Belliqueux (1756)

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Belliqueux
illustration de Belliqueux (1756)
Un vaisseau de 64 canons du même type que le Belliqueux

Autres noms HMS Belliqueux
Type Vaisseau de ligne de 64 canons
Vaisseau de troisième rang
Histoire
A servi dans Pavillon de la marine royale française Marine royale française (1751-1758)
 Royal Navy (juin 1759-1772)
Chantier naval Arsenal de Toulon
Quille posée Septembre 1755
Lancement Juillet 1756
Armé Décembre 1756[1]
Statut Capturé la 28 février 1758, par la Royal Navy
Acquis sur ordre de l'Amirauté le 6 décembre 1758
Démantelé le 1 septembre 1772
Équipage
Équipage 640 hommes environ[N 1]
Caractéristiques techniques
Longueur 157,8 pieds (48,09744 m)
Maître-bau 44,8 pieds (13,65504 m)
Tirant d'eau 19,8 pieds (6,03504 m)
Tonnage 1394 bm
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Blindage Plaques de cuivre
Armement 64 canons[3]
Carrière
Port d'attache Port militaire de Toulon
Portsmouth

Le Belliqueux est un vaisseau de ligne de 64 canons de la Marine royale lancé à Toulon en 1756. Il participe à deux missions vers le Canada pendant la guerre de Sept Ans. Capturé en 1758, il sert dans la marine anglaise jusqu'en 1772.

Caractéristiques principales[modifier | modifier le code]

Le Belliqueux est un bâtiment moyennement artillé mis sur cale selon les normes définies dans les années 1730-1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires[4]. Il fait partie de la catégorie des vaisseaux dite de « 64 canons » dont le premier exemplaire est lancé en 1735 et qui sera suivi par plusieurs dizaines d’autres jusqu’à la fin des années 1770, époque où ils seront définitivement surclassés par les « 74 canons[N 2]. »

Sa coque est en chêne, son gréement en pin, ses voiles et cordages en chanvre[6]. Il est moins puissant que les vaisseaux de 74 canons car outre qu'il emporte moins d'artillerie, celle-ci est aussi pour partie de plus faible calibre, soit :

Cette artillerie correspond à l’armement habituel des 64 canons. Lorsqu'elle tire, elle peut délivrer une bordée pesant 540 livres (soit à peu près 265 kg) et le double si le vaisseau fait feu simultanément sur les deux bords[8]. Chaque canon dispose en réserve d’à peu près 50 à 60 boulets, sans compter les boulets ramés et les grappes de mitraille[6].

Pour nourrir les centaines d’hommes qui compose son équipage, c’est aussi un gros transporteur qui doit avoir pour deux à trois mois d'autonomie en eau douce et cinq à six mois pour la nourriture[9]. C'est ainsi qu'il embarque des dizaines de tonnes d’eau, de vin, d’huile, de vinaigre, de farine, de biscuit, de fromage, de viande et de poisson salé, de fruits et de légumes secs, de condiments, de fromage, et même du bétail sur pied destiné à être abattu au fur et à mesure de la campagne[9].

La carrière du vaisseau[modifier | modifier le code]

Le Belliqueux est mis en service alors que la France et l'Angleterre sont en guerre depuis deux ans. En 1757, il fait partie de l'escadre de neuf vaisseaux de Dubois de La Motte qui part défendre l'île Royale (actuelle île du Cap-Breton), porte d'entrée du Canada français[10]. Il arrive à Louisbourg le 19 juin où se forme peu à peu, avec l'arrivée de deux autres forces, une grosse concentration navale qui met la place à l’abri d'une attaque anglaise. Cette mission achevée, il reprend la route de la France à l'automne. Il est victime, comme le reste de l'escadre, de l'épidémie de typhus qui contamine Brest au retour de l'expédition et dévaste la ville.

Le 2 mai 1758, sous les ordres de René-Roland de Martel, le Belliqueux appareille de l'île d'Aix dans la division de Du Chaffault (cinq vaisseaux, trois frégates) pour transporter des troupes pour la Canada[11]. La traversée de l'Atlantique effectuée, Du Chaffault doit mouiller à Port-Dauphin sur l'île Royale car le port de Louisbourg est bloqué par une escadre britanniques très supérieure, et débarque les troupes dans la baie Sainte-Anne. Il passe ensuite à Québec[12]. Ce secours tardif n'ayant pu empêcher Louisbourg de tomber entre les mains des Britanniques, Du Chaffault appareille le 9 septembre pour rentrer en France[12].

Le 27 octobre, à 66 milles environ Nord-Nord-Ouest d'Ouessant, il tombe sur les neuf vaisseaux de l'escadre de Boscawen. Malgré son infériorité numérique, il réussit à les tenir à distance, mais la division française doit se séparer. Le Belliqueux s'égare jusque dans le canal de Bristol en mer d'Irlande alors qu'il n'a plus de vivres[12]. Son commandant, Monsieur de Martel, a la naïveté de se présenter à Bristol en parlementaire pour s'y ravitailler. Il est capturé le 8 novembre 1758 par l'Antelope de Thomas Saumarez avec tout son équipage sans avoir tiré le moindre coup de feu[12]. Le ministre de la marine, Berryer, fait rayer de Martel de la liste des officiers.

Le Belliqueux est l'un des trente-sept vaisseaux perdus par la France pendant la guerre de Sept Ans[13]. Le bâtiment est intégré à la Royal Navy comme vaisseau de troisième rang sous le nom de HMS Belliqueux[3]. Il est détruit le 2 septembre 1772.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat, de manque de matelots à l'embarquement ou des désertions lors des escales[2].
  2. Les 74 canons en sont par ailleurs un prolongement technique apparu neuf ans après le lancement du premier 64 canons, le Borée[5],[4]. Sur la chronologie des lancements et les séries de bâtiments, voir aussi la liste des vaisseaux français.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Le Belliqueux », sur threedecks.org (consulté le ).
  2. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
  3. a et b Lavery 2003, p. 178
  4. a et b Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
  5. Acerra et Zysberg 1997, p. 67.
  6. a et b Acerra et Zysberg 1997, p. 107 à 119.
  7. Ronald Deschênes, « Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1780 du troisième rang », sur le site de l'association de généalogie d’Haïti (consulté le ).
  8. Selon les normes du temps, le navire, en combattant en ligne de file, ne tire que sur un seul bord. Il ne tire sur les deux bords que s'il est encerclé ou s'il cherche à traverser le dispositif ennemi. Base de calcul : 1 livre = 0,489 kg.
  9. a et b Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
  10. Lacour-Gayet 1910, p. 530.
  11. Les autres vaisseaux sont le Le Dragon, 64 canons, Le Sphinx (64, mais armé en flûte), Le Hardi (64, mais armé en flûte), et Le Brillant (56 venant de la Compagnie des Indes) plus quelques frégates et navires de charge. Lacour-Gayet 1910, p. 532.
  12. a b c et d Lacour-Gayet 1910, p. 385-387.
  13. Dans le détail : dix-huit vaisseaux pris par l'ennemi ; dix-neuf vaisseaux brûlés ou perdus par naufrage. Vergé-Franceschi 2002, p. 1327.

Sources[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Brian Lavery, The Ship of the Line : The development of the battlefleet 1650-1850, vol. 1, Conway Maritime Press, (ISBN 0-85177-252-8). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Michael Phillips, « Belliqueux (64) (1758) », sur Michael Phillips' Ships of the Old Navy, (consulté le ).
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française, Rennes, éditions Ouest-France, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 2, Paris, Challamel aîné, , 469 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, (1re éd. 1902) (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]