August Strindberg

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August Strindberg
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Photo d'August Strindberg vers 1900.
Nom de naissance Johan August Strindberg
Naissance
Stockholm, Drapeau de la Suède Suède
Décès (à 63 ans)
Stockholm, Drapeau de la Suède Suède
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture suédois, français
Mouvement naturalisme, expressionnisme

Œuvres principales

Signature de August Strindberg
August Strindberg sculpté par Carl Eldh (Stockholm).

Johan August Strindberg, né le à Stockholm et mort le dans la même ville, est un écrivain, dramaturge et peintre suédois. Il fait partie des auteurs suédois les plus importants et est un des pères du théâtre moderne. Ses œuvres se classent parmi deux courants littéraires majeurs, le naturalisme et l'expressionnisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Portrait d'August Strindberg par Sofie Holten (en), 1885, Nationalmuseum.
Portrait d'August Strindberg par Edvard Munch,1892, Moderna Museet Stockholm, Suède.

Enfance[modifier | modifier le code]

August Strindberg est le quatrième des huit enfants de Carl Oscar Strindberg, agent d'un armateur, et de son épouse, née Ulrika Eleonora (Nora) Norling, ancienne domestique de la maison paternelle. August Strindberg est marqué par une enfance instable qui oscille entre négligence et ferveur religieuse, et par les déménagements fréquents (dix fois jusqu'à l'âge de vingt ans). Il commence l'école dans un établissement dont la sévérité le hantera longtemps, puis poursuit ses études à partir de 1861 dans un lycée privé (Stockholms Lyceum) d'esprit libéral. Il est particulièrement doué en français et en sciences naturelles. Sa mère meurt de tuberculose en 1862 et son père, avec lequel il entretient des relations difficiles, se remarie avec la gouvernante des enfants, Emma Charlotta Peterson dont il a un fils, Emil. L'adolescent se réfugie dans le piétisme. En 1867 il commence des études de médecine à l'université d'Uppsala, mais rentre à Stockholm l'année suivante pour gagner sa vie comme précepteur.

Écrivain[modifier | modifier le code]

En 1869 il décide de devenir auteur dramatique et renonce à devenir médecin ; il travaille comme assistant dans un atelier de chimie à l'université de Lund au sud-ouest de la Suède. En 1872, Strindberg s'établit à Stockholm, il y devient journaliste et fait aussi de la peinture jusqu'en 1874[1]. En décembre 1874, nommé assistant à la Bibliothèque royale, il garde ce poste jusqu'en 1882[2]. Ses premières pièces sont écrites dans le style naturaliste, comme Maître Olof en 1872 qui le fait connaître.

En 1877 il épouse Siri von Essen (1850-1912), rencontrée en 1875, qui lui donne deux filles Karin et Greta. En 1879, son roman de critique sociale La Chambre rouge (Röda rummet) le rend célèbre. Ses pièces sont souvent comparés avec celles du dramaturge norvégien Henrik Ibsen. L'œuvre phare de cette époque est Mademoiselle Julie (Fröken Julie) (1888).

Strindberg est à l'époque admiré par la classe ouvrière[3]. Il est lui-même tenté par le socialisme, voire l'anarchisme - sa fille Karin épousera un chef bolchévik, Vladimir Mikhaïlovitch Smirnov - et ses idées politiques le rendront très populaire dans les « pays socialistes », notamment en Union soviétique ou à Cuba. Toutefois, à la fin des années 1880, il renie le socialisme et découvre Nietzsche avec qui il correspond jusque pendant la folie de ce dernier. Nietzsche lui propose de traduire Ecce Homo, mais, manquant d'argent, Strindberg demande une rétribution que Nietzsche, également impécunieux, ne peut financer. Strindberg s'éloigne ensuite de la pensée de Nietzsche et se tourne vers le mysticisme qu'il considère comme découlant de la synthèse des sciences et des arts[4].

En 1883, Strindberg part en France avec sa famille puis, l'année suivante, en Suisse à Lausanne, où naît son fils Hans. La parution de la première partie de Mariés en 1884 lui vaut un procès, et il doit revenir en Suède, cet incident le laisse très amer. En 1887 il repart vivre au Danemark dans des conditions difficiles qui le poussent à revenir en 1889 à Stockholm. Strinberg divorce de Siri en 1891[5]. En septembre 1892, Strindberg part à Berlin, il y rencontre une jeune journaliste autrichienne Frida Uhl (1872-1943) et le peintre norvégien Edvard Munch auprès de qui il se remet à la peinture[6]. Il épouse Frida en mai 1893 en Suède à Helgoland, ils font un voyage de noces en Angleterre puis vivent ensemble au château de Dornach (propriété des grands-parents de la jeune femme) pendant le reste de l'année. Kirstin leur fille nait au début de 1894.

Alchimiste à Paris[modifier | modifier le code]

À l'automne 1894 il s'installe seul à Paris, Frida repart en Autriche, leur fille étant très malade, Strindberg ne les reverra plus. Pendant trois ans Strindberg arrête sa production littéraire et se consacre à des recherches occultistes et surtout alchimiques. Il séjourne à Versailles pendant l'automne 1894 et au Petit-Quevilly en 1895, où il travaille à l'usine Maletra[7]. Il se lie à Gérard Encausse dit Papus et surtout à l'alchimiste François Jollivet-Castelot avec qui il échangera plusieurs lettres même longtemps après son retour en Suède[8] ; il donne des articles pour leur périodiques, comme L'Initiation et L'Hyperchimie, et tient un journal (Le Journal occulte) de ses expériences[9].
Il se remet aussi à la peinture et à la photographie qui lui semble "la technique idéale pour s’approcher du mystère". En 1894, il crée des « célestographies » en exposant la nuit, "des plaques photosensibles (sans appareil) à la lumière des étoiles"[10]. En février 1896 il s'installe rue d'Assas à l'hôtel Orfila auquel il manque de mettre le feu avec les expériences menées dans sa chambre. Il retrouve Munch venu lui aussi à Paris.
Il se lie aussi à Joséphin Péladan, qui pour lui “se présente comme un orage, une révélation de l’homme supérieur, der übermensh de Nietzsche” ; leur longue amitié spirituelle, datant du 1er mai 1897, leur admiration mutuelle dureront environ quinze ans. En 1911, Strindberg préface la version allemande du Panthée de Péladan[11].

En 1897 il repart en Suède à Lund où il restera vivre jusqu'en 1899.

Il se met à l'écriture d' Inferno, entre le 3 mai et le 25 juin 1897, à partir de ses notes prises à Paris, il y fait en français le récit halluciné de ces trois années parisiennes. Le manuscrit en est relu par son ami Marcel Réja, lui-même auteur et critique symboliste[12].

Il divorce d'avec Frida Uhl en 1897. Jusqu'en 1905, il reste en communication avec l'essayiste danois occultiste Carl William Hansen[13]. Renouant avec le christianisme, comme Péladan, il abandonne petit à petit ses préoccupations occultisantes comme il l'exprime dans son drame allégorique Le Chemin de Damas en trois parties écrites de 1899 à 1904.

Retour au théâtre[modifier | modifier le code]

Il rompt avec le naturalisme et se met à produire un travail influencé par le symbolisme. Il est considéré comme l'un des pionniers de l'expressionnisme européen moderne. La Danse de mort (Dödsdansen, 1900-1901) et La Sonate des Spectres (Spöksonaten, 1907) sont des pièces connues de cette époque. En 1906 alors qu'il est en train d'écrire Le Bouc émissaire[14], il affirme : « Je suis en train d'écrire une histoire à la Balzac[15],[16] ».

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il a été marié à trois reprises, mais son caractère hypersensible, voire névrosé a conduit chacune de ses unions au divorce. Il s'est marié une première fois avec l'actrice Siri von Essen (1850-1912) en 1877, elle-même divorcée du baron Carl Gustaf von Wrangel. Deux filles, Karin (1880) et Greta (1881), et un fils, Hans (1884) sont nés de cette union. Les époux se séparent en 1891. Il fait la connaissance en 1893 de la jeune journaliste Frida Uhl (1872-1943), âgée de vingt ans, qu'il épouse quelques mois plus tard. Elle lui donne une fille, Kerstin, en 1894. Leur divorce a lieu en 1897, à cause de la liaison que Frida Strindberg entretient avec Frank Wedekind. Strindberg traverse une grave crise psychique. Son troisième mariage a lieu en 1901 avec la jeune artiste Harriet Bosse (1878-1961) dont il a fait la connaissance quelques mois auparavant, alors qu'elle jouait Puck dans Le Songe d'une nuit d'été.

Ses relations avec les femmes sont orageuses et ses mots et ses actes ont souvent été vus comme misogynes autant par ses contemporains que par les lecteurs d'aujourd'hui. Cependant, beaucoup reconnaissent qu'il avait une rare connaissance de l'hypocrisie des attentes de sa société à l'égard des sexes, du comportement sexuel et de la moralité. Le mariage et la famille sont sous tension à l'époque de Strindberg, alors que la Suède s'industrialise et s'urbanise rapidement. Les questions de la prostitution et de la moralité sont alors fortement débattues parmi les écrivains et les politiciens. Ses premiers écrits traitent souvent du rôle traditionnel donné aux sexes par la société, qu'il qualifie d'injuste.

La Ville, toile de Strindberg (1903).
Tombe de Strindberg.

Strindberg, mort d'un cancer en 1912, à l'âge de 63 ans, est enterré au cimetière du Nord de Stockholm, où sa sépulture est marquée selon son souhait de l'épitaphe O Crux ave spes unica.

Postérité[modifier | modifier le code]

Le cinéaste Ingmar Bergman s'est beaucoup inspiré de Strindberg dans ses films et scénarios et l'a également mis en scène au théâtre[17].

En 2016 le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne réunit une septantaine de ses œuvres pour l'exposition August Strindberg, De la mer au cosmos. Peintures et photographies[18].

Œuvre littéraire et dramaturgique[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

  • 1879 : Le Cabinet rouge (Röda rummet).
  • 1882 : Le Nouveau royaume (Det nya riket).
  • 1887 : Les gens de Hemsö (Hemsöborna).
  • 1889 : Tschandala: histoire du XVIIe siècle (Tschandala: berättelse från 1600-talet).
  • 1890 : Au bord de la vaste mer (I havsbandet).
  • 1904 : Chambres gothiques (Götiska rummen).
  • 1907 : Les drapeaux noirs (Svarta fanor), écrit en 1904.
August Strindberg vu par Carl Larsson (1899)

Œuvres autobiographiques[modifier | modifier le code]

  • 1886 : Le Fils de la servante (Tjänstekvinnans son).
  • 1886 : Fermentation (Jäsningstiden).
  • 1886 : Dans la chambre rouge.
  • 1886 : L'Écrivain (Författaren), publié en 1909.
  • 1886 : Lui et elle (Han och hon).
  • 1887 : Le Plaidoyer d'un fou (En dåres försvarstal).
  • 1896 : Journal occulte (Ockulta dagboken).
  • 1897 : Inferno (Inferno).
  • 1897 : Légendes (Legender).
  • 1898 : L'Abbaye (Klostret).
  • 1903 : Seul (Ensam).

Théâtre[modifier | modifier le code]

Adaptations[modifier | modifier le code]

Au théâtre[modifier | modifier le code]

Toutes les pièces d'August Strindberg ont été données en alternance d'octobre 2009 à février 2010 lors d'une saison « Intégrale Strindberg » organisée à Paris au Théâtre du Nord-Ouest. Trente-quatre pièces étaient mises en scène et vingt-et-une données en lecture publique. Près de trois cents comédiens ont participé à ce festival Strindberg.

Au cinéma[modifier | modifier le code]

À la télévision[modifier | modifier le code]

Traductions récentes[modifier | modifier le code]

Œuvre picturale[modifier | modifier le code]

  • Image double, 1892, huile sur panneau, (40 × 34 cm), collection particulière[20]
  • Tempête dans l'archipel - "Le Hollandais volant", 1892, pastel gras sur carton (62 × 98 cm), Statens Museum for Kunst, Copenhague[21]
  • Mer orageuse - Bouée sans repère, 1892, huile sur carton (31 × 19 cm), Nationalmuseum, Stockholm[22]
  • Mer orageuse - Balai-bouée, 1892, huile sur carton (31 × 19,5 cm), Nationalmuseum, Stockholm[23]
  • Mer agitée, Dalarö, 1892, huile sur toile (22 × 33 cm), Nationalmuseum, Stockholm[24]
  • Pays merveilleux, 1894, huile sur carton (72,5 × 52 cm), Nationalmuseum, Stockholm[25]
  • Marine avec récif, 1894, huile sur carton (39,9 × 30 cm), Musée d'Orsay, Paris[26]
  • Marine, 1894, huile sur carton (46,5 × 31,5 cm), Nationalmuseum, Stockholm[27]
  • Vague VII, 1900-1901, huile sur toile (54 × 36,2 cm), Musée d'Orsay, Paris[28]
  • Paysage côtier, 1903, huile sur toile (76 × 55 cm), Nationalmuseum, Stockholm[29]
  • La Ville, 1903, huile sur toile (94,5 × 53 cm), Nationalmuseum, Stockholm[30]
  • La Jument blanche II, huile sur carton (60 × 47 cm), Nationalmuseum, Stockholm[31]

Citations[modifier | modifier le code]

« Je suis socialiste, nihiliste, républicain, tout ce qui est anti-réactionnaire !... Je veux tout bouleverser pour voir ce qui se trouve en dessous ; je crois que nous sommes si palmés, si horriblement enrégimentés, qu’aucun nettoyage de printemps n’est possible, tout doit être brûlé, réduit en miettes, et alors nous pourrons recommencer à zéro... »

— August Strindberg[32][réf. à confirmer]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « August Strindberg (1849-1912) peintre et photographe », sur Orsay (consulté le ).
  2. « August Strindberg », sur larousse.fr (consulté le ).
  3. "En janvier 1912, une procession aux flambeaux, menée par des membres de la commune des travailleurs de Stockholm, célébra le soixante-troisième anniversaire d'August Strindberg" voir Raymond Williams "La politique de l'avant-garde" in Culture et matérialisme Les Prairies Ordinaires, 2009, Paris
  4. [PDF] Daniel S. Larangé, « Du naturalisme piétiste à l'expressionnisme mystique d'August Strindberg », in: Lublin Studies in Modern Languages and Literature, no 38, 1, 2014, 25 p.
  5. « August Strindberg », sur colline.fr (consulté le ).
  6. « Fleurs de métamorphose  : Munch et Strindberg à l’école d’Ovide » [livre], sur journals.openedition.org, Presses universitaires de Rennes, (consulté le ).
  7. « Strindberg à Rouen », Journal de Rouen, no 94,‎ , p. 2 (ISSN 2430-8242, lire en ligne).
  8. (en) « Bréviaire alchimique : lettres d'August Strindberg à Jollivet Castelot : Strindberg, August (1849-1912) : Free Download, Borrow, and Streaming : … », sur Internet Archive (consulté le ).
  9. Introduction de Torsten Eklund à l'édition d'Inferno, Mercure de France, 1966
  10. « August Strindberg en peintre libre et sauvage », sur bloglagruyere.ch (consulté le ).
  11. « Romanitas, lenguas y literaturas romances », sur uprrp.edu (consulté le ).
  12. Annie Bourguignon, « Marcel Réja et les artistes scandinaves », dans Sylvain Briens, Karl Erland Gadelii, May-Brigitte Lehman & Jean-Marie Maillefer, Cent ans d'études scandinaves, Université Paris-Sorbonne, , 331-341 p. (ISBN 978-91-7402-408-1)
  13. Welblund, Aage: Den sidste Guldmager og Kabbalist, social-démocrates, 19 mai 1946 (article de journal), et Pedersen, Bjarne Salling + Madsen, Peder Byberg: Den Hellige Soen, 2006.
  14. Traduction : Elena Balzamo, éditions Viviane Hamy, Domaine Etranger, 1997-2009, 173 p. (ISBN 2878582934)
  15. Introduction à Le Bouc émissaire, Viviane Hamy, 1997, p.10
  16. Le Nouvel Observateur, Nº 1685,
  17. « Ingmar Bergman parle de Strindberg », sur Les salles obscures, (consulté le )
  18. sous la direction de Camille Lévêque-Claudet, MCBA – Les Editions Noir sur Blanc, 226 pages, www.mcba.ch.
  19. Inferno d'August Strindberg
  20. « Image double »
  21. « Uvejr i Skærgården. "Den flyvende hollænder" »
  22. « Stormigt hav. Slätprick »
  23. « Stormigt hav. Ruskprick »
  24. « Lite vatten, Dalarö »
  25. « Underlandet »
  26. « Marine avec récif »
  27. « Marin »
  28. « Vague VII »
  29. « Kustlandskap II »
  30. « Staden »
  31. « Vita Märrn II »
  32. « A quote by August Strindberg », sur www.goodreads.com (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Plaque 62 rue d'Assas (6e arrondissement de Paris), où il vécut en 1896.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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