Barbeau commun

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Barbus barbus

Le Barbeau commun ou Barbeau fluviatile (Barbus barbus) est un poisson cyprinidé, robuste, atteignant 1 m de long, qui vit près du fond, dans le courant des rivières.

Vue de la bouche, de profil, avec ses barbillons
Alevin de Barbeau commun, au 1er été
Juvénile, au 1er automne
Photo subaquatique de barbeaux vus de dessous, dans leur milieu

Il a un corps allongé, fusiforme, une bouche placée nettement à la position inférieure de la tête et pourvue de quatre barbillons. Le dernier rayon de la nageoire dorsale présente une arête dentelée.

Habitat[modifier | modifier le code]

Dans les eaux courantes, peu profondes des rivières (qui portent son nom dans la classification de Huet), le barbeau affectionne les zones caillouteuses pour mieux retourner les pierres où se trouvent ses repas, les proximités de fosses. Il est présent en Europe occidentale et centrale. On ne le trouve pas en Irlande, au Danemark et en Scandinavie. À la périphérie de son aire d'expansion, on trouve de nombreuses sous-espèces de barbeaux.

Alimentation[modifier | modifier le code]

Les barbeaux vivent en banc et se nourrissent sur le fond de la faune et de la flore benthique.

Leurs repas se composent principalement d'écrevisses et de nombreuses autres espèces d'invertébrés gammares, aselles, larves de trichoptères, de plécoptères, de mollusques, ainsi que de jeunes poissons ou œufs...

Éthologie[modifier | modifier le code]

L'espèce présente un comportement migratoire saisonnier dont le rythme et l'intensité sont liés d'une part à la reproduction et d'autre part probablement à la recherche de nourriture. Selon des observations collectées dans la rivière Nidd (un affluent du Ouse du Yorkshire) au nord-est de l'Angleterre de juin 1993 à septembre 1994[1] :

  • les mâles et les femelles remontent le courant vers l'amont au printemps pour aller frayer sur des lits de gravier[1].
  • Les femelles redescendent ensuite vers l'aval plus rapidement que les mâles (durant les mois d'été)[1].
  • Les deux sexes se déplacent encore vers l'aval en automne et en hiver[1].
  • La durée du jour ainsi que la température de l'eau sont deux facteurs qui prédisent le mieux la distance qui sera parcourue[1].

En été, les pics d'activité sont observés tôt le matin (aube) et tard le soir (crépuscule)[1]. En hiver, l'activité moyenne journalière est de 20% inférieure à celle observée en été. Les poissons semblent engourdis, avec un seul pic d'activité au crépuscule[1].

Le comportement de dérive vers l'aval des œufs et des larves de poissons a été étudié en 1993 et 1995 en Angleterre dans la rivière Lee (petit cours d'eau eutrophe sur fond crayeux, où cette espèce était prédominante) sur la période mai-juillet[2]. L'étude n'a pas montré de corrélation entre densité des larves à la dérive et débit en 1993 ni en 1995, mais presque toutes les larves de poisson ne dérivaient que de nuit[2]. En 1995 la dérive des œufs s'est produite indépendamment de la luminosité, mais la majorité des œufs a dérivé durant la journée et à l'aube[2]. Les plus fortes densités de larves de poissons (en particulier le barbeau) ont dérivé quand le courant était plus rapide (et inversement pour les œufs de poisson, suggérant une réponse modulée en fonction du courant)[2].

Cette espèce est donc vulnérable à la fragmentation écologique des cours d'eau et probablement à la pollution lumineuse là où les cours d'eau sont éclairés en début et fin de nuit.

Risques sanitaires[modifier | modifier le code]

Parce que vivant assez longtemps et se nourrissant près du fond ou dans les sédiments éventuellement pollués, le barbeau fait partie des poissons fortement bioaccumulateurs. En raison de sa propension à bioconcentrer les métaux lourds, certains métalloïdes ou des polluants peu biodégradables tels que les PCB, furanes ou dioxines, il peut dans certains cours d'eau pollués être interdit de pêche, de détention et de toute commercialisation[3].

Intérêt halieutique[modifier | modifier le code]

Intérêt halieutique professionnel et de subsistance[modifier | modifier le code]

Poisson d'intérêt économique vivrier dans bon nombre de pays européens (Autriche, Pologne, Pays de l'Est, etc.).

Intérêt halieutique de loisir[modifier | modifier le code]

Il n'existe pas de technique particulière destinée à sa capture. Il se prend couramment sur des lignes eschées de vers, grains de céréales (maïs, blé, chènevis...) et aux bouillettes destinées aux carpes. Le barbeau est un poisson de sport, puissant, avec une défense impressionnante. Ce qui le rend populaire auprès des pêcheurs.

Intérêt culinaire[modifier | modifier le code]

Depuis quelques décennies, dans les pays ayant perdu une partie de leur savoir-faire culinaire et tournés vers une alimentation industrialisée, le barbeau possède un intérêt gastronomique limité.
A contrario, d'autres pays[Lesquels ?] le considèrent comme nourriture potentielle où il est largement représenté dans la gastronomie locale, préparé au court-bouillon par exemple.

Les œufs sont purgatifs et ne se mangent pas.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Lucas M.C & Batley E (1996) Seasonal movements and behaviour of adult barbel Barbus barbus, a riverine cyprinid fish: implications for river management. Journal of Applied Ecology, 1345-1358|résumé.
  2. a b c et d Copp G.H, Faulkner H, Doherty S, Watkins M.S & Majecki J (2002) Diel drift behaviour of fish eggs and larvae, in particular barbel, Barbus barbus (L.), in an English chalk stream. Fisheries Management and Ecology, 9(2), 95-103|résumé
  3. ARS (Agence régionale de santé Nord- Pas- de- Calais)Arrêté interpréfectoral portant interdiction de consommation, de commercialisation, et de détention de certaines espèces de poissons pêchés dans les cours d'eau des départements du Nord et du Pas-de-Calais. Arrêté n °2014202-0003 signé par Dominique BUR - Préfet du Nord Denis ROBIN, Préfet du Pas- de- Calais - le 21 juillet 2014]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alavi S.M.H, Psenicka M, Rodina M, Policar T & Linhart O (2008) Changes of sperm morphology, volume, density and motility and seminal plasma composition in Barbus barbus (Teleostei: Cyprinidae) during the reproductive season. Aquatic Living Resources, 21(1), 75-80.
  • Almaca C (1981) La collection de Barbus d'Europe du Museum national d'Histoire naturelle (Cyprinidae, Pisces). Bull. Mus. Hist. nat. Paris, 277-307.
  • Baras E & Cherry B (1990) Seasonal activities of female barbel Barbus barbus (L.) in the River Ourthe (Southern Belgium), as revealed by radio tracking. Aquatic Living Resources, 3(4), 283-294.
  • Baras E & Philippart J.C (1989) Application du radiopistage à l'étude éco-éthologique du barbeau fluviatile (Barbus barbus): problèmes, stratégies et premiers résultats. Cah. Ethol. Appl, 9, 467-794.
  • Baras E & Nindaba J (1999) Diel dynamics of habitat use by riverine young-of-the-year Barbus barbus and Chondrostoma nasus (Cyprinidae). Archiv für Hydrobiologie, 431-448|résumé.
  • Baras E (1995) Seasonal activities of Barbus barbus: effect of temperature on time‐budgeting. Journal of fish biology, 46(5), 806-818|résumé.
  • Baras E (1995) Thermal related variations of seasonal and daily spawning periodicity in Barbus barbus. Journal of Fish Biology, 46(5), 915-917|résumé
  • Baras E (1994) Constraints Imposed By High-densities On Behavioral Spawning Strategies In the Barbel, Barbus-barbus. Folia Zoologica, 43(3), 255-266.
  • Baras, E., Lambert, H., & Philippart, J. C. (1994). [Baras, E., Lambert, H., & Philippart, J. C. (1994). A comprehensive assessment of the failure of Barbus barbus spawning migrations through a fish pass in the canalized River Meuse (Belgium). Aquatic Living Resources, 7(3), 181-189. A comprehensive assessment of the failure of Barbus barbus spawning migrations through a fish pass in the canalized River Meuse (Belgium)]. Aquatic Living Resources, 7(3), 181-189.
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  • Gougnard I, Poncin P, Ruwet J.C & Philippart J.C (1987). Description et analyse du comportement de reproduction du Barbeau Barbus barbus (L) en aquarium. Influence du nombre de mâles courtisans sur les comportements observés. Cahiers d'Ethologie, 7(3), 293-302.
  • Hunt P.C & Jones JW (1974) A population study of Barbus barbus (L.) in the River Severn, England. Journal of Fish Biology, 6(3), 255-267|résumé.
  • Kotlik P & Berrebi P (2001) Phylogeography of the barbel (Barbus barbus) assessed by mitochondrial DNA variation. Molecular Ecology, 10(9), 2177-2185|résumé.
  • Kraiem M.M & Pattee E (1980) La tolérance à la température et au déficit en oxygène chez le Barbeau (Barbus barbus L.) et d'autres espèces provenant des zones piscicoles voisines. Arch. Hydrobiol, 88(2), 250-261..
  • Lucas M.C & Batley E (1996) Seasonal movements and behaviour of adult barbel Barbus barbus, a riverine cyprinid fish: implications for river management. Journal of Applied Ecology, 1345-1358|résumé.
  • Persat H & Berrebi P (1990) Relative ages of present populations of Barbus barbus and Barbus meridionalis (Cyprinidae) in southern France: preliminary considerations. Aquatic Living Resources, 3(4), 253-263.
  • Philippart J.C (1987) Démographie, conservation et restauration du barbeau fluviatile, Barbus barbus (Linné)(Teleostei, Cyprinidae) dans la Meuse et ses affluents. Quinze années de recherches. In Annales de la Société Royale de Zoologie de Belgique (Vol. 117, pp. 49-62).
  • Philippart, J. C. (1982). Mise au point de l’alevinage contrôlé du barbeau Barbus barbus (L.) en Belgique. Perspectives pour le rempoissonnement des rivières. Cah. Ethol. Appl, 2, 173-202.
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  • Pouilly M, Souchon Y & ROGER P (1994). Simulation de l'habitat physique du barbeau fluviatile (Barbus barbus, L. 1758): choix des modèles biologiques et sensibilité de la réponse. Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, (334), 213-225.
  • Toubeau G, Poilve A, Baras E, Nonclercq D, De Moor S, Beckers J.F ... & Heuson-Stiennon J.A (1991) Immunocytochemical study of cell type distribution in the pituitary of Barbus barbus (Teleostei, Cyprinidae). General and comparative endocrinology, 83(1), 35-47|résumé.
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