Babak Khorramdin

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Statue de Babak Khorramdin à Babek en Azerbaïdjan.

Bābak Khurramdîn[1] en persan, Pāpak Khorramî[2] en pehlevi[3], ayant vécu entre 795 (ou 798 selon d'autres sources) et [4]. Babak était l'un des principaux chefs révolutionnaires perse[5],[6],[7]; du mouvement iranien Khurramites[8] (La religion joyeuse), un mouvement d'indépendance iranien qui se battait contre le califat Abbasside.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ses débuts[modifier | modifier le code]

En 755, Abû Muslim, qui avait été le fer de lance des abbassides pour leur prise de pouvoir, fut assassiné par Al-Mansûr. Les habitants du Khorasan en particulier ressentirent cet assassinat comme la négation de leur rôle dans le renversement des omeyyades. Ceci provoqua de nombreuses révoltes et en retour une répression de plus en plus dure.

L'insurrection[modifier | modifier le code]

La forteresse de Babak.

Témoin des pressions que subissait son peuple, Bâbak rejoignit le mouvement de la Khurramiya. Tabari présente Babak dans un portrait sans nuance :

« Bâbek est le fondateur de la doctrine Khorrémite, espèce d'hérésie dont le seul enseignement positif consistait à rejeter l'islamisme, à déclarer licite tout ce qui est défendu par la religion, le vin, la fornication, l'usage des aliments prohibés, et à affranchir les hommes de toute loi. Cette doctrine, prêchée par Bâbek, plaisait au peuple; un grand nombre de personnes l'embrassèrent et se mirent à tuer les musulmans.

Établi dans un lieu fortifié au milieu de défilés inaccessibles aux troupes, Bâbek défiait toute attaque des armées du gouvernement. Celles-ci, au contraire, étaient exposées de sa part à des surprises nocturnes, après lesquelles il se retirait sans qu'il fût possible de le poursuivre[9] . »

Le calife Al-Mu'tasim désigna un général d'origine perse, nommé Afchîn, pour aller combattre contre Bâbak. Afchîn avait la responsabilité de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. Afchîn eut un premier succès contre une armée de Bâbak et il envoya les têtes de cent officiers ennemis au calife. Afchîn se dirigea ensuite vers Ardabil et y resta un mois. Il établit un camp retranché à l'entrée des défilés menant à la forteresse de Babak et attendit sans rien faire d'autre. Il imagina un stratagème pour inciter Bâbak à sortir de son retranchement. Il fit savoir qu'un transport de la solde de ses soldats quitterait Ardabil un jour donné. Il laissa libre l'entrée des défilés. Bâbak sortit de la forteresse pour s'emparer de cet argent et tomba dans une embuscade. Bâbak put s'enfuir.

Pendant l'hiver Afchîn essaya en vain de contourner les défilés menant au repère de Bâbak. En passant par les hauteurs, la neige et le froid paralysaient ses troupes. Au printemps, Afchîn reçut des renforts en hommes et en matériels.

Bâbak eut alors l'idée de demander le soutien de l'empereur de Byzance. Celui-ci entra en campagne en Cilicie et repris la ville de Tarse. Al-Mu'tasim fit alors appel aux villes de Mossoul, de Samarra, de Bagdad et de tout l'Irak et réunit une armée de cent mille hommes pour reprendre le territoire de Tarse.

Malgré les risques, Afchîn remonta les défilés et parvint à mettre le siège devant la forteresse de Babak. Après de nombreuses escarmouches et tentatives d'assaut, la forteresse tenait toujours. Babak finit cependant par demander à parler avec Afchîn. Lui laissant son fils comme otage, il demanda à rester dans la forteresse jusqu'à ce que la grâce du calife lui soit accordée par une lettre scellée. Bâbak profita de la nuit pour s'enfuir avec quelques hommes. La grâce du calife arriva dix jours plus tard.

Dans sa fuite Bâbak a été trahi par un de ses anciens partisans, Sahl Smbatean. Il fut pris et remis au calife pour être exécuté immédiatement[10] .

Cette période de 816 à 837, pendant laquelle Bâbak mena la révolte, fut très importante pour la conservation de la langue et de la culture perse[réf. nécessaire].

Son exécution[modifier | modifier le code]

Bâbak fut exécuté le à Samarra[4].

« On alla chercher Bâbak, et on l'amena au palais monté sur un éléphant, afin que le peuple pût le voir. Le calife lui fit ensuite couper les mains et les pieds par des chirurgiens, ouvrir le ventre et couper la gorge. Le corps mutilé fut pendu au gibet, dans Samarra, et la tête, après avoir été promenée dans toutes les villes de l'Irak, envoyée dans le Khorasan, où Abd Allah la fit exposer également dans toutes les villes; elle fut ensuite plantée sur un poteau, à Nichapur. Le frère de Babak, fut envoyé à Bagdad, où le gouverneur, le fit exécuter de la même manière[11] . »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. persan : bābak ḫuramdīn, بابك خرمدين
  2. moyen-perse : pāpak ḫorramī, پاپک خرمی
  3. « Bāpak », Encyclopedia Iranica
  4. a et b 3 Safar 223 A.H.
  5. (en) M. Whittow, The Making of Byzantium: 600-1025, Berkeley, University of California Press, p. 195, 203, 215. Extrait : « Azerbaijan was the scene of frequent anti-caliphal and anti-Arab revolts during the eighth and ninth centuries, and Byzantine sources talk of Persian warriors seeking refuge in the 830s from the caliph's armies by taking service under the Byzantine emperor Theophilos. [...] Azerbaijan had a Persian population and was a traditional centre of the Zoroastrian religion. [...] The Khurramites were a [...] Persian sect, influenced by Shiite doctrines, but with their roots in a pre-Islamic Persian religious movement. »
  6. L'historien arménien Vardan Areweltsʻi, ca. 1198-1271 écrit : « In these days, a man of the PERSIAN race, named Bab, who had went from Baltat killed many of the race of Ismayil (what Armenians called Arabs) by sword and took many slaves and thought himself to be immortal. ...Ma'mun for 7 years was battling in the Greek territories and ...came back to Mesopotamia ». Voir : La domination arabe en Arménie, extrait de l’Histoire universelle de Vardan, traduit de l’arménien et annoté, J. Muyldermans, Louvain et Paris, 1927, p. 119 : « En ces jours-là, un homme de la race PERSE, nommé Bab, sortant de Baltat, faiser passer par le fil de l’épée beaucoup de la race d’Ismayēl tandis qu’il... » Original Grabar: Havoursn haynosig ayr mi hazkes Barsitz Pap anoun yelyal i Baghdada, arganer zpazoums i sour suseri hazken Ismayeli, zpazoums kerelov. yev anser zinkn anmah. yev i mium nvaki sadager yeresoun hazar i baderazmeln youroum ent Ismayeli
  7. L'historien arabe Ibn Hazm (994-1064) mentionne les différentes révoltes iraniennes contre le califat dans son livre Al-fasl fi al-milal wal-nihal. Il écrit : « The Persians had the great land expanse and were greater than all other people and thought of themselves as better... after their defeated by Arabs, they rose up to fight against Islam, but God did not give them victory. Among their leaders were Sanbadh, Muqanna', Ostadsis and Babak and others ». En arabe :
    «أن الفرس كانوا من سعة الملك وعلو اليد على جميع الأمم وجلالة الخطير في أنفسهم حتى أنهم كانوا يسمون أنفسهم الأحرار والأبناء وكانوا يعدون سائر الناس عبيداً لهم فلما امتحنوا بزوال الدولة عنهم على أيدي العرب وكانت العرب أقل الأمم عند الفرس خطراً تعاظمهم الأمر وتضاعفت لديهم المصيبة وراموا كيد الإسلام بالمحاربة في أوقات شتى ففي كل ذلك يظهر الله سبحانه وتعالى الحق وكان من قائمتهم سنبادة واستاسيس والمقنع وبابك وغيرهم ». Voir : al-Faṣl fī al-milal wa-al-ahwāʾ wa-al-niḥal / taʾlīf Abī Muḥammad ʻAlī ibn Aḥmad al-maʻrūf bi-Ibn Ḥazm al-Ẓāhirī ; taḥqīq Muḥammad Ibrāhīm Naṣr, ʻAbd al-Raḥmān ʻUmayrah. Jiddah : Sharikat Maktabāt ʻUkāẓ, 1982.
  8. persan : ḫoram dīn, خرم دین, religion joyeuse ; arabe : ḫuramīya, خرمية
  9. Tabari 2001, p. 181.
  10. Tabari 2001, p. 181-197.
  11. Tabari 2001, p. 197.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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