Benoît (évêque de Cornouaille)

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Benoît
Biographie
Naissance après 1046
Décès
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Cornouaille

Benoît (ou Binidic) né après 1046 et mort en 1113, est évêque de Cornouaille (ou de Quimper) de 1064 à 1113. Évêque très jeune, fils de l'évêque Orscand et d'Onwen, petit-fils d'évêque, membre du lignage comtal de Cornouaille, il est un exemple d'ecclésiastique d'avant la réforme grégorienne, dont le lignage contrôle la vie religieuse quimpéroise. Il utilise une titulature nouvelle et curieuse. Il est le dernier de sa dynastie épiscopale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Un lignage épiscopal et comtal[modifier | modifier le code]

Benoît est le fils d'Orscand, évêque de Cornouaille et de son épouse Onwen fille de Rivelen de Crozon[1],[Qu 1]. Il a un frère cadet, Guegon et un autre frère ou une sœur, qui donne naissance à Salomon. Contrairement à son père, Benoît ne se marie pas[Qu 1].

Benoît est nommé comme son grand-père paternel, Benoît évêque et comte de Cornouaille. Rivelen de Crozon, son grand-père maternel, est un proche du lignage comtal[Qu 2]. Le frère et le neveu de Benoît, Guegon et Salomon, occupent des fonctions importantes dans le chapitre de Quimper : Guegon en devient doyen vers 1091 et Salomon archidiacre[Qu 3]. La vie religieuse quimpéroise est donc contrôlée par ce lignage[2]. À la même époque, d'autres dynasties épiscopales se développent ailleurs en Bretagne, comme à Nantes ou à Rennes[3].

Chapiteau roman de la cathédrale de Quimper. Dernier quart du XIe siècle. Dessin de Louis Le Guennec (1920).

En 1050, le père de Benoît, Orscand, se rend au synode de Verceil, où il doit répondre, face au pape Léon IX, des accusations de simonie et de résistance à l'autorité de l'archevêque de Tours[Qu 4]. Il effectue ce voyage accompagné de sa belle-sœur Judith, la femme d'Alain Canhiart et son envoyée, jugée apte à défendre Orscand[4]. Le risque n'est pas négligeable, puisque l'année précédente, en 1049, le pape a déposé l'évêque de Nantes Budic, fils d'évêque, pour simonie[5],[3]. En échange de sa soumission au pape, Orscand obtient de conserver son siège épiscopal et de pouvoir le transmettre à Benoît[Qu 4].

Vers 1063/1064, Orscand et Onwen prient saint Corentin de guérir leur fils Benoît, gravement malade. On voit ainsi qu'ils mesurent très mal leur situation canonique très douteuse, un évêque marié auquel il est prévu que succède son fils[Qu 5]. Benoît succède à son père en 1064[1]. Né après 1046, Benoît est alors jeune. On ne connaît pas l'organisation de cette transmission du pouvoir[Qu 2].

L'évêque Benoît[modifier | modifier le code]

A cette époque, deux mots latins différents sont utilisés pour désigner la Cornouaille : Cornubia, utilisé par le fondateur du lignage, Benoît, comte et évêque, qui semble avoir une signification plutôt politique et Cornugallia, qu'on retrouve dans la titulature de son fils Orscand, mot sans doute plus attaché à une autorité religieuse[Qu 6]. Le troisième évêque du lignage, Benoît, utilise une nouvelle titulature, episcopus Corisopitensis, peut-être déjà utilisée par son père Orscand à la fin de sa vie[Qu 4], dont l'acception a donné lieu à débat et qui ne signifie ni évêque de Cornouaille (épiscopus Cornugallie) ni évêque de Quimper[6],[7]. Cette titulature provient vraisemblablement d'une reprise volontaire d'une mauvaise graphie de civitas Coriosolitum, cité des Coriosolites, qui permet de conférer à Quimper, faussement, une origine antique[8]. On peut retenir que l'évêque de Quimper utilise alors une dénomination ethnique, comme à Nantes ou à Vannes[Qu 4].

On peut déceler pendant son épiscopat quelques prémices de réforme, comme la création de paroisses nouvelles et d'un prieuré donné à l'abbaye Saint-Sauveur de Redon[Qu 7]. Il dédicace l'église Saint-Gurthiern de Groix[9]. Pendant son long épiscopat, Benoît semble attaché à la discipline ecclésiastique[10].

La fin de l'épiscopat de Benoît, en 1113, marque une rupture importante : son successeur, Robert, n'est pas un membre du lignage comtal et épiscopal de Cornouaille. C'est la fin de la domination de ce lignage sur l'évêché[Qu 8].

Références[modifier | modifier le code]

  • Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle. Mémoire, pouvoirs, noblesse, Rennes, Presses Universitaires de Rennes - Société archéologique du Finistère, coll. « Histoire », , 517 p. (ISBN 2-86847-743-7).
  1. a et b Quaghebeur 2002, p. 49-50.
  2. a et b Quaghebeur 2002, p. 131-135.
  3. Quaghebeur 2002, p. 315-316.
  4. a b c et d Quaghebeur 2002, p. 180-182.
  5. Quaghebeur 2002, p. 199
  6. Quaghebeur 2002, p. 179-180.
  7. Quaghebeur 2002, p. 346.
  8. Quaghebeur 2002, p. 284-286.
  • Autres références
  1. a et b Henri Waquet, « Benoît III », dans A. de Meyer, Étienne van Cauwanbergh (dir.), Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 8, Paris, Letouzey et Ané, , 1520 p. (lire en ligne), p. 204-205
  2. Joëlle Quaghebeur, « Stratégie lignagère et pouvoir politique en Cornouaille au XIe siècle », Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, vol. 68,‎ , p. 5-18 (lire en ligne).
  3. a et b Guy Devailly, « Les grandes familles et l'épiscopat dans l'ouest de la France et les Pays de la Loire », Cahiers de Civilisation Médiévale, vol. 27, no 105,‎ , p. 49–55 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Joëlle Quaghebeur, « Judith de Nantes, très pieuse, très noble, très sage comtesse de Cornouaille », dans Louis Lemoine et Bernard Merdrignac (dir.), Corona Monastica. Moines bretons de Landévennec : histoire et mémoire celtiques. Mélanges offerts au père Marc Simon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-0028-0, DOI 10.4000/books.pur.20174, lire en ligne), p. 279–287.
  5. Barthélemy Pocquet du Haut-Jussé, « Les prodromes de la réforme grégorienne en Bretagne », Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques, vol. 2,‎ , p. 871-893 (lire en ligne).
  6. Henri Waquet, « Encore quelques réflexions sur Coriosopitum et Coriosolitum », Annales de Bretagne, vol. 52, no 1,‎ , p. 55–59 (ISSN 0003-391X, DOI 10.3406/abpo.1945.1832, lire en ligne, consulté le ).
  7. Henri Waquet et François Merlet, « Considérations sur un adjectif (episcopus corisoptentis) », Bulletin de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, vol. 32,‎ , p. 7-14 (lire en ligne).
  8. Florian Mazel, L'évêque et le territoire. L'invention médiévale de l'espace (Ve – XIIIe siècle), Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », , 541 p. (ISBN 978-2-02-118310-8), p. 39-40.
  9. Bernard Tanguy, « De la Vie de saint Cadoc à celle de saint Gurtiern », Études Celtiques, vol. 26, no 1,‎ , p. 159–185 (ISSN 0373-1928, DOI 10.3406/ecelt.1989.1909, lire en ligne, consulté le ).
  10. André-Yves Bourgès, « Propagande ducale, réforme grégorienne et renouveau monastique : la production hagiographique en Bretagne sous les ducs de la maison de Cornouaille », dans Sylvain Soleil, Joëlle Quaghebeur (dir.)., Le pouvoir et la foi au Moyen Âge en Bretagne et dans l'Europe de l'Ouest : Mélanges en mémoire du professeur Hubert Guillotel, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 750 p. (ISBN 978-2-7535-1090-6, lire en ligne), p. 145–166.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]