Basta (Jordanie)

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Basta
Image illustrative de l’article Basta (Jordanie)
Habitat néolithique de Basta
Localisation
Pays Drapeau de la Jordanie Jordanie
Ma'an
Coordonnées 30° 14′ 00″ nord, 35° 32′ 00″ est
Superficie 10 ha
Géolocalisation sur la carte : Jordanie
(Voir situation sur carte : Jordanie)
Basta
Basta
Histoire
Époque Néolithique

Basta (en arabe : بسطة) est un site archéologique au sud de la Jordanie, à 15 km au sud-est de Pétra[1]. Il a pris le nom du village voisin de Basta. Les fouilles entreprises depuis 1987 ont mis au jour un site du 8ème millénaire avant J.-C. occupé par des chasseurs, des éleveurs et des agriculteurs.

Basta se trouve dans le gouvernorat de Ma'an. En bordure du plateau jordanien, comme les sites néolithiques de Beidha et Ain Ghazal[2], le site est à une altitude de 1420-1460 m[3].

Période d'occupation[modifier | modifier le code]

Basta a été construit au 8ème millénaire avant J.-C. durant la période du Néolithique précéramique B récent (PPNB, pour l'anglais Pre-Pottery Neolithic B)[1] ; il est contemporain du site voisin de Ba'ja.

L'instabilité climatique pourrait expliquer l'abandon du site par ses habitants au milieu du 8ème millénaire ; des restes de coulées de boue indiquent des chutes d'intenses précipitations sur la région à cette période[4]. Le site est ensuite réoccupé jusqu'au Néolithique céramique (PN Pottery Neolithic)[3].

Environnement[modifier | modifier le code]

La présence d'une source pérenne a certainement favorisé l'élection du site de Basta par des populations du Néolithique[1]. Le cadre écologique est celui de la steppe, où évoluent des troupeaux d'animaux sauvages. Toutefois la proximité de steppes arides ne permet pas de compter de manière constante sur les ressources offertes par une agriculture pluviale[1].

Architecture[modifier | modifier le code]

Le village néolithique occupe une superficie de 10 ha[5], ce qui en fait un site de grande dimension, un « mégasite »[6]. La superficie maximale au Levant était à la même époque celle de 'Ain Ghazal, qui atteint 12 à 13 ha (350 maisons, 2000 à 2500 habitants), également en Jordanie[5].

Plan d'une maison typique avec cour, Basta

Les maisons sont construites sur une pente nivelée par de grandes terrasses à murs de soutènement[7]. Elles sont en pierres et comportent plusieurs cellules rectangulaires de 2x3 mètres qui communiquent entre elles et environnent un espace vide (une cour)[7]. Pour limiter les effets de l'humidité du sol, les constructeurs ont aménagé, au lieu des sols empierrés qui prévalaient antérieurement, des socles aérés[2]. L'architecture ne porte pas de marques de différenciation sociale.

Artefacts[modifier | modifier le code]

Parce que le village néolithique de Basta est antérieur à la céramique, les objets que le site a livrés sont fabriqués en pierre et en os. Les outils comprennent des meules, des pointes de flèches en granit[8] — pointes de Byblos et de Jéricho —, et de petites pointes à pédoncules et ailerons[7].

Des figurines représentant des animaux (une gazelle en position couchée, une tête de bovidé, et une tête de bélier)[9] et des têtes humaines schématiques ainsi qu'un masque en pierre ont été découverts sur le site[7]. Enfin des bracelets à pierres à facettes comptent parmi les artefacts notables de Basta[7].

Échanges économiques[modifier | modifier le code]

Les données archéologiques suggèrent que Basta faisait partie d'un réseau d'échange transrégional[1]. Le village devait exporter des artefacts en pierre taillée ; les lames de silex (matériau provenant d'un gisement local) étaient produites dans des quantités qui dépassaient les besoins de la petite agglomération, et étaient selon toute probabilité échangées[1].

De nombreux objets décoratifs intègrent des matériaux importés :

  • de la pierre turquoise de Wadi Maghara dans le sud-ouest du Sinaï, région distante de 250 km[1].

Des traits architecturaux communs avec d'autres sites néolithiques du sud de la Jordanie, tels ceux d'Ain Jammam et d'es-Safia suggèrent des contacts entre ces agglomérations[3].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Les restes fauniques les plus abondants sont ceux de la chèvre domestique ; vient ensuite le mouton. Les animaux chassés sont la gazelle et des équidés[7]. Les habitants cultivaient du blé engrain[7] ; deux espaces de stockage ont été identifiés[11]. L'agriculture a permis la croissance démographique et la formation de grands sites comme celui de Basta[12].

Sépultures[modifier | modifier le code]

Le site a livré des sépultures et des crânes[2], mais en nombre relativement faible si on le rapporte à la superficie du village[13]. Le même cas de figure se retrouve dans d'autres sites de Jordanie comme Ain Ghazal et Beidha. Les chercheurs supposent que les cimetières devaient se trouver hors des lieux d'habitation et qu'ils n'ont pas encore été mis au jour[13].

Le village moderne[modifier | modifier le code]

Il compte 1 491 habitants en 2012[14]. Il a accueilli une importante garnison ottomane pendant la Première Guerre mondiale et la révolte arabe de 1916-1918[14]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alt, Benz, Müller et Berner, « Earliest evidence for social endogamy in the 9,000-year-old-population of Basta, Jordan. », PLOS One, vol. 8, no 6,‎ , e65649 (PMID 23776517, PMCID 3679157, DOI 10.1371/journal.pone.0065649, Bibcode 2013PLoSO...865649A)
  • H.J. Nissen, M. Muheisen, HGK Gebel (éd), Basta I. The human ecology. Bibliotheca Neolithica Asiae Meridionalis et Occidentalis and Yarmouk University, Monograph of the Faculty of Archaeology 4. Berlin: ex oriente; 2004. pp. 117–128.
  • Gebel HGK, Nissen HJ, Zaydoon Z, editors. Basta II. The architecture and stratigraphy. Bibliotheca Neolithica Asiae Meridionalis et Occidentalis and Yarmouk University, Monograph of the Faculty of Archaeology and Anthropology 5. Berlin: ex oriente; 2006, lire en ligne
  • C. Makarewicz , N. Tuross , «Variation in Goat Diet through the Later Pre-Pottery Neolithic: Diachronic Shifts in Human Approaches to Caprine Management at Basta», Transitions in prehistory, 2009, p. 285-301.
  • Schultz M, Schmidt-Schultz T, Gresky J, Kreutz K, Berner M., «Morbidity and mortality in the late PPNB populations from Basta and Ba’ja (Jordan)» In: Faerman M, Horwitz LK, Kahana T, editors. Faces from the past: diachronic patterns in the biology of human populations from the Eastern Mediterranean. British Archaeological Reports International Series 1603. Oxford: Archaeopress; 2007. pp. 82–99.
  • C. Becker, 2002 - «Nothing to do with indigenous domestication? Cattle from Late PPNB Basta». In Archaeozoology of the Near East, edited by H. Buitenhuis, A.M. Choyke, M. Mashkour and A.H. Al-Shiyab, pp. 112-137. ARC Publication 62, Groningen, The Netherlands

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Alt, Benz, Müller et Berner, « Earliest Evidence for Social Endogamy in the 9,000-Year-Old-Population of Basta, Jordan », PLOS One, vol. 8, no 6,‎ , e65649 (PMID 23776517, PMCID 3679157, DOI 10.1371/journal.pone.0065649, Bibcode 2013PLoSO...865649A)
  2. a b et c Jean Perrot, « Réflexions sur l’état des recherches concernant la Préhistoire récente du Proche et du Moyen-Orient. », Paléorient, vol. 26, no 1,‎ , p. 5–27 (DOI 10.3406/paleo.2000.4695, lire en ligne, consulté le )
  3. a b et c (en) B. Abuhelaleh, Exploitation of animals resources from the Pre-Pottery Neolithic Tell Abu Suwwan site in Jordan : an Archaeozoological perspective, Università degli Studi di Ferrara, (lire en ligne), p. 55-56
  4. (en) Arkadiusz Marciniak, Concluding the Neolithic : The Near East in the Second Half of the Seventh Millennium BCE, ISD LLC, , 340 p. (ISBN 978-1-937040-84-0, lire en ligne), p. 47
  5. a et b Nicolas Cauwe, Pavel Dolukhanov, Pavel Kozlowzki et Paul-Louis Van Berg, Le Néolithique en Europe, Armand Colin, , 384 p. (ISBN 978-2-200-24241-1, lire en ligne)
  6. (en) Gary Rollefson et Yorke Rowan, « The Late Neolithic colonization of the Eastern Badia of Jordan », Levant, vol. 46, no 2,‎ , p. 285–301 (ISSN 0075-8914, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c d e f et g Olivier Aurenche et Stefan Karol Kozlowski, La naissance du néolithique au Proche-Orient, Errance (réédition numérique FeniXX), , 256 p. (ISBN 978-2-87772-594-1, lire en ligne)
  8. (en) « HugeDomains », sur HugeDomains (consulté le ).
  9. Becker, « The Analysis of Mammalian bones from Basta, a Pre-Pottery Neolithic site in Jordan : Problems and potential », Paléorient, vol. 17, no 1,‎ , p. 59–75 (DOI 10.3406/paleo.1991.4539, JSTOR 41492437)
  10. a b et c Alison Betts et Z. A. Kafafi, « Aspects of the Neolithic periods in Jordan. International Workshop, April 18, 1992 ; Yarmuk University, Irbid, Jordan. », Paléorient, vol. 18, no 2,‎ , p. 156–158 (lire en ligne, consulté le )
  11. Ian Kuijt, « Home is where we keep our food: The origins of agriculture and Late Pre-Pottery Neolithic food storage », Paléorient, vol. 37, no 1,‎ , p. 137–152 (DOI 10.3406/paleo.2011.5444, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « British scholar examines ancient living and farming practices at Jordan’s Neolithic sites », sur Jordan Times, (consulté le )
  13. a et b Bérénice Chamel. Bioanthropologie et pratiques funéraires des populations néolithiques du Proche-Orient : l’impact de la Néolithisation (Étude de sept sites syriens – 9820-6000 cal. BC) . Anthropologiebiologique. Université Lumière Lyon 2, 2014, p.30 lire en ligne
  14. a et b (ar) « الفرذخ.. وبسطة », الراي,‎ (lire en ligne)