le refus de Laurence - la Maison de Solenn[4] en faveur des jeunes victimes de l'anorexie mentale.

La revanche vient en avril 2002. Peu avant la réélection de Jacques Chirac, Bernadette avait été la seule à lui prédire un face-à-face avec Jean-Marie Le Pen au second tour. Stupeur face aux évènements et reconnaissance enfin de sa clairvoyance. Cette élection est l'occasion de mesurer le chemin parcouru : pour la célébration de la victoire, elle paraît désormais au balcon aux côtés de son mari et tous la félicitent au même degré que lui, mais lorsqu'il lui intime encore l'ordre de se taire au beau milieu du discours qu'elle fait à la demande de tous, elle obéit les larmes aux yeux.

Les affaires judiciaires qui éclatent et menacent son époux, puis l'accident cérébro-vasculaire qu'il subit, donnent enfin à Bernadette sa pleine dimension politique, mais aussi familiale puisque leur fille Claude se réconcilie avec elle, reconnaissant sa force. Et c'est la Première Dame qui imposera, à un Jacques Chirac affaibli, le soutien à l'élection présidentielle de Nicolas Sarkozy en avril 2007, garantie d'appui face à la menace judiciaire.

Conclusion du chœur : « Et le TGV ? Il n'est jamais arrivé à Brive ».

Fiche technique[modifier | modifier le code]

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Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

En , il est annoncé que Catherine Deneuve va incarner Bernadette Chirac dans un film biographique intitulé La Tortue[5]. Ce titre serait une référence à la façon dont Jacques Chirac surnommait parfois son épouse, qu'il lui arrivait de trouver « un peu trop à la traîne »[6]. Il s'agit du premier long métrage réalisé par Léa Domenach. Celle-ci explique ainsi le choix du sujet :

Bernadette Chirac, c'est une figure de mon enfance. Je suis née sous Mitterrand, j’ai donc grandi avec les Guignols de l'info et cette image de mégère, maltraitée et humiliée au fil de sketchs qui, aujourd’hui, paraissent incroyablement misogynes. Pour autant, je ne me suis jamais vraiment intéressé à sa vie… jusqu’à ce que je tombe un peu par hasard sur le documentaire Bernadette, Mémoires d'une femme libre, réalisé par Anne Barrère qui avait été sa conseillère en communication. (...) Je me suis aperçue qu’au fond je connaissais mal sa vie. Ce que représentait d'être une femme de cette époque- là et dans un milieu bourgeois qui n’aspirait au départ qu'à faire un beau mariage avant d’avoir envie de beaucoup plus. Ainsi que la manière dont elle est passée de l'ombre à la lumière. J’ai donc redécouvert cette femme qui m'avait toujours semblé un peu aigrie, un peu ringarde mais qui, au fond, s’en prenait plein la gueule en silence. Je n’ai pas son âge, je suis de gauche, féministe, d’un milieu social différent. Mais ça m’a parlé. Et je me suis dit que si ça me parlait à moi, ça pouvait parler à d’autres."[7]

Le tournage dure environ deux mois au printemps 2022 : il débute fin avril[8] et se termine le 28 juin. Une première photographie est dévoilée en juin, lors du dernier mois de tournage[9].

Les prises de vues sont en partie réalisées dans le département de la Marne, notamment à Reims (complexe René-Tys), Châlons-en-Champagne, Ville-en-Selve et Épernay[10],[11],[12].

Si le style est satirique et si les personnages sont volontiers tournés en ridicule à l'exception de Bernadette et Laurence, la trame des évènements est globalement conforme à l'histoire de cette double présidence de Jacques Chirac.

Sortie et accueil[modifier | modifier le code]

Famille Chirac[modifier | modifier le code]

Dès l'annonce du projet, Claude Chirac déclare qu'elle n'a pas été contactée par l'équipe responsable du film[9],[6],[13].

Critique[modifier | modifier le code]

Sur le site AlloCiné, qui recense 30 critiques de presse, le film obtient la note moyenne de 3,45[14]. Du coté des avis positifs, Caroline Vié de 20 Minutes écrit notamment « Catherine Deneuve est tordante dans le rôle-titre face à un Michel Vuillermoz à son meilleur ». Jérôme Garcin de L'Obs souligne lui aussi la prestation de l'actrice : « dans le rôle de la rebelle pète-sec en tailleur fashion et de la dame convenable inconvenante, Catherine Deneuve est formidable ». Dans Le Dauphiné libéré, Nathalie Chifflet vante la réalisation : « Léa Domenach, dont c’est le premier long-métrage, s’amuse, simplifie, grossit le trait, mais toujours avec respect, le souci d’une fantaisie sur le réel irrévérencieuse et décalée. Effleure sa tendresse pour Bernadette, qui est très chouette[14]. »

Du côté des avis négatifs, Camille Nevers écrit notamment « l'intérêt de cette pochade réalisée avec une imperturbable mollesse par Léa Domenach [...] tient à ce qu’elle soit le rare spécimen de son époque : on tient le premier film officiellement macroniste. » Jean-Marc Lalanne des Inrockuptibles compare quant à lui le film à Barbie sorti quelques mois plus tôt : « la construction scénaristique est la même, l’enrobage visuel n’est pas très éloigné (coulis chromatique pimpant et vocabulaire pubard) et la visée politique est la même : racheter au féminisme washing n’importe quelle figure “iconisable” (quelle qu’en fût au préalable la teneur aliénante ou réactionnaire). » Pour Thomas Fouet des Fiches du cinéma, le film est une « Molle comédie qui se voudrait à la fois apolitique et féministe » et « ne brille que par Deneuve - la seule et unique Première Dame de France. » Dans Le Parisien, on peut notamment lire « Sur le fond, Bernadette brosse le portrait d’une première dame humiliée, cocue, indésirable. À un moment, on se dit que la comédie va nous raconter “la revanche d’une blonde”. Mais il ne parvient pas à nous convaincre que la “blonde” s’est vengée. Et ce film, bien que sympathique, ne lui rend pas vraiment justice[14]. »

Box-office[modifier | modifier le code]

Le film débute à la première place du Box-office France 2023 avec plus de 267 000 entrées[15]. Il s'agissait alors du treizième meilleur démarrage pour un film en 2023.

Semaine* Entrées Place au box-office hebdomadaire Total
1 267 041 N°1[16] 267 041
2 182 928 N°5 449 969
3 165 037 N°7 615 006
4 112 451 N°11 728 345
5 42 851 N°19 771 196
6 14 086 à confirmer 785 282
7 8 500 à confirmer 793 782
8 5 300 à confirmer 799 082
9 3 000 à confirmer 802 082
10 277 à confirmer 802 359 [17]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Catherine Deneuve en "Bernadette" : la bande-annonce de la comédie sur l'ex-première dame dévoilée », sur Franceinfo, (consulté le )
  2. Référence à la fable de Jean de La Fontaine, Le Lièvre et la Tortue, soulignée par le témoignage d'un ami de longue date du couple Chirac : le Marquis de Breteuil [1] Pour Henri-François de Breteuil, « cette femme intelligente, qui a fait Sciences Po également — c’est là-bas qu’elle a rencontré son futur époux —, illustre bien la fable de La Fontaine, Le lièvre et la tortue ». « Jacques Chirac l’affublait de ce surnom et elle a d’ailleurs une belle collection de tortues provenant du monde entier ! Mais on connaît la fin de la fable. Patiemment, elle s’est forgé son propre destin. »
  3. Cet animal[2] rappelle le surnom affectueux, mais aussi moqueur donné par Jacques Chirac à son épouse. D'où le titre ("Bernadette Chirac : la revanche d'une tortue") d'un article du quotidien régional du Sud-Ouest La Dépêche du 03/03/2019 qui présente une biographie de Bernadette Chirac par Erwan l'Eléouet : Bernadette Chirac Les secrets d'une conquête, Fayard (2019)
    Extrait de l'article de Christelle Bertrand : "Cela fait bien longtemps que Bernadette Chirac n'a pas foulé le sol corrézien. Cinq heures de route, ça n'est pas rien pour une dame désormais fragile. Mais ce 8 juin 2018, le maire de Brive inaugure une avenue Jacques et Bernadette Chirac. L'ancienne Première Dame ne pouvait rater ça. Un tel symbole. Leurs deux noms enfin gravés. Une plaque qui marque la victoire. Celle d'une tortue qui a rattrapé le lièvre. C'est cette histoire qu'Erwan L'Eléouet a décidé de raconter dans une biographie sortie mercredi."
  4. Du nom de Solenn, fille de Patrick Poivre d'Arvor, elle aussi atteinte de cette maladie létale, maison d'accueil spécialisée dans les soins aux jeunes anorexiques en raison des problèmes de santé de Laurence. "
  5. <« Cette célèbre actrice va jouer Bernadette Chirac au cinéma ! », sur Allociné, (consulté le )
  6. a et b « Biopic de Bernadette Chirac : pourquoi le projet agace sa fille Claude », sur Femme actuelle, (consulté le )
  7. Léa Domenach : "J’ai fait Bernadette pour venger Bernadette Chirac !" article de Thierry Cheze dans Première (4 octobre 2023)
  8. « Catherine Deneuve : Dans la peau de Bernadette », sur Public, (consulté le )
  9. a et b « Les premières photos de Catherine Deneuve dans la peau de Bernadette Chirac », sur Le Figaro, (consulté le )
  10. « Le tournage de La Tortue avec Catherine Deneuve s’est poursuivi à la gare d’Epernay », sur L'Union, (consulté le )
  11. « Épernay/Reims : ce que l’on sait du tournage avec Catherine Deneuve », sur L'Union, (consulté le )
  12. « Un long-métrage tourné dans l’hôtel de ville de Châlons », sur L'Union, (consulté le )
  13. « Ce que l’on sait sur le biopic sur Bernadette Chirac avec Catherine Deneuve - Elle », sur elle.fr, (consulté le )
  14. a b et c « Critiques presse Bernadette », sur AlloCiné (consulté le )
  15. « Box-Office : Débuts prometteurs pour "Bernadette" et "Le règne animal", flops confirmés pour Luc Besson et Woody Allen », sur ozap.com, (consulté le )
  16. « Box-office : “Bernadette” élu au premier tour, “Le Règne animal” déploie ses ailes », sur www.telerama.fr, (consulté le )
  17. « Bernadette - Box Office France », sur Allociné, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]