Auguste Luchet

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Auguste Luchet
Portrait photographique de Luchet par Nadar, vers 1855.
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Rédacteur à
Tombe de Luchet au Père-Lachaise surmontée de son buste en bronze par Guillemin.

Auguste Luchet, né le à Paris 5e[1] et mort le à Paris 3e[2], est un dramaturge, journaliste, romancier et écrivain français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un vérificateur de l'enregistrement et des domaines, il est élevé à Dieppe où ses parents emménagent en 1813. Élève brillant mais d'une famille sans fortune, il est placé à 13 ans au greffe de la justice de paix de Dieppe. Il travaille ensuite chez un armateur puis un banquier et, en 1823, décide de partir pour Paris où il souhaite se lancer en littérature[a]. Il est alors employé chez un marchand de la rue Saint-Martin, milieu qui le dégoute totalement, ce qu'il exprimera dans son roman autobiographique Frère et sœur[4]. Il passe quelque temps chez un marchand de draps avant de se lancer dans le journalisme.

Il se retrouve rapidement à la rue et reste deux ans dans la misère avant de trouver une place de sténographe à la Chambre des Députés où il rencontre, entre autres, Alphonse Rabbe, Louis Reybaud et Léon Gozlan, qui lui permettent d'entrer dans leur Revue politique La Jeune France. Ayant étudié l’anatomie et la craniologie sous François Broussais, il a publié de front ses revues craniologiques et ses études théâtrales dans l’Artiste[3].

Repéré par Jacques Coste, il devient journaliste au Temps, puis passe au Journal de Paris et prend une part active à la révolution de 1830. Rédacteur au Talisman, au Siècle (1849), au Républicain de Seine-et-Marne (1850) et à la revue La Vigne (1866). Il collabore avec, avec Félix Pyat, à la rédaction de deux drames romantiques[5], dont le drame Ango, qualifié par ses auteurs même de révolutionnaire[6]. Ses pièces ont été représentées sur les plus grandes scènes parisiennes du XIXe siècle : théâtre de l'Ambigu, théâtre de la Porte-Saint-Martin, théâtre Beaumarchais, etc.

Écrivain au talent internationalement reconnu[7], collabore au Livre des cent-et-un de Pierre-François Ladvocat[8]. Auteur populaire, à la fois dans les cénacles parisiens, dans le boulevard[9], et même dans les faubourgs[10], il alterne, de juillet 1830 à février 1848, les drames et les romans.

Son roman Le Nom de famille lui a valu de comparaître, le , avec son éditeur Hippolyte Souverain, devant le jury de la cour d'assises. Défendu par Jules Favre[11], il est condamné à deux ans de prison et 1 000 frs d’amende « pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement et provocation à la haine de classes[b] ». Il a préféré se soustraire à cet exil, en allant habiter à Jersey pendant cinq ans[13]. Il a raconté les souvenirs de ce long exil[c], dans un récit plein de verve, intitulé les Mauvais Côtés de la vie[15].

Outre ses romans et études psychologiques[15], on lui doit aussi des ouvrages sur la vigne et le vin. Luchet fut aussi gouverneur du château de Fontainebleau en 1848[16].

Au cimetière du Père-Lachaise, où il repose[d], son buste en bronze dû à Émile Guillemin, est répertorié aux richesses françaises[17]. Il avait adopté le chansonnier Charles Vincent, qui l’a veillé jusqu’à la dernière minute[3].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Paris, esquisses dédiées au peuple parisien et à M. J.-A. Dulaure, Paris, J. Barbezat 1830.
  • Henri le prétendant, roman, Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1832.
  • Le Brigand et le Philosophe, drame en 5 actions, avec Félix Pyat, Paris, Duvernois, 1834.
  • Jersey, drame en cinq actes, six tableaux, avec un épilogue, avec Félix Pyat, Paris, Ambroise Dupont, 1835.
  • Un mariage de cour, crime et silence, Paris, H. Souverain, 1835.
  • Thadéus le ressuscité, avec Michel Masson, Paris, Boulé, 1836.
  • Frère et Sœur, roman, 2 vols., Paris, Souverain, 1838.
  • Justes frayeurs d'un habitant de la banlieue à propos des fortifications de Paris, Paris, Pagnerre, 1840.
  • Récit de l'inauguration de la statue de Gutenberg et des fêtes données par la ville de Strasbourg les 24, 25 et 26 juin 1840, Paris, Pagnerre, 1840.
  • Le Nom de famille, 2 vols., Paris, Souverain, 1842.
  • Le Passe-partout, 2 vols., Paris, Souverain, 1844.
  • Le Confessionnal de sœur Marie, Paris, Souverain, 1847.
  • Souvenirs de Jersey, guide du voyageur français dans cette île, St. Hélier, Ph.-J. Ouless, 1847.
  • Souvenirs de Fontainebleau, Fontainebleau, Reullier, 1848.
  • Le Cordonnier de Crécy, drame en 5 actes, avec Jean-François Desbuards, musique d’Olivier Métra, Paris, Barbré, (lire en ligne).
  • Fontainebleau, paysages, légendes, souvenirs, fantaisies, Paris, Hachette, 1855.
  • La Marchande du Temple, drame en 5 actes, avec Jean-François Desbuards, musique de Charles-Alexandre Fessy, Paris, Dondey-Dupré, 1856.
  • Les Mœurs d’aujourd’hui : le tabac, le jeu, le canot, le pourboire, la blague, la pose, le chantage, le loyer, la boutique, l’exil, Paris, Coulon-Pineau, , xix-213, 1 vol. ; in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • La Côte-d'Or à vol d'oiseau, lettres écrites à M. L. Havin, après la récolte de 1857, Paris, Michel-Lévy, 1858.
  • Le Clos de Vougeot et la Romanée-Conti, Paris, Bénard, , 92 p. (lire en ligne).
  • La Science du vin, lettres écrites à M. L. Havin, après la récolte de 1859, Paris, Michel-Lévy Frères, 1861.
  • Les Mauvais côtés de la vie : souvenirs d'exil, Paris, Édouard Dentu, , 315 p., in-18 (lire en ligne sur Gallica).
  • L'Art industriel à l'Exposition universelle de 1867 : mobilier, vêtement, aliments, 1868.
  • Album révolutionnaire, Paris, Proux, 1869.

Hommages[modifier | modifier le code]

Il existe des voies nommées d'après Auguste Luchet à Avignon et Toulouse.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ce « dieppois dans l’âme, quoiqu’il fut un esprit parisien par excellence et un citoyen universel » retournait passer tous ces étés dans cette ville[3].
  2. Hippolyte Souverain, défendu par Oscar Pinard, ne sera pas reconnu responsable[12].
  3. Par une ironie du sort, il y échangera, en quelque sorte, après la chute de Louis-Philippe, sa place avec le ministre Salvandy qui l’avait envoyé[14] . .
  4. Division 49.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 19/50.
  2. Acte de décès à Paris 3e, n° 312, vue 12/31.
  3. a b et c Charles Coligny, « Les Amis de l’Orphéon : Auguste Luchet », La France chorale : moniteur des orphéons, Paris, vol. 4, no 47,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Madeleine Fargeaud, « Balzac, le commerce et la publicité », L’Année balzacienne, Paris,‎ , p. 187 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Guy Sabatier, Le Mélodrame de la République sociale et le théâtre de Félix Pyat, Paris, L'Harmattan, , 753 p. (ISBN 978-2-73847-401-8, lire en ligne), p. 169.
  6. Stéphane Arthur, « Le XVIe siècle à l’épreuve de la scène romantique », dans Jean-Charles Monferran, Hélène Védrine, Le XIXe siècle, lecteur du XVIe siècle, Paris, Classiques Garnier (ISBN 978-2-406-10176-5, DOI 10.15122/isbn.978-2-406-10176-5.p.0477), chap. 3, p. 477-95.
  7. (de) Joseph A. Kruse, Heine-Jahrbuch 1996 : 35. Jahrgang, Stuttgart, Springer-Verlag, , x, 307, illustr. ; 23 cm (ISBN 978-3-47603-674-2, OCLC 605179768, lire en ligne), p. 162.
  8. (en) Clare Parfitt-Brown, « Paris Dansant? : Improvising across urban, racial and international geographies in the early cancan », dans Dance and the Social City, Philadelphia, 2012-0614/17 (lire en ligne).
  9. Frédéric Moret, « Les Fortifications de Paris : horizon du développement de la capitale et définition de la banlieue sous la monarchie de Juillet », sur pandemos.panteion.gr, (consulté le )
  10. (en) Victoria E. Thompson, « Telling “Spatial Stories” : Urban Space and Bourgeois Identity in Early Nineteenth-Century Paris », The Journal of Modern History, Paris, vol. 75, no 3,‎ (DOI 10.1086/380237).
  11. Condamnation du 11 mars 1842, cité dans La Vie parisienne à travers le XIXe siècle, 1900, p. 223.
  12. Gisèle Sapiro, La Responsabilité de l'écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe – XXIe siècle) : Littérature, droit et morale en France (XIXe – XXIe siècle), Paris, Le Seuil, , 750 p. (ISBN 978-2-02-104844-5, OCLC 936677892, lire en ligne), p. 149.
  13. Philibert Audebrand, « Auguste Luchet », Le Charivari, Paris, vol. 41,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  14. Un passant, « Les on-dit », Le Rappel, Paris, no 746,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  15. a et b Louis Jourdan, « Auguste Luchet », L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, no 12,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  16. Bernard Kalaora, « Naissance et Développement d’un loisir urbain : la forêt de Fontainebleau », Études Rurales, Paris, no 83,‎ , p. 97–115 (lire en ligne, consulté le ).
  17. Inventaire général des richesses d'art de la France, 1902, p. 251.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alfred Sirven, Journaux et journalistes, vol. 3, 1866, p. 334.
  • Polybiblion : revue bibliographique universelle, 1872, p. 127 (nécrologie).
  • Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France, 1872, p. 1840.
  • Henry Jouin, La Sculpture dans les cimetières de Paris, Nouvelles archives de l'art français, vol. 13, 1897, p. 159.
  • Jules Moiroux (d) Voir avec Reasonator, Le Cimetière du Père-Lachaise, 1908, p. 234.
  • Félix Herbet, Auguste Luchet (1805-1872), étude bio-bibliographique, 1912.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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