Banlieue (terme)

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Un immeuble à Clichy-sous-Bois.

La banlieue est une expression qui s'appuie sur le concept de banlieue urbaine, employé en urbanisme . Mais il s'agit dans ce cas d'un mot connoté lié au résultat des politiques d'aménagement du territoire pouvant revêtir plusieurs sens péjoratifs. Le sens connoté du mot est surtout utilisé en France ou en référence à elle et témoigne d'une confusion entre le sens initial du mot et la dénomination d'espaces où se déroulent des violences.

Expression "banlieue" construite sur un concept[modifier | modifier le code]

Pris au sens strict, le mot « banlieue » désigne des agglomérations, des quartiers, qui entourent un centre urbain et participent à sa vie et à ses fonctions, ayant pour point commun d'être situés en périphérie[1] ,[2]. Dans cette acception, le concept inclut des quartiers aisés (l'on parle par exemple de « banlieue chic[3] »), que ceux habités par les classes moyennes et populaires[4].

Réemploi médiatique[modifier | modifier le code]

L'étude sociologique des banlieues montre un phénomène de construction sociale[5]. En effet, l'usage contemporain, surtout en l'absence de qualificatif particulier (comme « banlieue pavillonnaire »), tend à y rattacher, tout comme le mot « cité », une connotation souvent péjorative désignant les grands ensembles de logements à loyer modéré[6]. Le sens du mot est alors réduit à celui de « quartier HLM[7] ». Les quartiers sensibles qualifiés de banlieue sont en outre souvent assimilées à l'immigration et aux Français d'origine étrangère[8],[5],[9],[10].

Le mot banlieue peut alors être assimilé aux quartiers dits « sensibles[11],[12] », une notion péjorative[13]. L'expression est associée, dans la présentation médiatique, à une perception accrue d'insécurité[14],[15],[16]. Ces quartiers sont parfois désignés administrativement sous les noms de quartier de reconquête républicaine (QRR), quartier prioritaire de politique de la ville ou encore zone de sécurité prioritaire.

L'usage de cette expression témoigne du fait qu'il y a parfois une confusion qui s'opère entre la limite périphérique d'un espace urbain et certains quartiers sensibles. En effet, les quartiers concernés par la violence pouvant être désignés par l'expression "banlieue" alors que les problèmes de violence se déroulent parfois dans des quartiers appartenant à des centre urbains. De même, de nombreuses communes périphériques, de banlieue, ne connaissent pas de difficultés spécifiques[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Académie française, « Dictionnaire de l’Académie française », sur www.dictionnaire-academie.fr (consulté le )
  2. « Banlieue », sur Géoconfluences, (consulté le )
  3. Élodie Salin, « La banlieue chic de l’Ouest parisien », Téoros. Revue de recherche en tourisme, vol. 34, nos 1-2,‎ (ISSN 0712-8657, lire en ligne, consulté le )
  4. Marco Oberti, « La France des "petits-moyens". Enquête sur la banlieue pavillonnaire, M. Cartier, I. Coutant, O. Masclet, Y. Siblot », Sociologie du travail, vol. 52, no 4,‎ , p. 573–576 (ISSN 0038-0296, DOI 10.4000/sdt.15629, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Cyprien Avenel 2009.
  6. Pierre Longeray, « Une histoire des « cités de banlieue » françaises », sur Vice, (consulté le )
  7. « La vie HLM, l'histoire du logement social en banlieue », sur France 3 Paris Ile-de-France, (consulté le )
  8. Raphael Piastra, « Délinquance, criminalité, banlieues…. », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  9. « 1 habitant sur 2 des zones urbaines sensibles est issu de l'immigration », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  10. Par Bartolomé Simon Le 19 février 2020 à 17h10, « Essonne : la brûlante question des migrants placés dans les quartiers sensibles », sur leparisien.fr, (consulté le )
  11. Didier Desponds et Pierre Bergel, « Identifier les « quartiers sensibles » dans les villes françaises : une quête sans cesse recommencée », Itinéraires. Littérature, textes, cultures, nos 2016-3,‎ (ISSN 2100-1340, DOI 10.4000/itineraires.3521, lire en ligne, consulté le )
  12. « Quartiers sensibles : une perception plutôt négative des Français », sur www.vie-publique.fr, (consulté le )
  13. Hervé Vieillard-Baron, « Banlieue, quartier, ghetto : de l'ambiguïté des définitions aux représentations », Nouvelle revue de psychosociologie, no 12,‎ , p. 27 à 40 (lire en ligne Accès libre)
  14. Julie Sedel 2014.
  15. « Davantage soumis à la délinquance, les habitants des quartiers prioritaires ne se sentent pas en sécurité », sur La Gazette des Communes (consulté le )
  16. Hélène Heurtel, « L’insécurité dans les quartiers d’habitat social : quelles réalités ? », Note rapide, Institut Paris Région, no 497,‎ (lire en ligne Accès libre [PDF])
  17. Hervé Vieillard-Baron 2011.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Julie Sedel, « Les ressorts sociaux de la médiatisation des banlieues », Savoir/Agir, no 28,‎ , p. 51 - 56 (lire en ligne).
  • Cyprien Avenel, « La construction du « problème des banlieues » entre ségrégation et stigmatisation », Journal français de psychiatrie, no 34,‎ , p. 36 à 44 (lire en ligne).
  • Hervé Vieillard-Baron, « Banlieue, quartier, ghetto : de l'ambiguïté des définitions aux représentations », Nouvelle revue de psychosociologie, no 12,‎ , p. 27-40 (DOI 10.3917/nrp.012.0027, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]