Bataille de Hannut
Date | du 12 au |
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Lieu | Hannut, Belgique |
Issue | Victoire française (première bataille chars contre chars et aviation) |
France Belgique Pays-Bas[1] |
Reich allemand |
René Prioux | Erich Hoepner |
2 divisions blindées 20 800 soldats 411 chars, 147 automitrailleuses, 104 canons dont 40 antichars, et 12 de DCA |
2 Panzerdivisions 25 927 soldats 674 chars, 112 automitrailleuses, 397 canons dont 159 antichars, et 72 de DCA 8e corps aérien en soutien |
105 chars détruits (la moitié du fait de l'action de la Luftwaffe) | 164 chars détruits et 30 chars endommagés mais réparables |
Seconde Guerre mondiale,
Bataille de France
Batailles
Coordonnées | 50° 40′ nord, 5° 05′ est | |
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La bataille de Hannut s’est déroulée pendant la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sur une ligne nord-sud de part et d’autre de la commune de Hannut ; elle opposa du 12 au 14 mai 1940 le corps de cavalerie français commandé par le général Prioux au 16e corps blindé allemand du général Hoepner.
Ce fut la bataille de chars (contre chars) la plus importante à ce moment[2] ainsi qu'une victoire française. Au total 164 chars allemands furent détruits contre 105 français[3].
Campagne précédant la bataille
Dans le cadre du plan Dyle et dans le cadre plus général de la manœuvre Dyle-Bréda qui visait à atteindre au plus vite les Pays-Bas, le corps de cavalerie du général Prioux devait couvrir les troupes françaises montant vers le nord en se portant au-devant des Allemands pour combler le vide stratégique autour de Hannut et de Crehen. C'est en effet là que les blindés allemands devaient passer car il n'y avait pas d'obstacle naturel hormis la Petite Gette, un ruisseau que la 3e DLM défend, avec notamment le 11e régiment de dragons portés, soutenu par les 1er (de Vernejoul) et 2e (Touzet du Vigier) régiments de cuirassiers.
Les troupes belges doivent d'abord défendre le canal Albert, puis battre en retraite pour se positionner au nord-ouest du corps de cavalerie, le long de la ligne KW. Cette ligne, qui était constituée de blockhaus, de barrages routiers et de barrières Cointet, s'étendait d'Anvers à Wavre.
Forces en présence
Le corps de cavalerie français affronte frontalement le 16e corps allemand. Les unités voisines n’interviennent pas dans les combats.
Corps de cavalerie
Le corps de cavalerie français comprend deux divisions légères mécanisées (DLM), regroupant chacune deux brigades légères mécanisées, l’une avec deux régiments de chars (40 chars moyens et 40 chars légers chacun) et l’autre avec un régiment de découverte (automitrailleuses) et un régiment de dragons portés[4] :
- 2e DLM (général Bougrain), subdivisée en deux brigades, la 3e BLM (regroupant les chars) et la 4e BLM (reconnaissance et infanterie) :
- 13e régiment de dragons (40 chars Somua et 40 chars Hotchkiss) ;
- 29e régiment de dragons (40 chars Somua et 40 chars Hotchkiss) ;
- 8e régiment de cuirassiers (colonel Morio : découverte sur AMD) ;
- 1er régiment de dragons portés (colonel de Bellefon : infanterie) ;
- 71e régiment d'artillerie tout terrain (deux groupes de 75 mm et un de 105 mm) ;
- 3e DLM (général Langlois) subdivisée en deux brigades, la 5e BLM (général de La Font, regroupant les chars) et la 6e BLM (colonel des Loges, regroupant reconnaissance et infanterie) :
- 1er régiment de cuirassiers (lieutenant-colonel de Vernejoul : 40 chars Somua et 40 chars Hotchkiss) ;
- 2e régiment de cuirassiers (lieutenant-colonel Touzet du Vigier : 40 chars Somua et 40 chars Hotchkiss) ;
- 12e régiment de cuirassiers (colonel Leyer, futur chef d’état-major : découverte) ;
- 11e régiment de dragons portés (colonel Revouy : infanterie) ;
- 76e régiment d'artillerie tout terrain (deux groupes de 75 mm et un de 105 mm)[5].
Ces deux unités, créées en 1937 et 1940, sont puissantes, rapides et bien entraînées. Adaptées au combat moderne, elles sont parmi les meilleures unités de l’armée française[6], bien que manquant de moyens antiaériens. Chaque division dispose en plus de 16 chars de réserve[6]. Ce corps de cavalerie est envoyé pour couvrir à partir du 10 mai dans la plaine belge le déploiement des forces franco-belgo-britanniques par Gamelin, généralissime des armées françaises. Sa mission est de retarder jusqu’au matin (jusqu’au soir initialement) du 14 mai l’avancée allemande[4].
XVI. Armee-Korps (mot.)
Le 16e corps allemand (XVI. Armee-Korps (mot.) en allemand) lui est opposé. Il comprend les 3e et 4e divisions blindées (Panzerdivisionen). Bien entraînées, elles utilisent au maximum leur matériel, constitué de Panzers I, II, III et IV, moins puissants (sauf le Panzer IV) mais plus rapides que les chars français ; le partage des tâches entre les membres de l’équipage de chaque char était aussi beaucoup mieux pensé que dans les chars français[7].
Déroulement
La bataille de Hannut et celle de Gembloux sont liées. Elles entrent dans la stratégie visant à arrêter l'offensive allemande en Belgique.
Le général Prioux exploite les coupures de la Méhaigne et de la petite Gette. Dès le 11 mai, la retraite des forces belges percées sur le canal Albert a exposé le flanc gauche du corps français, qui combat en reculant[6]. Les Belges, positionnés au nord-ouest, couvrent les blindés du général Prioux.
Les combats débutent le 12 mai entre la 3e DLM et la 4. PzD (général Stever) suivie par la 3. PzD (général Stumpff)[6], soutenue par le VIII. Fliegerkorps de von Richtofen. Le Panzer-Regiment 35 (colonel Eberbach) de la 4. Panzer-Division fait reculer le 12e cuirassiers, qui s’efface. Le 11e dragons portés, soutenu par le 1er cuirassiers, résiste alors efficacement, et la 3e DLM ne recule, en bon ordre, que le soir, de cinq à sept kilomètres[8].
Le 13 mai, la 2e DLM attaque la 3. PzD, mais cette offensive est repoussée par les 88 mm antiaériens allemands, utilisés en antichars[8]. La progression de la 3. PzD, au nord, menace de tourner la 3e DLM, qui doit reculer l’après-midi, malgré la résistance des 1er et 2e cuirassiers[9]. Le recul est plus important que la veille : 10 à 15 km, Hoepner n’exploitant pas celui-ci à cause de problèmes logistiques de ravitaillement en carburant.
Le 14 mai, les deux divisions françaises continuent leur recul en combattant, sans céder réellement à la pression allemande, se repliant derrière la ligne Dyle-Namur, par la trouée de Gembloux, comme prévu dans les plans[10].
La totalité des chars allemands participe aux combats ; seuls 239 chars français sont engagés[6].
Bilan de la bataille
Bien que forcé au recul et ne pouvant engager toutes ses forces (dans l’ignorance des effectifs face à lui), le corps de cavalerie remplit sa mission retardatrice. La Wehrmacht exploite beaucoup le couple avion-char, soutenu par une artillerie supérieure.
Cette bataille prouve les qualités au combat de chars français comme le Somua S-35 face aux Panzers allemands plus légers. Par la tactique employée (concentration des chars plutôt que la dispersion), la bataille de Hannut montre une bonne connaissance des nouvelles tactiques d'utilisation des blindés en campagne par le général Prioux, ce qui est une situation exceptionnelle dans la campagne de France[6].
Avec la bataille de Flavion, au sud-est de la Belgique, menée par les chars du général Bruneau contre ceux du général Hoth, les batailles de Hannut et de Gembloux n'en forment qu'une seule qui démontre la qualité des blindés français et de leur commandement, malheureusement sans un soutien suffisant des aviations française et anglaise et sans couverture française au sud contre l'offensive allemande consécutive à la percée de Sedan qui allait entraîner la retraite générale des armées alliées et leur défaite.
Notes et références
- quelques unités d'infanterie néerlandaises battant en retraite depuis les Pays-Bas ainsi que quelques avions de l'Armée de l'air royale néerlandaise.
- Saint-Martin 2001, p. 168.
- Saint-Martin 1998, p. 277.
- Saint-Martin 2001, p. 169.
- Saint-Martin 1998, p. 326-327.
- [PDF] (en) David Lehmann, « The French Cavalery corps in 1940 », sur http://www.tarrif.net/wwii/ (consulté le ) (WWII technical database).
- Saint-Martin 2001, p. 170 et 173.
- Saint-Martin 2001, p. 171.
- Saint-Martin 2001, p. 171-172.
- Saint-Martin 2001, p. 172.
Voir aussi
Bibliographie
- René Prioux, Souvenirs de guerre, 1939-1943, Paris, Flammarion, , 273 p. (BNF 32546667).
- Roger Maudhuy, Quand les chars français battaient les panzers allemands : la bataille de Hannut, 12-14 mai 1940, Les éditions de Gérardmer, .
- Gérard Saint-Martin (préf. Pierre Messmer), L'arme blindée française, t. 1 : Mai-juin 1940 ! Les blindés français dans la tourmente, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 25), (réimpr. 2011), 365 p. (ISBN 2-7178-3617-9).
- Gérard Saint-Martin, « Le corps de cavalerie en Belgique du 10 au 14 mai 1940 : actes du colloque du 16 au 18 novembre 2000 », dans Christine Levisse-Touré (directeur de publication), La campagne de 1940, Paris, Tallandier, , p. 168-175.
- Karl-Heinz Frieser (trad. de l'allemand par Nicole Thiers), Le mythe de la guerre-éclair : la campagne de l'Ouest de 1940 [« Blitzkrieg-Legende : der Westfeldzug 1940 »], Paris, Belin, , 479 p. (ISBN 2-7011-2689-4).
- « Histoire – Ces soldats méconnus », L'Express, .
Liens externes
- « Historique de la 3e DLM », sur http://www.tanaka-world.net/.
- « Combat du 2e régiment de cuirassiers en Belgique », sur http://www.tanaka-world.net/.
Articles connexes
- Bataille de Flavion, autre importante bataille de chars survenue le 15 mai pour la prise de Philippeville entre les chars du général Bruneau et du général Rommel.