Bélisaire (Marmontel)

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Bélisaire
Première de couverture de l’édition princeps de Bélisaire (1767).
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Bélisaire est un roman philosophique français de l'académicien Jean-François Marmontel publié en 1767[1].

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le général Bélisaire, héros de l'empire, a été aveuglé sur l'ordre de l'empereur Justinien ; il rentre chez lui, guidé par un enfant.

Au cours de son voyage, il rencontre successivement de jeunes aristocrates, un de ses vétérans, plusieurs de ses anciens ennemis. Tous s'indignent du sort cruel qui lui a été réservé. Il leur répond pourquoi, au lieu d'être animé de rancœur, il accepte son sort, et comment sa foi en Justinien et en l’État sont restées intactes.

L'un des jeunes artistocrates qu'il a rencontré, Tibère, convainc Justinien de se faire passer pour son père ; il l'amène alors auprès de Bélisaire aveugle et l'empereur peut ainsi écouter incognito le discours sur le gouvernement idéal que professe le vieux héros.

Contexte[modifier | modifier le code]

Lorsque Jean-François Marmontel entreprend d'écrire Bélisaire, il est déjà académicien ; il vient d'être frappé d'une série de deuils et il est convaincu que sa vie touche à sa fin. C'est dans cette disposition qu'il écrit cette œuvre, plus librement, et avec l'espoir qu'elle marquera, plus que ses autres opus, la postérité[2].

Le livre se veut un guide de gouvernement. Au travers du personnage de Justinien, empereur vieillissant, il vise manifestement Louis XV qui est dans les dernières années de son règne.

L'affaire Bélisaire[modifier | modifier le code]

Le livre, qui professe des idées proches des Lumières, prône en son chapitre XV une tolérance religieuse, sous forme de déisme.

Il est écrit deux ans après la réhabilitation de Calas, dans un contexte où Marmontel pressent la possibilité d'une forme d'évolution, même si le dogme de l'intolérance civile reste en vigueur, et qu'il se doute que son chapitre XV se heurtera à la critique.

Dès la première édition, le livre contient ainsi à la fin du récit une large note additionnelle à ce chapitre XV, qui s'efforce de démontrer que la position défendue par l'auteur s'inscrit dans une continuité de pensée théologique admise[1].

Dans une lettre à Marmontel du 16 février 1767, Voltaire appelle le chapitre XV "le Catéchisme des Rois"[3]. Marie-Thérèse d'Autriche le désigne comme le "Bréviaire des Souverains" (Lettre du Baron Swietel à Marmontel[4]).

Ce chapitre XV déclenchera une polémique féroce qui renforce le succès de l'ouvrage.

Ami de Marmontel, Voltaire y contribue par deux anecdotes qui sont jointe à la deuxième édition de l'ouvrage.

Les adversaires de Bélisaire relèvent ainsi 37 impiétés qui doivent étayer la censure de la Sorbonne ; Turgot y répond par un pamphlet, intitulé Les trente-sept vérités opposées aux trente-sept impiétés de Bélisaire, par un bachelier ubiquiste[5].

La polémique débouche néanmoins sur une condamnation par la faculté de théologie de la Sorbonne en décembre 1767, et le 31 janvier 1768, l’archevêque de Paris, Mgr de Beaumont, condamne Bélisaire dans un mandement qu’il fait lire au prône de toutes les églises du diocèse.

Répliques[modifier | modifier le code]

Au delà de la polémique elle-même, plusieurs œuvres chercheront à faire pièce au roman de Marmontel.

  • Philémon ou entretiens sur divers sujets intéressants de morale ou l'anti Belisaire, par M. de S. H***, publié chez C.-P. Berton, Paris, 1778[6].
  • Bélisaire, par Mme de Genlis, publié chez Maradan, Paris,1808[7]

Éditions[modifier | modifier le code]

  • 1767 : édition originale, Merlin, Paris.
  • 1767 : deuxième édition, additionnée d'anecdotes de Voltaire, Merlin, Paris.
  • 1773 : édition en anglais, P. Vaillant, Londres.
  • 1780 : réédition d'Hubert Cazin, au petit format qui est la caractéristique de l'éditeur.
  • 1819 : dans les Œuvres Complètes de Marmontel, Belin, Paris.

Une traduction en russe de l'ouvrage a été faite par l'impératrice Catherine II de Russie et son entourage lors d'un voyage sur la Volga. Catherine se serait chargée du chapitre 9[8]. Elle semble avoir été publiée en 1768.

Notes et Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-François (1723-1799) Auteur du texte Marmontel, Bélisaire . Par M. Marmontel,..., (lire en ligne)
  2. John Renwick, Marmontel, Voltaire, and the Bélisaire affair, (ISBN 978-0-7294-0027-5 et 0-7294-0027-1, OCLC 974516843, lire en ligne)
  3. John Renwick, Jean-François Marmontel : correspondance, Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand : Faculté des Lettres et Sciences Humaines, , 354 p., T1, p.142 (lettre n°109)
  4. John Renwick, Jean-François Marmontel : correspondance, Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand : Faculté des Lettres et Sciences Humaines, , 354 p., T1, p.178, lettre n°130
  5. « Oeuvres de Turgot – 093 – Le Bélisaire », sur institutcoppet.org, .
  6. « Philémon ou entretiens sur divers sujets intéressants de morale ou l'anti Belisaire. Par M. de S. H*** », sur gallica.fr, .
  7. Robert Granderoute, « A propos de Bélisaire : Marmontel et Madame de Genlis ou de l'apogée au déclin des Lumières », Revue d'Histoire Littéraire de la France, no 1,‎ , p.41-55 (lire en ligne)
  8. Coquin François-Xavier, « Un inédit de Marmontel : Épître à sa majesté Catherine II. », Revue des études slaves, vol. 7, no 4,‎ , pp. 861-876 (lire en ligne)