Basque

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Basque
Euskara
Pays Espagne, France
Région Pays basque
Nombre de locuteurs 751 500 première langue et
1 185 500 en incluant les bilingues réceptifs (434 000) en 2016 chez les seize ans et plus[1],[2].
Nom des locuteurs bascophones
Typologie SOV (il est possible de retrouver les constructions SVO et OSV, et dans certains cas OVS, pour certaines constructions l'ordre dépend de l'importance de chaque terme. Il est donc possible de retrouver chaque ordre dans ce cas de figure.) polysynthétique, agglutinante, ergative, syllabique
Classification par famille
  • - hors classification (isolat)
Statut officiel
Langue officielle Communauté autonome du Pays basque
Navarre (dans le tiers septentrional)
Régi par Académie de la langue basque
Codes de langue
IETF eu
ISO 639-1 eu
ISO 639-2 baq, eus
ISO 639-3 eus
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 40-AAA-a
Échantillon
Article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (voir le texte en français)

1. atala

Gizon-emakume guztiak aske jaiotzen dira, duintasun eta eskubide berberak dituztela ; eta ezaguera eta kontzientzia dutenez gero, elkarren artean senide legez jokatu beharra dute.

Le basque (euskara) est la langue traditionnelle du peuple autochtone des Basques, parlée au Pays basque. C'est le seul isolat encore vivant parmi toutes les langues en Europe, tant du point de vue génétique que du point de vue typologique. De type ergatif et agglutinant, le basque, appelé aquitain dans l'Antiquité et lingua Navarrorum (langue des Navarrais) au Moyen Âge, représente la langue d'Europe occidentale la plus ancienne.

En 2016, l'enquête sociolinguistique du Pays basque a recensé 700 300 locuteurs bascophones de seize ans et plus en Espagne (provinces de Biscaye, Alava, Guipuscoa et de Navarre) et 51 202 au Pays basque français, soit 28,4 % de la population. Le nombre total de locuteurs s'élève à 1 185 500, bilingues réceptifs inclus, soit 44,8 % de la population. Environ 10 000 personnes sont unilingues bascophones. Le basque est aussi parlé dans sa diaspora.

La langue basque comporte une grande diversité dialectale. Pour pallier le manque d'intercompréhension entre locuteurs de dialectes éloignés, l'Académie de la langue basque (dont le siège officiel est à Bilbao, en Biscaye), a mis en place vers la fin des années 1960 une koinê, un basque unifié (euskara batua). Engagé dans un processus de standardisation, d'unification et d'un développement du corpus, ce dialecte commun et nouvelle variété de basque est basé sur les dialectes du centre tels que le guipuscoan essentiellement, et le navarro-labourdin, et ce, parmi cinq ou sept dialectes constituant un continuum dialectal.

De nos jours, le basque unifié investit tous les secteurs formels tels que les émissions de radio-télévision, la presse écrite, Internet, la recherche, l'enseignement, la littérature, l'administration, etc. Dans les domaines informels, le basque unifié cohabite avec chacun des dialectes dans un espace où se côtoient les bascophones natifs (euskaldun zahar) et les néo-locuteurs (euskaldun berri).

Étymologie

Production littéraire basque

Le mot basque vient du nom d’un peuple antique, les Vascons (en espagnol, basque se dit d'ailleurs vasco), qui était le peuple protohistorique occupant le territoire de l'actuelle Navarre. Il s'agirait d'une forme latinisée (prononcée comme ‘uascone’) du nom autochtone de la racine eusk-, présente dans le nom de la langue (Euskara), et de ceux qui parlent cette dernière euskaldunak en français : « ceux qui possèdent (parlent) l'Euskara ». De nombreux linguistes ont comparé cette racine avec le nom des Ausci, le peuple aquitain antique qui a donné son nom à la ville d'Auch (dont l'ancien nom était basque : Elimberrum, c'est-à-dire « ville nouvelle », du basque ili « ville, domaine » et « berri » "nouveau". Le passage de a- à e- étant assez fréquent en basque, l'hypothèse *ausc- > *eusk- est tout à fait admissible.

Un rapprochement par étymologie populaire entre euskal « basque » et eguzki « soleil »[3] est à l'origine du néologisme Euzkadi (dû à Sabino Arana Goiri) et des formes comme euzko[4]. Selon une autre hypothèse, la base *aus- pourrait représenter une variante de haitz « roche » (on la trouve dans la toponymie basque : Etxauz à Saint-Étienne-de-Baigorry, le mont Hautza, etc.). Ces deux hypothèses buttent sur la nature de la sifflante (laminale contre apicale).

Les formes anciennes du mot sont :

La forme enusquera est citée à deux reprises, ce qui pourrait exclure une faute de frappe. Le n simple intervocalique disparaît en basque sur le modèle de l'évolution du latin anatem au basque ahate. Les deux formes archaïques sont donc cohérentes si on corrige heuscara en *ehuskara[7]. Le h aspiré se serait par la suite effacé, mais il n'y a pas de preuve décisive en ce sens.

Le linguiste Alfonso Irigoyen analyse Enuskera/Ehuskara en deux termes :

  1. un radical *en(a)us, de la forme dative du verbe « dire » : *enausi (verbe archaïque présumé à travers la conjugaison diot, biscayen diñot « je dis », diost, bisc. diñost/diñaust « il me dit »)[8] ;
  2. le suffixe -kara/-kera signifiant « manière de ».

Dans cette hypothèse, euskara signifierait « manière de parler »[9],[10]. Cette thèse est admissible phonétiquement mais aussi séduisante soit-elle, rien n'exclut une origine plus ancienne, une évolution plus complexe, la langue étant refaçonnée de génération en génération.

Euskera, eskuara, uskara et üskara sont des formes dialectales de euskara.

Histoire

Aire linguistique du basque depuis 2000 ans
Premiers écrits en basque.

La présence du basque est antérieure à l'arrivée des deux langues indo-européennes qui, au cours de l'histoire, allaient devenir majoritaires, le celte, puis le latin, idiome dont dérivent les langues parlées aujourd'hui dans la région (français, espagnol, portugais, galicien, occitan, catalan, gascon, aragonais, etc.).

Au cours des siècles, le basque a reçu de nombreux emprunts lexicaux des langues indo-européennes voisines, mais a gardé sa syntaxe totalement différente de ces langues, ainsi qu'un abondant lexique également sans rapport avec elles. La plus ancienne preuve d'une écriture basque daterait du XIe siècle : il s'agit des Glosas Emilianenses. Toutefois des inscriptions basques aurait été découvertes sur le site d’Iruña-Veleia, dans la province d'Alava. Elles dateraient du IVe siècle et de l'époque à laquelle les Basques ont été christianisés. Certains les tiennent pour des faux, d'autres estiment qu'elles sont authentiques. Mais si l'on considère l'aquitain comme du basque, alors les premières traces écrites datent de l'époque romaine. Le premier livre écrit en basque est le Linguæ Vasconum Primitiæ de Bernard D'Etchepare imprimé à Bordeaux en 1545.

Distribution géographique

Outre les locuteurs de la diaspora, le basque est parlé au Pays basque (Euskadi au sens initial) et, plus précisément, dans une partie des trois provinces formant la Communauté autonome basque d'Espagne (Guipuscoa, centre et est de la Biscaye, extrême nord de l'Alava) ; dans le nord de la Navarre (Espagne également) ; et dans les trois provinces basques de France : Labourd, Basse-Navarre et Soule (voir la carte).

Origine de la langue basque

Carte chronologique montrant le développement et l'évolution des langues parlées dans la péninsule Ibérique de l'an 1000 à nos jours.

L'origine du basque a fait l'objet de différentes études en corrélation avec l'archéologie et la génétique.

Si, sur le plan linguistique, le basque unifié est une forme de basque au même titre que chacun des autres dialectes, d'un certain point de vue et de par son statut officiel, on peut le comparer à une langue comme le français issu du francien, qui a réussi au détriment des autres formes d'oïl[11].

L'origine de la langue basque étant antérieure à la diffusion de l'écriture en Europe, elle est de ce fait, mal connue et toujours débattue. Cela ne saurait toutefois constituer un obstacle insurmontable pour la paléolinguistique qui permet de remonter bien au-delà par la comparaison avec d'autres langues et la reconstruction interne.

On a proposé des relations lexicales entre le basque et un grand nombre de langues : l'ibère, le picte, les langues afro-asiatiques (dont les langues berbères, le guanche), les langues Niger-Congo et langues Khoïsan, l'étrusque, le minoen, les langues ouraliennes, le bourouchaski, les langues dravidiennes du sud de l'Inde, les langues munda de l'est de l'Inde, les langues caucasiennes, certaines langues paléo-sibériennes, le chinois, les langues esquimaudes, les langues na-dené d'Amérique du Nord et les langues indo-européennes

Par ailleurs, plusieurs études estiment qu'au bout de 10 000 ans, il ne resterait presque plus rien d'une langue, le matériau linguistique se trouverait entièrement renouvelé et l’origine commune entre le basque et toute autre langue serait alors très difficile à prouver[12],[13],[14]. Le linguiste et bascologue français Michel Morvan conteste le fait qu'on ne puisse pas remonter très haut dans le temps, jusqu'à l'eurasien primitif en travaillant sur l'ensemble des langues non-indoeuropéennes du continent eurasien. D'autres travaux rattachent cette langue à des groupes définis.

Isolat

Depuis le XIXe siècle, la typologie linguistique considère la langue basque comme un isolat[15],[16],[17].

Diverses études défendent cette thèse. On peut mentionner la conférence donnée en 2003 à l'Institut culturel basque de Bayonne par Beñat Oyharçabal. Pour ce linguiste, les hypothèses basco-ibérique, basco-chamito-sémitique, basco-caucasique et la théorie des substrats ne sont pas suffisamment crédibles pour révoquer la théorie de l'isolat[18] Voir aussi son étude publiée en 2005 et intitulée Protovasco, munda y otros : reconstrucción interna y tipología holística diacrónica[19].

Ce point de vue est aussi celui des linguistes basques (de plus en plus contestés) Joseba Lakarra et Joaquín Gorrochategui[20].

Dans le magazine La Recherche, en mai 2019, les linguistes Eneko Zuloaga et Borja Ariztimuño, de l'Université du Pays basque (Espagne), écrivent de même que la langue basque est un isolat. Pour eux, les linguistes ou chercheurs, qui lient le basque à d'autres familles linguistiques, ne prennent pas en compte ni les méthodes standards, ni le travail effectué par les bascologues ces dernières décennies[21]. Toutefois la thèse de l'isolat s'appuie sur la seule reconstruction interne, ce qui est très insuffisant.

Thèses d'une langue non isolée

L'origine indo-européenne

Cette thèse est celle d'Eñaut Etxamendi Gueçainburu, enseignant et auteur basque. Elle est issue de sa thèse de doctorat d'État soutenue en 2007 à l'Université de Pau sous la direction de Charles Videgain[22],[23]. Ces travaux ont été présentés au grand public dans un article qu'il écrit dans L'Express en 2015[24] et ont fait l'objet d'un ouvrage publié aux éditions L'Harmattan au mois de juin 2018, intitulé L'origine de la langue basque[25],[26]. Ces travaux s’éloignent ainsi des schémas de pensée habituels qui font de cette langue un isolat[27]. Eñaut Etxamendi affirme être le seul à soutenir cette origine du basque car il dit être le seul à avoir comparé la langue basque à des langues indo-européennes[24]. Il reconnaît lui-même que sa thèse est ainsi très isolée au sein du milieu scientifique[24],[28],[29].

Eñaut Etxamendi écrit qu'il y a une importante proximité de l’euskara avec beaucoup de langues indo-européennes très anciennes et souvent très lointaines du Pays basque telles que le grec ancien, l'arménien, le sanskrit, etc., et dont certaines sont éteintes[30], alors qu'il n'est pas connu à ce jour d'émigration d'habitants de ces pays lointains au pays basque[31].[source insuffisante]

Eñaut Etxamendi, dans ses travaux où sont analysés environ 4 000 mots, souligne le nombre considérable de termes similaires (tant pour la phonie (?) que pour le sens) avec des termes d'origine indo-européenne[30]. Ce constat ne peut pas résulter, selon lui, du seul emprunt du basque aux langues environnantes et il ajoute qu'il n'a pas eu connaissance au cours de ses travaux de termes basques sans aucune parenté[31].

Par ailleurs, selon Eñaut Etxamendi, un nombre non négligeable de termes basques sont en mesure d’éclairer des étymologies que les plus grands indo-européanistes du siècle dernier ont considérées douteuses, obscures, voire inexpliquées[32]. Eñaut Etxamendi a fait une comparaison systématique dans ses travaux entre le basque et les langues indo-européennes, tant au niveau du vocabulaire que de la construction grammaticale, pour cet auteur les racines de nombreux concepts (dits) indo-européens procèdent d'onomatopées décelables par l'euskara (dévorer, frapper/tuer, gratter, courir, écorcer/racler, aiguiser...)[33].

Eñaut Etxamendi réfute le caractère exclusif de certains particularismes généralement attribués à la langue basque. Parmi différents exemples pris par cet auteur : la langue basque n'est pas la seule à pratiquer l'ergativité en Europe (toutes les langues indo-européennes auraient été ergatives selon la linguiste Claude Tchekhoff), la langue basque a elle aussi des préfixes et peut avoir également dans certains cas un genre féminin, le basque a une forme agglutinante mais l'arménien également et l'allemand souvent, etc[23],[34].

L'article d'Eñaut Etxamendi Le basque est une langue indo-européenne a été repris dans un journal italien du 5 mai 2015[28] et en 2017 Robert Elissondo, professeur d'histoire-géographie et président de l'association Ikerzaleak[35], se range à ses arguments. Elissondo écrit notamment « sa recherche s'appuie sur les travaux des linguistes les plus reconnus en particulier Émile Benveniste. À la fois chercheur, écrivain et poète, Eñaut Etxamendi manie avec aisance les méthodes et les concepts de la linguistique »[36]. Robert Elissondo écrit également « Pourquoi la plus ancienne des langues indo-européennes est-elle toujours vivante ? » en parlant de la langue basque[36]. A contrario, toujours en 2017, le philologue et spécialiste de l'histoire de la langue basque Joseba Lakarra parle du basque comme une langue isolée[16], et dans La Recherche, en mai 2019, les linguistes Eneko Zuloaga et Borja Ariztimuño écrivent que « le basque est un isolat, [...] la thèse [d'Eñaut Etxamendi] n'est pas reconnue par les bascologues, [...] elle ne répond pas aux exigences de la recherche linguistique »[21].

L'origine nigéro-congolaise

En 2013, Jaime Martín Martín[37] tend à soutenir, dans son livre Un enigma esclarecido : el origen del vasco (« Une énigme éclaircie : l'origine du basque »), que le basque s'apparente au dogon, une langue parlée actuellement par environ 600 000 personnes, principalement au Mali, mais aussi au Burkina Faso[38],[39]. Jaime Martin a comparé pendant douze ans le basque et le dogon, tant au niveau de la structure que du vocabulaire et a observé « des ressemblances entre les deux langues dans la forme et dans le sens », convaincu que ces ressemblances « ne pouvaient pas être dues au hasard »[39]. Il a comparé 2 247 mots[40], observant des ressemblances parmi 1 633 d'entre eux, soit 70 %. Selon lui, l'hypothèse d'une parenté entre deux langues prend force à partir de 50 %[41].

Selon Xabier Kintana, qui a vivement critiqué l'ouvrage, cela n'aurait « ni queue ni tête »[42] et ne comparerait que des mots comme soro (champ), dont l'origine est latine[43].

Pour la linguiste Asya Pereltsvaig, les preuves présentées à l'appui du lien basque-dogon par Martín ne sont pas « qualitatives » : Martín compare les aspects structurels et lexicaux du basque et du dogon et affirme que les deux langues sont très semblables, la seule différence étant que le dogon « n'a pas de déclinaison ni de sujet ergatif ». Elle fait observer que « ce sont toutefois des différences majeures ». « Le dogon, sans marquage de cas ni alignement ergatif, ressemble beaucoup plus au chinois, d'autant plus que les deux langues (ou familles de langues) sont également tonales. Le basque, en revanche, n'est pas tonal, ce qui constitue une autre différence majeure entre lui et le dogon ». Enfin l'argument selon lequel « trois des quatorze dialectes dogon montraient exactement le même ordre de mots dans la phrase » que le basque, est, selon Asya Pereltsvaig, un très mauvais élément de preuve. Le basque est une langue SOV stricte, mais l'ordre SOV est l'ordre linguistique le plus courant et représente près de 45 % des langues du monde[38].

La linguiste Lilias Homburger avait également présenté le basque, langue agglutinante, comme plus proche de l'égyptien ancien, des langues dravidiennes (parlées aujourd'hui en Inde du Sud), et des langues africaines du groupe sénégalo-guinéen (wolof, sérère, peul), que des langues indo-européennes. Elle supposait qu'au néolithique, avant l'extension de l'indo-européen commun, les langues agglutinantes recouvraient probablement l'Afrique du Nord, l'Europe méridionale et l'Asie[44].

L'origine eurasienne pré-indoeuropéenne

Dans une étude Le basque, langue eurasienne publiée en 2008, le comparatiste et bascologue français Michel Morvan présente la langue basque comme étant d'origine eurasienne pré-indoeuropéenne[45],[46]. Dans cette étude, il écrit également à propos de l'origine de la langue basque : « La piste sino-caucasienne est bonne »[45]. Il explique que les anciennes langues parlées en Eurasie (basque, certaines langues du Caucase, de Sibérie, etc.) ont été submergées par l'arrivée des langues indo-européennes et donc qu'il est vain de vouloir raccrocher le basque à telle ou telle autre langue avec une entière certitude au vu de la profondeur du substrat eurasien, ceci n'excluant pas toutefois la mise en évidence de liens de parenté révélateurs d'une origine commune entre ces anciennes langues ou du moins une partie d'entre elles[45].

Se référant aux travaux de Sergueï Starostine[45], il estime que, dans sa forme originelle, le basque pourrait remonter au paléolithique supérieur et qu'elle est très stable dans le temps, ce qui peut faciliter ainsi des comparaisons[45].

Selon lui l'erreur est d'avoir voulu rattacher à chaque tentative le basque à une famille de langues traditionnelle bien délimitée. À cause de cette erreur s'est développé le dogme excessif du basque comme langue complètement isolée. Sur ce sujet l'américain John Bengtson, avec toutefois de nombreuses erreurs, donne à la langue basque une origine commune avec des langues du Caucase (langues du nord-est du Caucase précise Michel Morvan). La théorie eurasienne de Michel Morvan gagne de plus en plus en vraisemblance grâce à ses travaux étymologiques très poussés[47].

Certains termes comme guti = « peu, petit » ou bihi = « grain » ont été repérés en dravidien et jusqu'en austronésien (tagalog, waray, indonésien) par Michel Morvan, ce dernier sous la forme binhi qui correspond au proto-basque *binhi, ce qui ferait remonter de telles formes encore bien plus loin dans le passé. Selon ce linguiste, il faut comprendre qu'il y a des parentés proches (ibère, pré-occitan, paléosarde, paléocorse par exemple) et des parentés éloignées (caucasien, dravidien, langues sibériennes, etc.). Son travail étymologique est le plus avancé à ce jour.

L'origine dené-caucasienne

Des chercheurs (Marr, Trombetti, Bouda, Dumézil, Dzidziguri...) ont proposé des similitudes entre le basque et les langues caucasiennes, particulièrement le géorgien. La théorie caucasienne s'est développée dès le XIXe siècle et pendant tout le XXe siècle.

D'un point de vue grammatical et typologique, ils comparent les objets en langues agglutinantes et ergatives, et avec le même système déclinatif.

Le parallélisme des systèmes de numération (vigésimaux), la façon identique d'exprimer le réfléchi en basque et en kartvèle (géorgien...) sous forme "ma tête, ta tête, sa tête" sont d'autres convergences typologiques. Mais on sait que convergence typologique n'implique pas ipso facto parenté génétique.

Dans son ouvrage L'origine des langues, publié en 1994[48], le linguiste Merritt Ruhlen rattache le basque au groupe des langues sino-caucasiennes lui-même rattaché à la super-famille des langues dené-caucasiennes. Ce groupe comprend le basque, le caucasien, le burushaski, le sino-tibétain, le iénisséien, le na-dené[49]. Pour le rattachement du basque à la famille dené-caucasienne, Ruhlen cite les travaux de Bengtson et Trombetti comme étant les principaux chercheurs ayant mis en lumière ce lien. Merritt Ruhlen rapporte que ce sont les travaux d'Edward Sapir qui ont mis en évidence le na-dené (localisé en Amérique du Nord). Puis que Sergueï Nikolaïev a repris les travaux de celui-ci en disant que le na-dené était apparenté à la famille caucasienne, sino-tibétaine et iénisséienne[50]. À la fin des années 1990, John Bengtson y a ajouté le basque et le bouroushaski, « deux idées que préfiguraient déjà les travaux de Trombetti et d'autres chercheurs »[51] dit-il. Enfin, Merritt Ruhlen mentionne les travaux de Sergueï Starostine qui a décrit une famille qu'il a nommée sino-caucasienne et qui comprend les familles caucasiennes, sino-tibétaine et iénisséienne[50].

Merritt Ruhlen explique également que les dené-caucasiens sont isolés entre eux par les autres groupes de langues eurasiatiques arrivés postérieurement. Sur le plan génétique, il dit que pris au niveau mondial le groupe bascophone ne se différencie pas suffisamment des autres européens pour constituer un isolat génétique. « Les langues ne font pas l'amour », dit-il pour expliquer des différences linguistiques que l'on ne retrouve pas dans les gènes. Selon cet auteur, des proto-Basques auraient occupé l'Europe occidentale bien avant la migration des Indo-européens au deuxième millénaire avant l'ère chrétienne[52]. Les ancêtres des Basques se seraient alors maintenus vers l'Atlantique et les Pyrénées, dans la région qu'ils occupent actuellement et nommée durant la conquête romaine d'après les territoires des Caristes, des Vascons, des Cantabres, des Aquitains, des Vardules et autres tribus.

L'hypothèse d'un ensemble plus élargi dit "dené-caucasien" (Starostine, Nikolaïev, Bengtson, Ruhlen) divise les langues d'Eurasie entre les langues eurasiatiques (comprenant, selon Greenberg, l'indo-européen, l'ouralien, l'altaïque et quelques autres petits groupes en Sibérie) et un groupe relictuel de langues qui n'appartiennent pas à cette famille. Ruhlen, Bengston[53] et Shevoroshkin font entrer le basque dans cet ensemble.

Le déné-caucasien, très large, réunit notamment, en plus du basque et du caucasien, le chinois et le na-déné. Or, une parenté entre le chinois et le caucasien est réfutée par des linguistes tel Laurent Sagart, spécialiste du chinois archaïque. Ce dernier a présenté un regroupement « STAN » (sino-tibéto-austronésien).

La proximité linguistique entre le basque et les langues kartvèles a été combattue par plusieurs linguistes, tel Larry Trask.

L'origine ibère

Cette thèse rapproche le basque de cet ensemble de langues anciennement parlées dans la péninsule Ibérique : de nombreuses similarités et des recoupements territoriaux importants, de part et d'autre des Pyrénées, permettent ce rapprochement selon lequel les langues ibères formeraient elles-mêmes un isolat[54].

Dans une conférence organisée en 2003 à Bayonne par Beñat Oyharçabal au sein de l'Institut Culturel Basque, celui-ci écrit que l'hypothèses basco-ibérique n'a pas été jugée suffisamment crédible pour faire évoluer la thèse de l'isolat[18].

L'origine berbère

Cette thèse situe l'apparition de la langue basque avec l'arrivée de certaines troupes berbères de Hannibal Barca estimées à 20 000 hommes qui en 218 av. J.-C. décidèrent de l'abandonner et de ne pas l'accompagner dans sa marche vers Rome depuis Carthage[réf. nécessaire]. La théorie est soutenue par le spécialiste du basque Hector Iglesias et autrefois par les africanistes autrichiens Ernst Zyhlarz (de) et Hans Mukarovsky[55] qui se fondent sur certaines similitudes linguistiques avec l'amazigh parlé en Mauritanie, au Maroc, aux îles Canaries et en Algérie[56],[57].

Survie de la langue

Héctor Iglesias explique cette survivance par le fait que, durant l'Antiquité, les Basques ont été des alliés plutôt que des ennemis de l'Empire romain, ce qui leur aurait permis de mieux sauvegarder leur langue[58]. L'habitat dispersé a sans doute aidé aussi à la préservation de la langue basque.

Selon Luis Núñez Astrain, la raison principale de la survivance du basque est due précisément à la chute de l'Empire romain d'Occident, vers l'an 400, et à l'arrivée des Visigoths. Les Basques (Autrigons, Caristes, Vardules, Vascons) et même Gascons, dont le nom provient d'une prononciation germanique de vascone) sont à cette époque des alliés des Romains. Astrain estime que si l'invasion des Goths avait été retardée de deux cents ans, l'euskara aurait été éliminé. Par conséquent, bien que les Goths aient combattu les Basques, c'est à eux que le basque doit en grande partie sa survie[59],[60].

Cependant, depuis les deux derniers siècles, la révolution industrielle, l'urbanisation, le centralisme politique, la répression franquiste et l'exode rural au Pays basque nord ainsi que la politique linguistique de l'Etat français ont exercé une pression écrasante sur l'euskera, ce qui a aggravé les disparités démographiques régionales et linguistiques[61]. De 1868 à 1970, la population bascophone est passée de 471 000 à 597 000 locuteurs, alors que la population totale a augmenté de 875 900 à 2 561 400 habitants. La population totale a donc presque triplé, tandis que le pourcentage de la population bascophone a diminué, passant de 54 % à 23 %, soit le quart de la population totale[61].

La langue basque a beaucoup souffert des conséquences de la guerre civile espagnole, entre 1936 et 1939, lors de laquelle de très nombreux jeunes gens qui parlaient le basque durent émigrer (surtout vers la France). Entre 1940 et 1975, la période franquiste contribuera encore à faire émigrer beaucoup de jeunes Basques.

Les Codes talkers basques

Les Américains auraient utilisé des Codes talkers basques, pour l'encodage, en mai 1942, dans la guerre contre les Japonais. Cette histoire est néanmoins contestée par des travaux d'historiens publiés en 2017[62].

Phonologie

Le phonème noté par la lettre h n'est prononcé que dans le nord-est, comme le montrent les isoglosses de cette carte. Sa réalisation, déjà minoritaire, est de moins en moins fréquente.
Consonnes
Type Labiale Alvéolaire Palato-alvéolaire Palatale Vélaire Glottale
Nasale m [m] n [n] ñ, -in- [ɲ]
Occlusive p [p]
b [b]
t [t]
d [d]
tt, -it- [c]
dd, -id- [ɟ]
k [k]
g [g]
Affriquée tz, ts [t͡s] tx [t͡ʃ]
Fricative f [f] s, z [s] x [ʃ] j [x] h [h ~ ∅]
Spirante j [j]
Roulée r-, -rr-, -r
[r]
Battue -r- [ɾ]
Latérale l [l] ll, -il- [ʎ]
Voyelles
Type Antérieure Postérieure
Fermée i [i] u [u]
Moyenne e [e] o [o]
Ouverte a [a]

Grammaire

Tableau du verbe auxiliaire basque

La grammaire basque est d'une originalité radicale. Le basque est une langue agglutinante, et des suffixes ou des radicaux peuvent être accolés derrière d'autres suffixes ou radicaux. Le genre n'existe pas, sauf attaché au verbe pour le tutoiement (du-k "tu as" (homme) et du-n "tu as" (femme)) avec des marqueurs k (ou t) pour le masculin et n pour le féminin typiques des langues eurasiennes. Sa conjugaison fait que, en plus de s'accorder avec le sujet, le verbe s'accorde avec les compléments, dits directs et indirects en français. L'évolution moderne de la langue fait qu'en basque on ne conjugue souvent que l'auxiliaire du verbe.

Le basque suit généralement une syntaxe SOV ou OVS, dans certains cas rares.

Le système numérique du basque présente la particularité d'être vicésimal (base 20) comme en ancien français, en breton ou en danois.

Vocabulaire

Signalisation bilingue à Saint-Pée-sur-Nivelle.

Si la grammaire basque est d'une originalité radicale, on estime qu'avant la normalisation de la langue, 75 % du vocabulaire provenait du latin ou des langues géographiquement voisines (gascon, aragonais, roman de Navarre, espagnol, français, voire le gaulois auparavant). Par ex. dans la liste ci-dessus zeru dérive du latin caelum "ciel".

Français Basque Prononciation
(convention française)
eau ur our
terre lur lour
neige elur élourr
bois zur sour
os hezur essourr
porc urde ourde
ciel zeru, ortzi sérou, orrtsi
feu su shou
vent haize (h)aïssé
homme gizon guiçon'
femme emakume émakoumé
mangé (manger) jan yan'
bu (boire) edan édan'
grand handi (h)an'di
petit txiki, ttipi tchiki / tyipi
nuit gau gao
jour egun égoun'
mot hitz (h)its
hier atzo atsso
aujourd'hui gaur gaor
demain bihar biarr
chiffre zenbaki sèn'baki
un bat batt
deux bi bi
trois hiru(r) (h)irou
quatre lau(r) laou
cinq bost, bortz boSht / borrts
six sei Shei
sept zazpi saspi
huit zortzi sorrtsi
neuf bederatzi / behatzi bédératsi /béatsi
dix hamar (h)amar

Notes :

Le r est roulé mais, au Pays basque nord, le r simple est roulé, le r double est généralement prononcé « à la française » chez les nouvelles générations. En Soule, le « r » est parfois amuï, il peut être aussi entre le « l » et le « d », la règle est que seul on le roule, double ou devant une consonne on le grasseye. Le h est généralement aspiré par les locuteurs âgés du Pays basque nord, mais il est tout à fait muet au Pays basque sud. Le s est prononcé au Pays basque sud comme le s espagnol standard de Castille, le s finlandais ou le sigma grec ; au Pays basque Nord, par influence du français, il est pratiquement — mais fautivement — prononcé comme un ch. Le z est prononcé comme une sifflante sourde s partout, sauf en Biscaye et sur la côte de Gipuzkoa, où il est prononcé comme le s basque ; finalement, le x est prononcé comme une chuintante ch partout[63].

Le j représente en principe le y de yaourt au début d'un mot (à l'intérieur d'un mot, on utilise généralement la lettre i). C'est la prononciation standard recommandée pour le basque unifié. Cependant, au Pays basque Sud, on a tendance à le prononcer comme le j espagnol (Rajoy, 'José, Guadalajara) ou le ch allemand ou écossais (Bach, loch), alors qu'en Soule et à Lekeitio (Biscaye), on le prononce comme le j français de journal.

Les noms et adjectifs se déclinent en s'augmentant de suffixes. La forme donnée dans la liste ci-avant est celle de l'absolutif indéterminé : à cette forme, les noms et adjectifs apparaissent sous leur forme la plus simple, sans aucun suffixe.

Écriture

La langue basque s'écrit avec l'alphabet latin. L'alphabet basque est globalement phonétique, toutes les lettres d'un mot se prononcent à l'exception du h qui est muet dans la plupart des dialectes. Généralement, les voyelles qui se suivent forment une diphtongue[64].

Dialectes

En 1571, on doit à Jean de Liçarrague, sur ordre de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, la traduction en basque du Nouveau Testament[65]. Les cinq dialectes du basque sont le navarro-labourdin, le guipuscoan, le navarrais, le souletin et le biscayen. Certains sont peu intelligibles entre eux comme le biscayen et le souletin[66].

Un autre dialecte, le roncalais, a vu sa dernière locutrice s'éteindre en 1991 (Fidela Bernat)[réf. nécessaire].

Le basque standard, ou « basque unifié », se fonde sur les dialectes centraux comme le guipuzcoan et le navarro-labourdin, mais aussi sur le labourdin classique du XVIIe siècle, précurseur de la littérature basque et trait d'union entre les dialectes continentaux et péninsulaires.

Le basque unifié, ou euskara batua, langue coofficielle avec le castillan dans les communautés autonomes basque et navarraise, y est largement enseigné, et commence à y supplanter les formes dialectales, dorénavant associées aux échanges non formels, voire à la ruralité.

Locuteurs

Distribution linguistique du basque

Sur une population totale de 2 975 000 habitants répartis dans les 7 provinces du Pays basque, 26,9 % sont bilingues et 15,3 % ont une connaissance approximative du basque, soit 1 255 750 personnes (881 300 personnes sont des locuteurs bilingues actifs et 454 400 sont des locuteurs bilingues passifs). Du point de vue de leur rapport avec l'euskara, les habitants du Pays basque se répartissent en 4 grandes catégories[67].

  1. Les unilingues bascophones ne parlent que le basque en France ou en Espagne. Ils sont âgés, mais certains enfants sont mis à l'ikastola (moins de 0,7 %, ce qui représente tout de même 20 000 personnes).
  2. Les bilingues basque actifs parlent deux langues, français / basque ou espagnol / basque. Ils sont 26,9 % et se répartissent en 3 sous-catégories :
    • 40 % sont bilingues avec le français ou l'espagnol dominant ou l'erdara dominant.
    • 29 % sont des bilingues équilibrés, ils connaissent aussi bien le basque que l'espagnol (ou le français).
    • 32 % sont bilingues avec le basque dominant.
  3. Les bilingues basques réceptifs comprennent ou lisent le basque mais le parlent rarement. Ils représentent 15,3 % et sont de plus en plus nombreux, les cours de langue pour adultes étant très populaires.
  4. Les non-bascophones qui ne connaissent pas le basque. Ils sont majoritairement unilingues espagnol ou français, mais ils peuvent aussi être des bilingues voire multilingues par leur connaissance d'autres langues (immigrés non espagnols ni français notamment). Ils forment la majorité de la population, avec 57,8 %.

Il existe de grandes disparités dans la population au regard du bilinguisme basque selon les provinces. La Biscaye compte 1 141 000 habitants, dont 26,5 % (302 000) sont bilingues et 24,9 % (284 000) de bilingues passifs. Le Guipuzcoa avec 686 000 habitants a le plus grand nombre de locuteurs bascophones, soit 329 000, ce qui correspond à 48 % de la population et 9,5 % (65 000) de bilingues réceptifs. La Navarre (594 000) n'a que 14,4 % (85 500) de bascophones qui sont groupés essentiellement dans le nord de la province et 6,8 % de bilingues réceptifs (40 200). L'Alava avec ses 298 000 habitants a 13,4 % (40 000) de bilingues et 11,1 % (33 000) bilingues réceptifs. Le Labourd avec 208 000 habitants a 18,6 % de sa population bilingue (38 600) et 24 600 bilingues réceptifs. Quant à la Basse-Navarre et à la Soule, les plus faiblement peuplées (30 000 et 17 000), elles ont de loin les plus forts pourcentages de personnes bilingues, avec 60,9 % de bilingues (28 600) et 15,1 % de bilingues réceptifs (7 000).

Statut

Antécédents

La prise de Bilbao le 19 juin 1937 par les troupes franquistes mit fin à l'expérience sur le territoire basque. Cependant, le Gouvernement basque en exil (1937-1979) continua d'utiliser cette langue dans ses activités.

Attitude des États espagnol et français

  • Espagne : La constitution espagnole de 1978 reconnait dans son préambule et à son article 3 que le Castillan est la langue nationale et que les communautés autonomes ont le droit d'adopter une ou des langues officielles, ces dernières devenant de jure langue co-officielle. L'Espagne a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires le 5 novembre 1992 et l'a ratifiée le 9 avril 2001.
  • France : La constitution française ne reconnait que le français comme seule langue officielle sur son territoire. Le 7 mai 1999, la France a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, mais ne l'a jamais ratifiée, ce qui laisse cette Charte sans effet.
Situation juridique de l'euskara au Pays basque

Le basque langue co-officielle

La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, dans les deux communautés autonomes qui correspondent au territoire basque traditionnel en Espagne.

La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis 1980 et la mise en place du statut d'autonomie (2 184 606 habitants en 2011).

La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis la loi forale de 1986, dans la zone historiquement "bascophone". Cette zone correspond à 63 communes du nord de la Navarre (soit, en 2009, 58.932 habitants).

Le basque langue minoritaire

La langue basque est minoritaire dans deux autres zones de la Navarre, l'espagnol étant la seule langue administrative. Dans la Zone mixte (55 communes du centre de la Navarre, dont la capitale Pampelune) la langue basque peut bénéficier de certaines mesures comme l'enseignement public bilingue ou la signalisation toponymique bilingue. Dans la Zone non bascophone (sud de la Navarre) la langue basque ne bénéficie d'aucun statut juridique officiel.

Le français est la seule langue officielle dans cette circonscription administrative dans laquelle sont regroupées les provinces basques de Labourd, Basse-Navarre et Soule.

Le 26 juin 2014, le conseil municipal d'Ustaritz, ville de 6 200 habitants, chef-lieu de canton du département des Pyrénées-Atlantiques a fait du basque la langue officielle de la commune. Le tribunal administratif de Pau a annulé, le 26 janvier 2015, cette délibération. La commune attend depuis de recevoir les motivations de ce jugement pour décider si elle fera appel ou non.

Vie publique

Enseignement

Pays basque nord :

Pourcentage d'élèves inscrits avec une scolarité en basque. La ligne rouge démarque la frontière franco-espagnole.

Le basque est enseigné dans les écoles immersives associatives dites « ikastola » où tous les cours, dans les premières années de maternelle se font par immersion en basque avec introduction progressive du français qui est utilisé en parité avec l'euskara (histoire, géographie, sciences, mathématiques…). Les enfants sont donc rapidement parfaitement bilingues.

La langue est aussi enseignée dans certaines écoles, collèges et lycées publics en tant que langue facultative. Il existe aussi des cours du soir pour apprendre la langue et la culture basques.

En France est créé à Bayonne en 2004 l' Office Public de la Langue Basque (OPLB) qui poursuit son projet de politique linguistique en ouvrant des sections d'enseignement bilingue dans le Pays basque[68].

Pays basque sud :

Voir es:Euskera en el sistema educativo

Télévision

  • Euskal Telebista : Le consortium qui dépend de la communauté autonome basque possède deux chaînes exclusivement en basque :
    • ETB 1 : Chaîne généraliste exclusivement en basque créée en 1982. Peut être captée en hertzien dans la CAB, la Navarre et le Pays basque français.
    • ETB 3 : Chaîne dédiée aux jeunes créée exclusivement en basque en 2008. Diffusée via la TNT dans la CAB.
    • ETB Sat : Chaîne disponible via les systèmes satellites et ADSL diffusant une partie des programmes d'ETB-1.
  • Hamaika : Chaîne généraliste exclusivement en basque créée en 2009. Diffusée via la TNT dans la CAB.
  • France 3 Euskal Herri Pays Basque : Décrochage local de France 3 Aquitaine. Une petite partie des informations est diffusée en basque (1 min par jour sur les 6 minutes totales du décrochage d'information ainsi qu'un tiers des reportages hebdomadaires).
  • TVPI.
  • Kanaldude : Télévision de Basse-Navarre, participative et en langue basque. Diffusion par internet et via le canal TNT de TVPI.

Radio

Communauté autonome basque

Dans la CAB, en plus de certaines stations de service public Euskadi Irratia (groupe EITB) (Euskadi Irratia, Gaztea, EiTB Musika), une cinquantaine de radios associatives émet en basque.

Navarre

De nombreuses radios associatives parmi lesquelles Euskalerria irratia[réf. souhaitée] à Pampelune, Xorroxin Irratia (Baztan).

Pays basque français

Les radios associatives du Pays basque nord se sont groupées dans une association nommée Euskal irratiak et diffusent des programmes en commun :

  • Gure Irratia créée en 1981 et Antxeta Irratia créée en 1999, basées au Labourd
  • Irulegiko Irratia créée en 1982 et basée en Basse-Navarre
  • Xiberoko Botza créée en 1982 et basée à Mauléon (Soule)

De plus France Bleu Pays Basque consacre 55 minutes d'actualité en basque.

Il existe aussi une radio à caractère religieux diffusant en basque depuis Ustaritz, Radio Lapurdi Irratia.

Journaux

Quotidiens (egunkaria)

  • Berria, quotidien exclusivement en basque. Successeur d'Egunkaria.
  • Gara, quotidien en basque et en espagnol.

Hebdomadaires (aldizkaria)

De nombreux hebdomadaires sont écrits en basque parmi lesquels :

  • Herria, hebdomadaire du Pays basque nord exclusivement en basque. Créée en 1944.
  • Argia, hebdomadaire exclusivement en basque.
  • Mintza, hebdomadaire exclusivement en basque ajouté chaque jeudi au quotidien basque de langue française le Journal du Pays basque.
  • Iparraldeko hitza, hebdomadaire exclusivement en basque. Distribué avec Berria.

Bimensuels

  • Ekaitza, bimensuel politique de gauche, indépendantiste, du Pays basque nord. La majorité des articles sont en français, mais certains sont en basque. Créé en 1986.

Notes et références

  1. VIe Enquête Sociolinguistique en Euskal herria (Communauté Autonome d'Euskadi, Navarre et Pays Basque Nord) (2016). Dans l'échantillon total du Pays basque, la marge d'erreur est de plus ou moins 1,4 %.
  2. VIe Enquête Sociolinguistique au Pays Basque Nord (2016).
  3. Augustin Chaho, Voyage en Navarre pendant l'insurrection des basques (1830-1835), Bayonne, 1865, p. 85-89.
  4. Sabino Arana Goiri, Euzko, Euzkadi I, 1901
  5. Esteban de Garibay, Compendio historial de las chronicas y unibersal historia de todos los reynos de España, donde se escriven las vidas de los reyes de navarra, Lib. III, Cap. III, p. 91, Amberes, 1571.
  6. Joannes Leizarraga, Iesvs Christ gure Iavnaren Testamentv Berria, La Rochelle, 1571.
  7. De même que huarte notait le basque uharte « entre eaux ».
  8. Comparer aussi avec le sens « bavarder » du verbe erautsi (darautsate « ils bavardent »), phonétiquement proche.
  9. Alfonso Irigoyen, Geure hizkuntzari euskaldunok deritzagun izenaz, Euskera XXII, 1977
  10. Alfonso Irigoyen, Etimología del nombre vasco del vascuence y las vocales nasales vascas descritas por Garibay, 1990.
  11. SOULETIN ET BATUA : pour un duo plutôt qu'un duel. Par Battittu Coyos, UMR 5478 IKER, Université René Descartes – Paris V. « Au plan linguistique, le batua est une forme de basque au même titre que le souletin. Toutefois il est réservé à certains domaines, alors que le souletin l'est à d'autres. D'un certain point de vue, on peut comparer le batua au français. Le français est issu du francien, un dialecte d'oïl qui a réussi au détriment des autres formes d'oïl (picard, champenois, poitevin, wallon, etc.). ».
  12. (en) Joseph Harold Greenberg, Language in the Americas, Stanford University Press, 1987, 438 p.
  13. (en) Nicholas Wade, Before the dawn : recovering the lost history of our ancestors, Penguin, 2007, 320 p.
  14. Swadesh, Morris (1963), Nuevo ensayo de glotocronología Yutonahua, Anales del INAH 15:263-302.
  15. Quantification : a cross-linguistic perspective, Lisa Matthewson, Brill, 2008, 488 pages
  16. a et b (en) J.A. Lakarra, in Language isolates (dir. Lyle Campbell, Routledge, 2017, p. 59
  17. (en) « Basque language », sur Britannica.com (consulté le ).
  18. a et b Langue et peuplement : le cas de la langue basque, conférence donnée à Bayonne par Beñat Oyharçabal.
  19. (es) Protovasco, munda y otros : reconstrucción interna y tipología holística diacrónica, in Oihenart : cuadernos de lengua y literatura, I Journées de linguistique basque-roman, Eusko Ikaskuntza, Saint-Sebastien
  20. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées NOT
  21. a et b L'origine de l'Euskara, larecherche.fr, mai 2019, p.12.
  22. Thèse soutenue à l'Université de Pau et des pays de l'Adour le 23 mars 2007 obtenue avec la mention Très honorable avec félicitations à l'unanimitéEuskera-Erdarak : basque et langues indo-européennes : essai de comparaison par Eñaut Etxamendi (site theses.fr).
  23. a et b Euroskara.com, site internet sur lequel apparaît dans son intégralité la thèse d'Eñaut Etxamendi (accessible en français).
  24. a b et c Le basque est une langue indo-européenne, magazine L'Express, 4 mai 2015.
  25. Arnaud Etchamendy, Dominique et Fina Davant, Roger Courtois, L'origine de la langue basque, collection L'Harmattan, 2018
  26. Dominique Davant, Le livre "L'origine de la langue basque", récemment publié par l'Harmattan, blogs.mediapart.fr, 24 juillet 2018, consulté le 13 mai 2019
  27. Dans ses travaux Etxamendi cite cette phrase d'André Martinet dans Évolution des langues, 30 : « On se gardera d'oublier que l'on peut attribuer au hasard une ressemblance isolée, mais non un ensemble de faits connexes ». (Thèse Avertissement « L’origine de la langue basque »] pp. 13 (Introduction) et 229 (monographie succincte)).
  28. a et b (it) Paolo Mauri, « Anche il basco tra le lingue indoeuropee? » [« Le basque fait-il lui aussi partie des langues indo-européennes ? »], sur www.ilprimatonazionale.it, .
  29. En 2015 Etxamendi écrit : « Je suis effectivement le seul linguiste à avancer cette thèse, et pour cause. Je suis le seul à avoir tenté véritablement une comparaison des langues basque et indo-européennes à l'aide des outils légués par les linguistes les plus éminents du XXe siècle - Antoine Meillet, Émile Benveniste, Pierre Chantraine, André Martinet, Claude Tchekhoff. (...). Il [l'ouvrage de Jean-Paul Demoule Mais où sont passés les Indo-Européens ?] prouve que cette affaire de prétendus conquérants envahisseurs invincibles (ancêtres du groupe germanique) qui auraient effacé tous les idiomes antérieurs, à l'exception (notamment) du basque, est un conte des origines qui ne résiste pas à l'analyse moderne historico-archéologique ».
  30. a et b Parmi les 4.000 mots analysés par A. Etchamendy dans sa thèse, plus de 200 sont cités dans le livre « L’origine de la langue basque », regroupés par famille, dans une soixantaine d’articles illustrés.
  31. a et b Il écrit ainsi dans sa thèse: « D'une part, nous pensons que l'emprunt, même à grande échelle, ne peut expliquer ces "coïncidences multiples" et, d'autre part, l'on a guère signalé à ce jour, de migrations en provenance de la Méditerranée orientale vers notre pays aux dimensions restreintes : Grecs, Arméniens et Indo-iraniens sont à grande distance de l'aire basque » et « il apparaît que les spécificités supposées du basque (syntaxe ergative, prédicat nominal, absence de genre, morphologie, etc.) sont les caractéristiques de l'indo-européen d'avant l'hypothétique séparation des groupes, (...). Enfin, le stock lexical irréductible de l'euskara - si cela signifie sans racines communes - ne nous est pas apparu à ce jour ».
  32. Eñaut Etxamendi, L’origine de la langue basque, pp. 193 à 208
  33. Thèse (lexique BARUR/BARREN, JABEL, PORRO …) ; Eñaut Etxamendi, L’origine de la langue basque, avaler/manger/boire, pp. 100-116, frapper/tuer, pp. 162-163-169-170-171, gratter/racler, pp. 73-74-104, aiguiser, p. 73
  34. Site internet de découverte et d'apprentissage de la langue basque Bascorama.com Questionnement sur l'origine de la langue basque, article 64 Galilée et Euskara.
  35. Atlantica.fr (président de l'association depuis 2010) (consulté le 19 mai 2019).
  36. a et b Le basque une langue indo-européenne ?. Association Ikerzaleak, Maison du Patrimoine 64130 Mauléon Licharre, http://ikerzaleak.wordpress.com.
  37. Licencié en philologie romane et professeur, pendant quarante ans, de langue et de littérature à l'Institut Cervantes de Madrid.
  38. a et b (en) Asya Pereltsvaig, Does Basque Descend from Dogon?, languagesoftheworld.info, 28 novembre 2014
  39. a et b Un linguiste apparente le basque au dogon, parlé au Mali
  40. (eu) Euskararen jatorria Afrikan dagoela dio filologo batek article sur le journal naiz.
  41. Voici quelques exemples : bede/bide ("chemin" en dogon et en basque, respectivement); soro/soro (terre agricole); beri/bero (chaud); gara/garai (haut); bana/banandu (séparer); kwiye/kuia (potiron); togi/toki (lieu); kose/gose (faim).
  42. Dogonen teoriak «ez du ez hanka ez buru», Kintanaren arabera, article sur le journal naiz.
  43. Linguistique : le basque vient-il du dogon ? dans le Journal du Pays basque, 13 avril 2013
  44. Yana Zgurovska, Le mystère de la langue basque, academia.edu, 2015
  45. a b c d et e Michel Morvan, Le basque, langue eurasienne.
  46. Michel Morvan. Les origines linguistiques du basque. 290 p., Presses Universitaires de Bordeaux, 1996.
  47. Dictionnaire étymologique basque, online, Internet, Lexilogos
  48. Titre original : The Origin of Language. Tracing the Evolution of the Mother Tongue. Version française en 1996.
  49. Merritt Ruhlen, L'Origine des langues, pages 180 à 181.
  50. a et b Merritt Ruhlen, L'origine des langues, pages 85 à 87.
  51. Merritt Ruhlen, L'origine des langues, page 87.
  52. Merritt Ruhlen, L'origine des langues, Débats Belin, 1997 (ISBN 978-2-7011-1757-7). Larry Trask, The History of Basque, Routledge, 1997 (ISBN 978-0-415-13116-2). « Origine unique, multiple origine » (article non signé).
  53. (en) John D. Bengtson, « Some features of Dene–Caucasian phonology (with special reference to Basque) » in Cahiers de l'Institut de Linguistique de Louvain (CILL), 2004, p. 33–54.
  54. « Are Iberian and Basque related? The problem with "magical translators" ». Jesús Rodríguez Ramos.
  55. Hector Iglesias, Basques et Berbères, Presses Académiques Francophones, (lire en ligne)
  56. Hector Iglesias, « Les énigmatiques Ibardi(ri)n, Ezkirin et Idirin : toponymes basques de type " berberoïde " ? », sur https://hal.archives-ouvertes.fr/, (consulté le )
  57. Igleisas Hector, « La parenté de la langue berbère et du basque : nouvelle approche », 29 p., en ligne sur HAL‑SHS, 2011
  58. Dans un article intitulé "Affinités toponymiques cantabropyrénéennes et énigmes historiques" Une survivance linguistique apparemment inexplicable.
  59. EL "EUSKERA ARCAICO" EN BUSCA DE LA KUTXA PERDIDA..
  60. (es) Luis Núñez Astrain, El euskera arcaico : extensión y parentescos, Tafalla, Txalaparta, , 390 p. (ISBN 978-84-8136-300-5, lire en ligne).
  61. a et b Aréologie dialectale et modularité des réseaux dialectaux : étagement spatial et structural des processus (morpho-)phonologiques dans le réseau dialectal basque par Jean-Léo Léonard, Osterlits, Paris III.
  62. (es) « El enigma del mito y la historia: Basque Code Talkers en la Segunda Guerra Mundial' » (consulté le )
  63. (es) La grammaire basque.
  64. (eu) Euskaltzaindia : Règle no 17 du basque standard (batua), Noms des lettres de l'alphabet basque, règle votée le 25 novembre 1994.
  65. Biblia, traduction de toute la Bible en navarro-labourdin.
  66. Les dialectes basques : homogénéité ou dispersion ?.
  67. EITB - EAEko herritarren %60 euskara ondo edo hala-hola hitz egiteko gai dira.
  68. a et b Fère Emmanuelle, « La langue basque fêtée le 3 décembre », Sud Ouest, .

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Consulter le Wiktionnaire rédigé en basque.

Liens externes

  1. « Guide de la conversation français-basque », sur Gallica (consulté le ).