Aller au contenu

Battir

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Battir
(ar) بتير
Battir
Vue du village et des terrasses en 2023.
Administration
Pays Drapeau de la Palestine Palestine
Territoires palestiniens occupés Cisjordanie
Maire Akram Bader
Démographie
Population 3 967 hab. (2007)
Géographie
Coordonnées 31° 43′ 29″ nord, 35° 08′ 12″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Palestine
Voir sur la carte administrative de Palestine
Battir

Battir (en arabe بتير) est un village de Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés, bâti sur le site de l'ancienne Betar. Le village est situé à 5 km à l'ouest de Bethléem et au sud-ouest de Jérusalem.

Le site est occupé depuis l'âge du fer et c'est le lieu de la dernière bataille de la révolte de Bar Kokhba en 135. Le site est habité durant les périodes byzantines et ottomanes, et à l'époque du mandat britannique les habitants en sont enregistrés comme des musulmans.

Battir est situé à proximité de la ligne de chemin de fer de Jaffa à Jérusalem, qui a servi de ligne d'armistice entre Israël et la Jordanie de 1949 jusqu'à la guerre des Six Jours, à l'issue de laquelle il a été occupé par Israël.

Battir possède une population d'environ 4 000 personnes et dépend désormais de l'Autorité palestinienne. Les terrasses cultivées et le réseau d'irrigation sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2014[1].

Préhistoire

[modifier | modifier le code]

L'archéologue David Ussishkin date la naissance du village à l'âge du fer[2].

Palestine : terre des oliviers et des vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir *
Image illustrative de l’article Battir
Terrasses antiques de Battir en 2022.
Pays Drapeau de la Palestine Palestine
Numéro
d’identification
1492
Année d’inscription (38e session)
Classement en péril 2014
Type Culturel
Critères (iv), (v)
Superficie 349 ha
Zone tampon 624 ha
Région Amérique latine et Caraïbes **
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

À l'Antiquité, le village est nommé Betar (ou Beiter). Le village actuel est bâti sur l'ancien site de Khirbet el-Yahud ( « ruines des Juifs » en arabe )[3]. Un système d'irrigation sophistiqué avait été installé à l'intérieur de fortifications. La perte de la ville de Betar, marque la fin de la révolte juive et Bar Kokhba y trouve la mort[4],[2]. À l'époque, le village contient entre mille et deux mille personnes. Le village possède encore des ruines d'un bain romain.

Après la révolte il n'y a pas de preuve d'une occupation du site.

Une mosaïque datée de la période byzantine tardive ou du début de l'époque musulmane y a été trouvée.

Époque moderne et contemporaine

[modifier | modifier le code]

Le bourg est l’un des vergers de Jérusalem. Grâce du chemin de fer construit par les Ottomans à la fin du XIXe siècle, le village exporte ses produits agricoles jusqu’à Jaffa[5].

Pendant la guerre de 1948, le village passe un accord avec Israël pour exploiter des terres de l’autre côté de la ligne de cessez-le-feu, dite « verte », tracée en 1949 entre les forces israéliennes et jordaniennes. En échange, les habitants ne doivent pas porter atteinte à la voie de communication[5].

Sous occupation israélienne depuis 1967

[modifier | modifier le code]

En 2007, pour essayer de forcer le ministère israélien de la Défense à changer le tracé de la barrière de séparation qui doit couper à travers le système d'irrigation, le village de Battir l'assigne en justice. La direction de la Nature et des Parcs israélienne, qui avait donné son accord sur le tracé en 2005, change son avis et publie un document de 13 pages disant que les terrasses de Battir forment un site historique israélien et doivent être préservées. Ce document affirme que les techniques agricoles millénaires de la région seront endommagées de manière irréversible par la construction de la barrière, quelle que soit la largeur de son emprise sur le terrain. C'est la première fois qu'une agence gouvernementale israélienne exprime son opposition à la construction de la barrière de séparation[6]. En , la haute cour de justice israélienne statue en demandant au ministère de la Défense d'expliquer pour quelles raisons le tracé de la barrière de séparation autour du village de Battir ne peut pas être annulé ou modifié, ou alors pourquoi la barrière ne peut pas être reconfigurée (« why should the route of the separation barrier in the Battir village area not be nullified or changed, and alternately why should the barrier not be reconfigured »). Le ministère de la Défense doit produire un nouveau plan avant le [7]. La colonie israélienne de Betar Illit, voisine du village, a elle aussi fait recours contre la barrière de séparation, craignant d'être empêchée d'agrandir l'implantation[8].

Afin d'empêcher toute destruction de son système d'irrigation lors de la construction de la barrière de séparation, la Palestine dépose une demande auprès de l'UNESCO pour classer Battir au patrimoine mondial [9]. En 2014, les terrasses cultivées et le réseau de canaux d’irrigation alimenté par des sources souterraines sont classés au patrimoine mondial[1] et inscrites sur la liste du patrimoine mondial en péril[10]. L'année suivante, la Cour suprême israélienne gèle le tracé du mur de séparation[5].

Le , Bezalel Smotrich, ministre israélien des finances et figure de l’extrême-droite suprémaciste, annonce vouloir « engager les procédures d’établissement » d'une nouvelle colonie, aux portes du village antique de Battir. Ce projet, baptisé Nahal Haletz, vise à relier la ville de Jérusalem au groupes de colonies du Goush Etzion, et couvre près de la moitié de la « zone centrale » du site classé par l’UNESCO, organisation dont Israël s'est retiré en 2017[5],[11].

Système d'irrigation

[modifier | modifier le code]
Les terrasses de Battir en 2015.

Battir possède un système d'irrigation unique qui utilise des terrasses artificielles et un système destiné à détourner manuellement de l'eau. Ce réseau datant de l'époque romaine est relié à sept sources qui ont alimenté le village et les champs en eau pendant 2 000 ans[12].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b « Palestine : terre des oliviers et des vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  2. a et b D. Ussishkin, Archaeological Soundings at Betar, Bar-Kochba's Last Stronghold, Tel Aviv 20, 1993, pp. 66-97.
  3. K. Singer, Pottery of the Early Roman Period from Betar, Tel Aviv 20, 1993, pp. 98-103
  4. « Tel Aviv University Institute of Archaeology », sur ac.il (consulté le ).
  5. a b c et d Samuel Forey, « En Cisjordanie occupée, Israël accélère la colonisation dans une zone classée par l’Unesco », sur Le Monde.fr, (consulté le )
  6. (en) « For first time, Israeli state agency opposes segment of West Bank separation fence », Haaretz, 13 septembre 2012
  7. (en) « Land for Peace in the Battle Over Millennia-Old Palestinian Farming Terraces », Tablet Magazine, 10 juin 2013
  8. (en) Historic Palestinian village fights Israel's separation wall, Radio France internationale, 12 mars 2013
  9. L'urgence d'inscrire le village Battir, en Palestine, candidat au Patrimoine mondial de l'Humanité, France Inter, 15 janvier 2013
  10. (en) « Liste du patrimoine mondial en péril », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  11. Louis Chahuneau, « En Cisjordanie, une famille franco-palestinienne dans le piège de la colonisation », sur France 24, (consulté le )
  12. (en) « A Palestinian Village Tries to Protect a Terraced Ancient Wonder of Agriculture », New York Times 25 juin 2012

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]