Ibrahim Niasse

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Baye Niass
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Le cheikh Al-Islam El hadji Ibrahim ibn El hadji Abdoulaye Niasse, né en 1900 (jour inconnu) à Taïba Niassène et mort le à Londres, est un savant, maître soufi sénégalais, ainsi qu'un khalife de la confrérie Tijaniyya.

Biographie[modifier | modifier le code]

La position stratégique de Kaolack (centre du Sénégal) et les relations suivies de son père, Abdoulaye Niasse, avec les lettrés du Sénégal, de la Mauritanie et l’Afrique du Nord font de sa maison paternelle un endroit privilégié où le jeune Ibrahim étudie non seulement les sciences religieuses (exégèse, jurisprudence, théologie, grammaire arabe, rhétorique, métrique, biographie du Prophète, etc.) mais également acquiert un goût prononcé pour le mysticisme musulman.

Son premier ouvrage Rûh al adab, écrit à l’âge de 21 ans (Ibrahim Niasse écrit à la fin de son ouvrage lorsqu'il avait 21 ans quand il rédigea son œuvre), ainsi qu'un traité soufie et de la voie tidjane intitulé "Kâshif al ilbas" en 1930. Ses ouvrages purent témoigner de ses connaissances ésotériques d'acquisition précoce.

À la mort de son père, en 1922, son frère aîné Mouhammad (Khalifa) prend en charge la communauté des « Niassènes » et Ibrahim enseigne dans les écoles coraniques de son père de Taïba, Kossi et Kaolack. Son érudition et sa piété lui attirent très vite de nombreux adeptes. Dès 1930, il se proclame héritier spirituel de Ahmed Tijani et obtient l’allégeance massive des disciples de son père ainsi que celle de nombreux cheikhs maures qu’il initie à la Tarbiyya (initiation mystique) dont le but est de parvenir à la maarifa (gnose), initiation qui marque la spécificité de sa branche de la Tijaniyya.

Toutefois son audience reste limitée jusqu’en 1937, année où il effectue son premier pèlerinage à la Mecque et y rencontre l’émir de Kano (nord du Nigeria), Abdoulahi Bayero qui renouvelle son affiliation à la Tijaniyya auprès de lui et l’invite à Kano. Il y obtient l’adhésion de la majorité des oulémas de la Tijaniyya qui, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, se font les moteurs de l’expansion de son mouvement dans toute l’Afrique de l’Ouest. À la mort de l’émir Abdoulahi Bayero en 1953, son fils Mouhamed Sanuss lui succède et renforce ses liens avec Ibrahim Niasse.

À la fin des années 1960, grâce à ses appuis politiques, le zèle de ses disciples nord-nigérians, son action éducative et le zèle de son prosélytisme, il se trouve à la tête d’une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis entre le nord du Nigeria, lieu par excellence de son rayonnement, le Ghana, le Niger, le Togo, le Liberia, la Sierra Leone, le Tchad, le Cameroun, la Gambie, la Mauritanie et la région du Sine Saloum[1]. Au-delà de l’Afrique, de nos jours, on retrouve ce mouvement aux États-Unis, en Asie mais aussi dans les pays du Golfe.

Œuvres et distinctions[modifier | modifier le code]

Cheikh Ibrahim Niasse a fortement encouragé l'éducation des femmes et ses filles ont fréquenté et mémorisé le Coran au sein des mêmes écoles religieuses que les hommes. Aussi a-t-il affirmé « en matière de connaissances, les femmes devraient rivaliser avec les hommes ».

Cheikh al islam El-hadj Ibrahim Niasse

En 1960, il est élu membre du Conseil supérieur de l'Organisation du Bien-être islamique au Caire, puis membre de l'Académie de Recherches de l'Université d'Al-Azhar[2], de la communauté des érudits en islamologie et du Conseil islamique supérieur de l'Algérie.

En 1962, il est promu vice-président du Congrès mondial islamique à Karachi ; il est élu membre de la Conférence générale de l'Académie de recherches islamiques sise au Caire.

En 1966, il participe à la conférence tenue à Accra sur le thème : "Le monde sans bombe atomique".

En 1969, il prend part à l'assemblée constituante de l'Association des Universités Islamiques à Fez et en devint membre du comité exécutif.

En 1971, l'Université Al-Azhar lui attribue le titre de "Cheikh Al Islam" (Guide de l'Islam).

Il fut, par ailleurs, le premier noir africain à présider la prière dans la prestigieuse mosquée d'Al-Azhar.

Comme diplomate sénégalais, Baye Niass rencontre de grandes figures politiques telles que Gamal Abdel Nasser, président de l’Égypte et le panafricaniste Kwamé Nkrumah avec qui, il était très lié ou encore Zhou Enlai. Baye Niass défendait la cause africaine sur les plus grandes tribunes du pays.

S'étant fait une renommée résultant de vastes connaissances religieuses, historiques, culturelles, scientifiques, philosophiques, etc... Baye Niass s'est ainsi fait remarquer à l'occasion de tous ses voyages dans divers pays comme le Nigéria, l'Arabie Saoudite, la Chine, le Ghana, le Maroc, l'Égypte, la France, l'Angleterre, la Belgique, l'Indonésie, le Pakistan...

Ibrahima Niasse est rappelé à Dieu au St Thomas' Hospital de Londres le samedi à l'âge de 75 ans.

Généalogie[modifier | modifier le code]

Dans l'introduction de son éloge panégyrique sur Mahomet, imprimé pour la première fois à Ibadan au Nigeria, Baye Niass décrit sa lignée :

  1. fils de Abdallah
  2. fils de Seyyidi Muhammad
  3. fils de Mademba
  4. fils de Bakary
  5. fils de Muhammad Al Amin
  6. fils de Demba
  7. fils de Rida
  8. fils de Chamsou Dine Missina
  9. fils de Ahmad
  10. fils de Abiboullah
  11. fils de Baba
  12. fils de Ibrahima
  13. fils de As-Siddiq
  14. fils de Ibn Naafiah
  15. fils de Qays
  16. fils de 'Aqil
  17. fils de Amr.

Œuvre littéraire[modifier | modifier le code]

  • Rouhoul Adab, écrit à l'âge de 21 ans
  • Noujoumoul Houda, panégyrique sur Mahomet.
  • Tanbihoul Azkiyya, panégyrique sur Ahmed Tijane.
  • Rafhoul Malam, invitation à prier avec les mains sur la poitrine.
  • Dawawina Sitta, recueil de six diwans sur l'éloge à Mahomet, de Ahmed Tijan, de ses muqaddams, conseils et énigmes soufis destinés aux disciples.
  • Djamihoul Djawamihou , recueil de poèmes pareils au précédent sur l'éloge à Mahomet, de Ahmed Tijane, conseils et énigmes soufis destinés aux disciples.
  • Rihlatoul Konakri, poème sur son voyage à travers la sous-région : Guinée, Sierra Leone, Liberia, Ghana, Nigeria pour propager l'islam tidjane.
  • Djawahirou assa'il, missives, réponses à des correspondances, explications de certains versets, hadiths et paroles soufies, litanies.
  • Sirou Akbar (« le plus grand secret ») un des livres les plus ésotériques de Baye Niass.
  • Seyroul Qalb, dernier poème écrit par Baye Niass.
  • Kâchiful Albâs 'An Faydatil Khatmi Abil Abbas, ouvrage résumant la doctrine de la Tijaniya et la philosophie soufie dans son ensemble.
  • L'Afrique aux Africains

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mervyn Hiskett, Development of Islam in West Africa, p. 287, « by the end of colonial period, there is little doubt that it was by then the largest single Muslim organisation in West Africa. » (Il n’y a aucun doute que son mouvement était la plus grande organisation musulmane en Afrique de l’Ouest à la fin de la période coloniale)
  2. Harouna Amadou Ly, Biographie d'El-hadj Ibrahim Niasse, Dakar

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ar) Djibril Guèye, Cheikh Al Islam El Hadj Ibrahima Niasse le Mystique (1900-1975) ou l’école de formation spirituelle de Niassène, Dakar, Université de Dakar, 1983, 151 p.  (mémoire de maîtrise)
  • Ahmadou Mokhtar Ba, Cheikh Ibrahima Niasse, savant et homme d’action, Dakar, Université de Dakar, 1983, 85 p.  + table. (mémoire de maîtrise)